Fils d'enclume
Ils l’avaient quittée cette terre qui n ‘était plus la leur
Rejoignant la cité du Ponant, ville-grenier pour gagner leur labeur
Troquant la charrue pour la masse ou l’aussière, fils de paysans
ils devinrent fils de mer
Quittant le champ pour les ponts de la Royale,
nombreux sont ceux qui joignirent l’arsenal
Ils entrèrent fièrement à l’académie « capucine »,
2 ans d’arpet ils devinrent chevalier de la « lime »
Charpentier, tôlier, chaudard ou électro ainsi labellisés
ils devenaient « matelots »
Du Plateau aux Chantiers partout le bleu poussé,
formidable ruche aux ambitions marines
L’Académie a vécu, les chantiers disparus,
certains dansent aujourd’hui une joyeuse capucine
quand l’ouvrier déchu s’habille de colère et déprime
Le temps n’est plus, dit-on, à la navale, triste réalité ou décision « royale » ?
Le temps a passé, pt’it zef regarde cet arbre « généalogique »,
découvre au gré des branches de ce pin maritime des fruits de l’arsenal et de la marine.
Le pin ne donne plus de son pain maritime,
tes fils aujourd’hui connaissent une sinistre famine.
Brest, cité océane, ta mer n’est plus que de plaisance
la royale « s’otanise » quand l’arsenal agonise
De ta rade, formidable écrin d’où sorti tant et tant de vaisseaux aux horizons lointains,
il ne reste au regard quelques coques disparates, pitoyables savates à l’horizon restreint
Pt’it zef est là contemplant ce qu’il reste, cherchant du regard coques et mâts disparus ...Enfants d’écume et d’enclume qu’êtes-vous donc devenus ?
Hugues V.