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Syndicats de l'Arsenal de Brest : Différence entre versions

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''Donc en 2004, on est parti de l'atelier des machines alors l'argument invoqué c'était le schéma directeur industriel, donc qui demandait de recentrer un peu toutes les activités, du côté de Laninon, on l'a très mal vécu, pour nous, ça devait se faire mais ça devait se faire en son temps, ça fait quand même des siècles que ces services là étaient là donc on a un peu mal vécu cette histoire. on ne fonctionnait plus comme un atelier des machines comme on l'entendait, nous, avant, on faisait tout quoi, on faisait tout, on faisait des arbres d'hélice, on ne peut plus faire des arbres d'hélice... après fatalement alors le plateau c'était machines,
 
''Donc en 2004, on est parti de l'atelier des machines alors l'argument invoqué c'était le schéma directeur industriel, donc qui demandait de recentrer un peu toutes les activités, du côté de Laninon, on l'a très mal vécu, pour nous, ça devait se faire mais ça devait se faire en son temps, ça fait quand même des siècles que ces services là étaient là donc on a un peu mal vécu cette histoire. on ne fonctionnait plus comme un atelier des machines comme on l'entendait, nous, avant, on faisait tout quoi, on faisait tout, on faisait des arbres d'hélice, on ne peut plus faire des arbres d'hélice... après fatalement alors le plateau c'était machines,
 
chaud', électricité et machines R, donc, ça a été dispatché, y en a qui se sont retrouvés à SEM, service électromécanique dont électricité et machines R, y en a qui se sont retrouvés dans la chaudronnerie, y en a d'autres à l'usinage, donc tout ça, ça été dilué, , ça a perdu, c'est clair, syndicalement, on a perdu en termes d'actions, on a perdu, ça c'est sûr.''
 
chaud', électricité et machines R, donc, ça a été dispatché, y en a qui se sont retrouvés à SEM, service électromécanique dont électricité et machines R, y en a qui se sont retrouvés dans la chaudronnerie, y en a d'autres à l'usinage, donc tout ça, ça été dilué, , ça a perdu, c'est clair, syndicalement, on a perdu en termes d'actions, on a perdu, ça c'est sûr.''
''Le plateau c'est un truc qui a laissé des traces chez les ouvriers ça a laissé, les gens se sont dits quand même un peu trahis on n'est pas dupes, de toute façon quand ils ont déménagé, quand ils ont transféré les activités, y a plein de machines outils qui sont restées derrière, y a plein d'activités qui n'ont pas été transférées donc comme les ouvriers n'étaient
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''Le plateau c'est un truc qui a laissé des traces chez les ouvriers, les gens se sont dits quand même un peu trahis on n'est pas dupes, de toute façon quand ils ont déménagé, quand ils ont transféré les activités, y a plein de machines outils qui sont restées derrière, y a plein d'activités qui n'ont pas été transférées donc comme les ouvriers n'étaient
 
pas remplacés...''
 
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La fermeture de l'école de formation ayant retardé l'entrée dans le monde du travail a rendu aléatoire la transmission des valeurs essentiellement orale sur lesquelles reposait le syndicalisme. De même, le nouveau personnel est d'une certaine manière mieux informé et n'hésite pas alors à s'adresser directement à leur supérieur sans passer par le biais d'un délégué, privant ainsi les syndicats d'une source d'adhésions.
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La fermeture de l'école de formation ayant retardé l'entrée dans le monde du travail a rendu aléatoire la transmission des valeurs essentiellement orale sur lesquelles reposait le syndicalisme.  
  
 
De même, à l'instar de la crise syndicale en France, les syndicats de l'arsenal de Brest et leur influence n'ont pas été épargnés par la crise économique, en effet les plans de restructuration, les menaces liées à la question du statut du personnel, la privatisation de l'entreprise DCN, les baisses importantes des effectifs, tous ces phénomènes ont engendré un climat négatif peu
 
De même, à l'instar de la crise syndicale en France, les syndicats de l'arsenal de Brest et leur influence n'ont pas été épargnés par la crise économique, en effet les plans de restructuration, les menaces liées à la question du statut du personnel, la privatisation de l'entreprise DCN, les baisses importantes des effectifs, tous ces phénomènes ont engendré un climat négatif peu

Version du 8 septembre 2011 à 21:09

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Capucins

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Syndicats de l'Arsenal de Brest

Les syndicats de l'arsenal de Brest, tout au long du 20ème siècle, ont eu comme principales luttes, la défense du statut des travailleurs de l'Etat, son amélioration et sa garantie, ainsi que le maintien du caractère d'Etat des arsenaux.

