Débat Foyer Laïque 1986 "Le Foyer et la Publicité"

15 Mai 1986 20H 30 débat sur la publicité

D'abord les spots publicitaires qui passent à la télé ou au ciné sont pour la plupart de très grande qualité, ensuite c'est un moyen non négligeable pour les associations sportives de renflouer leur caisse. Alors pourquoi faire la fine bouche ? Pourquoi la rejeter ?

Certes si l'objectif de notre association c'est seulement de faire des champions, de hisser nos équipes au plus haut niveau, alors sûrement la publicité il faut l'accepter à bras ouverts. C'est sûr, elle nous permettra d'avoir de beaux maillots, plus de ballons, de balles, de volants, elle nous donnera le moyen de déplacer nos équipes dans de meilleures conditions et tout ceci peut être favorisera le rendement des équipes.

Mais la publicité c'est aussi une vaste entreprise d'abrutissement, d'asservissement culturel des individus.

Non madame, l'emploi du parfum X ne fera pas tomber les hommes à vos pieds ! Non monsieur l'absorption de la bière Y ne vous transformera pas en héros du Far West ! Non le maillot de votre fils, monsieur, madame ne sera pas le plus blanc parce qu'il a été lavé à la lessive Z

Accepter d'être le support des messages publicitaires par les maillots que l'on porte, les banderoles dont on accepte de garnir nos gymnases, nos stades etc....) c'est, qu'on le veuille ou non participer à cette machination et ceci me semble aller totalement à l'encontre de l'objectif premier du Foyer Laïque. "Participer avec l'individu à son épanouissement, à la formation d'un citoyen libre et responsable, partie prenante à l'édification d'une société d'hommes libres, c'est-à-dire libérés de toute forme d'asservissement".

Ce samedi après midi l'équipe poussin de basket "hypermarché Leclerc" recevait une équipe de l'extérieur au gymnase de "Kerisbian Hénaff". L'enjeu était de taille car l'équipe gagnante allait recevoir la coupe "panzani" des mains du président de la chambre de commerce

Dans les locaux du Foyer Laïque "lessive St Marc" un tournoi de tennis de table aurait dû se dérouler, mais au dernier moment la société "Ricard" avait changé d'avis et la rencontre avait dû être annulée Il est vrai que la grande salle ne permettait plus ces grandes compétitions, tant le sol et les murs étaient en piteux état, et sans les panneaux publicitaires aux quatre coins de la salle, le plâtre des murs n'aurait pas tardé à recouvrir le sol.

Bien sûr le Foyer.avait pris un coup de vieux depuis la décision d'accepter la publicité dans les sections. Les militants du Foyer s'étaient démobilisés et il n'existait pratiquement plus d'instance pour prendre les décisions. Chaque section était sponsorisée, mais le plus souvent en nature : dossards, ballons... ou bien l'argent reçu servait à payer les entraîneurs devenus indispensables pour certains.

Il existait une trésorerie pour chaque section, indépendante les unes des autres, voire parfois en concurrence auprès d'un commanditaire ; et le tarif des adhésions était différent suivant l'activité. Le record revenant à la section natation, car par manque de place sur les maillots de bain, les annonceurs ne s'y intéressaient pas et les bassins devaient être loués à la municipalité.

Les activités exceptionnelles : kermesse, lot... avaient disparu, ainsi que la plupart des réunions qui donnaient vie au patro... Mais il est vrai que le patro ne représentait pas grand-chose.

Cet après midi là, les animateurs du centre de loisirs "Trigano", avaient obtenu quelques heures supplémentaires pour seconder les publicitaires dans les derniers préparatifs de la fête du lendemain.

Le lendemain dimanche, les enfants du quartier allaient fêter les 65 ans du Foyer et ce serait l'occasion d'une grande fête organisée par "Play Mobil"...

Hubert Congard