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Naissance des premiers clubs sportifs

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Le sport de 1789 à 1940

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Naissance des sociétés

Brest en sera le premier foyer. C'est déjà la ville la plus importante du département par ses 80000 habitants. Quimper en compte alors qu'une vingtaine de mille. À partir de Brest puis de Quimper environ un an plus tard, le mouvement s'irradie dans les agglomérations les plus proches. Morlaix comptera un léger retard de trois ou quatre années.

Le Finistère figurera en 1914 dans le premier quart des départements les plus sportifs. Brest sera pour sa part dans le peloton de tête des villes de province. Les régions de France les plus touchées par le fait sportif sont celles où l'industrie est la plus développée : Bassin Parisien, Haute Normandie, Nord et Pas de Calais ainsi que la région de Bordeaux, Lyon et Marseille.

Le mécanisme de cette dynamique de développement mérite d'être analysé. Comment expliquer cette effervescence qui se manifeste comme une réaction en chaîne dans un temps restreint ? Dire qu'il s'agit d'une contagion n'est pas donner une explication. Il faut en rechercher les raisons au niveau de certaines décisions concernant l'ensemble du pays. Il est certain que des lois de libéralisation du régime telle que celle de 1901 favorisant la création d'associations ont contribué à ce développement, de même que la réduction progressive du temps de travail et l'amélioration de ses conditions (liberté du dimanche)

Ces influences peuvent être qualifiées de générales et indirectes, par contre la décision de réduction du temps du service militaire a été accompagnée de tentatives précises pour développer le nombre des associations, même si l'on peut penser que les préoccupations sont d'ordre bien différent, précisons cette loi de réduction du service à deux ans.

En préparation depuis 1901 et votée en 1905 la loi de réduction du service militaire a deux ans. Elle s'est accompagnée d'appels aux municipalités pour qu'elles créent de nouvelles sociétés d'activités physiques permettant de compenser les effets de la loi.

Le président Loubet déclare en 1904 dans son discours à l'occasion de la fête fédérale annuelle des sociétés de gymnastique :

Déclaration du président Loubet: « Il faut développer les qualités qui deviennent plus précieuses à mesure que diminue le service militaire ».

« Tous nos efforts doivent tendre à donner aux jeunes les forces physiques et morales dont nous avons besoin pour garantir la paix ». (Rappelons qu'à cette date l'Allemagne nous cause des soucis au Maroc)

Quant au président de l'Union des Sociétés de Gymnastique de France, il déclare en congrès annuel, qu'une lettre va être adressée aux préfets leur demandant d'inciter les municipalités à créer des sociétés, nécessité impérieuse à la veille de la loi de réduction du service militaire. L'Allemagne a 6000 sociétés, la France n'en possède que 900.

En fait les appels sont entendus, mais ce sont des sociétés de sport qui apparaissent. Il faudra bien que les milieux dirigeants s'en accommodent, quitte à essayer ensuite d'y introduire la préparation militaire, ce qui sera le cas surtout vers 1909.

Les dix années précédant la guerre de 1914, mettent en évidence un autre facteur d'incitation qui à notre sens est bien plus déterminant dans la dynamique du mouvement sportif. Il s'agit de la concurrence entre les partis républicains avancés qui deviennent majoritaires au gouvernement après 1900, doublée d'une lutte entre ces mêmes partis et les forces cléricales opposées au régime, qui va être responsable de la prolifération des sociétés et de leur prise en considération comme élément de la vie sociale.

Les personnalités locales vont participer de près à ce mouvement en prenant les commandes de ces sociétés, mais aussi des organisations nouvelles patronnant le mouvement vont se constituer. l'Union des Sociétés de Gym (U.S.G.F) qui était seule en 1889 voit apparaître d'abord l'Union des Sociétés Françaises de Sport Athlétique (U.S.F.S.A.) englobant tous les sports athlétiques. Cette fédération progresse lentement jusqu'en 1898, date d'apparition d'une fédération des patronages catholiques qui prend le nom de F.G.S.P.F. (Fédération Gymnique et Sportive des Patronages de France). Elle est doublée d'une filiale l'U.G.S.E.L. (Union Gymnique et Sportive des Écoles Libres). À partir de 1907, le parti socialiste lui-même peu après sa naissance crée aussi sa fédération sportive en 1907.

