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De Wiki-Brest

Traces des Américains

Extérieur Baraque en 2004

Plus de 800.000 Américains sont passés à Brest entre le 12 novembre 1917 et le 31 décembre 1919. A un moment donné en 1919, ils étaient environ 70.000 logés dans des baraques ou dans des tentes, soit autant que la population brestoise de l'époque. Ceci est à comparer avec les 20.000 Brestois qui logeaient en baraques après la seconde guerre mondiale. Une petite différence toutefois : les Brestois sont restés 30 ans en baraques pour certains, les Américains sont arrivés en novembre 1917 et repartis dans le courant de l'année 1919.

Intérieur Baraque en 2004

Une baraque à Saint-Pierre Quilbignon

Il reste très peu de vestiges de cette époque, si ce n'est le réservoir de Tréornou qui deviendra piscine par la suite et le barrage de Kerléguer. On peut ajouter le mémorial du « Naval Monument », sur le cours d'Ajot, détruit durant la dernière guerre mondiale, reconstruit en 1958 et inauguré en 1960. Quelques chercheurs sur l'emplacement du camp de Pontanézen, ont également trouvé des boutons, ou disques de col qui permettent de connaître l'arme ou la nationalité du soldat. (Les cahiers de l'Iroise : Jeremi Kostiou). Il existe aussi des baraquements, dont un sur Brest rue de Keranquéré à St Pierre, dans une propriété privée. Celle de la rue de Keranquéré je l'ai découverte tout à fait par hasard. Je présentais une exposition photos à l'école de la Pointe à Recouvrance sur la vie en baraques à Brest, quand la directrice me dit qu'elle a une baraque américaine dans sa propriété. Je lui demande s'il était possible de la visiter, elle me répond par l'affirmative. Je me rends sur place et je constate que ce n'était pas le genre de baraque que je m'attendais à voir. Effectivement elle m'explique que cette baraque ne date pas de la dernière guerre mais de la première guerre mondiale. Elle a donc survécu à la deuxième guerre mondiale. Alors que Brest était rasé, que la maison qui jouxte la baraque a été transpercée par un obus et criblée d'éclats. Que cette maison a hébergé un commandement de la Wehrmacht. La modeste baraque est intacte, comme si elle nous attendait pour témoigner.

Baraque hôpital Porspoder en 1934

Une baraque hôpital à Porspoder

Pour l'autre baraque bien plus grande, elle est située à Porspoder, dans une propriété privée. Je l'ai également découverte lors d'une exposition dans la salle Herry-Léon. Une femme se présente en me disant qu'elle avait dans sa propriété une baraque qui venait du camp de Pontanézen. Je me suis donc déplacé et le propriétaire m'a conté son histoire.

Démontage baraque hôpital en 1990

M. Achille Le Meur, était « représentant pour la Marine » au port de commerce de Brest et habitait à l'époque place du château. En 1919 quand les Américains quittent Brest, énormément de matériels sont mis en vente : camions, voitures, motos, baraquements etc. Bien placé pour faire des affaires il achète une baraque hôpital, qui portait encore à l'origine une croix rouge. Elle est transportée jusqu'à Porspoder par le petit train départemental. Petit train départemental qui arriva à Porspoder en 1911 et cessera de fonctionner en 1940. La baraque est remontée sur le terrain, c'est une importante bâtisse, qui mesure 26,50 mètres de long, sur 5 mètres de large. Elle fera le bonheur des descendants, enfants, petits enfants qui passeront leurs vacances à 100 mètres de la mer. Mais en 1934 la municipalité décide de financer des travaux dans le bourg afin de faire passer la route côtière, travaux qui dureront 2 ans de 1934 à 1935. Le propriétaire n'est pas d'accord puisque la route traverse son terrain, et qu'il faut détruire la baraque car elle ne résisterait pas à un démontage. Après moult réunions il est décidé de déplacer la baraque d'un seul tenant. Aussitôt dit aussitôt fait ; renforcée latéralement par de gros madriers pour éviter quelle ne se déforme, soulevée par des vérins afin de fixer des roues de wagonnets, tirée par des câbles enroulés sur deux grandes roues qui font office de treuils manœuvrés par les villageois.

Baraque hôpital Porspoder en 2011

La baraque est prête à se déplacer sur son plan de glissement, vers le plan de pose une trentaine de mètres plus loin. Seulement, il y a un hic ! La baraque ne bouge pas malgré les efforts de tous. C'est le boucher du village qui a une idée. Il court jusqu’à son commerce situé à quelques dizaines de mètres et revient avec de la graisse animale qu'il passe sur le plan avec l'aide de volontaires. La voilà en route pour son plan de pose. On soulève légèrement la baraque avec des vérins afin de démonter les roues. Puis on place des sacs de sable empilés tous les 1,50 mètres afin de combler l'écart laissé par les roues, enfin on descend les vérins. La baraque repose sur les sacs de sable. Il ne reste plus au coup de sifflet, qu'à crever les sacs d'un coup de couteau, pour que le sable s'écoule et que la baraque vienne se positionner en douceur. Ingénieux, mais l'histoire ne s'arrête pas là. En 1990, les propriétaires, Mr et Mme Besse (fille d'Achille Le Meur) font construire une maison et se voient dans l'obligation de couper une bonne moitié du baraquement. Mais elle est toujours là aujourd'hui, en attente d'un classement au patrimoine, c'est ce que nous lui souhaitons.

Bibliographie

  • KOSTIOU Jeremi, Quand Pontanezen révèle ses vestiges…, Les Cahiers de l’Iroise, n°225, 2017, pp. 176-190.





                                                               Embleme ponta.png       Portail du Pontanezen Duckboard                                                                            
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