Monsieur Ch., menuisier jardinier
Entretien réalisé par Léna Madec et Matthieu Colin en janvier 2009 à la résidence Louise Le Roux (Brest). Les trois dernières questions ont été posées par l'animatrice.
Quelle profession avez-vous exercé ?
Monsieur Ch. : Alors d'abord, j'ai été au Maroc. J'ai été dix ans au Maroc. Je suis né pendant la guerre, parce que mon père et ma mère étaient dans la Légion, dans la Légion étrangère. Et ensuite de ça, mon père et mon mère étaient encore là lors du débarquement allié américain, pendant la guerre. Et c'est pour ça que je suis un petit peu fatigué. Je ne sais pas ce que j'ai fait. Des fois, je suis fatigué et des fois je vais bien.
Donc ils étaient tous les deux dans la Légion étrangère
Monsieur Ch. : Oui, tous les deux. Mon père était dans la Légion et ma mère était... dans le bureau, au téléphone.
Et vous, à quel âge avez-vous commencé à travaillé ?
Monsieur Ch. : Donc j'ai été dans une école, dans une pension à Bethany, au centre médico-pédagogique. J'y ai passé cinq ans - dix ans, je ne sais pas. Oh, j'étais jeune, quand j'ai été à l'école. J'ai quitté l'école à vingt... vingt-deux ans, pardon. Et de là, j'ai été au Niger avec mes parents. Mes parents tenaient un bar, restaurant, hôtel, magasin. [...] J'aidais un petit peu dans le...
Dans le magasin
Monsieur Ch. : Oui, dans l'hôtel, magasin et le restaurant.
Et vous avez travaillé là-bas pendant toute votre vie ?
Monsieur Ch. : Oui, presque toute ma vie. Et après on est revenu en France, parce qu'au Niger, on ne pouvait plus exercer notre profession à cause des attentats. Parce qu'il y a eu un attentat, on a été mis à la porte. Les Européens n'ont plus voulu rester, parce qu'il y avait tellement de bagarre que l'on ait parti. Et de là ici, quand je suis arrivé ici, j'ai été au CAT [Centre d'Aide par le Travail, ndlr] à Plabennec.
Au CAT à Plabennec. D'accord. Et qu'est-ce que vous faisiez là-bas ?
Monsieur Ch. : D'abord je faisais du jardinage. J'ai fait pendant cinq ans du jardinage. Et j'avais tellement... Je n'en pouvais plus, j'avais mal au dos. On m'a mis au bois. Et au bois, je faisais des tables, des chaises, des lits, je faisais un peu de tout.
Vous travailliez le bois. D'accord.
Monsieur Ch. : Oui. Et donc, j'ai fait dix ans à Plabennec. De Plabennec, on a été à Lesneven. On a monté un CAT là-bas. Et au CAT, j'ai fait dix ans - non neuf ans - de CAT à Lesneven. Et après, j'ai pris ma retraite, parce que j'avais fini. J'avais atteint l'âge. Et en plus de ça, j'ai eu ma mère qui était malade. Elle est tombée malade. Et ma mère, quand elle est tombée malade, je n'ai plus travaillé, parce qu'il fallait que je m'occupe de ma mère et ensuite voilà.
D'accord. Très bien. Qu'est-ce que vous aviez comme activité à Lesneven ?
Monsieur Ch : C'était le bois. Oui, c'était le bois. Mais il y avait du jardinage à côté aussi. Et moi je n'aimais pas rester au bois, parce que j'avais tellement mal au dos au jardinage que je suis resté au bois.
Et comment se déroulait la journée ? Vous aviez des horaires fixes ? Vous travailliez en équipe ?
Monsieur Ch : On travaillait en équipe.
Et comment se passait la journée ? Vous commenciez à quelle heure ?
Monsieur Ch : La journée, on commençait à 8h30. Oh 8h30, on disait à 8h30 mais généralement c'était vers 8h45 - 9 h. Et alors de 9 h jusqu'à midi. Et à midi, on allait manger. Et on reprenait le travail à 13h30. On disait à 13h30, mais c'était plutôt à 13h45. Parce que le temps de manger tout ça, vous savez... C'était plutôt à 13h45. Et ensuite moi, je rentrais le soir chez moi.
Et vous finissiez à quelle heure à peu près ?
Monsieur Ch : Vers 17h45. Et je rentrais avec le car Le Bihan tous les soirs. Et le matin, je partais de chez moi, vers 7h30 pour prendre le bus de là où j'étais. Et ensuite, j'attendais le car Le Bihan pour m'emmener à Lesneven.
Et est-ce que vous avez eu des apprentis ? Est-ce que vous avez transmis votre métier à quelqu'un ?
Monsieur Ch : Non, jamais.
C'était dans un restaurant ?
Monsieur Ch : Le restaurant, c'est bon, j'en ai parlé. Mais là je parle du CAT à Plabennec.
Oh oui, c'était un sacré boulot, là aussi, avec les horaires et la menuiserie.
Monsieur Ch : Et pendant la guerre, on nous a donné tous ces noms-là.
D'accord. Donc vous avez beaucoup de prénoms.
Monsieur Ch : Oh oui. C'est normal.
Oh tiens, vous êtes né au Maroc
Monsieur Ch : Mais oui, bien sûr, je suis né au Maroc. C'est là que j'ai vu que je suis né au Maroc. Je suis Marocain comme l'autre là, Rachida. [...]
Et quand vous étiez jardinier, vous faisiez les espaces verts ou les plantations ?
Monsieur Ch : Oh oui. Je ne faisais que les plantations. [...] Et après j'ai quitté les espaces verts, parce que j'avais mal au dos et on m'a mis au bois.
Qu'est-ce que vous avez fait de beau avec le travail du bois ?
Monsieur Ch : Oh et bien des lits, des chaises, des tables. Et puis un double-lit pour les gars et les petits, entre 80 et 82 cm le lit.
Merci beaucoup en tout cas
Monsieur Ch : De rien.
C'est gentil d'avoir accepté de répondre à nos questions pour en savoir un peu plus sur les métiers.
Monsieur Ch : De rien.
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