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Légende des Sept-Saints

La Légende des Sept-Saints est une légende traditionnelle du Pays de Brest qui concerne Landévennec, Le Faou, Daoulas, la forêt du Cranou et l'ancienne église des Sept-Saints à Brest.

La version la plus connue de la légende

Il existait autrefois à Landévennec, au village nommé aujourd'hui Seiz Croas, un forgeron dont la femme était extrêmement pieuse. Cette femme se rendait régulièrement à l'abbaye de Landévennec pour y entendre la messe, ce qui déplaisait à son mari. Celui-ci lui en fit des reproches, prétendant que ce n'était pas le sentiment religieux qui l'attirait à l'abbaye, mais les moines. La femme se défendit de cette accusation outrageante et dit à son mari qu'il devait être aussi sûr de son innocence qu'elle était certaine de pouvoir tenir entre ses mains le soc de charrue qu'il forgeait en ce moment. «Â Et bien ! Porte-le à Landévennec » lui répondit son mari, en jetant sur le sol le soc incandescent. La digne femme le prit dans ses mains et le porta au bourg, distant d'environ une demi-lieue de la forge. Ceci ayant été considéré par les habitants comme un miracle, le soc fut placé entre deux saints dans l'église de l'abbaye, où il resta en place jusqu'à la Révolution française.

Quelque temps après, la femme du forgeron accoucha de sept garçons. Le mari les enleva, les mit tous les sept dans une maie à pâte (ou pétrin), les porta à l' Anse de Penforn, là où se trouvent aujourd'hui mouillés les vaisseaux de l'État (le cimetière marin de Landévennec), et les abandonna à la merci des flots.

La maie fut entraînée vers Le Faou dont les habitants voulurent recueillir les enfants ; mais ceux-ci, tout en témoignant leur reconnaissance, dirent qu'ils ne pouvaient pas s'arrêter en cet endroit car ils devaient aller plus loin ; puis ils prédirent que la forêt du Cranou, qui s'étendait alors jusqu'aux portes de la ville, fournirait éternellement les plus beaux bois d'œuvre de tout le pays :

Er forest ar Krano
Biken koat da vanko.
Dans la forêt du Cranou
Jamais le bois ne manquera.

Les enfants furent ensuite entraînés vers l'ouest, et lorsqu'ils passèrent le sillon de Landévennec, dénommé aussi Sillon des Anglais, on les entendit, du bourg, chanter d'une vois forte des cantiques mélodieux.

La maie, poussée par les flots, aborda à Daoulas. Les habitants accoururent au rivage, mais pas un seul d'entre eux pour accueillir les enfants. Ceux-ci poussèrent au large leur léger esquif, et dirent aux Daoulasiens qu'avant longtemps leur Bois du Gars ne pourrait fournir un simple timon ou gaule de charrette. On prétend que c'est depuis cette époque que ce bois n'est plus qu'un mauvais taillis.

Après avoir été longtemps ballottés par les vagues, les sept enfants abordèrent enfin sous le château de Brest ; ils y furent accueillis par les habitants et transportés dans une maison voisine du château, mais ils y moururent tous les sept peu de temps après leur arrivée, et leurs corps furent enlevés par des anges.

Le village où étaient nés les enfants, et dont on n'a pu retenir l'ancien nom, prit le nom de Seiz Croas, sept croix, sept douleurs[1].

Une autre version de la légende

Une femme très pauvre, et déjà pourvue d'une nombreuse lignée, mit au monde sept enfants à la fois dans une mazière (chaumière) qu'elle occupait sur la place du marché (marc'hallac'h) de Daoulas qui, en souvenir de cet accouchement multiple, a conservé longtemps le nom de mazière des sept saints. Effrayés d'une semblable fécondité qui leur offrait la perspective de sept bouches de plus à nourrir, les habitants chassèrent les enfants et leur mère qui ne dit que ces mots en prenant la route de Brest :

Brest var cresq, Daoulas var discar.
Pa saofot eun ti, é couézo tri.
Brest croîtra, Daoulas décherra ;
Quand vous bâtirez une maison, il en tombera trois.

Depuis ce temps, ajoute la légende, l'ancienne belle ville de Daoulas disparaît peu à peu, et Brest qui accueillit les proscrits, et qui les honora ensuite comme saints (l'église des Sept-Saints à Brest fut construite à l'emplacement de la maison qui les accueillit), étend journellement sa ceinture[2].

Notes et références

  1. P. Levot, "Daoulas et son abbaye", Bulletin de la Société académique de Brest, 1875, consultable http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2075543/f142.r=Daoulas.langFR
  2. Pol de Courcy, "La Bretagne contemporaine", Nantes, Charpentier, 1869
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