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Naissance des premiers clubs sportifs : Différence entre versions

(1904)
 
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===DE 1903 A 1905 LA NAISSANCE DES PREMIERS CLUBS DE SPORTS ATHLETIQUE LEUR DEVELOPPEMENT JUSQU'EN 1914===
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Brest en sera le premier foyer. C'est déjà la ville la plus importante du département par ses 80000 habitants. Quimper en compte alors qu'une vingtaine de mille. A partir de Brest puis de Quimper environ un an plus tard, le mouvement s'irradie dans les agglomérations les plus proches. Morlaix comptera un léger retard de trois ou quatre années.
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==Naissance des sociétés==
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'''[[is_city::Brest]]''' en sera le premier foyer. C'est déjà la ville la plus importante du département par ses 80000 habitants. Quimper en compte alors qu'une vingtaine de mille. À partir de '''Brest''' puis de Quimper environ un an plus tard, le mouvement s'irradie dans les agglomérations les plus proches. '''Morlaix''' comptera un léger retard de trois ou quatre années.
  
Le Finistère figurera en 1914 dans le  premier quart des départements les plus sportifs ; Brest sera pour sa part dans le peloton de tête des villes de province. Les régions de France les plus touchées par le fait sportif sont celles où l'industrie est la plus développée ; Bassin Parisien, Haute Normandie, Nord et Pas de Calais ainsi que la région de Bordeaux, Lyon et Marseille.
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Le Finistère figurera en 1914 dans le  premier quart des départements les plus sportifs. Brest sera pour sa part dans le peloton de tête des villes de province. Les régions de France les plus touchées par le fait sportif sont celles où l'industrie est la plus développée : Bassin Parisien, Haute Normandie, Nord et Pas de Calais ainsi que la région de Bordeaux, Lyon et Marseille.
  
Le mécanisme de cette dynamique de développement mérite d'être analysé. Comment expliquer cette effervescence qui se manifeste comme une réaction en chaine dans un temps restreint. ? Dire qu'il s'agit d'une contagion n'est pas donner une explication, il faut en rechercher les raisons au niveau de certaines décisions concernant l'ensemble du pays. Il est certain que des lois de libéralisation du régime telle que celle de 1901 favorisant la création d'associations ont contribué à ce développement, de même que la réduction progressive du temps de travail et l'amélioration de ses conditions (liberté du dimanche)
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Le mécanisme de cette dynamique de développement mérite d'être analysé. Comment expliquer cette effervescence qui se manifeste comme une réaction en chaîne dans un temps restreint ? Dire qu'il s'agit d'une contagion n'est pas donner une explication. Il faut en rechercher les raisons au niveau de certaines décisions concernant l'ensemble du pays. Il est certain que des lois de libéralisation du régime telle que celle de 1901 favorisant la création d'associations ont contribué à ce développement, de même que la réduction progressive du temps de travail et l'amélioration de ses conditions (liberté du dimanche)
  
 
Ces influences peuvent être qualifiées de générales et indirectes, par contre la décision de réduction du temps du service militaire a été accompagnée de tentatives précises pour développer le nombre  des associations, même si l'on peut penser que les préoccupations sont d'ordre bien différent, précisons cette loi de réduction du service à deux ans.
 
Ces influences peuvent être qualifiées de générales et indirectes, par contre la décision de réduction du temps du service militaire a été accompagnée de tentatives précises pour développer le nombre  des associations, même si l'on peut penser que les préoccupations sont d'ordre bien différent, précisons cette loi de réduction du service à deux ans.
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En préparation depuis 1901 et votée en 1905 la loi de réduction du service militaire a deux ans. Elle s'est accompagnée d'appels aux municipalités  pour qu'elles créent de nouvelles sociétés d'activités physiques  permettant de compenser les effets de la loi.
 
En préparation depuis 1901 et votée en 1905 la loi de réduction du service militaire a deux ans. Elle s'est accompagnée d'appels aux municipalités  pour qu'elles créent de nouvelles sociétés d'activités physiques  permettant de compenser les effets de la loi.
  
Le président Loubet déclare en 1904 dans son discours à l'occasion de la fête fédérale annuelle des sociétés de gymnastique :  
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Le président Loubet déclare en 1904 dans son discours à l'occasion de la fête fédérale annuelle des sociétés de gymnastique :  
  
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Déclaration du président Loubet:
{| class="wikitable centre" width="75%"
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« Il faut développer les qualités qui deviennent plus précieuses à mesure que diminue le service militaire ».  
|style="background:#FFFFCC"|Déclaration du président Loubet:
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«Â Il faut développer les qualités qui deviennent plus précieuses à mesure que diminue le service militaire ».  
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« Tous nos efforts doivent tendre à donner aux jeunes les forces physiques et morales dont nous avons besoin pour garantir la paix ». (Rappelons qu'à cette date l'Allemagne nous cause des soucis au Maroc)
«Â Tous nos efforts doivent tendre à donner aux jeunes les forces physiques et morales dont nous avons besoin pour garantir la paix ». (Rappelons qu'à cette date l'Allemagne nous cause des soucis au Maroc)
 
|}
 
  
 
Quant au président de l'Union des Sociétés de Gymnastique de France, il déclare en congrès annuel, qu'une lettre va être adressée aux préfets leur demandant d'inciter les municipalités à créer des sociétés, nécessité impérieuse à la veille de la loi de réduction du service militaire. L'Allemagne a 6000 sociétés, la France n'en possède que 900.
 
Quant au président de l'Union des Sociétés de Gymnastique de France, il déclare en congrès annuel, qu'une lettre va être adressée aux préfets leur demandant d'inciter les municipalités à créer des sociétés, nécessité impérieuse à la veille de la loi de réduction du service militaire. L'Allemagne a 6000 sociétés, la France n'en possède que 900.
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Les dix années précédant la guerre de 1914, mettent en évidence un autre facteur d'incitation qui à notre sens est bien plus déterminant dans la dynamique du mouvement sportif. Il s'agit de la concurrence entre les partis républicains avancés qui deviennent majoritaires au gouvernement après 1900, doublée d'une lutte entre ces mêmes partis et les forces cléricales opposées au régime, qui va être responsable de la prolifération des  sociétés et de leur prise en considération comme élément de la vie sociale.
 
Les dix années précédant la guerre de 1914, mettent en évidence un autre facteur d'incitation qui à notre sens est bien plus déterminant dans la dynamique du mouvement sportif. Il s'agit de la concurrence entre les partis républicains avancés qui deviennent majoritaires au gouvernement après 1900, doublée d'une lutte entre ces mêmes partis et les forces cléricales opposées au régime, qui va être responsable de la prolifération des  sociétés et de leur prise en considération comme élément de la vie sociale.
  
Les personnalités locales vont participer de près à ce mouvement en prenant les commandes de ces sociétés, mais aussi des organisations nouvelles patronnant le mouvement vont se constituer, l'Union des Sociétés de Gym qui était seule en 1889 voit apparaître d'abord l'U.S.F.S.A. englobant tous les sports athlétiques. Cette fédération progresse lentement jusqu'en 1898, date d'apparition d'une fédération des patronages catholiques qui prend le nom de F.G.S.P.F. (Fédération Gymnique et Sportive des Patronages de France). Elle est doublée d'une filiale l'U.G.S.E.L.  (Union Gymnique et Sportive des Ecoles Libres), à partir de 1907, le parti socialiste lui-même peu après sa naissance crée aussi sa fédération sportive en 1907.
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Les personnalités locales vont participer de près à ce mouvement en prenant les commandes de ces sociétés, mais aussi des organisations nouvelles patronnant le mouvement vont se constituer. l'Union des Sociétés de Gym (U.S.G.F) qui était seule en 1889 voit apparaître d'abord l'Union des Sociétés Françaises de Sport Athlétique (U.S.F.S.A.) englobant tous les sports athlétiques. Cette fédération progresse lentement jusqu'en 1898, date d'apparition d'une fédération des patronages catholiques qui prend le nom de F.G.S.P.F. (Fédération Gymnique et Sportive des Patronages de France). Elle est doublée d'une filiale l'U.G.S.E.L.  (Union Gymnique et Sportive des Écoles Libres). À partir de 1907, le parti socialiste lui-même peu après sa naissance crée aussi sa fédération sportive en 1907.
  
 
Ainsi c'est à une véritable escalade que va conduire la concurrence qui s'installe entre tous les courants sociaux et dont l'enjeu consiste à drainer à son profit l'opinion publique, en particulier les couches nouvelles de la population.
 
Ainsi c'est à une véritable escalade que va conduire la concurrence qui s'installe entre tous les courants sociaux et dont l'enjeu consiste à drainer à son profit l'opinion publique, en particulier les couches nouvelles de la population.
  
A Brest en 1903 surgissent trois nouvelles sociétés : deux auront une activité éphémère et nous ne les citons que pour l'intérêt anecdotique : la doyenne, le Stade Brestois qui veut se consacrer à la course à pied sans chercher à concurrencer les deux anciennes sociétés le V.C.B. et la Brestoise, est fondée par Mr Berrehar (il s'agit pensons nous du juge au tribunal de commerce, connu également par son activité politique.)
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À Brest en 1903 surgissent trois nouvelles sociétés : deux auront une activité éphémère et nous ne les citons que pour l'intérêt anecdotique : la doyenne, le Stade Brestois qui veut se consacrer à la course à pied sans chercher à concurrencer les deux anciennes sociétés le V.C.B. (Véloce Club Brestois) et la Brestoise, est fondée par Mr Berrehar (il s'agit pensons-nous du juge au tribunal de commerce, connu également par son activité politique.)
  
La seconde : le Football Club brestois, pratiquant uniquement le football, s'intégrera très vite au sein du Véloce Club Brestois (V.C.B.) dont il deviendra la section athlétique (S.A.B).  Ce rapprochement autorise à penser qu'il est socialement proche du V.C.B., fréquenté par la bourgeoisie. Le V.C.B. va ainsi devenir le club le plus omnisports de Brest.  
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La seconde : le Football Club brestois, pratiquant uniquement le football, s'intégrera très vite au sein du Véloce Club Brestois (V.C.B.) dont il deviendra la section athlétique (S.A.B).  Ce rapprochement autorise à penser qu'il est socialement proche du V.C.B. fréquenté par la bourgeoisie. Le V.C.B. va ainsi devenir le club le plus omnisports de Brest.  
  
