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Témoignage de Mimi Le Troquer

En 1926, le Foyer Laïque de Saint-Marc fut créé sous l'impulsion de Monsieur Blaise.

Émile Blaise le fondateur, à gauche sur la photo

Tout commence par du théâtre

Le patronage laïque est né du fort désir de jeunes gens qui se réunissaient le dimanche matin et discutaient adossés au mur du bureau tabac de la place de Saint Marc ; ils étaient désœuvrés et se lamentaient de ne pas avoir un local où ils pourraient organiser des jeux. Un camarade un peu plus âgé qu'eux, Monsieur Blaise, se joignait souvent à eux et leur parlait de théâtre, de pièces à apprendre, de chants qui les occuperaient tout en les distrayant. Mais, pour préparer un spectacle, il faut une salle où l'on puisse répéter, s'exercer aux jeux de la scène. Monsieur Blaise est tellement convaincant dans son propre désir de réaliser un spectacle que tous y pensent fortement et rêvent à une salle ; ils désirent tellement ce local qu'ils décident d'en parler au directeur et à la directrice des écoles publiques.


Premiers spectacles dans la baraque de la cantine

Très attentifs, les enseignants les écoutent et suggèrent, avec l'accord de la Mairie, de mettre à leur disposition la cantine scolaire. C'est une baraque en bois, installée entre les deux écoles. A l'époque, l'école des garçons jouxtait la Mairie.

Après accord de tous, les répétitions commencent, quand on a débarrassé les tables et les chaises (qu'il faut remettre en place une fois les répétitions terminées). C'est du travail mais les jeunes sont heureux ! ils vont répéter au moins deux fois par semaine et donnent leur première séance après deux mois de travail acharné. Ils sont récompensés : pour la première séance, les bancs sont en place, des amis voisins prêtent des chaises, mais on ne s'attendait pas à tant de monde, il n'y a pas assez de place ! dehors les plus alertes s'agrippent aux murs pour pouvoir atteindre les fenêtres et ainsi voir le spectacle, la salle est donc trop petite, elle ne peut contenir tant de spectateurs ; il faut refaire, à la demande de tous, une deuxième séance. c'est un véritable succès ; pendant quatre années les spectacles auront lieu deux ou trois fois dans l'année ; les enfants des écoles participeront aussi à Noël et en Juin en jouant des saynètes et en chantant en chœur. mademoiselle Heurtaux, pianiste très dévouée à l'Ecole laïque, apprend à chanter aux enfants comme aux adultes ; elle aidera pour les chants et accompagnera les acteurs jusqu'à son grand âge (elle était encore avec nous après 1946). A chaque séance, c'est un vif succès, on vient du Guelmeur, du Forestou, du Pont-Neuf, de partout ! Le trésorier est content, l'argent rentre mais il en faut beaucoup pour construire un patronage, il faut donc continuer les spectacles pour obtenir de l'argent.

La guerre : du théâtre au profit des prisonniers

Puis c'est la guerre, la troupe se disperse, c'est l'horreur, l'occupation, les bombardements... A travers ces jours tristes, on pense à faire une séance au profit des prisonniers de guerre afin de leur envoyer des colis. En 1942, Monsieur Gall du patronage catholique, vient nous demander si nous serions d'accord pour monter avec eux un spectacle au profit des prisonniers ; nous acceptons et nous jouons dans les deux patronages, une séance où chaque groupe assume la moitié du spectacle. Le succès est tel que nous recommençons plusieurs séances en alternant soirées dans le patro catholique et soirées dans le patro laïque. De nombreux colis ont ainsi été expédiés aux prisonniers.

Après la guerre, des équipes se sont formées mais le sport a pris beaucoup d'importance au détriment du théâtre.

1976 - cinquantenaire du patro : l'adieu à la rue de Verdun

Nous fêtons le cinquantenaire du Foyer Laïque : pendant quatre mois cinquante personnes grands et petits répèteront. Nous retrouvons les plus anciens, ceux de 1925 qui acceptent de venir sur scène : Monsieur Blaise, notre premier Président, viendra de Paris nous rejoindre. Nous obtenons un franc succès.

Plusieurs personnes émues par cette séance, auraient voulu la revoir ; hélas ; il faut partir... Tant de travail pour une seule lséance ! C'est le cœur bien gros que ce soir là, Yvon, moi et sans doute tous les amis, avons quitté notre patronage, en sachant que plus jamais nous ne retrouverions cette fougue, cet élan qui nous portaient vers lui, notre patronage qu'on allait démolir !

1978 - De nouveaux murs pour un nouvel essor

Mais pas de pessimisme, un nouveau lieu va naitre et les anciens que nous sommes devenus participeront à l'inauguration du nouveau Foyer Laïque en 1978. Nous donnerons nous les anciens avec les jeunes et même de biens plus jeunes, un spectacle qui lui aussi connaîtra du succès. Après le départ de Monsieur Blaise, il y a eu bien d'autres présidents : Monsieur Madec, Monsieur Guivarc'h, Monsieur Vidroc, Charles Verveur, Pierre Le Guen, Alain Jouis...

J'arrête là mon récit : place aux jeunes que j'encourage à faire vivre comme les jeunes le font depuis qu'il existe, ce patro que depuis déjà longtemps on appelle FOYER Que vive toujours ce FOYER LAIQUE.

VIVE LE FOYER LAIQUE

Article écrit par MIMI LE TROCQUER


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