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Interview-Sillage : Olivier Bourbeillon, réalisateur et producteur

    Sillage130 small.jpg Cet article est extrait du Magazine Sillage N°111 - sept.-oct. 2005
Auteur : Jérôme Le Jollec


"Le film court, un espace de liberté"

S'il a commencé sur les planches dans les années soixante-dix "en jouant pas mal de Boris Vian" avec la troupe de l'Arrache-Coeur, c'est avec le cinéma qu'Olivier Bourbeillon Wikipedia-logo-v2.svg trace son sillon depuis plus de vingt ans. Son parcours, jalonné de nombreuses réalisations et productions, fait la part belle à Brest et la Bretagne. À la veille de la vingtième édition du Festival européen du film court, il analyse son évolution et le chemin parcouru. Il ne regrette rien. Bien au contraire !

Caméra Arriflex 16 de 1972

Votre première rencontre avec le cinéma?

Borsalino au Celtic à Brest.

Le premier coup de foudre filmique?

"Il était une fois dans l'Ouest" de Sergio Leone. Le rapport entre la musique et images, ça marque.

La décision d'en faire votre métier?

J'ai voulu faire ça à partir de mes 15 ans. Après j'ai fait une licence de cinéma et des films super 8 avec Gilbert Le Traon, aujourd'hui directeur de la Cinémathèque.

D'où vient votre penchant pour le film court?

C'est un espace de liberté où on peut laisser traîner son univers.

Comment est né le festival du film court?

Je suis arrivé à Paris en pleine génération du film court. J'ai vu des choses géniales. D'où l'idée de faire des nuits du film court au Mac Orlan en 1984-1985. On se demandait : "comment se fait-il que des gens viennent pour des films d'inconnus?"

Quel regard portez-vous sur son évolution?

Il a traversé plusieurs tendances et s'est peu à peu professionnalisé. Comme pour le vin, il y a de bons crus.

Sa principale caractéristique selon vous?

C'est un cocon en dehors du marché, de l'industrie, et c'est bien que ça le demeure.

Pourquoi avez-vous passé la main?

Directeur du festival et producteur c'est la même chose, vous voyez trois cents films et il faut en garder vingt. Il n'est pas possible d'y rester vingt ans. On a su passer le relais une jeune et super belle équipe.

Les moments les plus forts selon vous?

Une rencontre avec Zulawski, un sacré bonhomme, les débuts de Mathieu Kassowitz et le film Émilie Muller qui a mené une grande carrière.

La rencontre qui vous a le plus marqué à Brest ou ailleurs?

Trintignant à Brest en 1979. C'était grandiose, un très grand monsieur.

Quel réalisateur auriez-vous aimé être?

Difficile de répondre. Il est impossible de devenir Leone ou Scorsese, ils ont une autre énergie.

Si vous deviez faire autre chose?

J'aurais aimé être musicien mais il ne faut pas rêver. Les musiciens, c'est une race que j'aime bien.

Le don que vous auriez aimé posséder?

Avoir de l'oreille.

La place de la musique au cinéma?

Moi, j'adore ça. Dan ar Braz aussi avait adoré faire la bande sonore de Rêves de Siam.

Et dans votre vie?

J'aime tous les genres. Je ne pourrais pas faire sans.

Que détestez-vous par-dessus tout?

La bêtise.

La qualité que vous appréciez le plus chez les autres?

L'écoute et l'absence de calcul, c'est plutôt rare.

Le défaut qui vous inspire de l'indulgence?

La naïveté peut-être, même si elle a parfois à voir avec la bêtise.

Le dernier film que vous avez vu?

"Charlie et la chocolaterie". Je suis bien tombé.

Votre occupation préférée en dehors du cinéma?

La lecture.

Votre couleur préférée?

Le bleu ou le bordeaux. L'une calme, l'autre pas.

Un projet, même utopique?

Adapter du Boris Vian.

Et Brest dans tout ça?

Soit les gens qui viennent à Brest ont envie de repartir en courant, soit ils sont pris par la ville. C'est une ville ouvrière, très forte, méconnue, où je suis bien. J'y vis depuis quarante ans, je l'ai filmée. Mais je regrette le masochisme de Brest dans sa perspective culturelle, on pourrait être plus ambitieux. J'espère que le projet des Capucins va aboutir.

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