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Jean Cras : Différence entre versions

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[[Image:Jean Cras.jpg|thumb|200px|Jean Cras en uniforme avec son chat Bleu-Nial en 1902.]]
 
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'''Jean Cras''' (prononcer Crasz) est un officier de marine et compositeur français, né le 22 mai 1879 à [[Brest]] où il est mort le 14 septembre 1932, emporté en trois jours par une maladie foudroyante.
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'''Jean Cras''' (prononcer Crasz) est un officier de marine et compositeur français, né le 22 mai 1879 à [[is_city::Brest]] où il est mort le 14 septembre 1932, emporté en trois jours par une maladie foudroyante.
  
 
== Sa vie et son œuvre ==
 
== Sa vie et son œuvre ==
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Élève doué, il entre à l'École navale à 17 ans. En 1898, sorti 4{{e}} sur 70 du ''Borda'', il s'embarque. Il consacre ses heures de loisirs à composer et en 1899, il possède, déjà, dans ses tiroirs, une messe, des motets, un trio intitulé ''Voyage Symphonique''.
 
Élève doué, il entre à l'École navale à 17 ans. En 1898, sorti 4{{e}} sur 70 du ''Borda'', il s'embarque. Il consacre ses heures de loisirs à composer et en 1899, il possède, déjà, dans ses tiroirs, une messe, des motets, un trio intitulé ''Voyage Symphonique''.
  
En 1900, une profonde et étroite amitié s'établit avec Henri Duparc qui le considère comme « fils de (son) âme » et il devine ce qu'il y a de profond dans cette nature ardente, dans ce regard transparent. Lors d'un nouvel embarquement, Henri Duparc lui remet un viatique : les quatuors de [[Rue Ludwig van Beethoven|Beethoven]] pour qu'il s'en pénètre. Il a su concilier cette double existence de marin et de musicien, passionnément épris de ce double métier qu 'évoque le monument élevé sur le cours d'Ajot à Brest.
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En 1900, une profonde et étroite amitié s'établit avec {{w|Henri Duparc (compositeur)|Henri Duparc}} qui le considère comme « fils de (son) âme » et il devine ce qu'il y a de profond dans cette nature ardente, dans ce regard transparent. Lors d'un nouvel embarquement, Henri Duparc lui remet un viatique : les quatuors de [[Rue Ludwig van Beethoven|Beethoven]] pour qu'il s'en pénètre. Il a su concilier cette double existence de marin et de musicien, passionnément épris de ce double métier qu 'évoque le monument élevé sur le cours d'Ajot à Brest.
  
Le 23 janvier 1906, il épouse, Isaure Paul, une femme très compréhensive tant sur le plan musical que professionnel et lui donne quatre enfants : Isaure, Colette, Monique ([[1910]]-[[2007]]) et Pierre.
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Le 23 janvier 1906, il épouse, Isaurette Paulette, une femme très compréhensive tant sur le plan musical que professionnel et lui donne quatre enfants : Isaure, Colette, Monique (1910-2007) et Pierre.
  
 
Pendant deux ans, il est professeur d'« archinav » (architecture navale) à la Baille, surnom donné par ses élèves, les « Bordaches », à l'École navale. Il invente alors une règle qui porte son nom, la règle Cras. Ce génial double rapporteur transparent,  permet de tracer une route ou de porter un point par relèvements sur une carte marine (encore en usage, elle commence à tomber en désuétude depuis l'apparition de la navigation assistée par GPS). Sur le contre-torpilleur ''Cassini'', il met au point un appareil qui facilite la transmission de signaux électriques rendus obligatoires sur tous les navires de guerre.
 
Pendant deux ans, il est professeur d'« archinav » (architecture navale) à la Baille, surnom donné par ses élèves, les « Bordaches », à l'École navale. Il invente alors une règle qui porte son nom, la règle Cras. Ce génial double rapporteur transparent,  permet de tracer une route ou de porter un point par relèvements sur une carte marine (encore en usage, elle commence à tomber en désuétude depuis l'apparition de la navigation assistée par GPS). Sur le contre-torpilleur ''Cassini'', il met au point un appareil qui facilite la transmission de signaux électriques rendus obligatoires sur tous les navires de guerre.
 