Ainsi c'est à une véritable escalade que va conduire la concurrence qui s'installe entre tous les courants sociaux et dont l'enjeu consiste à drainer à son profit l'opinion publique, en particulier les couches nouvelles de la population.

À Brest en 1903 surgissent trois nouvelles sociétés : deux auront une activité éphémère et nous ne les citons que pour l'intérêt anecdotique : la doyenne, le Stade Brestois qui veut se consacrer à la course à pied sans chercher à concurrencer les deux anciennes sociétés le V.C.B. (Véloce Club Brestois) et la Brestoise, est fondée par Mr Berrehar (il s'agit pensons-nous du juge au tribunal de commerce, connu également par son activité politique.)

La seconde : le Football Club brestois, pratiquant uniquement le football, s'intégrera très vite au sein du Véloce Club Brestois (V.C.B.) dont il deviendra la section athlétique (S.A.B). Ce rapprochement autorise à penser qu'il est socialement proche du V.C.B. fréquenté par la bourgeoisie. Le V.C.B. va ainsi devenir le club le plus omnisports de Brest.

La troisième société l'Armoricaine est issue du patro Saint-Louis. En 1903 où se crée en France la F.G.S.P.F. (Fédération gymnastique et sportive des patronages de France).

Cette fédération sportive catholique, de même que l'ensemble des œuvres catholiques qui vont se multiplier, affirme la volonté d'une partie des catholiques, d'occuper le terrain social. Ce n'est pas nouveau. C'est l'aboutissement de toute l'action des catholiques sociaux apparus dans le premier tiers du 19ème siècle.

Sur le plan sportif qui nous intéresse, nous assistons à la mise en place d'une organisation extrêmement structurée, dont l'Armoricaine constitue un bel exemple au niveau local, prenant en compte dès sa création de toutes les activités sportives, que d'autres patros n'adopteront que vers 1909. Elle coordonnera aussi la vie sportive des autres patros brestois au sein de la F.G.S.P.F.(Fédération Gymnique et Sportive des Patronages de France)

Signalons que le premier match de football rapporté par la presse oppose en août 1904, le Stade Brestois, dont l'existence n'est pas encore officielle, à l'Armoricaine.

Répondant aux appels du gouvernement pour le développement de sociétés nouvelles, la municipalité élue aux élections de 1904, va favoriser la naissance de L'Union Sportive Brestoise (U.S.B.). Il est bon de faire remarquer que cette municipalité représente un changement d'orientation politique par rapport à la précédente, succédant à des républicains modérés, elle est constituée de personnalités socialistes ou syndicalistes, qualifiées de « collectivistes » par leurs adversaires. Le président de l'U.S.B (Unuion Sportive Brestois) est Mr Novince, animateur de la société, il est aussi membre de la municipalité et professeur au Lycée. L'U.S.B. va volontairement se différencier du V.C.B. en prétendant proposer à la population des manifestations « démocratiques et populaires ». Ce fait nouveau de vouloir démocratiser les activités physiques intervient donc en même temps qu'un changement profond de la vie de la cité. On peut tout de suite constater dans l'activité de l'U.S.B. (Union Sportive Brestois), un éclectisme dépassant nettement le V.C.B. C'est là un évènement nouveau et important de la construction sportive.

L'aspect omnisports des premiers clubs, s'explique par plusieurs raisons : le manque d'adversaires, les oblige à vivre en vase clos et à rechercher des activités variées pour faire durer la saison. Il y a de plus une recherche par tâtonnement, pour trouver l'activité qui réussit, nul ne peut encore prédire l'avenir qui leur est réservé. Il y a enfin la concurrence entre les clubs qui va accentuer ce caractère omnisports, chacun essayant de récupérer le plus d'adhérents possible.