La troisième société l'Armoricaine est issue du patro Saint-Louis. En 1903 où se crée en France la F.G.S.P.F. (Fédération gymnastique et sportive des patronages de France).
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La troisième société l'Armoricaine est issue du patro [[:Catégorie:Saint-Louis|Saint-Louis]]. En 1903 où se crée en France la F.G.S.P.F. (Fédération gymnastique et sportive des patronages de France).
  
 
Cette fédération sportive catholique, de même que l'ensemble des œuvres catholiques qui vont se multiplier, affirme la volonté d'une partie des catholiques, d'occuper le terrain social. Ce n'est pas nouveau. C'est l'aboutissement de toute l'action des catholiques sociaux apparus dans le premier tiers du 19ème siècle.
 
Cette fédération sportive catholique, de même que l'ensemble des œuvres catholiques qui vont se multiplier, affirme la volonté d'une partie des catholiques, d'occuper le terrain social. Ce n'est pas nouveau. C'est l'aboutissement de toute l'action des catholiques sociaux apparus dans le premier tiers du 19ème siècle.
  
Sur le plan sportif qui nous intéresse, nous assistons à la mise en place d'une organisation extrêmement structurée, dont l'Armoricaine constitue un bel exemple au niveau local, prenant en compte dès sa création de toutes les activités sportives, que d'autres patros n'adopteront que vers 1909. Elle coordonnera aussi la vie sportive des autres patros brestois au sein de la F.G.S.P.F.
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Sur le plan sportif qui nous intéresse, nous assistons à la mise en place d'une organisation extrêmement structurée, dont l'Armoricaine constitue un bel exemple au niveau local, prenant en compte dès sa création de toutes les activités sportives, que d'autres patros n'adopteront que vers 1909. Elle coordonnera aussi la vie sportive des autres patros brestois au sein de la F.G.S.P.F.(Fédération Gymnique et Sportive des Patronages de France)
  
 
Signalons que le premier match de football rapporté par la presse oppose en août 1904, le Stade Brestois, dont l'existence n'est pas encore officielle, à l'Armoricaine.
 
Signalons que le premier match de football rapporté par la presse oppose en août 1904, le Stade Brestois, dont l'existence n'est pas encore officielle, à l'Armoricaine.
  
Répondant aux appels du gouvernement pour le développement de sociétés nouvelles, la municipalité élue aux élections de 1904, va favoriser la naissance de L'Union Sportive Brestoise (U.S.B.). Il est bon de faire remarquer que cette municipalité représente un changement d'orientation politique par rapport à la précédente, succédant à des républicains modérés, elle est constituée de personnalités socialistes ou syndicalistes, qualifiées de «Â collectivistes » par leurs adversaires. Le président de l'U.S.B est Mr Novince, animateur de la société, il est aussi membre de la municipalité et professeur au Lycée. L'U.S.B. va volontairement se différencier du V.C.B. en prétendant proposer à la population des manifestations «Â démocratiques et populaires ». Ce fait nouveau de vouloir démocratiser les activités physiques intervient donc en même temps qu'un changement profond de la vie de la cité. On peut tout de suite constater dans l'activité de l'U.S.B., un éclectisme dépassant nettement le V.C.B., c'est là un évènement nouveau et important de la construction sportive.
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Répondant aux appels du gouvernement pour le développement de sociétés nouvelles, la municipalité élue aux élections de 1904, va favoriser la naissance de L'Union Sportive Brestoise (U.S.B.). Il est bon de faire remarquer que cette municipalité représente un changement d'orientation politique par rapport à la précédente, succédant à des républicains modérés, elle est constituée de personnalités socialistes ou syndicalistes, qualifiées de ''« collectivistes »'' par leurs adversaires. Le président de l'U.S.B (Unuion Sportive Brestois) est Mr Novince, animateur de la société, il est aussi membre de la municipalité et professeur au Lycée. L'U.S.B. va volontairement se différencier du V.C.B. en prétendant proposer à la population des manifestations ''« démocratiques et populaires ».'' Ce fait nouveau de vouloir démocratiser les activités physiques intervient donc en même temps qu'un changement profond de la vie de la cité. On peut tout de suite constater dans l'activité de l'U.S.B. (Union Sportive Brestois), un éclectisme dépassant nettement le V.C.B. C'est là un évènement nouveau et important de la construction sportive.
  
L'aspect omnisports des premiers clubs, s'explique par plusieurs raisons : le manque d'adversaires, les oblige à vivre en vase clos et à rechercher des activités variées pour faire durer la saison. Il y a de plus une recherche par tâtonnement, pour trouver l'activité qui réussit, nul ne peut encore prédire l'avenir qui leur est réservé. Il y a enfin la concurrence entre les clubs qui va accentuer ce caractère omnisports, chacun essayant de récupérer le plus d'adhérents possible.
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L'aspect omnisports des premiers clubs, s'explique par plusieurs raisons : le manque d'adversaires, les oblige à vivre en vase clos et à rechercher des activités variées pour faire durer la saison. Il y a de plus une recherche par tâtonnement, pour trouver l'activité qui réussit, nul ne peut encore prédire l'avenir qui leur est réservé. Il y a enfin la concurrence entre les clubs qui va accentuer ce caractère omnisports, chacun essayant de récupérer le plus d'adhérents possible.
  
Ce premier acte de la vie sportive à Brest va se conclure par deux nouvelles créations en 1905, la Jeunesse Sportive brestoise qui avant de se constituer tente de convaincre la Brestoise de s'adjoindre une section sportive. Les contacts n'aboutissent pas. La Brestoise ne rejoindra la vie sportive qu'en 1909 ; on sait que l'évolution des sociétés de gymnastique vers le sport est un acte qui s'opère difficilement. Il faut attendre une modification des esprits, et la complexité des statuts de ces sociétés ne facilite guère les opérations de transformation.  
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==La J.S.B. (Jeunesse Sportive Brestoise)==
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Ce premier acte de la vie sportive à '''BREST''' va se conclure par deux nouvelles créations en 1905, la Jeunesse Sportive brestoise (J.S.B.) qui avant de se constituer tente de convaincre la Brestoise de s'adjoindre une section sportive. Les contacts n'aboutissent pas. La Brestoise ne rejoindra la vie sportive qu'en 1909. On sait que l'évolution des sociétés de gymnastique vers le sport est un acte qui s'opère difficilement. Il faut attendre une modification des esprits, et la complexité des statuts de ces sociétés ne facilite guère les opérations de transformation.  
  
 
La J.S.B. tient son assemblée générale à la Bourse du Travail (on peut y voir un symbole de différenciation par rapport à l'U.S.B. Ce lieu a été l'objet de luttes sociales importantes au cours de la même année.)
 
La J.S.B. tient son assemblée générale à la Bourse du Travail (on peut y voir un symbole de différenciation par rapport à l'U.S.B. Ce lieu a été l'objet de luttes sociales importantes au cours de la même année.)
  
La J.S.B. affirmera son caractère laïque en organisant des manifestations au profit de l'école publique. Son président Mr Petitcolas, rédacteur  à la Dépêche, journal dont Piton, président de la Brestoise, fait partie du Conseil d'Administration, ce dernier assurant de multiples fonctions, entrera bientôt bien qu'opposant, dans la nouvelle municipalité à la suite d'une élection partielle. Le journal par la voix du Petitcolas, s'engage dans une vive polémique à l'encontre de la municipalité. L'activité de la J.S.B. semble se caractériser par un souci de vouloir concilier les aspects mondains et populaires de la vie brestoise, au cours de fêtes qu'elle organise. La société compte en son sein, l'adjoint au maire de la future municipalité modérée, qui reprendra les commandes de la ville de 1908 à 1912. Il s'agit du Dr Vergnaud. La J.S.B. sera éclectique comme l'U.S.Brestoise, c'est pour elle la seule solution pour disputer avec des chances de succès la clientèle sportive aux autres sociétés, et en particulier à l'U.S.B. sa rivale directe.  
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La J.S.B. affirmera son caractère laïque en organisant des manifestations au profit de l'école publique. Son président  
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'''Mr Petitcolas''', rédacteur  à la Dépêche, journal dont '''Piton''', président de la Brestoise, fait partie du Conseil d'Administration, ce dernier assurant de multiples fonctions, entrera bientôt bien qu'opposant, dans la nouvelle municipalité à la suite d'une élection partielle. Le journal par la voix du '''Petitcolas''', s'engage dans une vive polémique à l'encontre de la municipalité. L'activité de la J.S.B. semble se caractériser par un souci de vouloir concilier les aspects mondains et populaires de la vie brestoise, au cours de fêtes qu'elle organise. La société compte en son sein, l'adjoint au maire de la future municipalité modérée, qui reprendra les commandes de la ville de 1908 à 1912. Il s'agit du '''Dr Vergnaud'''. La J.S.B. sera éclectique comme l'U.S.B, c'est pour elle la seule solution pour disputer avec des chances de succès la clientèle sportive aux autres sociétés, et en particulier à l'U.S.B. sa rivale directe.  
  
Nous aurons l'occasion de juger son programme dès 1906. La dernière née de cette fin d'année 1905 va être l'amicale Athlétique Brestoise qui d'après le journal socialiste de l'époque serait constituée par un noyau de jeunes prolétaires musculeux. Cette société semble s'intéresser uniquement aux exercices gymniques Le football ne l'intéresse pas. Ceci exprime une fois de plus les difficultés internes aux activités physiques à évoluer en acceptant les formes nouvelles qui apparaissent.
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Nous aurons l'occasion de juger son programme dès 1906.
  