[[Image:Jean Cras1.jpg|thumb]]
 
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Jean Cras est qualifié d'officier de premier ordre par l'amiral Auguste Boué de Lapeyrère dont il devient l'aide de camp après avoir été breveté d'état-major. Il sauve un matelot de la noyade après une explosion et se distingue tout au long de la guerre en Adriatique. Sa conduite héroïque lui vaut une citation à l'ordre de l'armée et son quatrième galon. Durant la guerre, et tandis qu'il prenait part au blocus des côtes dalmates, il achève la partition de son opéra ''Polyphème'', drame d'Albert Samain représenté à l'Opéra-Comique le 22 décembre 1922.
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Jean Cras est qualifié d'officier de premier ordre par l'amiral {{w|Auguste Boué de Lapeyrère}} dont il devient l'aide de camp après avoir été breveté d'état-major. Il sauve un matelot de la noyade après une explosion et se distingue tout au long de la guerre en Adriatique. Sa conduite héroïque lui vaut une citation à l'ordre de l'armée et son quatrième galon. Durant la guerre, et tandis qu'il prenait part au blocus des côtes dalmates, il achève la partition de son opéra ''Polyphème'', drame d'{{w|Albert Samain}} représenté à l'Opéra-Comique le 22 décembre 1922.
  
À bord du cuirassé ''Provence'' qu'il commande comme capitaine de vaisseau (1927-1929), il écrit à André Himonet : « J'essaie de mettre à profit les années où je suis à la mer pour travailler le plus possible, les conditions étant d'ailleurs particulièrement favorables à une production avant tout  sincère et non sollicitée, impressionnée par ce qui s'écrit. » Ces quelques lignes peuvent servir d'épigraphe au ''Journal de bord'' que Rhené-Baton dirige chez Pasdeloup en 1928. Cette suite symphonique se divise en trois parties :
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À bord du cuirassé ''Provence'' qu'il commande comme capitaine de vaisseau (1927-1929), il écrit à André Himonet : « J'essaie de mettre à profit les années où je suis à la mer pour travailler le plus possible, les conditions étant d'ailleurs particulièrement favorables à une production avant tout  sincère et non sollicitée, impressionnée par ce qui s'écrit. » Ces quelques lignes peuvent servir d'épigraphe au ''Journal de bord'' que {{w|Rhené-Baton}} dirige chez Pasdeloup en 1928. Cette suite symphonique se divise en trois parties :
 
* 1°) quart de huit à minuit : houle au large, ciel couvert se dégageant au coucher du soleil, rien en vue,
 
* 1°) quart de huit à minuit : houle au large, ciel couvert se dégageant au coucher du soleil, rien en vue,
 
* 2°) quart de minuit à quatre : très beau temps, mer très belle, rien de particulier, clair de lune,
 
* 2°) quart de minuit à quatre : très beau temps, mer très belle, rien de particulier, clair de lune,
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Il embarque toujours son piano droit sur chacun des navires à bord desquels il sert car : « Composer, c'est pour moi obéir à une volonté supérieure, qui me dicte ses volontés et que je sers avec l'ivresse de l'humble disciple dont le seul but est d'exécuter le mieux possible les ordres de son maître. »
 
Il embarque toujours son piano droit sur chacun des navires à bord desquels il sert car : « Composer, c'est pour moi obéir à une volonté supérieure, qui me dicte ses volontés et que je sers avec l'ivresse de l'humble disciple dont le seul but est d'exécuter le mieux possible les ordres de son maître. »
  
Le 6 février 1932, Colette Cras, sa fille (future épouse du compositeur Alexandre Tansman), exécute le ''Concerto pour piano et orchestre'' aux Concerts Pasdeloup sous la direction de Désiré-Émile Inghelbrecht. Dans cette œuvre, le piano est considéré non dans un esprit de virtuosité mais dans un dessein de musicalité pure.
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Le 6 février 1932, Colette Cras, sa fille (future épouse du compositeur {{w|Alexandre Tansman}}), exécute le ''Concerto pour piano et orchestre'' aux Concerts Pasdeloup sous la direction de {{w|Désiré-Émile Inghelbrecht}}. Dans cette œuvre, le piano est considéré non dans un esprit de virtuosité mais dans un dessein de musicalité pure.
  
