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Révision datée du 30 octobre 2017 à 12:24 par Kevrenn brest st mark (discussion | contributions) (Les rencontres et les influences)

Kevrenn Brest Sant-Mark

La Kevrenn Brest St Marc est un bagad brestois, créé en 1947.


Création

Le 28 juillet 1947, le bateau Ocean Liberty stationné au 5ème bassin et chargé d'ammonitrate explose entrainant la mort de 26 personnes, des milliers de blessés et d'importants dégâts en ville. Une ville qui est encore en re-construction d'après guerre. Deux jeunes sonneurs, Yann Camus et Pierre Jestin, vont alors avoir l'idée de réunir quelques musiciens autour du cercle celtique de Brest, créé tout juste quatre mois auparavant, pour faire une tournée dans le Finistère afin de récolter des fonds en faveur des sinistrés. C'est l'acte fondateur de la Kevrenn de Brest même si l'officialisation se fera quelques années plus tard.


Les fondateurs

Yann Camus est un sonneur de biniou braz, mais aussi de banjo et d'accordéon et est originaire de Tregarvan, dans la presqu’île de Crozon. Il adhère à la Bodadeg ar Sonerion [1] (BAS) en 1946, qui est une assemblée de sonneurs de biniou et de bombarde créée en 1943.

Pierre Jestin est le fils d'un marchand de vin brestois. Il a fait des études commerciales à Angers. Il a appris à danser et à sonner avec le cercle celtique d'Angers. Il a obtenu l'examen « donnant droit de sonner en public » délivré par la BAS.


Le nom

Au début, le nom du groupe varie suivant les circonstances entre Kevrenn Brest-Plougastel, Kevrenn-Vrest Leon ou Bro-Leon ou encore Kevrenn de Brest. Ils s'appellent Brest-Plougastel à cause du costume (ils portent le costume de Plougastel au début), mais cela ne plait pas au cercle celtique de Plougastel. Ils s'appellent Bro Leon lorsqu'ils portent le kabig pagan, mais Yann Potin d'Ar Flamm s'insurge en disant « vous n'avez pas le droit de porter le costume du Léon ! » C'est finalement Polig Monjarret de la Bodadeg ar Sonerion (BAS)[2] qui a tranché, ce sera désormais Brest Saint Marc.


Les locaux

La kevrenn commence à répéter dans des locaux à Kergonan, une baraque partagée avec la SFIO, puis va « squatter » pendant des années différents locaux : le bâtiment de la Satos face à la poste, la caserne Fautras, la librairie de la Cité, le nouveau théâtre. Elle s'installe ensuite plus durablement au sous-sol des halles Saint-Louis et arrive ensuite bien plus tard rue Proud'hon dans un local attribué par la ville de Brest. Depuis quelques années maintenant, la Kevrenn Brest St Marc occupe des locaux, toujours mis à disposition par la ville de Brest, rue Sully Prudhomme, dans l'ancienne école Levot.


Le costume

Lors de la tournée en 1947, chacun porte le costume dont il est originaire, faisant un groupe assez disparate. Pierre Jestin, lui, porte le costume de Plougastel, car il le portait au cercle d'Angers. Le costume de Plougastel est alors adopté. « Je le trouvais assez seyant et des plus colorés » disait-il. Le costume de Plougastel est ainsi porté pendant une quinzaine d'années. En 1965, les sonneurs demandent à Jim Eugène Sévellec de dessiner un costume original, emblématique de Brest. Le nouveau costume est inspiré d'une tenue de marins du XVIIIème siècle. Il comprend un béret au tricot noir à l'écossaise, une courte veste bleue, une chemise blanche, un pantalon gris à large ceinture de tissu rouge et des guêtres.

En 1970, la Kevrenn quitte la BAS [3] et décide de changer de costume. Il se compose alors d'un blazer bleu roi, d'une chemise aux tons pastel de couleurs différentes (vert, orange et violet, une couleur pour chaque pupitre). Ce costume ne fit pas l'unanimité.

Le costume est ensuite modifié. La chemise est remplacée par une chemise vareuse en toile blanche à grand col ouvert. Les sonneurs portent une cravate de marin noire, un pantalon de flanelle gris, une large ceinture rouge pendant sur le coté gauche et une épaisse veste bleue. C'est le costume toujours porté par les sonneurs du bagadig (le bagad école), mais sans la veste.

Le costume actuel a été dessiné par Joel-Jim Sevellec, qui reprend les grandes lignes de celui dessiné par son père quelques années auparavant. Il comprend un gilet rouge, une veste bleue, une cravate noire (sauf pour les filles) et un pantalon ou une jupe longue en flanelle grise.


