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Interview-Sillage : Yves Le Du, instituteur et danseur

    Sillage130 small.jpg Cet article est extrait du Magazine Sillage N°100 - fév. 2004
Auteur : Elisabeth Jard


"On n'enseigne pas ce que l'on sait, mais ce que l'on est"

Salle de classe

Ce maître d'école n'est pas tout à fait comme les autres. Parce qu'il considère l'art comme une posture politique, parce que pour lui, sans écriture artistique il n'y a pas d'éducation possible. En faisant entrer la danse dans le quotidien de ses élèves, à Bohars, il a ouvert une brèche. C'était il y a 18 ans. Sans ce premier entrechat, les festivals Dits de danse et Entrendanse, carrefour régionaux de la danse amateur, n'auraient sans doute jamais pu voir le jour.

Comment est née l'idée d'amener la danse à l'école?

Nous n'aurions jamais pu le faire sans le soutien des parents, des enseignants, de la municipalité. Tous gens qui ont compris qu'un travail sur la danse pouvait faire émerger chez l'enfant un vrai épanouissement.

Pourquoi la danse?

Henri Barbu, un philosophe, dit que l'on n'enseigne pas ce que l'on sait, mais ce que l'on est. Moi, je pratiquais la danse...

Quelles ont été les premières réactions?

À l'époque, à l'école, il y avait juste les arts plastiques, la musique... Il a fallu construire cette nouvelle culture, expliquer pourquoi, comment. Je crois que les parents ont compris, parce qu'ils ont vu que leurs enfants le vivaient bien.

Aujourd'hui, Dits de danse comme Entrendanse attirent à Brest des danseurs de toute la Bretagne. Fier?

De plus en plus de gens osent aller vers cette envie de faire danser les enfants. Nous, à travers notamment l'association Escabelle, on a apporté notre pierre. On sait qu'on n'y est pas pour rien, que c'est apprécié, et que ça vaut le coup.

Yves Le Du : danseur ou instituteur?

Instituteur, passionné par le chemin artistique. Plus que la danse, il s'agit avant tout d'amener l'art en général dans l'école.

Qu'apporte la danse aux enfants?

La danse, c'est un soutien, une mise en confiance. Cela leur donne aussi le souci de s'extérioriser et de partager avec les autres.

Dans votre classe, l'art se mêle au quotidien?

Pour enseigner la grammaire, les maths ou même le silence en classe, je pars du vécu artistique des enfants. Parce que sur scène, ils sont impeccables: ils arrivent à faire cette translation entre leur vécu artistique et le quotidien.

Votre plus grand rêve?

Ce serait bien sûr qu'on danse dans toutes les écoles...

Votre plus grand regret?

Qu'il n'y ait pas assez d'écoute entre les gens, pas assez de tolérance, que tout le monde s'enferme dans sa tour d'ivoire.

La qualité que vous préférez chez les enfants?

Quand le sourire est présent dans leurs yeux. Ça montre qu'il y a une vie, un désir, une complicité et que la relation entre l'adulte et l'enfant peut se développer.

Ce que vous détestez le plus chez quelqu'un?

Le prosélytisme. Les gens qui sont trop sûrs d'eux. Moi, je suis toujours dans le doute.

Si vous n'aviez pas été vous?

J'aurais voulu être journaliste.

Votre danseur préféré?

Bernardo Montet et sa famille. Je me retrouve dans leur danse... Une danse "philosophique", qui germe, comme si elle sortait de la terre!

Votre héros de la vraie vie ?

J'ai sabré le champagne quand Mandela est sorti de prison... Il a été jusqu'au bout de ses convictions dans une franchise intellectuelle énorme.

Le don de la nature que vous auriez aimé avoir?

Si je revenais sur terre, j'espère que j'apprendrai à jouer de la musique.

Votre devise?

Essayer d'être le plus possible à la disposition des gens qui me demandent quelque chose, de ceux qui ont besoin de moi.

Et Brest dans tout ça?

Brest est une ville un peu poème, avec énormément de variations, de syncopes, de rimes. Je suis né à la campagne, et j'ai l'impression de sentir Brest comme un sillon de la terre, cette puissance terrestre chez les hommes et les femmes de cette ville, malgré son côté maritime.


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