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Place Wilson

L'ancien kiosque à musique de la Place Wilson


1890-1944
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Avant d'être l'édifice de béton que nous connaissons tous, le kiosque à musique de la place Wilson (nommée Champ de bataille jusqu'en 1918) fut le lieu de multiples auditions en plein air plébiscitées par un large public brestois.


Son histoire

La mode des kiosques à musique naît dans la deuxième moitié du 19ème siècle et se propage en France à un rythme effréné entre 1870 et 1914, parallèlement au développement des sociétés musicales. Sous la IIIème République chaque municipalité veut son kiosque .

Celui de Brest fut construit en 1890, assez tardivement si l'on considère que l'on avait pourvu en priorité les villes de garnisons dotées d'harmonies militaires, puis les villes de tradition musicale ancienne ; Avant la construction du kiosque, se succédaient sur la Champ de Bataille et le Cours Dajot tout proche des musiciens de différents régiments pour de la musique militaire (Infanterie de marine et celle du 39ème Régiment de ligne). Sur le Champ de Bataille les musiciens jouaient debout en cercle puis sur une simple estrade en bois. Si l'on rappelle que vers 1850 des auditions avaient lieu quasiment tous les jours de la semaine à la belle saison, on comprendra que ce kiosque correspondait à un véritable besoin.

Un édifice particulièrement élégant

En 1889 La ville conclut un marché avec l'entreprise de constructions métalliques Grassin, pour l'édification, nous dit la musicologue Marie-Claire Mussat, d'un kiosque octogonal de dix mètres de diamètre, « aux fines colonnes supportant un toit conique surbaissé à pans écaillés et lanternon ajouré , fort élégant en raison de l'ampleur de ses arcades, de leur mouvement supérieur en arc de cercle surbaissé, de l'importance et de la qualité de l'ornementation, une véritable dentelle qui lui confère un côté aérien »
Mais son élégance, si désuète à nos yeux, ne doit pas nous faire méconnaître ses grandes qualités acoustiques ni son éclairage adapté à des auditions en soirée.

Bien sûr, les promeneurs qui ne bénéficiaient pas de la même protection contre les intempéries prenaient garde de ne pas oublier leurs parapluies mais est-ce que cela a jamais gêné les habitants de cette ville ? Et les musiciens devaient sans doute composer avec les quelques klaxons et les bourrasques de vent qui bousculaient parfois leurs partitions. Mais une tradition musicale se faisait jour, qui se maintint avec bonheur, comme en témoignent les vieux Brestois, jusqu'à la seconde guerre mondiale

Les musiciens

Ouvert à toutes les formations musicales, le kiosque devint le lieu de production attitré de la Musique des Équipages de la Flotte, qui offrait aux oreilles brestoises un répertoire autrement diversifié : musique de danses les plus appréciées de l'époque et surtout transcriptions d'ouvrages lyriques, symphoniques ou de musique de chambre. Car le théâtre voisin abritait une troupe permanente d'opéra : les pupitres des vents de son orchestre étaient tous tenus par les solistes de la Flotte et l'occasion était belle pour les chefs d'orchestre d'exercer leur talent d'harmonisateur en réarrangeant des pages entières extraites des opéras, opéra-bouffe et opérettes qui y étaient représentés. ; s'y ajoutaient des fantaisies, variations et ouvertures, et compositions des différents chefs, la plupart d'inspiration bretonne.

Parmi ceux-ci, distinguons Léon Chic, et Joseph Farigoul dont Jean Cras et Paul Le Flem ont souligné l'importance et la qualité des concerts. Paul Le Flem n'a-t-il pas dit sa dette à l'égard du second ?
Grâce à tous ces chefs d'orchestre dont nous avons oublié l'existence, les Brestois et Brestoises mélomanes d'avant la guerre, fussent-il de milieu modeste, pouvaient fredonner des pages de Massenet, Bizet ou Chabrier ...

Le public

Les kiosques à musique ont été conçus à l'origine comme un outil républicain servant de support au programme d'éducation musicale initié par les pouvoirs publics ; Lieu de détente, de divertissement , de distraction gratuite en plein centre ville, on ne peut nier que celui de Brest ait été un réel facteur de démocratisation en matière de musique.

« Jamais mieux que dans cette ville la musique au kiosque n'a été un moyen d'éducation musicale » poursuit Marie-Claire Mussat dans son ouvrage « Les Musiciens de la Mer » Le kiosque à musique permit la diffusion d'une musique accessible, divertissante et de qualité dans les couches les plus larges de la population : le milieu de la marine bien entendu, officiers et femmes élégantes qui montraient là leurs belles toilettes mais aussi le peuple de la rue comme celui des innombrables bonnes d'enfants, promeneurs, familles de toute origine sociale avec leurs enfants qui avaient fait du Champ de bataille leur terrain de jeux favori pour les jeux de cerceau, barres et saute-mouton. Les photos qui nous restent de cette époque témoignent d'un passé qu'on veut croire paisible, effacé des mémoires sous les gravats de la guerre.

Durant l'occupation un abri allemand remplaça le kiosque à musique ; on y reconstruisit au même endroit, dans les années cinquante, un édifice en béton armé qui s'avéra rapidement inapproprié à l'usage auquel il était destiné.

A lire : Marie-Claire Mussat : Les musiciens de la mer et la Musique des équipages de la Flotte, Editions du Layeur

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