On retrouve une même originalité dans les ''Trois Noëls'' (Concerts Colonne, 1930) inspirés par le ''Pèlerin d'Assise'' de Léon Chancerel et dont le premier, ''la Plainte d'Adam'', avec la réplique constante de l'Ange, est un chef-d 'œuvre ; mais le deuxième, ''le Dialogue de Joseph'' avec le mauvais hôtelier ne vaut guère moins, si parfaitement expressif de toute la détresse humaine. Et le dernier, ''l'Adoration des Bergers'', brille d'une lumière et est marquée d'une sorte de gravité mystique.
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On retrouve une même originalité dans les ''Trois Noëls'' (Concerts Colonne, 1930) inspirés par le ''Pèlerin d'Assise'' de {{w|Léon Chancerel}} et dont le premier, ''la Plainte d'Adam'', avec la réplique constante de l'Ange, est un chef-d 'œuvre ; mais le deuxième, ''le Dialogue de Joseph'' avec le mauvais hôtelier ne vaut guère moins, si parfaitement expressif de toute la détresse humaine. Et le dernier, ''l'Adoration des Bergers'', brille d'une lumière et est marquée d'une sorte de gravité mystique.
 
[[Image:Jean_Cras_tombe.jpg|thumb|Tombe au cimetière de Saint-Martin]]
 
[[Image:Jean_Cras_tombe.jpg|thumb|Tombe au cimetière de Saint-Martin]]
  
Il a également, composé un ''Quintette pour harpe, flûte et trio à cordes'' ; un ''Quintette pour piano et cordes'' ; un ''Quatuor'' (A ma Bretagne) et un ''Trio à cordes'' ; ''diverses pièces pour flûte et harpe'', ''violoncelle et piano'', ''pour violon et piano'', des mélodies : ''Fontaines'' sur des poèmes de Lucien Jacques, ''la Flûte de Pan'' sur un autre poème du même auteur, ''le Rubayiat'' d'Omar Khayyan, ''l'Offrande lyrique'' de Tagor et puis un recueil de ''trois petites pièces pour six petites mains '', ''Âmes d'enfants'' recueil pour piano.
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Il a également, composé un ''Quintette pour harpe, flûte et trio à cordes'' ; un ''Quintette pour piano et cordes'' ; un ''Quatuor'' (A ma Bretagne) et un ''Trio à cordes'' ; ''diverses pièces pour flûte et harpe'', ''violoncelle et piano'', ''pour violon et piano'', des mélodies : ''Fontaines'' sur des poèmes de {{w|Lucien Jacques}}, ''la Flûte de Pan'' sur un autre poème du même auteur, ''le Rubayiat'' d'Omar Khayyan, ''l'Offrande lyrique'' de Tagor et puis un recueil de ''trois petites pièces pour six petites mains '', ''Âmes d'enfants'' recueil pour piano.
  
Sa musique n'a pas fait école. Il a su allier la rigueur de la Schola Cantorum à la mélodie libre, naturellement limpide à la manière d'un Debussy. C'est un mélodiste comme son maître Henri Duparc. Ses influences sont sa terre natale, la Bretagne, les contrées qu'il a explorées (notamment l'Afrique) qui lui valent le surnom de ''Pierre Loti'' de la musique et, bien entendu, son ami et professeur : Henri Duparc.
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Sa musique n'a pas fait école. Il a su allier la rigueur de la {{w|Schola Cantorum de Paris|Schola Cantorum}} à la mélodie libre, naturellement limpide à la manière d'un {{w|Claude Debussy|Debussy}}. C'est un mélodiste comme son maître Henri Duparc. Ses influences sont sa terre natale, la Bretagne, les contrées qu'il a explorées (notamment l'Afrique) qui lui valent le surnom de ''Pierre Loti'' de la musique et, bien entendu, son ami et professeur : Henri Duparc.
  
 
Son œuvre maîtresse est sans aucun doute ''Polyphème'' qui est, selon la légende, l'aîné des cyclopes, fils de Poséïdon et de la nymphe Thoosa. Albert Samain humanise son ''Polyphème'' en le faisant renoncer à faire rouler sur Galatée le quartier de roc destiné à broyer le couple (Acis et Galatée) et, en définitive, il s'aveugle et se jette dans la mer afin d'y trouver la mort car « leur bonheur m'épouvante ». On peut entendre  une très belle version de cet opéra chez Timpani 3CD3078 - Chœur Régional Vittoria d'Ile de France (Michel Piquemal) et l'Orchestre Philarmonique du Luxembourg sous la direction de Bramwell Tovey. Un concert spectacle, ''Le Pacha, son Piano et la Mer'', en visio-acoustique (film et piano) autour ses œuvres, a été réalisé par Laurent Minier et interprété par Jean Dubé au sein de l'État-major de la Marine à Paris en mars 2005.
 
