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Jacques-Noël Sané

Jacques-Noël Sané
Lithographie par Julien Léopold Boilly.

Jacques-Noël Sané, né à Brest le 18 février 1740 et mort à Paris le 22 août 1831, est un architecte naval français, l'un des plus brillants de l'âge de la voile, surnommé aussi le « Vauban de la marine ». Il est l'architecte de la quasi-totalité des vaisseaux de ligne construits en France de la Guerre d'Indépendance Américaine à la fin du Premier Empire.

Biographie

Élève constructeur dès 1758, son talent est remarqué dès son entrée en 1765 à l'école du génie maritime de Paris créée par Henri Louis Duhamel du Monceau. Diplômé ingénieur constructeur en 1774, il dirige ses deux premières constructions : la frégate La Surveillante et le vaisseau Annibal ; ce sont des réalisations aussitôt estimées.

Il poursuit une activité soutenue pendant la guerre d'Amérique et réalise la standardisation et les plans des vaisseaux en 74, 80 et 118 canons, souhaitée par les ministres Antoine de Sartine puis Charles Eugène Gabriel de La Croix de Castries. La construction navale française est alors considérée comme la meilleure du monde : maniabilité, rationalisation et systématisation. Une centaine de vaisseaux de 74 de la classe Téméraire seront construits selon ses plans jusqu'à la fin de l'Empire. Son chef d'œuvre est toutefois le 118 canons les États de Bourgogne (ultérieurement : Côte d'Or, Montagne, Océan) admirable de maniabilité pour sa masse et sa puissance de feu. Il est aussi le dessinateur de certaines frégates, mais se trouve dans ce domaine en concurrence avec l'ingénieur Pierre-Alexandre-Laurent Forfait.

Incontesté dans ses capacités, se tenant prudemment à l'écart de toute forme de politique, il traverse les changements de régime sans jamais être remis en cause ni inquiété : il est membre de l'Académie de Marine (1786)[1], sous-directeur des constructions (1789), directeur du port de Brest (1793), membre de l'Académie des sciences (1796), inspecteur des constructions navales de l'Atlantique (1798), inspecteur général du génie maritime de 1800 à 1817. Il est fait baron d'Empire en 1810 et chevalier de Saint-Michel sous la Restauration. Toutefois, président du Comité de Construction en 1820, il ne sent pas l'avenir de la vapeur qui remettrait trop en cause, à 80 ans, le travail de toute une vie, et s'accroche aux solutions traditionnelles.

Responsable de la construction de plus de 150 navires de guerre au long de sa carrière, il peut être considéré comme le plus grand ingénieur de l'histoire de la marine à voile, celui qui l'a portée à son plus haut niveau de perfection.

Style

Élève de Duhamel du Monceau, Sané développa un style de coques sobre et efficace, avec des lignes pures, un minimum de décorations, et des flancs bombés. La poupe était intégrée au reste de la coque, en contraste avec les imposants châteaux arrières du XVIIe siècle. En conséquence, les vaisseaux construits sur ses plans, notamment les vaisseaux de 74 canons, marchaient presque aussi bien que des frégates. Les chantiers navals anglais de l'époque copièrent sa conception dès qu'ils purent capturer des unités construites d'après les plans de Sané.

Les améliorations dans le gréement se traduisirent par des mâts à la fois plus fins, plus hauts et plus résistants que ceux du XVIIIe siècle. La voile de misaine avait déjà pris sa forme définitive vers 1780. Les perroquets devenaient chose courante, permettant de s'adapter aux conditions de vent avec plus de finesse.

Comme exemple de ses réalisations, citons la frégate impériale Pregel, sortie en mars 1811 des chantiers de Solidor à Saint-Servan, ou le vaisseau Océan, dont la maquette est visible au Musée de la Marine ou encore Le Superbe.

Postérité

Le nom de Sané a été donné à trois navires de guerre de la Marine française[2] :

  • une frégate à roues, construite à Cherbourg à partir de 1840, lancée en 1847, qui participa à la campagne de Crimée et fit naufrage en 1859,
  • un croiseur, mis en chantier à Toulon en 1867, lancé en 1869 et désarmé en 1914,
  • un sous-marin de la classe Q (le Q 106), construit à Toulon à partir de 1912, lancé en 1916, qui participa au premier conflit mondial et fut désarmé en 1939.

Notes & références

  1. Philippe Henwood, « L'Académie de marine à Brest au XVIIIe siècle », in Jean Balcou, La mer au siècle des encyclopédies, Paris, Champion & Genève, Slatkine, 1987, pp. 125-134.
  2. Jacques Vichot, Répertoire des navires de guerre français, Paris, Association des amis du Musée de la marine, 1967, p. 126.

Localisation

Une rue et une place du centre-ville de Brest conservent la mémoire de Jacques-Noël Sané.
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