Interview-Sillage : Fanch Paillard, musicien et pêcheur
Cet article est extrait du Magazine Sillage N°81 - mai-juin 2001 |
"Brest, c'est une atmosphère"
Après plus de 700 000 albums de "La Ouache" vendus et trois ans de tournée, Matmatah revient au port et remet la gomme. "Rebelote", le second opus semble bien parti pour cartonner. Pas de quoi faire tourner la tête de Fanch, le batteur, plus Brestois que nature. L'esprit et l'humour zef qu'il cultive assidûment dans les bistrots, avec Éric, Sammy et Stan, et tous leurs potes, sont toujours bien présents. Et en plus, il trouve en mer, autre passion, un pendant nécessaire à la vie d'artiste.
Fanch, forcément brestois ?
Je suis né à Pasteur comme tout bon Brestois. Puis, je suis passé de rive gauche à rive droite, à St-Pierre qui est un village dans le village.
Quelle vie avant Matmatah ?
J'avais 21 ans quand Matmatah s'est créé. J'ai fait un lycée maritime, ensuite des stages dans les huîtres et les fruits et légumes, puis j'ai bossé au Viviers Brestois.
Quelles sont vos influences ?
J'écoute de tout, même si je suis peut-être un peu plus rock. Je vais dans les bars, les cabarets écouter des potes. Les Goristes comme Placebo. Je zappe tout ce qui est variétoche. Comme la malbouffe, il existe une malmusique.
Sont-elles identiques à celles des autres membres du groupe ?
Stan et Sammy, par exemple, c'est plus Beatles, Led Zeppelin, le rock des années 70. Et aussi la bonne variété française de Gainsbourg à Miossec.
Le groupe s'est fait naturellement ?
On s'est connu dans les bars, il y a six ans. C'est de là qu'on vient, et c'est une bonne culture.
On se fait facilement au succès ?
Très bien ! Ma vie n'a pas spécialement changé. J'ai mes potes ici. Si j'ai envie de bouger, je bouge.
Pas de problème de tirage de couverture à soi ?
On est comme un vieux couple à quatre. Un jour, c'est un qui fait chier, un jour, c'est l'autre. Mais aussi, un jour c'est l'un ou l'autre qui fait plaisir.
"Rebelote" donc ?
On l'a appelé comme ça parce que c'est un deuxième et que beaucoup nous attendent au tournant. Tu marques des points, mais t'es pas sûr de faire le pli.
Votre touche brestoise se manifeste comment?
Brest c'est une atmosphère et ça peut être parfois inconscient. Le plus Brestois des morceaux, c'est "Sushi bar", ambiance des "pistes" et chantée avec l'accent brestois. C'est un peu du vécu.
Des contacts avec d'autres musiciens brestois ?
Oui, les Goristes, nos papas-poules. De bonnes compositions et de bons musiciens. Plus d'autres potes qui naviguent. Il y a une bonne scène brestoise et bretonne.
Batteur marin, ça vous va ?
Je préfère batteur et marin pêcheur. Mais je fais plein d'autres trucs : plonger, faire la fête, voyager.
Que préférez-vous de la mer : y aller ou en revenir ?
Un musicien, c'est un peu comme un marin. Tu quittes le port, tu traces ta route et tu reviens. Ce sont des métiers de baroudeurs qui te permettent de faire des expériences et de voir du pays.
Etre sur l'eau, pêcher, une façon de trouver l'inspiration ou de décompresser ?
J'ai chopé le virus, je suis tombé dedans tout petit. Je fais ça depuis mes quatre-cinq ans avec la pêche aux gobis. C'est une atmosphère : la flotte, le goémon, les mouettes, le calme ou la tempête.
Et vous pêchez quoi ?
Le bar comme tous les pêcheurs, le lieu, la sole, le rouget, le glez en de la rade. Je pêche aussi au casier. Et j'aime cuisiner pour faire plaisir aux potes. Je ne suis pas trop mauvais. Rien de mieux qu'un homard grillé avec pain et beurre et un petit blanc sympa bien sec.
Êtes-vous du genre intransigeant ou à faire des concessions ?
Je ne suis pas pour les extrêmes. Je suis Brestois et j'aime bien être cool, mais j'ai aussi parfois un caractère de cochon.
Brest ou partir ?
Partir en tournée c'est un choix, mais tu reviens toujours au port et je suis très bien dans le secteur pour me ressourcer.
Que détestez-vous par-dessus tout ?
Je ne sais pas, je n'ai pas beaucoup de haine. Quand je n'aime pas, je zappe.
Votre meilleur souvenir en concert ?
C'était à Rennes à la salle de la Cité pour "Les Rockers ont du coeur", en 1998. Il y a eu une panne de courant. Finalement cette galère s'est transformée en un de nos meilleurs concerts.
Et Brest dans tout ça ?
Il y a plein de spectacles qui marchent très bien au Quartz, au Espace Vauban, dans les cabarets. Mais, ça serait pas mal d'aguicher davantage les étudiants, de faire bouger un peu plus la ville. Pour reprendre une phrase d'une dernière chanson des Goristes je dirai aussi "La Penfeld est aux Brestois..." Se promener sur le bord de la Penfeld, ça serait agréable et ça permettrait aux Brestois de sortir un peu plus et de retrouver la convivialité d'avant.
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