Comme dans toutes les autres corporations, la principale activité des responsables syndicaux est de fournir à leurs adhérents, une aide individuelle contre les sanctions, les multiples incidents de la vie quotidienne au travail, les conditions travail, les congés, les salaires, les primes, les conditions d'avancement...

Carte confedrerale CGT 1911.jpg


Le rôle des syndicats consiste donc à résoudre les problèmes de la vie quotidienne du travail en négociant constamment avec la hiérarchie.

Les syndicats de l'arsenal ont également joué un rôle important dans la vie du personnel, par des réalisations sociales, culturelles et sportives, ceci par les programmes d'action sociale. Un exemple, dans les années 70, la CGT proposait un grand nombre de revendications qui étaient les suivantes :

  • Des colonies de vacances plus nombreuses et le versement de la subvention aux enfants allant dans les colonies autres que celles de l'ASA (action sociale des armées)
  • Création de maisons de repos et de retraite
  • Acquisition et aménagement de terrain de camping
  • Réduction de 50% sur les billets de congés payés annuels (train, bateau, avion)
  • Construction de logements et foyers compatibles avec les salaires et retraites
  • Création de crèches, centres aérés, garderies
  • Augmentation des prêts pour l'amélioration de l'habitat et pour l'accession à la propriété
  • Envoi de colis de noël aux personnes en longue maladie, au service militaire ou retraité
  • Bénéfice de toutes les actions sociales de l'ASA aux retraités et veuves

...

Les jeunes qui arrivaient sur le chantier étaient un p'tit peu poussés à s'engager, nous, de toute façon quand on sortait des apprentis, on avait des réunions avec tous les syndicats, officielles de façon à nous faire prendre notre carte à l'un ou l'autre, c'était très surprenant.

Les jaunes, c'était la sanction (rires) et on faisait des tours d'ateliers, en général, valait mieux être en grève. Ce n'était pas très bien vu de ne pas être en grève. Je n'ai jamais vu quelqu'un refuser les avancées des grèves, j'ai vu des gens critiquer les grèves mais je n'ai jamais vu quelqu'un dire « moi finalement, l'augmentation qu'il y a eu, je ne la prendrai pas»

Dans un contexte comme ça, c'est plus dur de ne pas faire grève à la limite que de faire grève, c'est, en fin de compte c'est vachement facile de, entre guillemets d'être syndiqué que de dire « ben non, je ne suis pas d'accord, je n'ai pas envie » vous savez quand, moi je me suis vu venir bosser et voir quatre cents personnes passer devant votre bureau et ouvrir la porte et donc c'est vrai c'est plus facile d'être dans le groupe de 400 personnes.

Les personnes interviewées parleront également de conduite de Grenoble qui consistait à blâmer les non grévistes.

Tout se passait donc comme si l'adhésion était obligatoire. Rester en dehors du syndicat était ainsi considéré comme une conduite anormale et moralement répréhensible, il y avait véritablement à l'arsenal de Brest, une intériorisation de la culture syndicale. Nous disions tout à l'heure que l'adhésion se faisait à la sortie de l'école d'apprentissage, l'éducation syndicale se faisait également par les plus anciens, les matelots, en effet à moins d'avoir au préalable des convictions syndicales et politiques, la plupart du temps le choix du syndicat se faisait sous l'influence de son matelot.

À une époque où de toute manière on n'avait pas le choix, dès qu'on arrivait sur le monde du travail, dans les quarante huit heures, on était syndiqué, et on était syndiqué au même syndicat que son matelot, si déjà vous vouliez que ça se passe bien

Un grand nombre d'ouvriers de l'arsenal, venaient des campagnes environnantes, il faut également souligner le fait que la plupart de ces jeunes adhéraient davantage à la CFTC du fait de leurs croyances religieuses. La Jeunesse ouvrière chrétienne fut créée en 1928.

Lancer la JOC dans le Finistère en faisant l'impasse sur Brest eût été impensable. Brest est en effet avec ses 79000 habitants, la grande ville du département. C'est également le principal centre industriel grâce surtout à son arsenal d'Etat qui construit et répare les navires de guerre, à l'aide des forges et fonderies complétées par des ateliers de chaudronnerie, d'ajustage, de montage (...) il est donc inévitable que la JOC tente sa chance dans cette ville ouvrière qui semble si bien correspondre à ses objectifs conquérants.(Huard Jacques, La jeunesse ouvrière chrétienne dans le Finistère des origines à 1939, Maîtrise d'histoire, 1990, page 8)

La JOC avait pour mission de mobiliser les jeunes apprentis, selon un extrait du bulletin paroissial de Carhaix (Voix de Saint Tremeur, janvier 1937).

