Elena Tikhomirova
Elena Mikhaïlovna Tikhomirova est une artiste-peintre originaire de Russie, plus précisément de Sibérie, qui a vécu pendant presque cinq ans à Brest où elle fit plusieurs expositions et créa "Le Chemin positif" de la rue Saint-Malo avant de déménager dans le Midi de la France.
Sommaire
Biographie
Jeunesse en Russie
Fille unique de Mikhaïl et Natalia, tous deux militaires de carrière, Elena est née le 6 juin 1975 en URSS, plus précisément dans la capitale de la république de Bouriatie, sur les rives du lac Baïkal, alors à quatre jours de train de Moscou. Très tôt, elle rêve d'un métier qui lui permettrait de voyager.
Après sa scolarité en Sibérie, Elena déménage à Moscou pour y faire des études de management. Elle en profite pour étudier le japonais et se plonger dans la culture, la poésie et la peinture du Soleil levant : elle restera fascinée par l'art japonais. Pendant cette période, elle rencontre « une personne » qui l'emmène faire un voyage inoubliable au Tibet suivi d'une visite au Musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg : cette découverte la détermine à devenir peintre. Elle signe d'abord ses œuvres sous le pseudonyme d'Aloosangenleiya, mais un habile profiteur parvient à s’approprier ses travaux portant ce nom, amenant Elena à signer de son vrai nom, souvent sous la forme d’un idéogramme japonais.
Arrivée en France
Elle arrive en France "un peu par hasard", sur l’invitation d’une femme qui organisait un défilé de mode à Paris : Elena peint sur des casquettes et des sacs en cuir, créant ainsi toute une collection d’accessoires à ses couleurs. Dans la capitale française, elle rencontre un compatriote, réfugié politique et président de l'Association des Artistes Russes, à laquelle elle adhère encore aujourd'hui - elle est aussi membre de l'Union Internationale des Artistes de Moscou.
Les premières années d'Elena en France sont riches sur le plan intellectuelles mais difficiles sur le plan matériel : rien n’est simple à Paris pour une artiste-peintre étrangère qui, de la langue française, ne connait alors que le mot "bonjour". Elle apprend donc le français à Créteil et suit des cours d’arts plastiques à Paris VIII puis à la Sorbonne : sa connaissance de la langue française progresse et elle append beaucoup sur l’histoire de l’art mais, un jour son professeur de pratique artistique lui fait comprendre qu’elle perd son temps et qu’elle est suffisamment douée pour se passer de l’enseignement académique.
Elena finit par trouver refuge dans un atelier au Châtelet grâce à un ami qui lui donne simplement les clés du local. C’est également à Paris qu’elle rencontre et épouse l’homme de sa vie : Yves Saliou, scaphandrier.
Les années brestoises
En 2015, suite à un accident de travail en Guadeloupe, Yves est reconduit à Paris : mis en arrêt maladie, il emménage à Brest, plus précisément à Recouvrance, avec Elena. Celle-ci est sensible à la présence de la nature et au ciel changeant, "même s’il me manque un peu de soleil" ; elle aime particulièrement les Capucins, la Rue Saint-Malo, le château de Brest et le jardin des explorateurs. Elle apprécie aussi la simplicité légendaire des Brestois : "Ils sont très ouverts, très communicatifs, authentiques, j’ai l’impression qu’ils ne se sentent pas obligés de porter des masques comme dans les autres grandes villes".
Le public brestois découvre sa peinture en 2017 à l'occasion d'une première exposition à l’IMT Atlantique[1] (anciennement Télécom Bretagne) où elle expérimente la peinture en relief grâce au procédé Cromadepth, basé sur la hiérarchie des couleurs de l’arc-en-ciel ; l’exposition a pour titre "l’éternel mouvement", une expression qui résume sa conception "dynamique" de la peinture qui ne s’épuise pas dans ses résultats et se réinvente sans cesse : "l'art est un processus sans fin pour connaître le monde et vous-même", dit-elle. Une seconde exposition se tient à la galerie Regard en 2018[2] et elle contribue aussi à l'exposition "Segalen voyageur" organisée à la faculté des lettres et sciences humaines dans le cadre du centenaire de la mort de Victor Segalen. Elle participe également aux "Tac au Tac" organisés par le caricaturiste Blequin.