Son œuvre maîtresse est sans aucun doute ''Polyphème'' qui est, selon la légende, l'aîné des cyclopes, fils de Poséïdon et de la nymphe Thoosa. Albert Samain humanise son ''Polyphème'' en le faisant renoncer à faire rouler sur Galatée le quartier de roc destiné à broyer le couple (Acis et Galatée) et, en définitive, il s'aveugle et se jette dans la mer afin d'y trouver la mort car « leur bonheur m'épouvante ». On peut entendre  une très belle version de cet opéra chez Timpani 3CD3078 - Chœur Régional Vittoria d'Ile de France (Michel Piquemal) et l'Orchestre Philarmonique du Luxembourg sous la direction de Bramwell Tovey. Un concert spectacle, ''Le Pacha, son Piano et la Mer'', en visio-acoustique (film et piano) autour ses œuvres, a été réalisé par Laurent Minier et interprété par Jean Dubé au sein de l'État-major de la Marine à Paris en mars 2005.
  
Il termine sa carrière maritime avec le grade de contre-amiral et major général du port de [[Brest]]. Il sera enterré en 1932 au cimetière de [[Saint-Martin]]
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Il termine sa carrière maritime avec le grade de contre-amiral et major général du port de [[is_city::Brest]]. Il sera enterré en 1932 au cimetière de [[is_district::Saint-Martin]]
  
 
==Règle Cras==
 
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Elle tient son nom de son inventeur le contre-amiral Jean Cras (1879-1932) qui, outre sa brillante carrière d'officier dans la marine nationale, était un remarquable pianiste, auteur et compositeur, d'une certaine notoriété à son époque mais de nos jours injustement oublié.
 
Elle tient son nom de son inventeur le contre-amiral Jean Cras (1879-1932) qui, outre sa brillante carrière d'officier dans la marine nationale, était un remarquable pianiste, auteur et compositeur, d'une certaine notoriété à son époque mais de nos jours injustement oublié.
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Durant la [[Balade en ville : Histoires de soldats et marins|balade en ville, organisée par le service Patrimoines le 2 février 2016 sur le thème "Soldats et marins"]], Alain Boulaire évoque le [[cours Dajot]] et les deux stèles le délimitant, dont la stèle de Jean Cras.
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'''[[Balade en ville : Histoires de soldats et marins|Écouter les autres séquences sonores de cette balade]]'''
  
 
==Anecdotes sur cette rue==
 
==Anecdotes sur cette rue==
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==Lien interne==
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==Voir aussi==
*[[:Catégorie:Rues du Pays de Brest|Les articles des noms de rue]]
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*[[:Catégorie:Rue|Les articles des noms de rue]]
 
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*[[La musique et la mer|La musique et la mer à Brest]]
==Lien externe==
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*[http://applications002.brest-metropole-oceane.fr/VIPDU40/aspx/HTDU401.aspx SIG de Brest Métropole Océane]
*[http://applications-internet.brest-metropole-oceane.fr/VIPDU40/aspx/HTDU401.aspx SIG de Brest Métropole Océane]
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*[https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Cras Biographie de Jean Cras sur Wikipédia]
  
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[[Catégorie:Personnalité née au Pays de Brest]] [[Catégorie:Marin]][[Catégorie:Compositeur]][[Catégorie:Métier maritime]]
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[[Catégorie:Associations et personnes]][[Catégorie:Marin]][[Catégorie:Artiste musical]]

Version actuelle datée du 6 janvier 2018 à 22:36

Jean Cras en uniforme avec son chat Bleu-Nial en 1902.

Jean Cras (prononcer Crasz) est un officier de marine et compositeur français, né le 22 mai 1879 à Brest où il est mort le 14 septembre 1932, emporté en trois jours par une maladie foudroyante.