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==L'Amicale Athlétique Brestoise==
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La dernière née de cette fin d'année 1905 va être l'amicale Athlétique Brestoise qui d'après le journal socialiste de l'époque serait constituée par un noyau de jeunes prolétaires musculeux. Cette société semble s'intéresser uniquement aux exercices gymniques. Le football ne l'intéresse pas. Ceci exprime une fois de plus les difficultés internes aux activités physiques à évoluer en acceptant les formes nouvelles qui apparaissent.
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==[[:Catégorie:Mémoire du Patronage de l'Espérance|L'Espérance du Patronage Laïque de Recouvrance]]==
 
L'Espérance du patronage de Recouvrance se signale à notre attention par un simple match de foot joué contre l'école commerciale qui adopte le titre d'Association Sportive Brestoise. Pas plus que le stade Brestois, elle n'a aucun rapport avec les deux sociétés que nous connaissons de nos jours.
 
L'Espérance du patronage de Recouvrance se signale à notre attention par un simple match de foot joué contre l'école commerciale qui adopte le titre d'Association Sportive Brestoise. Pas plus que le stade Brestois, elle n'a aucun rapport avec les deux sociétés que nous connaissons de nos jours.
  
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==La Presse==
 
Les personnages que nous avons caractérisés, au sein de ces quelques sociétés nouvelles vont intervenir en rivalisant pour renforcer leur société et l'orientation sociale qui la sous tend.
 
Les personnages que nous avons caractérisés, au sein de ces quelques sociétés nouvelles vont intervenir en rivalisant pour renforcer leur société et l'orientation sociale qui la sous tend.
 
 
 
C'est par la presse que les évènements sont portés à la connaissance du public. Dès 1900 ''« la' dépêche »'' comporte une rubrique ''«Â sport »'', mais il ne s'agit alors que du vélo et surtout des ventes d'occasion. L'Action libérale, journal de droite a également une rubrique sportive, il s'agit pour elle de l'élevage du cheval.
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C'est par la presse que les évènements sont portés à la connaissance du public. Dès 1900 ''« la dépêche »'' comporte une rubrique ''« sport »'', mais il ne s'agit alors que du vélo et surtout des ventes d'occasion. L'Action libérale, journal de droite a également une rubrique sportive, il s'agit pour elle de l'élevage du cheval.
  
Les journaux plus récents, le Réveil ou l'Avenir Brestois inaugurent une rubrique sports athlétiques en 1906 et 1908. La presse ne s'est pas contentée de ce rôle de rapporteur des évènements relatifs aux exercices physiques. Elle a joué un rôle actif dès l'apparition du sport en organisant des épreuves telles que courses à pied et vélo, de telles épreuves se déroulent sur un secteur géographique étendu constituaient un moyen publicitaire efficace de diffusion du journal. Nous avons vu un exemple dans la course Saint-Brieuc - Brest en 1892. Nous en retrouverons d'autres bientôt.
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Les journaux plus récents, ''le Réveil'' ou ''l'Avenir Brestois'' inaugurent une rubrique sports athlétiques en 1906 et 1908. La presse ne s'est pas contentée de ce rôle de rapporteur des évènements relatifs aux exercices physiques. Elle a joué un rôle actif dès l'apparition du sport en organisant des épreuves telles que courses à pied et vélo, de telles épreuves se déroulent sur un secteur géographique étendu constituaient un moyen publicitaire efficace de diffusion du journal. Nous avons vu un exemple dans la course Saint-Brieuc - Brest en 1892. Nous en retrouverons d'autres bientôt.
  
 
Après avoir situé la naissance des sociétés  dans leur cadre social, nous nous proposons de résumer leur intense activité, année par année.
 
Après avoir situé la naissance des sociétés  dans leur cadre social, nous nous proposons de résumer leur intense activité, année par année.
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Nous nous limiterons volontairement aux évènements les plus caractéristiques et susceptibles de nous faire mieux saisir le sens de l'évolution.
 
Nous nous limiterons volontairement aux évènements les plus caractéristiques et susceptibles de nous faire mieux saisir le sens de l'évolution.
  
====1903====
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'''[[Média:La_naissance_des_premiers_clubs.pdf|Télécharger le dossier complet en version PDF]]'''
Le premier de nos clubs, le stade Brestois, organise une course à pied de 12km, au pardon de Saint-Renan et un tour de Brest de 22km, dont le vainqueur Abgrall en 1 heure 35 minutes sera notre premier coureur d'un club officiel.
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Le football se manifeste de la manière suivante :  la réunion de constitution du premier club de foot, sport non encore cultivé à Brest, a lieu au café du Commerce, puis le 20 décembre au Polygone , on forme deux équipes et on donne à chaque joueur sa place dans son camp, les affiches sont apposées à la vitrine du café du commerce. Des joueurs de Nantes et de Rennes figurent dans les équipes, Kervern arbitre, le public est assez nombreux. Ce match est dû à l'initiative de Georges Laporte, le comité du football Club Brestois est composé de Fouché président, Laporte, Kervern, Evrard, Gélébart, Gatrot. On lance un appel pour ce sport hygiénique. Au deuxième match la foule est nombreuse 
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{{Cadre Portail/Fin}}
 
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[[Catégorie:Le sport de 1789 à 1940]]
Le V.C.B. organise une course cycliste de 120 km, la première depuis 8 ans  ses sorties promenades sont bien suivies. Peu d'évènements sont à signaler dans le Sud, sinon que la société hippique a à son programme des épreuves de chevaux de selle, de voitures, de chevaux attelés par paires, ainsi que des sauts d'obstacles pour cultivateurs bretons montant en costume de région, des courses de gentlemen et des courses d'officiers. La séparation des classes trouve dans son expression, même dans le cadre d'une épreuve physique, au cours d'une fête commune, nous l'avons déjà constaté à l'occasion des fêtes nautiques.
 
 
 
La course à pied est à la recherche de formules de compétitions. On assiste à des tentatives d'exploits insolites  tel que celui de Waroche, le Traverseur, sans doute un professionnel, un des meilleurs coureurs de France qui effectue à Brest 15km en 1 heure avec des obstacles de 1m20, 1m30, 1m40, 1m60. Ce type d'épreuve sportive n'eut pas de suite.
 
 
 
====1904====
 
 
 
Des statistiques enregistrent en cette année : 1 300 000 vélos en France, 19 000 motos, 19 000 autos. La première ligne omnibus du département sera faite l'an prochain. Quimper à Beg Meil considérée comme la reine des plages bretonnes, elle reçoit la bourgeoisie Quimpéroise et les industriels concarnois.
 
 
 
Le Finistère dispose de 110 voitures de plus de 150 kg
 
 
 
Retournons nous vers le football à Brest. Le F.C.B. joue au vélodrome, (le Polygone étant trop pierreux,) contre le Stade Rennais, il perd 8-0 devant ce champion incontesté de Bretagne. Le préfet, l'Amiral, le Maire sont présents.
 
 
 
Cette prise en considération par les autorités administratives et militaires témoigne qu'il s'agit bien de l'apparition d'un fait important à l'évolution duquel il faut être attentif. Quant au lycée il bat en aller-retour, l'Armoricaine qui n'avait pourtant pas l'intention de laisser abattre ses couleurs.
 
 
 
Au V.C.B. le président Coatval se retire à 55 ans, après avoir dirigé plusieurs clubs cyclistes, Helot le remplace. On voit apparaître aux grandes courses de la Pentecôte du Club Brestois un 100 mètres et un 1500 mètres à pied, des internationaux du vélo et une course de corporations ouvrières. Ils n'avaient pas l'habitude de la piste, mais ont été très applaudis. Une fois de plus on constate cette cohabitation des classes qui ne semble guère poser de problèmes aux sportifs de l'époque héroïque.
 
 
 
Le F.C.B. a également ses tireurs à l'épée. On sait aussi qu'un établissement privé tenu par Mr Amelot, place de la Liberté propose des cours de gymnastique et qu'il est très fréquenté.
 
 
 
Le nouveau conseil municipal décide de ne plus payer des moniteurs militaires pour faire des cours de gym, à l'école primaire ''«Â les instituteurs sauront le faire car c'est simple ».''
 
 
 
Voyons comment se présente la situation des activités physiques à la même période dans l'institution militaire.
 
 
 
La vie dans les casernes évolue, sous l'impulsion du Capitaine Le Gallois du 19ème R.I. , le football y fait son entrée. Le libéralisme gagne dans l'armée en même temps que la durée du service diminue ; un conscrit déclare dans une lettre :
 
 
 
Les jeux de plein air remplacent maintenant les activités d'exercices, dont la fréquente répétition devient pénible pour le soldat. Ces jeux contribueront autant à notre développement physique que les exercices auxquels étaient contraints nos aînés.
 
 
 
Cette innovation peut être interprétée comme une simple modernisation, mais en fait, elle est une réponse de la part de certains milieux militaires progressistes, au développement de l'antimilitarisme qui se fait sentir depuis plusieurs années et que les partisans de la préparation militaire et de la gym avaient déjà dénoncé. Les milieux catholiques tenteront de s'opposer à cette dégradation de l'armée dont ils font porter à la franc maçonnerie la responsabilité.
 
 
 
 
 
A Brest se dispute un match de solidarité au profit des familles des naufragés du bateau Le Hilda. On peut y faire la remarque que tous les joueurs du V.C.B. opposés à l'U.S.B. ne sont pas en tenue malgré les recommandations. Un match d'escrime Brest - Quimper réunit surtout des officiers.
 
 
 
Le football Club Brestois vient de s'intégrer au V.C.B. dont il devient la section de foot. Il joue un aller retour contre Saint-Brieuc. Le comité étend ses activités à l'athlétisme et achète du matériel en conséquence.
 
 
 
L'U.S.B. s'entraîne à Kérangoff à la course et au foot, joue contre le Lycée, puis l'Armoricaine dans la propriété de Mr Nicol.
 
 
 
Deux réunions omnisport sont organisées par le V.C.B. dont une dans le cadre des grandes courses annuelles de vélo, puis un match de foot contre une équipe militaire de Saint-Malo qui joue en treillis et en calot.
 