« Elle prépara d'abord le jeune apprenti à sa vie d'ouvrier par des causeries sur les métiers, sur la grandeur du travail, sur la conscience professionnelle...Lorsque le jeune travailleur avance dans sa vie d'atelier, elle l'encourage à bien apprendre son métier et à ne pas se laisser entraîner dans des travaux de manoeuvres, souvent nuisibles à la formation professionnelle » Ainsi la JOC participait grandement à la construction d'une identité professionnelle ainsi qu'à un sentiment de fierté et de reconnaissance sociale chez les futurs ouvriers. D'ailleurs son slogan était « sois fier ouvrier »

Vient ensuite la formation d'un esprit revendicatif, syndical.

« L'objectif de la JOC est de former des chefs pour l'action syndicale, afin que la CFTC, vive, progresse, et devienne assez puissante pour créer une organisation du travail qui ne soit plus païenne, mais chrétienne. Alors nos ateliers seront plus humains »

Ainsi la JOC déployait d'importants moyens pour former de futurs syndicalistes, notamment au niveau de la prise de parole, de l'organisation et de la prise de responsabilités. À ce moment là il y avait la CFTC donc en 48-49, y avait la JAC, y avait la JOC, bon tous les jeunes ouvriers, tous les jeunes qui venaient de la campagne, qui étaient jocistes ou qui étaient jacistes, ces jeunes là adhéraient dans les mouvements chrétiens comme on dit, c'était donc la CFTC

Brest comme les autres gamins de Brest, d'abord je suis de l'école publique, je vis au Bouguen pendant un temps, après à Lanrédec, c'est des quartiers de l'arsenal, quand les gars faisaient grève, on savait qui, vous comprenez. A priori, je n'étais pas né pour être à la CGT, la CGT, à l'époque, quand on est sorti des arpètes, c'était assimilé à communiste, pays de l'est, ça balançait pas mal alors que moi, je me suis rendu compte depuis que ce n'était pas ça du tout.

Nous pouvons dire que la paysage syndical à l'arsenal de Brest à l'instar de celui de la France, est très éclaté sûrement du fait de l'origine des deux plus importants syndicats, la CGT et la CFDT, d'autant plus que l'arsenal de Brest compte également des syndicats autonomes, la FADN, le syndicat des chefs d'équipe ainsi que la CGC, syndicat des cadres.

La CGT issue d'une tradition anarcho syndicaliste faisait du syndicat le noyau dur d'une contre société alors que la CFDT, syndicat réformiste avait des ambitions plus modestes et a été largement influencée par la doctrine chrétienne.

La CFDT est issue du catholicisme social alors que la CGT est davantage issue du mouvement ouvrier. Sûrement du fait du couplage de la CGTU et du PCF à un moment de l'histoire syndicale, ainsi que d'un certain alignement sur les positions du PCF et en particulier sur la question de la paupérisation de la classe ouvrière, la CGT a souvent été assimilée au parti communiste, elle était d'ailleurs synonyme de « communisme syndical », un fait qui était amplifié durant la guerre froide

À l'arsenal, les gars comme moi (membres de la CGT), nous, on était soupçonné de faire, c'était la guerre froide, alors on était soupçonné de travailler pour les russes, on était aussi soupçonné de donner un coup de main à tous les mouvements à Diego Suarez, un peu partout, à Alger, à Dakar,...

Si on remonte à quelques dizaines d'années, CGT c'était le parti communiste, moi j'ai été à la CGT et je n'ai jamais approché de près ou de loin, ni été approché de près ou de loin par le parti communiste, c'est pas vrai, il n'y a pas que, bien sûr qu'il y en a. Beaucoup de gens de l'arsenal et des campagnes restent un peu traditionalistes, n'aiment pas beaucoup et puis il y a eu toujours le mythe des rouges, c'est pareil les pays de l'est, le mur de Berlin, y a toujours eu cet aspect ruralité de notre coin ici de la Bretagne, et donc petit à petit, la CFDT s'est imposée un peu ici et elle est toujours d'ailleurs à l'arsenal de Brest, en position.

