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De Wiki-Brest

École Saint-Martin

Le quartier de Saint Martin à Brest, est en pleine rénovation : les halles, puis l'implantation de logements à la place de l'école Charles de Foucauld .

«Â Au cœur de Saint-Martin, l'îlot Proudhon, grand, lui, de 4 000 mètres carrés, devrait accueillir une salle de quartier de 300 places et une résidence services de 70 logements. Un projet urbain de longue haleine, qui se poursuivra bien après l'arrivée du tramway ».

Mais l'îlot Proudhon se compose en fait de l'immeuble Proudhon, de la salle de l'Avenir et de l'ancienne école Saint Martin.

Les locaux de l'Avenir ou du moins sa salle de spectacle faisait partie de l'école Saint Martin et représentait le rez-de-chaussée de cette école : bâtiment massif de trois niveaux, haut de plafond , perdu et quasiment invisible, au centre de l'îlot, cerné par les rues Massillon, Bugeaud, Duret ,et Proudhon, avec une cour bordée de quelques arbres. En passant devant le 21 de la rue Massillon, une porte, un peu plus grande que les autres, donnant sur un couloir menait les élèves dans la cour . Dans les années fastes plus de 400 élèves fréquentaient cette école primaire de garçons. Cette entrée anodine, devenue dangereuse avec la circulation automobile fut doublée en1985 par une entrée ouverte dans le petit square Proudhon, mais nul élève n'emprunta jamais cette entrée car l'école ferma le 30 juin 1984. Avant que cet ensemble ne disparaisse, voyons ce qu'était cette école ? Etait-elle comme les autres, avait-elle un cachet singulier une âme particulière ?


Sa création

L'achat du terrain date de 1897, sa construction en 1898, le propriétaire était la paroisse Saint Martin. L'école a fêté dignement son 75ème anniversaire en 1974.


Constance et fidélité

Cette école avait une attraction particulière : de 1946 à sa fermeture en 1984 trois directeurs avaient assuré la conduite de cette école, l'abbé Guyader, l'abbé Moal (pendant 29ans), madame Quéguiner. Sur cette période seuls quatre gestionnaires bénévoles ont veillé à la vie matérielle de l'école. Les instituteurs y ont fait de longues carrières (M. Pellé, M Paugam, M Riou, Mme Quéguiner) De même les parents d'élèves présents pendant la scolarité de leurs enfants, continuaient en s'impliquant dans l'organisme de gestion, ou par une présence active à tous les évènements relatifs à la vie de l'école, bien après le départ de leurs enfants..


Le directeur

C'était le centre de gravité de l'école, une école toujours ouverte, un directeur présent tous les jours, tôt le matin tard le soir, à l'écoute, toujours prêt à aider, à accueillir, à organiser, méticuleux, stricte, toujours au travail, sachant très bien s'entourer de gens compétents et généreux pour le bien de ses élèves. La pièce maitresse, l'abbé Hervé Moal, nommé en 1949, qui restera en poste pendant 29 ans.


La pédagogie

Les évolutions sont lentes, ici les anciennes valeurs sont toujours à la mode, apprendre à lire et à compter, la discipline, le partage, la rigueur, l'effort, la propreté. L'ambiance est au travail, les classes de 39 élèves ne posent pas de problème, le porte plume sera utilisé jusque dans les années 70, car cela participe à la propreté des cahiers, les mathématiques modernes n'ont jamais eu beaucoup de succès. Ont subsisté pendant de nombreuses années, les bons points, les tableaux d'honneur, la distribution des prix, qui rassemblait la foule dans la salle des fêtes de la mairie. Une école à l'ancienne.


Les festivités

Elles ne manquaient pas, c'était une bonne occasion de rassembler les enseignants, les élèves et anciens élèves, les parents, les amis. Comment ne pas parler de la promenade annuelle. Cette sortie constituait le grand événement, non seulement de l'école, mais également du quartier de Saint Martin. Elle a débuté en 1950, et s'est terminée avec la fermeture de l'école en 1984.Organisée par le directeur, le corps enseignant, les parents d'élèves et les sympathisants de l'école, cette promenade a regroupé jusqu'à deux milles personnes. Au départ le convoi de plus de 200 voitures et d'une dizaines de cars arborant fièrement le fanion de l'école quittait Brest, précédé des motards, les feux au clignotant, avec sa voiture balai,sa voiture «Â croix rouge » et son docteur, pour s'installer, pour la journée sur une plage suffisamment grande pour contenir tout ce petit monde.

Très tôt le matin une équipe de précurseurs était sur place pour préparer les installations: barnum et intendance, sonorisation, l'autel pour la messe. Le programme: la messe, puis des activités sportives, les blancs contre les rouges, des châteaux de sable, un radio crochet, des mots croisés, baignade, foot-ball,toutes ces activités mêlant petits et grands. Vers 18h, après la proclamation des résultats, chacun rentrait chez soi, ivre de joie, dans l'attente de la prochaine sortie. Le site était remis en état, la consigne étant : que les lieux quittés devaient être plus propres, qu'à l'arrivée de la caravane.


L'évolution

En 1949,c'est l'après guerre, l'école est une école primaire de garçons, elle compte 168 élèves, en croissance permanente, elle accueillera jusqu'à 401 élèves en 1962, pour amorcer ensuite une décroissance : retour à 168 en 1976, pour terminer son existence avec 89 élèves en 1984. Cette période n'a pas été sans évolutions, le quartier vieillit, à partir de 1976 les élèves se font rare dans le quartier, les écoles cherchent des solutions. L'école de filles de la Providence qui possède une maternelle envisage la mixité, c'est sans aucun doute priver Saint Martin d'une bonne partie de ses garçons. La solution retenue après d'âpres discussions sera : les maternelles à La Providence ainsi que les 11ème, et 10ème, les 9ème, 8ème et7ème à Saint Martin. La mixité dans les deux écoles est reportée à 1977. Mais en 1977, la Providence exigera aussi une 9ème.

En marge de ces discussions, l'école de l'Immaculée, sur le quartier Saint Michel, voit un risque d'une réduction de ses élèves du secondaire et ouvre un primaire complet. Ouvrir une troisième école privée, dans les quartiers Saint Martin et Saint Michel, quand deux avaient du mal à vivre, c'était programmer la fin d'une école sur Saint Martin. En 1984, les écoles primaires de La Providence et de Saint Martin ne comptent plus que 89 élèves chacune.

Une est de trop, elles défendront avec conviction leur survie, la directrice de Saint Martin prend sa retraite en cette année de 1984, cette circonstance pèsera lourd dans la décision de l'enseignement catholique de regrouper l'ensemble des élèves à La Providence. Cette école qui perdure sur le quartier devrait s'appeler «Â  La Providence-St-Martin » aux termes des accords, mais même cette dénomination n'a pas survécu. L'école Saint Martin est bien morte, elle a fermé le 30 juin 1984, son âme et son esprit demeurent dans bien des mémoires.

Ces quelques lignes avant que physiquement ses murs ne disparaissent à tout jamais. En souhaitant que toutes ces rénovations apportent à nouveau cette jeunesse, avec ses cris et ses joies, qui manque tant au quartier.

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