 
 
Une nouvelle rencontgre sportive a lieu à l'occasion de la venue de l'escadre anglaise, c'est le début de l'entente cordiale. Les prix attribués aux courses de vélo sont élevés, et sous forme d'argent, par contre les courses pédestres sont récompensées par des objets d'art. le V.C.B. essaie de maintenir sa suprématie sur le plan brestois. L'U.S.B. qui participe à ses fêtes va maintenant se définir un programme : sorties diverses, rallye-paper, championnat de natation, canotage, vélo sur route, marche, puis foot en septembre. Le club décide de frapper un grand coup en Octobre, une manifestation Place de la Liberté sous patronage municipal, «Â exclusivement un programme démocratique et populaire », beaucoup de courses athlétiques et de vélo ; L'U.S.B. affirme aussi son patriotisme. Novince a composé une chanson du club dont voici le premier couplet :
 
 
 
<poem>
 
«Â Si le pays, jamais quoiqu'il arrive
 
Nous demandait d'aller le protéger
 
Nous partirions et l'Union Sportive
 
Lutterait ferme en face du danger »
 
<poem>
 
 
C'est alors qu'apparaît le nouveau club la Jeunesse Sportive Brestoise à la suite de ses contacts manqués avec la Brestoise, l'ancienne société de gymnastique ; nous la verrons évoluer de plus près en 1906.
 
 
 
La Jeunesse Sportive Kérinéenne  puis l'A.S. Lambézellec se déclarent et envisagent immédiatement la construction de belles installations : piste, stade de foot, stand de tir.
 
 
 
Le Stade Lycéen lance aussi son appel «Â pour la pratique des exercices du corps, foot, gym, course, vélo », son président Le Hénaff instituteur à Saint-Pierre est aussi animateur de l'Amicale laïque, et mène une activité intense au moment des élections.
 
 
 
Le Yachting, dont nous avons relaté les régates, subit une crise : «Â il y a pourtant 30 yachts à Brest mais les yachtmen se désintéressent, ils portent leurs efforts sur les sports nouveaux, par exemple, l'automobile. Les présidents se retirent devant les nombreuses réclamations.
 
 
 
La gymnastique à Brest mais aussi sur l'ensemble du territoire, devant ces situations complexes et variées posées par les activités naissantes, éprouve le besoin de faire le point.
 
 
 
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«Â Une commission va tenter d'unifier les méthodes à l'armée, à l'école et dans les sociétés ».
 
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On en parle aussi au Congrès annuel des sociétés de gymnastique. Une circulaire va être adressée pour définir l'orientation de la gymnastique. Le même congrès fête la naissance de la 1000ème société.
 
 
 
Voyons en cette même année très riche en évènements sportifs, les problèmes qui se posent aux patronages. Le premier congrès des œuvres catholiques du diocèse de Quimper dresse le bilan d'activités des 61 organisations qui lui sont affiliées. En dehors des cercles, des syndicats, des sociétés mutuelles, les sociétés de gym figurent en bonne place. Le rapporteur sur les activités des patros indique «Â que la formation physique des jeunes y est très en honneur ». L'Armoricaine a pris une avance considérable, elle compte 65 gymnastes.
 
 
 
A Morlaix trois patros se sont unis pour former une société de gym. Il y en a également une à Landerneau, les gars d'Arvor, et les Arzelliz à Ploudalmézeau.
 
 
 
Ce congrès des œuvres catholiques est important dans la mesure où il manifeste l'intention de l'Eglise d'occuper le terrain de l'éducation populaire face au danger que présente pour elle le pouvoir des Radicaux, qui sont anticléricaux.
 
 
 
Le patro Saint-Joseph à Quimper se manifeste par une demande de subvention, la Quimpéroise également, pour l'instant on leur demande de faire leurs preuves.
 
 
 
Dans peu d'années l'attitude des municipalités  va évoluer sur ce problème d'attribution des subventions aux sociétés catholiques.
 
 
 
L'année 1906, 1907, 1908 va voir s'intensifier l'activité des sociétés ; les mêmes rencontres entre elles vont se renouveler chaque année 
 
 
 
====1906====
 
Cette année sera celle des premières rencontres Nord et Sud ; les lycéens de Brest et de Quimper jouent en aller retour. Les deux équipes se valent. Le Stade Quimpérois rencontre aussi son homologue brestois, le V.C.B. et perd 7 à 1. L'U.S.B vient à son tour à Quimper où elle ne semble guère être appréciée : ''«Â ce match fut conclu en dehors d'un accord général du Stade ».''
 
 
 
Le 118ème de Quimper, présente une équipe, faible, contre le Stade. L'apparition d'une équipe militaire, comme l'an passé à Brest, est encore un fait nouveau intéressant dans l'élaboration du fait sportif. Comme à Brest, un rapprochement s'opère à Quimper entre le Club de Foot et celui de vélo. Une pelouse va être faite au vélodrome afin que les joueurs de foot ''«Â puissent y donner leurs fêtes ».'' Cette phrase est significative de ce que représente au départ les manifestations sportives. Le sport a été retenu pour son aspect éducatif mais les municipalités y ont vu un moyen d'animation de leur cité. Il y a donc là un élément supplémentaire responsable du développement du sport, il n'est pas nouveau, nous l'avons déjà enregistré sous le Second Empire où l'on «Â donnait » aussi des fêtes nautiques ou hippiques, on a donc fait que continuer les méthodes antérieures en utilisant des activités nouvelles.
 
 
 
Le phénomène sportif ne constitue à aucun moment une rupture totale avec le passé.
 
 
 
Le stade Quimpérois, conscient du rôle d'avant-garde qu'il joue dans son secteur géographique, va se déplacer pour porter la bonne parole, d'abord à Pont L'Abbé sur l'hippodrome, où :
 
 
 
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«Â le public s'est bien amusé des bousculades et des chutes. Le comité du Stade espère avoir fait œuvre utile ».
 
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Il se rendra encore à Auray et le vainqueur de ce match ira rencontrer Saint Brieuc. Le nombre des équipes qui opèrent dans l'Ouest de la Bretagne grossit rapidement. Certaines ne tiendront guère plus d'une année, dans le Nord : l'Etoile Sportive Brestoise, l'Hermine de l'école professionnelle de Lambézellec, le stade Quilbignon, le collège Saint-Louis, L'U.S. Bretonne, le C.A. Brestois, le Celtique, le sporting, la Ploudalmézienne, l'U.S. Quilbigon.
 
 
 
Le premier championnat en deux séries est constitué :
 
 
 
1ère série : Stade de Vannes, U.S. Saint Servan, Stade Lavallois.
 
2ème série : V.C.B., U.S.B.S. Quimper, Auray, Saint Briochin
 
 
 
On note la présence de plusieurs anglais dans de nombreuses équipes.
 
 
 
Citons encore un certain nombre d'évènements sportifs significatifs de cette période de lancement du sport.
 
 
 
La Quimpéroise se fait surtout remarquer en organisant une fête nautique qu'elle reproduira trois années de suite, sur la baie de Kérogan, seuls sont autorisés les bateaux ayant un rôle de plaisance. Deux courses réunissent 4 et 7 partants, plus un à la godille qui abandonne car son bateau prend l'eau.
 
 
 
Les rapports entre la pêche et la plaisance ne semblent pas excellents.
 
 
 
A l'Ile Tudy des incidents ont lieu aux régates
 
 
 
La Cornouaille tir tient son assemblée générale au cours de laquelle le colonel Roudier demande :
 
 
 
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«Â Que tous les sports soient dirigés vers l'utilisation militaire ».
 
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Cela confirme que l'on veut bien accepter le sport à condition que l'on puisse l'utiliser de la même façon que la gymnastique. Les hautes personnalités présentes au match de Brest  ne souhaitent sans doute pas exprimer autre chose.
 
 
 
Une sélection de deux équipes brestoises rencontre le Stade Rennais, ce qui peut paraître étonnant c'est que chacun joue avec le maillot de son club. A travers ce détail nous pouvons juger du chemin parcouru  pour aboutir aux formes actuelles du sport.
 
 
 
L'Armoricaine coordonne des cross inter patronages à Brest. L'U.S.B. prend l'initiative d'organiser le Tour de Brest avec l'appui d'un mécène, Mr De Pontheray. Le challenge du Drapeau reviendra au Stade Lycéen.
 
 
 
L'esprit patriotique des sociétés de gymnastique est donc conservé par les animateurs des clubs sportifs. Les spectateurs viennent nombreux
 
 
 
A l'inauguration des belles installations de l'A.S. Lambézellec à Kercastrec, il y a 4000 personnes.
 
 
 
Le stade lycéen met sur pied une fête sportive très réussie au Portzic. Tous les clubs sont présents, même la Brestoise.
 
 
 
 
 
Le V.C.B. organise le premier championnat de tennis qui obtient un grand succès :
 
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{| class="wikitable centre" width="75%"
 
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«Â La Société est choisie sinon nombreuse »,
 
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Le même club organise un Rallye-paper, épreuve à la mode : c'est une sorte de chasse à courre dans laquelle les coureurs sont divisés en chiens et en gibier. On lâche d'abord le gibier et les chiens se lancent à leur recherche à partir de traces matérialisées par du papier répandu sur le parcours. Ce procédé sera longtemps utilisé pour le marquage des parcours de cross.
 
 
 
La section départementale du Touring Club de France imagine une excursion hippique de quatre jours pour chevaux et voitures.
 
 
 
Une grande fête automobile obtient un succès fantastique et se termine par un  vaste banquet pour indigents. Le comte De Pontheray en est à l'origine.
 
 
 
Le V.C.B. organise même une course de taureaux dans son vélodrome.
 
 
 
Le Stade Lycéen se lance dans le rugby.
 
 
 
La jeunesse sportive Brestoise  crée le premier championnat de natation à Kermor. Ses entraînements de foot, vélo, boxe, escrime, gym, lutte, poids, sauts, c'est-à-dire tout ce que l'on peut imaginer à l'époque se font à l'école de Kéroriou.
 
 
 
L'idée de dépassement des structures du club ne tarde pas à s'imposer. Il sera bientôt question d'une Fédération Brestoise.
 
 
 
Les journaux qui avaient senti l'intérêt que pouvait présenter l'organisation d'épreuves de course lancent maintenant une souscription pour un challenge de football.
 