Les instruments

Au départ, chacun joue avec son propre instrument, créant un ensemble très hétéroclite. C'est suite à la venue à Brest, en 1950, d'un pipe band de Glasgow, que la kevrenn décide de s'équiper de cornemuses écossaises. Ils essaient d'abord d'en importer via la Marine Nationale par l'entremise d'un amiral. En vain. Pour éviter d'avoir quelques complications douanières, ils décident alors d'en acheter à des sonneurs écossais de passage, d'en faire ramener grâce à des bateaux de pêche ou de demander à des bretons en vacances en Écosse d'en ramener discrètement. Finalement, en 1954, un prêt de la chambre de commerce de Brest permet à la Kevrenn de s'équiper officiellement de cornemuses et de batteries écossaises.

Sous l'impulsion de Marcel Ropars et de Yann Camus, alors président de la Kevrenn, les bombardes Laurenceau, au timbre terne et creux sont remplacées par les bombardes Dorig. Puis quelques années plus tard, sous l'impulsion de Jean L'Helgouach, M. Le Voyer, facteur d'instrument à Rennes, va modifier la Dorig pour en affiner sa justesse tout en conservant son timbre. Ainsi une "nouvelle" perce permet d'obtenir une technique instrumentale compatible avec celle de la cornemuse : le si bémol étant plus stable, le la bémol (grave et aigu) s'adapte mieux à celui de la cornemuse. L'autre avantage est qu'elles permettent un jeu plus facile à l'octave supérieur.

Au début des années 70, Jacques Cariou a l'idée de bricoler le ventre des caisses claires, en fixant une patte sur chacun des supports du système de timbres, pour donner un son plus aigu et permettre d'adapter le niveau sonore à la salle.


Les prix, les concours

En 1957 la Kevrenn Brest Saint-Marc obtient son premier titre de champion de Bretagne de 1ère catégorie. Après un petit passage à vide suite à la mort d'Herri Léon en 1962, la kevrenn est reprise en main par Joel Locquet, Jean-Claude Guena et Jo Hemidy, qui sont allés rechercher Yves Tanguy à Landerneau. A l'été 1964, la kevrenn redevient champion de Bretagne. Elle en gagnera onze en dix-sept ans (en 1957, de 1959 à 1961, en 1964, en 1968, de 1970 à 1974).

En 1975, la kevrenn tente de faire évoluer la BAS [4] en exposant son point de vue sur les concours. Ils expliquent que la fréquence et le nombre de concours par an, ne permettent pas de pouvoir faire autre chose, entrainant une saturation responsable d'une dégradation du climat et de l'activité du bagad. Elle annonce donc de prendre une année sabbatique, pour quitter l'assemblée des sonneurs en 1977. En 2000, un bagadig est formé avec des sonneurs formés directement par des musiciens du bagad. Il ne peut pas participer au concours en tant que bagadig puisque le bagad ne participe pas au concours. Il se nommera donc Bagad Yaouankiz-Sant-Mark pour pouvoir y participer. Il finit champion de Bretagne de 5ème catégorie en 2007 et monte donc en 4ème. Actuellement le bagad a repris son nom de Kevrenn Brest St Marc et participe au concours de Sonerion en 3ème catégorie. Depuis 2015, un bagadig, sous le nom de Yaouankiz Brest St Marc, a été reformé et a repris les concours, d'abord en Skolaj et maintenant en 5ème catégorie.


Les stages

En 1961, un premier stage est organisé, sous l'impulsion d'Herri Léon, grâce au concours de la kevrenn St Marc et d'Ar Falz. Ainsi est fondé le « skolaj beg an treis ». Parmi les formateurs, on retrouve Alain Le Hegarat, Herri Léon qui enseignait le rythme, le practice et le bagpipe, Claude Perrot, Yves Tanguy qui enseignait la bombarde, Jean-Yves Cabon pour le tambour, Alain Trovel pour la musicologie, Fanch Peru pour la langue bretonne et Donatien Laurent. Ce fut les premiers stages organisés en Bretagne pour les musiciens de bagadoù. Lors du 4ème stage en 1962, Herri Léon est tué par un cheval affolé. Son frère Jean-Claude prendra le relais et organisera des stages les trois années suivantes. Actuellement, la Kevrenn Brest St Marc, organise des stages de bombarde en partenariat avec le Centre Breton d'Art Populaire.