Brest lui doit également une création originale, "Le Chemin positif". À l’origine, il n’y avait que des poutres qui avaient été installées pour étançonner une venelle de la rue Saint-Malo, au cas où des explosifs seraient utilisés sur le chantier des Capucins, et ont été laissées sur place, telles quelles, après la fin des travaux. Ces poutres ont irrésistiblement rappelé à Elena les portails vermillon marquant l’entrée de sanctuaires japonais où il est d’usage que les individus ayant connu le succès, d’une manière ou d’une autre, laissent des offrandes et des messages pour faire profiter les autres de leur bonne fortune. C’est ainsi que l’idée s’est imposée à Elena de créer un "chemin positif", version laïque et occidentale d’un élément de spiritualité orientale. Les poutres ont donc été peintes en rouges et ornées des lettres "Le chemin positif" peintes au pochoir dans un matériau phosphorescent[3].
En 2019, Yves trouve un emploi de formateur à Fréjus : Elena suit donc son mari sur la Côte d'Azur, non sans avoir marqué de son empreinte la ville du Ponant où les vents de l'inspiration la ramèneront peut-être un jour.
Pratique picturale
Le plaisir de peindre avant tout
L'approche de l'art par Elena se défend de tout intellectualisme : quand elle présente son travail, elle dit notamment qu'elle "projette ses mondes mystiques et fantastiques sur ses toiles" et "mélange sur ses peintures à l’huile ses racines orientales avec des influences occidentales fantastiques". Elena commence rarement une toile avec une idée prédéfinie : elle se laisse guider par son inspiration et ses caprices éventuels, l’image s’écoulant directement du cerveau jusqu’à la toile par le biais de la main : "J'aime mélanger les couleurs directement sur les toiles, l'imprévisibilité me fascine, le processus frémissant de communication avec mon vrai moi commence. Une soif inépuisable de révélations me pousse vers de nouvelles expériences picturales qui s'intégrent parfaitement dans n'importe quel espace esthétique et raffiné."
Une technique intuitive
Elle peint toujours presque exclusivement à l’huile qui, selon elle, "dégage plus d’énergie", ajoutant simplement quelques petites touches de pigments dorés de temps à autre : "j'adore l'huile, elle est bien adaptée à mes techniques de peinture pâteuse, vous permettant de jouer avec l'image à travers la texture".
Sa production est étonnamment variée : son œuvre la plus « classique » reste son affiche pour le spectacle La revanche d’Elvira, exécutée dans le plus pur style de la Renaissance anglaise ; on lui doit aussi, nippophilie oblige, une série « japonisante » avec des geishas, un thème qui n’est pas si simple à traiter qu’il n’y parait, ne serait-ce que parce que la tentation est grande de se laisser aller à une surcharge de motifs exotiques, écueil heureusement évité par l’artiste qui connait les vertus de la retenue et en fait bénéficier ses geishas qui prennent les poses habituellement attribuées aux "singes de la sagesse", rendant ainsi aux humains ce qui n’appartient pas aux pongidés.
Mais son apport le plus original à la peinture moderne réside dans ses toiles nous renvoyant aux sources primales de la création telles que "La nova", "La création" ou "L’accélérateur de particules" qui provoquent un éblouissement semblable à celui de l’enfant qui vient au monde. Citons aussi le « tunnel », à la perspective si réussie que l’on croit pouvoir pénétrer dans ce souterrain humide, et le « lac des cygnes » qui nous fait presque sentir les gouttes d’eau que projette le volatile battant des ailes, loin des exaltations topiques de la sérénité que l’on s’attend à voir sous un tel titre. "Je vous invite à faire un voyage à travers les toiles qui, nous guidant à travers le prisme de notre subconscient, prennent vie et dialoguent avec nous", conclut-elle.