 
 
Les autorités approfondissent leur analyse des évènements afin de ne pas être débordés. Le ministre de la guerre décide une enquête :
 
 
 
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{| class="wikitable centre" width="75%"
 
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«Â Sur le bien fondé des exercices sportifs pratiqués dans les clubs et non prévus par les règlements militaires ».
 
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La fédération omnisport dirigeante (U.S.F.S.A.) incite son secrétaire régional Gemain à se déplacer pour porter la bonne parole dans les clubs et former des arbitres.
 
 
 
Il y a dans la nature de chacun de ces évènements un apport supplémentaire servant à faire évoluer le sport. Ce phénomène se poursuit actuellement et le sport continue à se transformer sous nos yeux, mais nous avons des difficultés à percevoir et analyser ce qui change.
 
 
 
1907 :
 
Une forte irradiation du mouvement se produit dans le Nord du Finistère. Elle atteint le stade et le Racing Club Lesnevien, le Stade Renanais, l'Olympique de Ploudalmézeau, le Stade morlaisien, l'Etoile de Guipavas, le F.C. Landerneau, la jeunesse de Saint Marc (gym), et seulement Concarneau dans le Sud.
 
 
 
Une fédération régionale du sport à Brest rassemble tous les clubs de la ville sauf le V.C.B. Elle marque son existence par une grande fête Place de la Liberté, dont le succès est considérable. C'est le président de la J.S.B. qui hérite de la présidence de cette fédération. Il fait remarquer dans son discours :
 
 
 
«Â Qu'actuellement les sociétés se considèrent comme rivales, elles se jalousent alors qu'elles ne devraient tendre qu'à développer le sport pour former des citoyens vigoureux ».
 
 
 
Son but est :  
 
 
 
«Â D'organiser des souscriptions, rester indépendantes, faire du sport, du beau et beaucoup, créer des sociétés dans les centres environnants ».
 
 
 
Cette grande manifestation de la Fédération est précédée d'une course de vélo de 100km : Landerneau - Morlaix - Brest et d'un championnat de natation. Elle concurrence la grande course d'une heure prévue par le V.C.B. La Fédé va jusqu'a décider :
 
 
 
«Qu'elle autorise encore ses coureurs à participer  aux épreuves du V.C.B., mais que bientôt ce ne sera plus possible car elle n'autorise pas les prix en espèce attribués au vélodrome ».
 
 
 
Il y a bien chez ces dirigeants de sociétés, une volonté de transformer l'esprit de la pratique sportive.
 
 
 
Les dirigeants du V.C.B. ne se laissent pas impressionner par ces déclarations et continuent à prospecter le champ des activités nouvelles qui seraient susceptibles de renforcer leur club. Le Patin à roulettes va se dérouler à l'Autogarage. Ces réunions sont privées. On peut supposer que ce lieu est déjà fréquenté par bon nombre de sociétaires du V.C.B. qui doivent être propriétaires de voitures automobiles.
 
 
 
La J.S.B. adopte le rugby et imagine aussi un tour de Bretagne en vélo.
 
 
 
En démissionnant de la  présidence du V.C.B. Belot rend hommage au coureur Laurent qui a participé au Tour de France.
 
 
 
La Fédération des sports va durer jusqu'à la fin de l'année, et disparaîtra, victime de la polémique qui s'installe entre les dirigeants de certains clubs. Elle a cru pouvoir placer le sport hors des débats sociaux, elle n'a pas survécu à cette analyse peu réaliste.
 
 
 
===1908===
 
 
A Brest, la recherche d'activités nouvelles est toujours à l'ordre du jour.
 
 
 
La J.S.B. adopte le tir et le billard.
 
Le V.C.B. le billard et aussi les leçons d'escrime qui sont donnés au vélodrome.
 
 
 
L'Armoricaine organise une course de vélo Brest - Lesneven - Landerneau, et participe à une importante manifestation de 28 sociétés de gymnastique à Saint-Brieuc. Ces sociétés veulent :
 
 
 
«Â Vaincre dans le double combat de Dieu et de la patrie »
 
 
 
C'est le premier concours régional de la fédération des patronages (F.G.S.P.F.)
 
 
 
Après l'échec aux élections de 1908 de la municipalité brestoise dites «Â socialo-syndicaliste »,  les modérés rétablissent le concours hippique, supprimé depuis deux ans comme manifestation bourgeoise : les fêtes de quartier :
 
 
 
«Â Qui ne profitaient qu'aux bistrots ne sont plus subventionnées ».
 
 
 
La Brestoise se manifeste face au sport et face à la concurrence de la gym - catholique. Piton son président nous retrace, l'histoire de la gym en France. Deux fêtes très réussies, par la Brestoise, puis par l'Armoricaine ont lieu juste avant les élections municipales dont l'enjeu s'avère important. Le discours de Piton fait allusion au courant antimilitariste qui se développe et qui gêne la progression des sociétés de gym, qui font du patriotisme, un cheval de bataille. Des manifestations commencent à perturber le concours de tir. A Rennes le Ministre de la guerre vient d'être conspué au cours de la remise des prix du concours international de tir. Les efforts de la brestoise qui est classée première société de France pour le Brevet Athlétique militaire (B.A.M.), créé il y a quatre ans, et qui a formé 9000 élèves depuis 1884, n'en sont que méritoires. Le pouvoir n'a pas l'intention d'abandonner  la lutte contre l'antimilitarisme et contre la désaffection de la gymnastique ; des mesures vont être prises dans quelques mois pour imposer et non plus seulement inciter, à la préparation militaire, dans toutes les sociétés et aussi à l'école.
 
 
 
Mais la crise qui atteint la gym, entraîne aussi la recherche de solutions nouvelles.
 
 
 
La nouvelle Méthode Naturelle d'Hébert constitue à cet égard un début de remise en question intéressante, mais en même temps elle porte une nouvelle atteinte aux habitudes. La méthode d'Hébert, dont nous avons la chance d'assister à l'expérimentation dans notre région ne pourra influencer que la Marine. L'Armée de terre utilise la méthode Suédoise depuis le début du siècle, quant aux sociétés, seule la J.S.B. qui veut faire preuve de modernisme en matière d'éducation physique adoptera la gym naturelle du Lieutenant Hébert. Elle sera la première société de France à le faire. Nous consacrerons ce chapitre spécial à ces débuts de la méthode d'Hébert dont Brest et simultanément Lorient furent les témoins.
 
 
 
===1908===
 
Présente d'autres caractéristiques : c'est l'année des jeux Olympiques de Londres. Il est curieux de voir que les journaux n'en parlent pratiquement pas. Cette absence d'impact au niveau local est contradictoire avec l'engouement que suscitent les sports. Le phénomène est général car une manifestation post olympique à Colombes se traduit par un échec. Le public n'est pas encore sensibilisé par ce niveau d'organisation du sport. Les milieux officiels ne semblent pas non plus décidés à mener une campagne de propagande en faveur de ces compétitions dans lesquelles les préoccupations patriotiques sont absentes.
 
 
 
Une campagne est menée pour convaincre :
 
 
 
«Â Que les exercices sportifs ne sont pas aptes à développer le citoyen en tant que défenseur du pays ».
 
 
 
On espère bien que les sociétés de gym seront plus bénéficiaires que les autres de ces lois de préparation militaire en raison de leur encadrement mieux adapté à cet enseignement. Le gouvernement doit faire preuve d'habileté car il doit agir de telle sorte que ces lois ne profitent pas aux sociétés catholiques dont la progression rapide est inquiétante, les restrictions de la loi à leur égard ne vont pas tarder à provoquer leur mécontentement. La Quinzaine ouvrière de Brest s'en fait l'écho dans ses colonnes :
 
 
 
«Â Pour concurrencer les œuvres post scolaires de plus en plus florissantes des catholiques », dit ce journal «Â le Ministre de l'Instruction Publique adresse tous les ans un appel pressant au dévouement des instituteurs pour qu'ils organisent des œuvres laïques, la supériorité incontestable des sociétés de gym, et la préparation militaire des catholiques offusquent la franc-maçonnerie, les éléments les plus sains de la jeunesse affluent dans nos patros et nos associations sportives », «Â or le Brevet Athlétique Militaire (B.A.M.) est réservé aux jeunes des sociétés laïques ou d'un établissement d'état, nous protestons, ces sociétés quelque soit leur origine , méritent d'être secondées au même titre, il est évident que le développement des sociétés post scolaires catholiques troublent le sommeil des anti cléricaux, on verra bien d'où viendront les meilleurs résultats : des subventions ou du dévouement désintéressé des catholiques ».
 
 
 
===1909===
 
 
 
La nouvelle municipalité brestoise, par son adjoint le Dr Vergnaud décide d'introduire la nouvelle gym naturelle d'Hébert dans les écoles primaires de la ville, rappelons que Vergnaud est membre d'honneur de la J.S.B. La Brestoise qui continue à pratiquer «Â la Suédoise » ne peut apprécier cette initiative qui ne peut que favoriser son club rival le seul en France à avoir adopté la méthode Hébert.
 
 
 
On ne peut que s'étonner, des pouvoirs municipaux en matière de décisions concernant les méthodes à utiliser à l'école.
 
 
 
La visite de l'escadre à Brest est toujours l'occasion d'organiser des fêtes. Les sociétés de gym vont une fois de plus être mises à contribution. Mais c'est la fête de la J.S.B. qui va être un triomphe pour la méthode Hébert. En présence du tout Brest mondain et du tout Brest populaire, la prestation des Mousses est très remarquée. La Brestoise s'abstient de prêter son concours sans doute en raison des problèmes de méthode dont on sait quel rôle important ils jouent dans l'histoire de la gymnastique.
 
 
 
La Populaire, organe du groupe des gauches, nous offre des éléments de réflexion sur les problèmes touchant aux sociétés de tir du moment : 
 
 
 
«Â Il faut les développer à cause de la réduction du service militaire à deux ans, à Brest nous avons plusieurs sociétés de gym, des plus prospères.
 
