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Interview-Sillage : Yffic Dornic, docker retraité et maire du Port De

    Sillage130 small.jpg Cet article est extrait du Magazine Sillage N°116 - mai-juin 2006
Auteur : Jérôme Le Jollec


Énergie, amitié et culture en partage

Paola et Yffic ou les liens amicaux intergénérationnels

Il a le port chevillé au corps et à l'âme. Yffic Dornic, bientôt 70 ans, y passe ses jours et ses nuits depuis des lustres. Près d'un quart de siècle à travailler sur les docks et vingt ans dans une caravane pour avoir l'impression de voyager. Témoin privilégié des évolutions du port de commerce, il est aujourd'hui gardien du Fourneau et très honorifique maire de "la commune libre et démocratique du Port De". Il voudrait des fêtes maritimes élargies et le bonheur universel. Un doux rêveur ? Pas seulement.

D'où êtes-vous originaire?

Je suis Nantais, né de parents finistériens. Maman de Quimper, papa de Plougastel, de Saint-Adrien très précisément.

Votre arrivée à Brest?

"D'abord je faisais de l'affichage qui m'a conduit chez Pinder du temps de l'ORTF. C'était une époque folle... Le destin m'a été difficile ensuite sur un échec de coeur. J'ai demandé du secours à un curé qui m'a dit qu'au port à Brest, on pouvait gagner de l'argent. C'était en 1972. J'y suis depuis.

Comment se sont passés vos débuts sur le port?

Cela n'a pas été facile. J'ai commencé tout en bas de l'échelle. Un docker professionnel, chez qui j'avais fait des chenils, m'a fait passer " cartereau ", c'est-à-dire occasionnel.

Quelle était l'ambiance chez les dockers et travailleurs du port.

C'était un monde difficile. On était jusqu'à 250. On gagnait de l'argent. Mais il y avait aussi des clans, des familles. C'était très compartimenté avec tout de même un esprit de corps.

Imaginiez-vous trente ans plus tard être encore là?

Non, mais j'en suis fier. J'ai remué des sacs de son au Fourneau, alors entrepôt, puis des engrais, du soja, du manioc. Je ne pensais jamais que la culture y aurait pris place

De quels autres changements portuaires avez-vous été le témoin?

Les changements ont été énormes. C'était un lieu ouvrier. J'ai connu la fin des charbonnages, la palettisation des agrumes, la remise en question du statut des pros. Lorsque les marchés ont diminué, il y a eu la volonté de faire du port un lieu plus festif.

Votre rencontre avec les arts de la rue a-t-elle été fortuite?

J'ai fabriqué des panneaux à l'occasion des premiers Jeudis du Port. Comme je vivais là en caravane, on m'a demandé de devenir le gardien.

De quelles façons se manifestait votre implication?

J'étais en général très bien informé. J'ai pris à cœur les problèmes du quartier. Il y a une vie d'habitants, pas seulement des commerçants.

Aujourd'hui retraité, quel rôle jouez-vous?

Je suis le gardien officiel, le gardien-maire, je fais le lien entre les gens. C'est important, les liens.

Votre regard sur la vie du port en 2006?

Les habitants trouvent qu'il y a du bruit, pas assez de bus, qu'on les méconnaît, qu'avant c'était plus sympa. Mais moi, je me plais bien ici, j'évolue. Et le site en lui-même est attractif.

Quelle est la fête qui vous a le plus enthousiasmé?

L'événement le plus fort, ça a été Brest 92. Toute cette foule sur les quais, ces bateaux, et la mise à l'eau de la Recouvrance (bateau). J'ai compris alors que le port changeait.

Celle que vous aimeriez voir ?

J'aimerai une manifestation maritime élargie, avec une fête du cirque, des chanteurs comme Manu Chao, Higelin, pour permettre aux gens de rester sur le site.

Dans votre vie de quoi êtes-vous le plus fier?

De ma petite lumière, ma fille, c'est elle qui m'a permis de rebondir.

Si c'était à refaire?

Je ne regrette jamais ce que je fais.

Le don qui vous manque?

J'aurais voulu créer le bonheur à travers des chansons.

Quelle qualité appréciez-vous?

La franchise.

Quels défauts vous insupportent?

La rancoeur et la bêtise.

Votre principal trait de caractère?

L'orgueil.

Qui admirez-vous?

L'abbé Pierre. J'étais môme, mais je me rappelle de l'appel de l'hiver 54.

Une devise?

Ne pas reculer devant l'adversité.

Et Brest dans tout ça?

Si je n'aimais pas Brest, je ne serai pas là. J'aime avant tout le port qui est un site unique et magnifique. J'aime aussi les Capucins, la rue Saint-Malo où j'aurais pu vivre si je n'avais habité au port. Lors des récentes manifestations, j'ai apprécié la remontée de la rue de Siam.

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