Sa vie et son œuvre

Son père, médecin en chef de marine et sa mère partagent une même passion : la musique. Baigné dans une atmosphère musicale, il ne peut qu'être sensible à la musique et compose sa première œuvre à l'âge de 13 ans et excelle en tant que pianiste.

Élève doué, il entre à l'École navale à 17 ans. En 1898, sorti 4e sur 70 du Borda, il s'embarque. Il consacre ses heures de loisirs à composer et en 1899, il possède, déjà, dans ses tiroirs, une messe, des motets, un trio intitulé Voyage Symphonique.

En 1900, une profonde et étroite amitié s'établit avec Henri Duparc Wikipedia-logo-v2.svg qui le considère comme « fils de (son) âme » et il devine ce qu'il y a de profond dans cette nature ardente, dans ce regard transparent. Lors d'un nouvel embarquement, Henri Duparc lui remet un viatique : les quatuors de Beethoven pour qu'il s'en pénètre. Il a su concilier cette double existence de marin et de musicien, passionnément épris de ce double métier qu 'évoque le monument élevé sur le cours d'Ajot à Brest.

Le 23 janvier 1906, il épouse, Isaurette Paulette, une femme très compréhensive tant sur le plan musical que professionnel et lui donne quatre enfants : Isaure, Colette, Monique (1910-2007) et Pierre.

Pendant deux ans, il est professeur d'« archinav » (architecture navale) à la Baille, surnom donné par ses élèves, les « Bordaches », à l'École navale. Il invente alors une règle qui porte son nom, la règle Cras. Ce génial double rapporteur transparent, permet de tracer une route ou de porter un point par relèvements sur une carte marine (encore en usage, elle commence à tomber en désuétude depuis l'apparition de la navigation assistée par GPS). Sur le contre-torpilleur Cassini, il met au point un appareil qui facilite la transmission de signaux électriques rendus obligatoires sur tous les navires de guerre.

Jean Cras1.jpg

Jean Cras est qualifié d'officier de premier ordre par l'amiral Auguste Boué de Lapeyrère Wikipedia-logo-v2.svg dont il devient l'aide de camp après avoir été breveté d'état-major. Il sauve un matelot de la noyade après une explosion et se distingue tout au long de la guerre en Adriatique. Sa conduite héroïque lui vaut une citation à l'ordre de l'armée et son quatrième galon. Durant la guerre, et tandis qu'il prenait part au blocus des côtes dalmates, il achève la partition de son opéra Polyphème, drame d'Albert Samain Wikipedia-logo-v2.svg représenté à l'Opéra-Comique le 22 décembre 1922.

À bord du cuirassé Provence qu'il commande comme capitaine de vaisseau (1927-1929), il écrit à André Himonet : « J'essaie de mettre à profit les années où je suis à la mer pour travailler le plus possible, les conditions étant d'ailleurs particulièrement favorables à une production avant tout sincère et non sollicitée, impressionnée par ce qui s'écrit. » Ces quelques lignes peuvent servir d'épigraphe au Journal de bord que Rhené-Baton Wikipedia-logo-v2.svg dirige chez Pasdeloup en 1928. Cette suite symphonique se divise en trois parties :

  • 1°) quart de huit à minuit : houle au large, ciel couvert se dégageant au coucher du soleil, rien en vue,
  • 2°) quart de minuit à quatre : très beau temps, mer très belle, rien de particulier, clair de lune,
  • 3°) quart de quatre à huit : la terre en vue, droit devant.

Cette musique est simple, exempte de littérature et laisse place à l'expression de l'âme, à une méditation solitaire dans la nuit.

Il embarque toujours son piano droit sur chacun des navires à bord desquels il sert car : « Composer, c'est pour moi obéir à une volonté supérieure, qui me dicte ses volontés et que je sers avec l'ivresse de l'humble disciple dont le seul but est d'exécuter le mieux possible les ordres de son maître. »

Le 6 février 1932, Colette Cras, sa fille (future épouse du compositeur Alexandre Tansman Wikipedia-logo-v2.svg), exécute le Concerto pour piano et orchestre aux Concerts Pasdeloup sous la direction de Désiré-Émile Inghelbrecht Wikipedia-logo-v2.svg. Dans cette œuvre, le piano est considéré non dans un esprit de virtuosité mais dans un dessein de musicalité pure.