Le mouvement commence à gagner les campagnes, et là ce sont des sociétés de tir qui s'organisent et rendent des services, d'ordinaire la société naît dans l'école publique et réunit les élèves, c'est là un passe temps agréable pour la jeunesse qui, faute de saines distractions, s'adonne trop souvent encore à l'alcoolisme, d'autre part ces sociétés  sont le meilleur patronage pour protéger l'école laïque et assurer le recrutement, le ministre vient de décider en octobre d'aider les sociétés de tir scolaires, les cléricaux n'ont pas perdu de vue l'éducation de la jeunesse par la création de société de gymnastique, de secours mutuels, de patronages. Ils préparent les élections futures, aux 2316 sociétés de tir ils opposent 4000 sociétés plus ou moins catholiques ».
 
 
 
Dumont, député du Jura nous apprend que :
 
 
 
«Â Depuis deux ans les Républicains de province signalent les efforts redoublés du parti clérical pour multiplier les patros, les sociétés de gym, et de préparation militaire pour reprendre prise sur l'adolescence ».
 
 
 
Ces diverses déclarations confirment bien qu'une lutte d'influence a lieu dont la conséquence est l'accélération de l'implantation des activités physiques.
 
 
 
L'utilisation des activités sportives par les plus réticents à l'évolution va se produire, d'une part par les patronages, mais aussi par les sociétés républicaines les plus traditionnelles. La Brestoise ne peut échapper à cette dynamique concurrencée par la J.S.B. sur le plan de la gymnastique, elle s'adapte en s'adjoignant une section de sports athlétiques de football.
 
 
 
GEORGES HEBERT ET SA METHODE
 
 
 
Il nous semble important de consacrer un chapitre à l'innovation apportée dans l'évolution de la conception des activités physiques par Hébert à un moment où la gym traverse une crise. Nous reprendrons ensuite le bilan des dernières années précédant la guerre.
 
 
 
Georges Hébert fait ses débuts d'éducateur physique de la Marine en 1905 à Lorient. Il atteindra la consécration vers les années 1911 - 1912. A cette époque on lui confiera la direction du Collège d'athlétisme de Reims où l'on veut former des professeurs d'éducation physique. Le travail d'Hébert vient donc s'ajouter à toute la situation que nous avons décrite depuis les premières années du siècle. Quelles sont les liaisons entres ces divers phénomènes ?
 
 
 
En 1908, les journaux font état de la nouvelle préparation physique à laquelle sont soumis les mousses, à bord du «Â Bretagne » et du «Â Magellan », sous les ordres d'un élève Hébert. Ce dernier étant depuis trois ans directeur des exercices physiques des fusiliers marins à Lorient ; le Lieutenant de Vaisseau Mousson à Brest à la charge de 800 jeunes de 14 à 17 ans, ce qui constitue à l'époque un champ d'expérimentation fort intéressant ; le vice recteur de Paris qui préside la Société d'Education Physique et de Sports Populaires est vivement intéressé car son but est de vulgariser dans les écoles et les lycées, l'éducation physique par les procédés rapides de la gymnastique utilitaire, par l'intervention de la revue de la société il va mener une campagne de sensibilisation en faveur de la nouvelle méthode, la même année nous avons vu que la J.S.B. adopte la méthode d'Hébert et son introduction à l'école primaire est annoncée. Dans cette situation nouvelle, que vont faire les sociétés traditionnelles qui utilisent la méthode Suédoise, comme l'armée ? Il semble bien qu'elles ne se laissent absolument pas tenter par cette nouveauté, pourtant Hébert sera pris en considération, non seulement on lui remettra la Légion d'Honneur à Caen en 1911 à la fête des sociétés de gym, mais on lui confiera des responsabilités au Collège de Reims, voici quelques articles permettant de mieux situer l'entreprise d'Hébert.
 
 
 
En mai 1908 à une fête de la J.S.B., les mousses font une démonstration de gym rationnelle comportant des mouvements, de  boxe, lutte française et course de 5km.
 
Th. Vienne directeur de la revue d'E.P.et de Sport Populaire, à l'issue d'une démonstration faite à une délégation de sa société par les mousses du «Â Bretagne », déclare que c'est là une œuvre de régénération du pays. La démonstration consiste à une suite d'exercices éducatifs, puis 1000m, 100m, hauteur, longueur, poids, disque, lutte, boxe, tir. C'est à cette date que la J.S.B. adopte la méthode.
 
 
 
Une nouvelle étude est publiée dans la revue sur l'éducation physique à bord du «Â Bretagne »Â :
 
 
 
«Â Il faut aller à Brest, voir ce que nous avons vu, un système qui transforme ainsi les enfants mérite mieux que d'être admirés. Au point de vue des formes, des exercices d'ensemble, d'individualités, nos sociétés de gym, montrent des merveilles ; la gym Suédoise produit de forts beaux sujets, l'école de Joinville a de remarquables sections, mais nulle part on a pu montrer. Aucune méthode n'a jamais produit un corps d'homme complet, non sélectionné, comme au bataillon de Lorient ou aux mousses de Brest. Un système complet c'est de jolies formes mais aussi et surtout la résistance, l'adresse, l'expérience permettant de se tirer d'affaire. Il faut aussi que ce soit facile, pour être appliqué partout et compris par tous.
 
 
 
Il faut bannir la spécialisation, obstacle à un développement rationnel. Voilà la supériorité d'Hébert pour préparer une génération plus forte que celle trop veule, trop amollie d'aujourd'hui. Il deviendrait odieux de ne pas en faire le code d'éducation physique de la nation, dans la marine c'est fait, l'armée doit suivre. Il faut maintenant l'introduire à l'école au lycée, que serait la France si nos enfants étaient comme les mousses ? Il suffit d'une demie heure par jour sans prendre sur le temps d'étude, sans dépenses, sans installations spéciales, hommage à celui qui est devenu le grand prêtre de l'éducation physique »
 
 
 
===Juin 1909===
 
Toujours de Th. Vienne :
 
 
 
«Â A raison de 5 heures par semaine (l'idée des 5 heures vient donc de loin), le système transforme des jeunes gens de 14 à 17 ans en des hommes dont les aptitudes valent celles de sujets de 20 à 22 ans. Le Dr Vergnaud en le faisant enseigner à l'école, comme la J.S.B. contribue à l'accroissement des forces nationales »
 
.
 
A la fête de la J.S.B. 750 mousses font des exercices inédits et les 100 enfants des écoles montrent ce qu'ils sont devenus avec quelques mois de gym rationnelle Les mousses font des exercices d'ensemble, de boxe, de lutte, torse nu, puis des cours d'obstacles et des courses avec valises (gymkana). La société de gym l'Espérance propose de la gym suédoise et des pyramides :
 
 
 
«Â Le clou de la réunion : les mousses dessinent la devise Honneur, Patrie. Le maire adjoint remet le drapeau à la société au nom de la municipalité et de la Société des Sports Populaires ».
 
 
 
===1910===
 
La J.S.B. organise toujours la gym rationnelle : on critique la méthode Suédoise que l'armée continue de préférer :
 
 
 
Peu d'évènements dignes d'influencer le mouvement du sport sont à signaler.
 
 
 
 
 
 
 
===1911===
 
Il y a encore de la gym rationnelle à la fête de la J.S.B. mais pour la dernière fois, cette société se met en sommeil en 1912 au moment où une municipalité socialiste revient à la mairie après 4 ans d'interruption (les articles cités sur Hébert sont issus du journal de La DEPECHE)
 
 
 
La méthode de Hébert a donc été un échec dans la région qui a vu ses débuts. C'est la première remarque que nous pouvons faire à son sujet. Elle n'a pu déborder le cadre de l'institution militaire malgré les appuis dont elle a bénéficié près des autorités locales et d'une revue spécialisée d'éducation physique.
 
 
 
 
Si l'A.S. Lambézellec monte, en première série du championnat, d'autres clubs déclinent, c'est le cas du V.C.B. qui abandonne le foot et de l'U.S.B. qui ne figure plus dans les rencontres.
 
 
 
L'importance du nombre des clubs conduit la Fédération (U.S.F.S.A) à constituer deux régimes en Bretagne. Voici les clubs de Basse Bretagne qui y participent :
 
 
 
1ère série : Lambézellec, Stade Quimper , Sporting, Stade Quilbignon
 
2ème série : J.S.B. Athlétique Brest, Port-Louis, Stade Morlaix.
 
3ème série : U.S. Pont L'Abbé, U.S. Concarneau, U.S. Douarnenez, Loudéac.
 
 
 
Beaucoup de sociétés restent hors du championnat pour des raisons d'ordre financier, certaines veulent simplement conserver leur indépendance. Un championnat parallèle des sociétés appartenant à la Fédération Catholique de l'ensemble de la Bretagne et également réparti en trois séries de niveau différent, commence cette année avec 15 clubs. Sur le plan de la structuration et de  l'organisation on assiste donc à une étape nouvelle.
 
 
 
Les fêtes omnisport conservent cependant leur attrait des années passées. L'athlétisme finistérien n'est uniquement représenté aux championnats de Bretagne de Rennes que par l'A.S. Lambézellec. La fête de gymnastique des patronages a lieu cette année au Kreisker sous la présidence de l'évêque et du comte De Mun. Quatre grandes soirées pugilistiques obtiennent un très fort succès. Elles sont dues au Club Athlétique Pugilistique Brestois qui ambitionne de créer à Brest une véritable salle de sport.
 
 
 
===1912===
 
 
 
Les premiers championnats de Basse Bretagne d'Athlétisme ont lieu à Quimper. Seul le stade Quimpérois et l'A.S. Lambézellec fournissent des athlètes. L'accord de subventions aux diverses sociétés commence à poser des problèmes aux municipalités. La Brestoise refuse la subvention réduite que lui accordent les socialistes, de nouveau à la mairie. La J.S.B. ne renouvelle pas sa demande. L'Armoricaine essuie un refus. A Quimper la nouvelle municipalité élue depuis 15 jours refuse une subvention à la Phalange d'Arvor, c'est l'occasion d'un long article très polémique dans la Quinzaine Ouvrière, catholique, sur la rivalité entre les sociétés antagonistes.
 
