Rue de la fontaine Margot
Localisation
Une rue à Brest.
Rue de la Fontaine Margot à Brest |
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Margot ou Mar goz
En ce qui concerne la signification du nom de la fontaine Margot, nombre d'historiens brestois avouent n'avoir rien trouvé dans les archives et autres sources écrites qui puissent attester l'origine de ce nom. Mais j'ai souvenance des propos qu'une vieille personne m'avait tenus dans les année 1960. Cette dame Kerdilès qui parlait mieux le breton que le français m'avait dit un jour que ce nom semblait avoir été déformé au cours des temps, pour se transformer en un prénom français compréhensible de tous, mais sans lien réel avec la réalité. La plupart des noms de lieu sont composites et ne souffrent pas d'être rattachés en un seul mot de peur de perdre sa signification initiale.
Prenons Kérivinvao, près de Lanniguer, ça ne veut rien dire, par contre Ker-ivin-vao en 3 mots cela devient compréhensible en breton. Cela veut dire le village (le lieu d'habitation ou la ferme) entouré d'ifs (ivin) et de hêtres (vao). Ainsi bon nombre de noms de lieu sont des mots composés en breton, par exemple quand certains auteurs écrivent Kérourien de cette façon, ils perdent la signification du Ker, lieu d'habitation d'un certain Ourien ou Derrien. De même Kéranroux (Ké-ranroux) ne veut rien dire, mais Ker-an-Roux devient compréhensible des bretons qui savent qu'un certain Le Roux habitait autrefois ce lieu. Pour Kérangoff (c'est écrit ainsi sur la façade du Centre social) qui se lit en français Ké rangoff et se prononce Ké rango (sans les f) , la prononciation exacte est Ker-an-Goff (le village de Le Goff, qui est un nom de personne issu de son métier de forgeron, goff=forgeron, comme podeur= potier ...etc.
Mais revenons aux hypothèses susceptibles de répondre à nos interrogations. Non loin de la fontaine Margot, le quartier de la Cavale Blanche, s'appelait à l'origine ar gazec ven, c'est-à-dire la jument blanche. Ici il ne s'agirait pas d'une jument, mais d'un cheval, qui se prononce marc'h en breton. Le premier terme de Margot (Mar-got) pourrait apparaître dans cette définition. Puis il y a le 2ème mot qui pourrait être le nom de famille Goff, qui se prononce go, comme dans Ker-an-Goff. Il s'agirait donc du lieu où un certain Le Goff, mettait son cheval à boire et à brouter. Peut-être que la fontaine était même sa propriété, comme les champs alentour. Mais selon madame Kerdilès cette explication pouvait être affinée, car pour elle un cheval est blanc ou noir, jeune ou vieux, mou ou fougueux, gras ou maigre (treut en breton). Pour elle le cheval qui était là visible de tous, près de cette fontaine, sans aller aux champs tirer la charrue, était un vieux cheval. Mais vieux se dit en breton koz. Le nom Le Coz, signifie le vieux. Par contre les érudits bretons savent qu'il existe dans la langue bretonne le principe de la mutation de la 1ère lettre de certain mot, c'est-à-dire la possibilité de la changer par une autre. On peut par exemple remplacer un K par un G pour adoucir la prononciation, ou l'inverse un G par un K pour la durcir, comme nous le précise l'écrivain breton, Job An Urien. Dans ce cas koz deviendrait goz ou go tout court.
Le nom recherché devient donc margo, (mar-go) que l'on écrit aujourd'hui Margot en pensant au prénom d'une belle femme qui aurait passé son temps à se mirer dans l'eau, plutôt que de s'occuper de sa lessive ou de son travail de fermière. Cette dernière version est fausse naturellement, par contre je suis enclin à croire cette vieille dame qui aurait eu quelque 130 ans aujourd'hui. Cette personne, presque illettrée, était un trésor de mémoire et de finesse. En y pensant aujourd'hui, j'ai eu tort de ne pas l'avoir interrogée plus souvent sur ce qu'elle savait. Avec sa disparition, comme avec celles de beaucoup d'anciens, disparaît la mémoire collective de notre propre histoire, c'est regrettable, mais qui s'en inquiète ? Peut être nous qui à travers cette randonnée avons la modeste ambition de réveiller sous nos pas le passé qui au fil des ans s'évanouit de notre mémoire oublieuse.
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