Les rencontres et les influences

Après la mort d'Herri Léon, les musiciens décident de ne plus être des couples de sonneurs et d'être plus un orchestre. Ils rencontrent Pierre-Yves Moign [5] à qui ils vont demander d'arranger pour eux des airs traditionnels. La kevrenn va également participer à des spectacles organisés par la chorale « war hentoù Breiz » dirigée par Pierre-Yves Moign. Cette collaboration va mener le bagad vers plus d'orchestration. Ils vont également collaborer avec Alain Trovel du bagad de Guingamp.

Pendant plus de 30 ans, Yves Tanguy va assurer la direction de l'ensemble musical. Il va également créer un bagad au collège technique (actuellement le lycée Jules Lesven) qui rapidement sera en 3ème catégorie B, et servira pendant un certain temps de réservoir au bagad. En somme un bagadig avant l'heure.

Alain Trovel va également aider la kevrenn a emprunter de nouvelles voies. Fils de musicien, il a commencé la cornemuse à l'âge de neuf ans. Il a fait parti du bagad de Guingamp [6]. Il écrit ses premiers arrangements pour Brest St Marc en 1967 et intègre le bagad en 1969, où il y restera une vingtaine d'années. Il signe les arrangements de « son an trappist », « maro eo va mestrez », « deus ganin me, plac'h yaouank », an hader » et « la Fougère ».

Christian Desbordes, passé par Ar Flamm, va rejoindre la Kevrenn en 1973, dans le pupitre des cornemuses. Il va composer des morceaux et introduira des cuivres et des claviers. Il va faire collaborer la kevrenn avec la Musique des Équipages de la Flotte. Il jouera aussi du violon avec Youenn Gwernig [7] et les Bleizi ruz (groupe engendré par le bagad) [8]. Il sera également chef de chœur de « l'ensemble chorale du bout du monde ».

La Kevrenn Brest St Marc va également collaborer avec Ronan Sicard, Melaine Favennec [9], Jacques Pellen [10], René Abjean [11] et bien d'autres.

Les danseurs

En 1967, la Kevrenn s'associe lors de ses déplacements, avec le cercle Ar Rouedoù glaz de Concarneau pour former un ensemble folklorique. Ce partenariat est officiellement scellé en 1970. Ils participeront ensemble à de nombreux festivals en Belgique, en Allemagne, en Yougoslavie, en Tchécoslovaquie… En 1975, cependant cette collaboration est arrêtée et un cercle brestois est créé. Le cercle est arreté en 1983 par manque de danseurs.


Articles de presse

    Sillage130 small.jpg Cet article est extrait du Magazine Sillage N°123 - mai-juin 2007
Auteur : Olivier Polard



La Kevrenn Brest Sant-Mark au Printemps des sonneurs à Brest, rue de siam, le 23 avril 2011

Les soixante ans de la Kevrenn Sant-Mark

La Kevrenn Sant-Mark Wikipedia-logo-v2.svg souffle cette année ses soixante bougies. Si elle a pu réaliser cette performance, c'est grâce à l'action passionnée de ses membres ainsi qu'à un effectif en constante évolution. Grâce au soutien de ses 90 adhérents, elle célèbre aujourd'hui l'événement en retraçant 6 décennies d'activités sur Brest à travers de nombreux temps forts (60 actions, 60 jours, 60 lieux) ainsi que le projet artistique événementiel et créatif "D'Azur et d'Hermines".

La naissance du premier bagad brestois est directement liée à la catastrophe du liberty-ship Ocean Liberty le 28 juillet 1947. Ce jour-là, le navire américain chargé de nitrates d'ammonium explose au milieu de la rade de Brest, à peine à 1 kilomètre des premières habitations. Les dégâts sont considérables pour une ville déjà durement éprouvée pendant le siège de 1944. Nombre de fenêtres ont volé en éclat, les toitures arrachées. On compte des dizaines de blessés. Le quartier Saint-Marc est déclaré zone sinistrée mais les aides tardent à venir en cette période difficile. Yann Camus, gérant du "Café du Bot" situé à deux pas de l'église, décide de réagir.

À son initiative, quelques sonneurs brestois se réunissent afin de collecter des fonds pour venir en aide aux sinistrés. Une tournée dans le Finistère est organisée pendant l'été en compagnie du Cercle Celtique de Brest. C'est l'acte fondateur de la Kevrenn. Suivra la création de nombreux bagadoù à travers toute la région. Occupant des lieux voués à la démolition (caserne Fautras, Satos, Librairie de la Cité, Nouveau Théâtre...), les sonneurs brestois répètent avec les instruments disponibles, biniou braz et bombardes ainsi que les tambours de la clique du Patronage Laïque de Saint Marc. En 1950, la venue à Brest d'un pipeband de Glasgow, ville bienfaitrice, inspire aux sonneurs brestois la fondation d'un bagad sur des bases plus rigoureuses. Délaissant les instruments d'origine, la Kevrenn se dote de cornemuses et d'une batterie écossaise à la faveur d'un emprunt à la Chambre de Commerce en 1954.