En effet, la CGT, en raison de son réalignement sur le PCF en 1978 et donc de sa politisation et de sa caution apportée à l'URSS jusqu'à la fin a rendu certains adhérents plus méfiants d'autant plus que la division entre les syndicats se faisait de plus en plus ressentir.


Le plateau c'était le coeur, le plateau, c'était quand même quelque chose de fort au niveau militantisme, les gars c'étaient des virulents

C'était la CGT, c'était notre marbre (...) je pense aussi que le déménagement du plateau les a soulagés un peu de ce point de vue là parce qu'on descendait très vite, dès qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas, on descendait (...) ça avait un impact énorme, énorme quand on descendait à la direction, c'était, « le plateau descend » c'était assez animé.

C'était surtout le marbre là où avaient lieu les rassemblements, les manifestations et d'où partaient les manifestations, les délégués syndicaux montaient dessus (...) C'était très particulier, donc on avait des affichettes mises un peu partout, donc rassemblement à telle heure au marbre. Nous la chaud', les machines, tout ça, c'était au marbre, les délégués montaient sur le marbre et puis haranguaient les gens et puis bon après, ça partait souvent en manifestation, donc on descendait jusqu'à la direction, on descendait la rampe des Capucins tous ensemble jusqu'à la direction pour passer dans les bureaux et puis faire un peu de bruit, un peu déranger les gens. Y a beaucoup de manifestations qui venaient des machines, venaient du plateau parce c'était vraiment là qu'il y avait le plus de virulents sans doute donc ils avaient l'habitude et quand ça partait du plateau « oh combien de temps ç ava durer ? » et ça pouvait barder, c'est vrai.


Donc en 2004, on est parti de l'atelier des machines alors l'argument invoqué c'était le schéma directeur industriel, donc qui demandait de recentrer un peu toutes les activités, du côté de Laninon, on l'a très mal vécu, pour nous, ça devait se faire mais ça devait se faire en son temps, ça fait quand même des siècles que ces services là étaient là donc on a un peu mal vécu cette histoire. on ne fonctionnait plus comme un atelier des machines comme on l'entendait, nous, avant, on faisait tout quoi, on faisait tout, on faisait des arbres d'hélice, on ne peut plus faire des arbres d'hélice... après fatalement alors le plateau c'était machines, chaud', électricité et machines R, donc, ça a été dispatché, y en a qui se sont retrouvés à SEM, service électromécanique dont électricité et machines R, y en a qui se sont retrouvés dans la chaudronnerie, y en a d'autres à l'usinage, donc tout ça, ça été dilué, , ça a perdu, c'est clair, syndicalement, on a perdu en termes d'actions, on a perdu, ça c'est sûr. Le plateau c'est un truc qui a laissé des traces chez les ouvriers, les gens se sont dits quand même un peu trahis on n'est pas dupes, de toute façon quand ils ont déménagé, quand ils ont transféré les activités, y a plein de machines outils qui sont restées derrière, y a plein d'activités qui n'ont pas été transférées donc comme les ouvriers n'étaient pas remplacés...

La fermeture de l'école de formation ayant retardé l'entrée dans le monde du travail a rendu aléatoire la transmission des valeurs essentiellement orale sur lesquelles reposait le syndicalisme.

De même, à l'instar de la crise syndicale en France, les syndicats de l'arsenal de Brest et leur influence n'ont pas été épargnés par la crise économique, en effet les plans de restructuration, les menaces liées à la question du statut du personnel, la privatisation de l'entreprise DCN, les baisses importantes des effectifs, tous ces phénomènes ont engendré un climat négatif peu propice aux actions revendicatives considérées comme plus risquées, de même le paiement des cotisations semble plus difficile, ainsi ce serait plutôt le « chacun pour soi ».

On a beaucoup plus de mal à faire suivre les gens dans la rue, ça c'est beaucoup plus difficile, à l'époque, ceux qui ne faisaient pas grève étaient montrés du doigt. Quand la Jeanne partait, tous les ans, c'était le rituel, y avait manif, on allait devant la Jeanne, on profitait, des caméras puis on faisait passer un message c'était le rituel.

Ça fait quinze ans, des grèves, y en avait dix fois plus que maintenant. Si dans la société, les solidarités n'arrivent plus à s'exprimer, le syndicalisme en France, il est pauvre, y a 7% de syndiqués, et encore parce qu'on compte les retraités, il faut aussi regarder les choses.


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