La J.S.B. (Jeunesse Sportive Brestoise)

Ce premier acte de la vie sportive à BREST va se conclure par deux nouvelles créations en 1905, la Jeunesse Sportive brestoise (J.S.B.) qui avant de se constituer tente de convaincre la Brestoise de s'adjoindre une section sportive. Les contacts n'aboutissent pas. La Brestoise ne rejoindra la vie sportive qu'en 1909. On sait que l'évolution des sociétés de gymnastique vers le sport est un acte qui s'opère difficilement. Il faut attendre une modification des esprits, et la complexité des statuts de ces sociétés ne facilite guère les opérations de transformation.

La J.S.B. tient son assemblée générale à la Bourse du Travail (on peut y voir un symbole de différenciation par rapport à l'U.S.B. Ce lieu a été l'objet de luttes sociales importantes au cours de la même année.)

La J.S.B. affirmera son caractère laïque en organisant des manifestations au profit de l'école publique. Son président Mr Petitcolas, rédacteur à la Dépêche, journal dont Piton, président de la Brestoise, fait partie du Conseil d'Administration, ce dernier assurant de multiples fonctions, entrera bientôt bien qu'opposant, dans la nouvelle municipalité à la suite d'une élection partielle. Le journal par la voix du Petitcolas, s'engage dans une vive polémique à l'encontre de la municipalité. L'activité de la J.S.B. semble se caractériser par un souci de vouloir concilier les aspects mondains et populaires de la vie brestoise, au cours de fêtes qu'elle organise. La société compte en son sein, l'adjoint au maire de la future municipalité modérée, qui reprendra les commandes de la ville de 1908 à 1912. Il s'agit du Dr Vergnaud. La J.S.B. sera éclectique comme l'U.S.B, c'est pour elle la seule solution pour disputer avec des chances de succès la clientèle sportive aux autres sociétés, et en particulier à l'U.S.B. sa rivale directe.

Nous aurons l'occasion de juger son programme dès 1906.

L'Amicale Athlétique Brestoise

La dernière née de cette fin d'année 1905 va être l'amicale Athlétique Brestoise qui d'après le journal socialiste de l'époque serait constituée par un noyau de jeunes prolétaires musculeux. Cette société semble s'intéresser uniquement aux exercices gymniques. Le football ne l'intéresse pas. Ceci exprime une fois de plus les difficultés internes aux activités physiques à évoluer en acceptant les formes nouvelles qui apparaissent.

L'Espérance du Patronage Laïque de Recouvrance

L'Espérance du patronage de Recouvrance se signale à notre attention par un simple match de foot joué contre l'école commerciale qui adopte le titre d'Association Sportive Brestoise. Pas plus que le stade Brestois, elle n'a aucun rapport avec les deux sociétés que nous connaissons de nos jours.

La Presse

Les personnages que nous avons caractérisés, au sein de ces quelques sociétés nouvelles vont intervenir en rivalisant pour renforcer leur société et l'orientation sociale qui la sous tend.

C'est par la presse que les évènements sont portés à la connaissance du public. Dès 1900 « la dépêche » comporte une rubrique « sport », mais il ne s'agit alors que du vélo et surtout des ventes d'occasion. L'Action libérale, journal de droite a également une rubrique sportive, il s'agit pour elle de l'élevage du cheval.

Les journaux plus récents, le Réveil ou l'Avenir Brestois inaugurent une rubrique sports athlétiques en 1906 et 1908. La presse ne s'est pas contentée de ce rôle de rapporteur des évènements relatifs aux exercices physiques. Elle a joué un rôle actif dès l'apparition du sport en organisant des épreuves telles que courses à pied et vélo, de telles épreuves se déroulent sur un secteur géographique étendu constituaient un moyen publicitaire efficace de diffusion du journal. Nous avons vu un exemple dans la course Saint-Brieuc - Brest en 1892. Nous en retrouverons d'autres bientôt.

Après avoir situé la naissance des sociétés dans leur cadre social, nous nous proposons de résumer leur intense activité, année par année.

Nous nous limiterons volontairement aux évènements les plus caractéristiques et susceptibles de nous faire mieux saisir le sens de l'évolution.

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