Sous l'impulsion conjuguée de Marcel Ropars et Yann Camus, la formation s'enrichit de l'héritage de la culture rurale locale tandis que, forts de leurs contacts écossais Bernard Jézéquel et Henri Léon enseignent la batterie et la cornemuse écossaise. Mais que faire de la bombarde dans un pipe band ? Grâce à Dorig Le Voyer, la fabrication de des cornemuses est améliorée, les rendants compatibles avec la gamme levriad. Les bombardes peuvent alors jouer à l'unisson avec un pipe. L'ensemble des bagadou bretons adoptent ces améliorations techniques sous l'impulsion de musiciens brestois décidément très en avance sur leur temps. La Kevrenn est de toutes les cérémonies : Festival des Cornemuses, fêtes de quartier, kermesses, inaugurations... Elle sonne le coup d'envoi de grandes rencontres sportives, le départ du tour de France ou celui de la Jeanne.

Pour progresser, l'accent est mis sur la formation musicale. Tandis que Michel Ropars dispense un enseignement axé sur la connaissance du patrimoine musical breton, Henri Léon se rend en Ecosse. Il en revient diplômé du Collège of Piping et se met aussitôt à enseigner son savoir. À l'inverse, les batteurs profitent de la venue à Brest de Bobby Mac Gregor pour enregistrer ses cours et mettre au point une méthode d'apprentissage adaptée aux besoins de l'époque. Le groupe ne tarde pas à obtenir des résultats de premier plan aux concours de bagadoù organisés dans le cadre du Festival des Cornemuses.

À partir de 1965, la Kevrenn rompt davantage encore avec le passé rural en abandonnant le costume de Plougastel-Daoulas qu'elle portait jusqu'alors, adoptant un costume contemporain réalisé par Jim Sevellec. La Kevrenn ne peut décidément rien faire comme les autres ! Elle peut se le permettre. Grâce à l'élévation du niveau de formation et aux talents de compositeurs tels que Pierre-Yves Moign ou Alain Trovel, elle remporte, en une vingtaine d'années, 11 fois le titre de Champion de Bretagne, un exploit ! Au cours des années soixante-dix, elle se démarque à nouveau des autres bagadoù en lançant une formule peu courante à l'époque : le concert de musique bagad. Son projet musical vise à élargir le spectre sonore du bagad en se tournant davantage vers le grand public. En 1976, à l'issu d'une ultime participation au Concours de Lorient, le groupe décide de quitter, à la surprise générale, à la fois la compétition et la fédération des bagadoù BAS pour adopter un fonctionnement totalement autonome.

Dans les années 80, sous l'impulsion de son président Yves Tanguy, la Kevrenn cherche les collaborations les plus variées, mêlant ses sons et ses rythmes à des groupes aussi différents que la Musique des Équipages de la Flotte, Melaine Favennec, Bleizi Ruz, Gwalarn ou encore Manu Lannhuel et Jacques Pellen, tandis que Christian Desbordes, sonneur et compositeur, enrichit le répertoire de la formation. Cela se traduit par de belles rencontres, des expériences inédites, enrichissantes, mais déjà la Kevrenn cherche d'autres challenges à relever. 1997 marque la naissance du "Printemps des Sonneurs" sous la volonté commune de la municipalité et du bagad brestois. Un pari osé mais gagnant car l'événement attire chaque année de 10 à 15000 spectateurs et rappelle par bien des points le Festival International des Cornemuses qui s'est tenu à Brest de 1953 à 1965.

Ce dixième anniversaire réunissant 550 sonneurs venus de toute la Bretagne pour fêter l'événement est bien sûr un peu particulier. Malgré les critiques, la Kevrenn Sant-Mark a poursuivi son aventure sans interruption depuis sa création dans une ville longtemps réputée peu sensible à la culture bretonne. Ce qui explique une telle longévité ? Peut-être ses thèmes musicaux résolument tournés vers l'avenir, les choix professionnels de ses musiciens pour demeurer brestois ou encore le prodigieux effort de formation. Grâce à tout cela, ce bagad atypique, généreux et attachant a encore de beaux jours devant lui, pour notre plus grand bonheur.

Olivier Polard (Sillage n°123)

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