 
 
Les réticences des collectivités locales face au dynamisme dont font preuve les milieux catholiques s'expliquent au travers de cet autre article de la quinzaine Ouvrière. Les catholiques ont créé depuis l'an passé aux côtés de la Fédération de Gymnastique
 
 
 
«Â Une association catholique de la Jeunesse Française, qui s'exerce sur un terrain autrement plus délicat que la culture physique : réorganisation de la famille, de la profession, de la Cité. Sur ce terrain la victoire sera assurée comme pour la culture physique, à part la fameuse C.G.T. qui est un simple épouvantail, le terrain est encore libre ».
 
 
 
Au refus de subvention vient s'ajouter une autre décision qualifiée de brimade : aux examens du Brevet athlétique Militaire qui permet aux conscrits de bénéficier d'avantages importants durant leurs services, des tracasseries se manifestent de la part du gouvernement afin de ne pas accepter les diplômes obtenus dans les compétitions des sociétés catholiques. Ces luttes de caractère social n'ont pas que des conséquences négatives. Elles constituent au contraire un moteur du développement du nombre des sociétés et de la recherche des formules tendant à attirer de plus en plus d'individus vers les sociétés d'activités physiques
 
 
 
Les fêtes de gymnastique des patronages se multiplient, se déplacent à tour de rôle dans les villes du département. Cette année le rassemblement a lieu à Quimper, où durant deux jours, il regroupe 27 sociétés et 900 gymnastes. Aux sociétés du Nord s'ajoutent les Glazicks d'Ergué, les Paotred de Kerfeunteun, l'Immaculée de Crozon (venue en canot automobile à Douarnenez par les soins du maire De Pennanros), la Sainte-Cécile de Châteaulin. Dans le discours qu'il prononce à la cathédrale, l'évêque Duparc incite les, gymnastes à être prudents pendant leur période de formation :
 
 
 
«Â Evitez les records qui tuent, mesurez votre temps et vos efforts dans vos jeux militaires ».
 
 
 
Il insiste sur la nécessité de créer des cercles d'étude parmi les sociétés de gymnastique :
 
 
 
«Â Il faut que vous fassiez partie de ce bataillon d'élites, qui veut de la vigueur, mais aussi de la Lumière capable de défendre sa foi dans la bataille ».
 
 
 
C'est sous la présidence du responsable de l'Union Régionale Bretonne de cette association de la Jeunesse Catholique, l'imprimeur Oberthur de Rennes, que ce déroule cette fête de gymnastique de Quimper.
 
 
 
===1913===
 
Les problèmes de structure de l'organisation sportive commencent à faire l'objet de remises en question. Les sports étaient jusqu'alors regroupés au sein d'une même fédération l'US.F.S.A. Il s'agit bien sûr des sports athlétiques.
 
 
 
Les pressions vont, à partir de cette année, se produire dans tout le pays pour obtenir une autonomie de certains sports, en particulier ceux qui ont bénéficié d'un développement plus rapide. Des tendances s'affrontent pour obtenir transformations. Les clubs du Finistère sont touchés par ce mouvement. Au niveau du football, une ligue autonome de football vient de se créer à Saint-Brieuc. Elle se propose de n'accueillir pour le moment que les sociétés non encore affiliées à la Fédération omnisport. Cette initiative sera provisoire entravée par suite de la guerre, mais elle reviendra s'imposer dès l'armistice.
 
 
 
L'athlétisme progresse doucement depuis que l'on a décentralisé le championnat en créant deux régions. Il y a 65 participants aux championnats de Basse Bretagne de Lambézellec, dotés du Challenge Kerhuel (Qu'est-il devenu ?).
 
 
 
Quant aux championnats de natation, ils ont lieu à Concarneau sur la plage. Ils comportent 60, 200, 400, 2000, plongeons.
 
 
 
L'A.S. Quimpéroise a même l'intention de s'occuper du Water Polo.
 
 
 
Le Sporting profite du passage à Brest de l'escadre pour faire des matches de rugby contre «Â les champions de la méditerranée ». Il faut à l'équipe brestoise se rendre à Rennes si elle veut trouver un autre adversaire. Des matches inter-bateaux ont lieu à Brest. Le port finistérien semble donc le seul en Bretagne à pratiquer ce sport avec le Stade Rennais et cela tient essentiellement au fait de la présence périodique de l'escadre et de l'organisation de matches pour distraire les marins dont certains sont originaires du Midi.
 
 
 
Le championnat de basse Bretagne de cross ne réunit à Quimper que 19 coureurs presque tous de Brest.
 
 
 
C'est aussi à Brest que l'on peut acheter des articles de foot chez Mr Gironde, qui est aussi coutelier et arbitre de foot incontesté. La F.G.S.P.F. continue sa progression spectaculaire. Elle déclare posséder 1800 sociétés et 180 000 gymnastes, ce qui constitue un véritable exploit de la part de ses dirigeants.
 
 
 
«Â Les membres du Stade doivent se rendre à la gare pour recevoir le Stade Châteaulinois à 9h30 ».
 
 
 
 
L'AS. Lambézellec connait un grand essor en foot, alors que la V.C.B. semble décliner.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
===1914===
 
L'activité reste importante jusqu'à la déclaration de guerre, dont rien, au travers des évènements sportifs locaux ne laisse présager l'imminence. Les clubs de football cherchent à devenir plus puissants et certains regroupements peuvent être considérées comme des indices révélateurs de ces objectifs. Le Stade Quimpérois bat cette année l'A.S. Lambézellec qui avait jusqu'à présent gagné 8 fois sur 8. Cette dernière décide de se transformer en A.S.Brestoise et le V.C.B. autorise les joueurs du nouveau club à jouer sur le vélodrome. Remarquons que celui-ci comporte 18 terrains de tennis. Ce sport est donc très en vogue dans les milieux bourgeois brestois. Face au succès de l'A.S.B. le Stade Quilbignonais décide de se réorganiser. Il projette de fusionner avec la Jeunesse Athlétique Brestoise, lequel club vient de se distinguer en organisant à Carhaix des Jeux Olympiques (vélo, tir, athlétisme), le jour des fêtes de la Tour d'Auvergne, une foule considérable y assiste sur le champ de bataille, mais refuse énergiquement de payer pour le spectacle.
 
 
 
 
 
 
Des étudiants Brestois en médecine fondent le Brest University Club. Le rugby fait son entrée dans le sud par l'organisation d'un match Sporting de Brest contre une équipe du 6ème colonial à Quimper.
 
 
 
La guerre vient interrompre de nombreux projets. L'activité ne reprendra pas en automne. La reprise se fera cependant en 1916, où un nombre appréciable d'épreuves de courses ou de foot seront disputées tandis que de nouveaux clubs apparaissent sur la scène sportive.
 
 
 
L'après guerre va poser les problèmes sportifs en termes nouveaux, en raison de la volonté de certains sports d'organiser leur vie de façon indépendante. Le sport apparaît tout de suite plus vivant que jamais. Ceci est une preuve qu'il est devenu une activité indispensable, à moins, comme nous le pensons, que ceux qui ont la responsabilité de l'organiser avec les mêmes objectifs qu'avant la guerre aient intérêt à ne pas se laisser déborder par leurs concurrents sociaux.
 
 
 
L'U.S.F.S.A. conserve sa puissance, et elle déclare 2 millions d'adhérents, ce qui est tout à fait remarquable pour l'époque. La ligue de football quant à elle, se développe rapidement et la Ligue de l'Ouest arrive en 2ème position, derrière celle de Paris avec 57 sociétés.
 
 
 
Aux anciennes rivalités laïques et catholiques vient se superposer celle due au renforcement du parti Socialiste. L'Union Sportive Ouvrière Brestoise apparaît juste avant les élections de 1919, qui portent à la mairie de Brest une municipalité socialiste. Le club est affilié à la Fédération française Socialiste.
 
  
Les pouvoirs publics ne sont guère intervenus dans les affaires sportives avant la guerre. Des rapports officiels vont devoir maintenant s'instaurer. Ce sera l'un des problèmes majeurs du sport, les autres pouvant être considérés comme résolus, à savoir : le contenu des compétitions et les formules de rencontres entre les sociétés.
 
  
 
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Le sport de 1789 à 1940

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Naissance des sociétés

Brest en sera le premier foyer. C'est déjà la ville la plus importante du département par ses 80000 habitants. Quimper en compte alors qu'une vingtaine de mille. À partir de Brest puis de Quimper environ un an plus tard, le mouvement s'irradie dans les agglomérations les plus proches. Morlaix comptera un léger retard de trois ou quatre années.

Le Finistère figurera en 1914 dans le premier quart des départements les plus sportifs. Brest sera pour sa part dans le peloton de tête des villes de province. Les régions de France les plus touchées par le fait sportif sont celles où l'industrie est la plus développée : Bassin Parisien, Haute Normandie, Nord et Pas de Calais ainsi que la région de Bordeaux, Lyon et Marseille.

Le mécanisme de cette dynamique de développement mérite d'être analysé. Comment expliquer cette effervescence qui se manifeste comme une réaction en chaîne dans un temps restreint ? Dire qu'il s'agit d'une contagion n'est pas donner une explication. Il faut en rechercher les raisons au niveau de certaines décisions concernant l'ensemble du pays. Il est certain que des lois de libéralisation du régime telle que celle de 1901 favorisant la création d'associations ont contribué à ce développement, de même que la réduction progressive du temps de travail et l'amélioration de ses conditions (liberté du dimanche)

Ces influences peuvent être qualifiées de générales et indirectes, par contre la décision de réduction du temps du service militaire a été accompagnée de tentatives précises pour développer le nombre des associations, même si l'on peut penser que les préoccupations sont d'ordre bien différent, précisons cette loi de réduction du service à deux ans.

En préparation depuis 1901 et votée en 1905 la loi de réduction du service militaire a deux ans. Elle s'est accompagnée d'appels aux municipalités pour qu'elles créent de nouvelles sociétés d'activités physiques permettant de compenser les effets de la loi.