On retrouve une même originalité dans les Trois Noëls (Concerts Colonne, 1930) inspirés par le Pèlerin d'Assise de Léon Chancerel Wikipedia-logo-v2.svg et dont le premier, la Plainte d'Adam, avec la réplique constante de l'Ange, est un chef-d 'œuvre ; mais le deuxième, le Dialogue de Joseph avec le mauvais hôtelier ne vaut guère moins, si parfaitement expressif de toute la détresse humaine. Et le dernier, l'Adoration des Bergers, brille d'une lumière et est marquée d'une sorte de gravité mystique.

Tombe au cimetière de Saint-Martin

Il a également, composé un Quintette pour harpe, flûte et trio à cordes ; un Quintette pour piano et cordes ; un Quatuor (A ma Bretagne) et un Trio à cordes ; diverses pièces pour flûte et harpe, violoncelle et piano, pour violon et piano, des mélodies : Fontaines sur des poèmes de Lucien Jacques Wikipedia-logo-v2.svg, la Flûte de Pan sur un autre poème du même auteur, le Rubayiat d'Omar Khayyan, l'Offrande lyrique de Tagor et puis un recueil de trois petites pièces pour six petites mains , Âmes d'enfants recueil pour piano.

Sa musique n'a pas fait école. Il a su allier la rigueur de la Schola Cantorum Wikipedia-logo-v2.svg à la mélodie libre, naturellement limpide à la manière d'un Debussy Wikipedia-logo-v2.svg. C'est un mélodiste comme son maître Henri Duparc. Ses influences sont sa terre natale, la Bretagne, les contrées qu'il a explorées (notamment l'Afrique) qui lui valent le surnom de Pierre Loti de la musique et, bien entendu, son ami et professeur : Henri Duparc.

Son œuvre maîtresse est sans aucun doute Polyphème qui est, selon la légende, l'aîné des cyclopes, fils de Poséïdon et de la nymphe Thoosa. Albert Samain humanise son Polyphème en le faisant renoncer à faire rouler sur Galatée le quartier de roc destiné à broyer le couple (Acis et Galatée) et, en définitive, il s'aveugle et se jette dans la mer afin d'y trouver la mort car « leur bonheur m'épouvante ». On peut entendre une très belle version de cet opéra chez Timpani 3CD3078 - Chœur Régional Vittoria d'Ile de France (Michel Piquemal) et l'Orchestre Philarmonique du Luxembourg sous la direction de Bramwell Tovey. Un concert spectacle, Le Pacha, son Piano et la Mer, en visio-acoustique (film et piano) autour ses œuvres, a été réalisé par Laurent Minier et interprété par Jean Dubé au sein de l'État-major de la Marine à Paris en mars 2005.

Il termine sa carrière maritime avec le grade de contre-amiral et major général du port de Brest. Il sera enterré en 1932 au cimetière de Saint-Martin

Règle Cras

Différentes règles : Règle CRAS - Portland navigational triangle - Capt Fields' pattern (parallel rule)

La règle Cras est une règle-rapporteur utilisée depuis 1902 pour tracer des routes et des relèvements sur une carte de navigation (maritime ou aérienne) et y porter des points.

Cette règle, essentiellement utilisée en France, s'avère d'un emploi pratique et rapide. Elle est utilisée à bord des bateaux de plaisance, des navires marchands et des bâtiments de guerre.

Elle tient son nom de son inventeur le contre-amiral Jean Cras (1879-1932) qui, outre sa brillante carrière d'officier dans la marine nationale, était un remarquable pianiste, auteur et compositeur, d'une certaine notoriété à son époque mais de nos jours injustement oublié.

Localisation

Une rue à Brest dans le quartier de Saint-Marc. Une stèle a aussi été édifiée à la mémoire de Jean Cras sur le cours Dajot.
Rue Amiral Cras et Stèle Jean Cras sur Brest
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Stèle Jean Cras


Séquence sonore

Durant la balade en ville, organisée par le service Patrimoines le 2 février 2016 sur le thème "Soldats et marins", Alain Boulaire évoque le cours Dajot et les deux stèles le délimitant, dont la stèle de Jean Cras.

Stèle de Jean Cras, par Alain Boulaire The media player is loading...

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Anecdotes sur cette rue

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