Le président Loubet déclare en 1904 dans son discours à l'occasion de la fête fédérale annuelle des sociétés de gymnastique :

Déclaration du président Loubet: « Il faut développer les qualités qui deviennent plus précieuses à mesure que diminue le service militaire ».

« Tous nos efforts doivent tendre à donner aux jeunes les forces physiques et morales dont nous avons besoin pour garantir la paix ». (Rappelons qu'à cette date l'Allemagne nous cause des soucis au Maroc)

Quant au président de l'Union des Sociétés de Gymnastique de France, il déclare en congrès annuel, qu'une lettre va être adressée aux préfets leur demandant d'inciter les municipalités à créer des sociétés, nécessité impérieuse à la veille de la loi de réduction du service militaire. L'Allemagne a 6000 sociétés, la France n'en possède que 900.

En fait les appels sont entendus, mais ce sont des sociétés de sport qui apparaissent. Il faudra bien que les milieux dirigeants s'en accommodent, quitte à essayer ensuite d'y introduire la préparation militaire, ce qui sera le cas surtout vers 1909.

Les dix années précédant la guerre de 1914, mettent en évidence un autre facteur d'incitation qui à notre sens est bien plus déterminant dans la dynamique du mouvement sportif. Il s'agit de la concurrence entre les partis républicains avancés qui deviennent majoritaires au gouvernement après 1900, doublée d'une lutte entre ces mêmes partis et les forces cléricales opposées au régime, qui va être responsable de la prolifération des sociétés et de leur prise en considération comme élément de la vie sociale.

Les personnalités locales vont participer de près à ce mouvement en prenant les commandes de ces sociétés, mais aussi des organisations nouvelles patronnant le mouvement vont se constituer. l'Union des Sociétés de Gym (U.S.G.F) qui était seule en 1889 voit apparaître d'abord l'Union des Sociétés Françaises de Sport Athlétique (U.S.F.S.A.) englobant tous les sports athlétiques. Cette fédération progresse lentement jusqu'en 1898, date d'apparition d'une fédération des patronages catholiques qui prend le nom de F.G.S.P.F. (Fédération Gymnique et Sportive des Patronages de France). Elle est doublée d'une filiale l'U.G.S.E.L. (Union Gymnique et Sportive des Écoles Libres). À partir de 1907, le parti socialiste lui-même peu après sa naissance crée aussi sa fédération sportive en 1907.

Ainsi c'est à une véritable escalade que va conduire la concurrence qui s'installe entre tous les courants sociaux et dont l'enjeu consiste à drainer à son profit l'opinion publique, en particulier les couches nouvelles de la population.

À Brest en 1903 surgissent trois nouvelles sociétés : deux auront une activité éphémère et nous ne les citons que pour l'intérêt anecdotique : la doyenne, le Stade Brestois qui veut se consacrer à la course à pied sans chercher à concurrencer les deux anciennes sociétés le V.C.B. (Véloce Club Brestois) et la Brestoise, est fondée par Mr Berrehar (il s'agit pensons-nous du juge au tribunal de commerce, connu également par son activité politique.)

La seconde : le Football Club brestois, pratiquant uniquement le football, s'intégrera très vite au sein du Véloce Club Brestois (V.C.B.) dont il deviendra la section athlétique (S.A.B). Ce rapprochement autorise à penser qu'il est socialement proche du V.C.B. fréquenté par la bourgeoisie. Le V.C.B. va ainsi devenir le club le plus omnisports de Brest.

La troisième société l'Armoricaine est issue du patro Saint-Louis. En 1903 où se crée en France la F.G.S.P.F. (Fédération gymnastique et sportive des patronages de France).

Cette fédération sportive catholique, de même que l'ensemble des œuvres catholiques qui vont se multiplier, affirme la volonté d'une partie des catholiques, d'occuper le terrain social. Ce n'est pas nouveau. C'est l'aboutissement de toute l'action des catholiques sociaux apparus dans le premier tiers du 19ème siècle.

Sur le plan sportif qui nous intéresse, nous assistons à la mise en place d'une organisation extrêmement structurée, dont l'Armoricaine constitue un bel exemple au niveau local, prenant en compte dès sa création de toutes les activités sportives, que d'autres patros n'adopteront que vers 1909. Elle coordonnera aussi la vie sportive des autres patros brestois au sein de la F.G.S.P.F.(Fédération Gymnique et Sportive des Patronages de France)

Signalons que le premier match de football rapporté par la presse oppose en août 1904, le Stade Brestois, dont l'existence n'est pas encore officielle, à l'Armoricaine.

Répondant aux appels du gouvernement pour le développement de sociétés nouvelles, la municipalité élue aux élections de 1904, va favoriser la naissance de L'Union Sportive Brestoise (U.S.B.). Il est bon de faire remarquer que cette municipalité représente un changement d'orientation politique par rapport à la précédente, succédant à des républicains modérés, elle est constituée de personnalités socialistes ou syndicalistes, qualifiées de « collectivistes » par leurs adversaires. Le président de l'U.S.B (Unuion Sportive Brestois) est Mr Novince, animateur de la société, il est aussi membre de la municipalité et professeur au Lycée. L'U.S.B. va volontairement se différencier du V.C.B. en prétendant proposer à la population des manifestations « démocratiques et populaires ». Ce fait nouveau de vouloir démocratiser les activités physiques intervient donc en même temps qu'un changement profond de la vie de la cité. On peut tout de suite constater dans l'activité de l'U.S.B. (Union Sportive Brestois), un éclectisme dépassant nettement le V.C.B. C'est là un évènement nouveau et important de la construction sportive.

L'aspect omnisports des premiers clubs, s'explique par plusieurs raisons : le manque d'adversaires, les oblige à vivre en vase clos et à rechercher des activités variées pour faire durer la saison. Il y a de plus une recherche par tâtonnement, pour trouver l'activité qui réussit, nul ne peut encore prédire l'avenir qui leur est réservé. Il y a enfin la concurrence entre les clubs qui va accentuer ce caractère omnisports, chacun essayant de récupérer le plus d'adhérents possible.

La J.S.B. (Jeunesse Sportive Brestoise)

Ce premier acte de la vie sportive à BREST va se conclure par deux nouvelles créations en 1905, la Jeunesse Sportive brestoise (J.S.B.) qui avant de se constituer tente de convaincre la Brestoise de s'adjoindre une section sportive. Les contacts n'aboutissent pas. La Brestoise ne rejoindra la vie sportive qu'en 1909. On sait que l'évolution des sociétés de gymnastique vers le sport est un acte qui s'opère difficilement. Il faut attendre une modification des esprits, et la complexité des statuts de ces sociétés ne facilite guère les opérations de transformation.

La J.S.B. tient son assemblée générale à la Bourse du Travail (on peut y voir un symbole de différenciation par rapport à l'U.S.B. Ce lieu a été l'objet de luttes sociales importantes au cours de la même année.)

La J.S.B. affirmera son caractère laïque en organisant des manifestations au profit de l'école publique. Son président Mr Petitcolas, rédacteur à la Dépêche, journal dont Piton, président de la Brestoise, fait partie du Conseil d'Administration, ce dernier assurant de multiples fonctions, entrera bientôt bien qu'opposant, dans la nouvelle municipalité à la suite d'une élection partielle. Le journal par la voix du Petitcolas, s'engage dans une vive polémique à l'encontre de la municipalité. L'activité de la J.S.B. semble se caractériser par un souci de vouloir concilier les aspects mondains et populaires de la vie brestoise, au cours de fêtes qu'elle organise. La société compte en son sein, l'adjoint au maire de la future municipalité modérée, qui reprendra les commandes de la ville de 1908 à 1912. Il s'agit du Dr Vergnaud. La J.S.B. sera éclectique comme l'U.S.B, c'est pour elle la seule solution pour disputer avec des chances de succès la clientèle sportive aux autres sociétés, et en particulier à l'U.S.B. sa rivale directe.

Nous aurons l'occasion de juger son programme dès 1906.

L'Amicale Athlétique Brestoise

La dernière née de cette fin d'année 1905 va être l'amicale Athlétique Brestoise qui d'après le journal socialiste de l'époque serait constituée par un noyau de jeunes prolétaires musculeux. Cette société semble s'intéresser uniquement aux exercices gymniques. Le football ne l'intéresse pas. Ceci exprime une fois de plus les difficultés internes aux activités physiques à évoluer en acceptant les formes nouvelles qui apparaissent.

L'Espérance du Patronage Laïque de Recouvrance

L'Espérance du patronage de Recouvrance se signale à notre attention par un simple match de foot joué contre l'école commerciale qui adopte le titre d'Association Sportive Brestoise. Pas plus que le stade Brestois, elle n'a aucun rapport avec les deux sociétés que nous connaissons de nos jours.

La Presse

Les personnages que nous avons caractérisés, au sein de ces quelques sociétés nouvelles vont intervenir en rivalisant pour renforcer leur société et l'orientation sociale qui la sous tend.

C'est par la presse que les évènements sont portés à la connaissance du public. Dès 1900 « la dépêche » comporte une rubrique « sport », mais il ne s'agit alors que du vélo et surtout des ventes d'occasion. L'Action libérale, journal de droite a également une rubrique sportive, il s'agit pour elle de l'élevage du cheval.

Les journaux plus récents, le Réveil ou l'Avenir Brestois inaugurent une rubrique sports athlétiques en 1906 et 1908. La presse ne s'est pas contentée de ce rôle de rapporteur des évènements relatifs aux exercices physiques. Elle a joué un rôle actif dès l'apparition du sport en organisant des épreuves telles que courses à pied et vélo, de telles épreuves se déroulent sur un secteur géographique étendu constituaient un moyen publicitaire efficace de diffusion du journal. Nous avons vu un exemple dans la course Saint-Brieuc - Brest en 1892. Nous en retrouverons d'autres bientôt.

Après avoir situé la naissance des sociétés dans leur cadre social, nous nous proposons de résumer leur intense activité, année par année.

Nous nous limiterons volontairement aux évènements les plus caractéristiques et susceptibles de nous faire mieux saisir le sens de l'évolution.

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