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Siège de l'école de Saint-Méen et l'expulsion des Soeurs en août 1902

Le "Bulletin des Congrégations", journal évidemment favorable aux protestataires, raconte en ces termes les évènements survenus à Saint-Méen les 17 et 18 août 1902, à la suite de la décision d'expulsion des congrégations religieuses décidée par le gouvernement de l'époque :

« La foule sort des vêpres. M. l'abbé Gayraud gravit les marches du calvaire et la harangue. (...) Il lit la dépêche au Président du Conseil et termine : « Êtes-vous toujours disposés à défendre vos Sœurs ? ». « Oui, jusqu'à la mort » répondent cent voix. « C'est bien, vous me trouverez à votre tête » (...)[1]»

« Le tocsin sonne dans toutes les paroisses. De lourds nuages roulent dans le ciel.La route de Lesneven à Saint-Méen est semée de patrouilles à pied et à cheval, des sonneurs de trompe et de clairon parcourent à cheval les fermes (...). Il n'est pas 11 heures (du soir) lorsque je pénètre dans Saint-Méen. 200 hommes et autant de femmes sont rassemblés devant le Calvaire. Les femmes chantent des cantiques en breton ; les hommes discutent, appuyés sur leur pen-bas (bâton). Sur toutes les routes, tous les sentiers, on entrevoit des groupes humains qui se meuvent. Dans toutes les directions retentissent des appels. Minuit : la phalange héroïque est rassemblée. Il en est venu depuis près de trois lieues. M. l'abbé Gayraud prononce quelques paroles. La foule répond par des acclamations enthousiastes et les cris : « Vivent les Sœurs ! À bas Combes ! À bas le ministère ! » Que vont faire des hommes, ces femmes, pendant les longues heures de la nuit qui restent à passer ? Dormir ? Non. Les femmes se rangent par rangs de six, et se tenant par le bras, vont de l'église à l'école en chantant le Cantique à Sainte-Anne, l' Ave Maria et Nous voulons Dieu. Comme les hommes, elles portent des bâtons ou des branches d'ajonc. Les hommes se forment en peloton et, précédés des clairons qui sonnent comme des enragés, exécutent des charges au pas gymnastique, puis se massent à nouveau autour de l'abbé Gayraud et entament la Marseillaise avec cette variante : Hardis Bretons ! Debout et nous vaincrons ! Et encore Vive la liberté ! (...) »

« Je dois expliquer ici, en quelques mots, le plan de bataille. L'école de Saint-Méen n'est pas close de murs comme celles de Ploudaniel et du Folgoët. Du côté de la route, elle n'est abritée que par une simple grille renforcée de madriers et une épaisse haie d'aubépines. Par derrière, elle n'est séparée des champs que par une haie facile à franchir. (...) »

« Le 18 août, 5 heures du matin : la pluie tombe sans interruption depuis deux heures, hommes et femmes continuent sans interruption leurs exercices et leurs cantiques, indifférents à cette douche glacée. (...) Le tocsin sonne. Les troupes appellent à la bataille ceux qui se sont écartés. Au dernier moment, on ferme l'entrée de la route par une barricade formée de quatre voitures. Autour de l'école, c'est une muraille vivante. Voici les soldats. À l'entrée du village, une clameur immense, prolongée, violente, saccadée, retentit : Vivent les Sœurs ! Vive la liberté ! À bas Combes !. Puis un millier de voix entonnent le Parce Domine. C'est poignant. »

Il était 11 heures du matin lorsque les gendarmes et le bataillon colonial se sont présentés devant la petite barricade. L'expédition était dirigée par le sous-préfet en personne, M. Moerdes, commissaire à Brest et deux commissaires-adjoints. M. Moerdès et le sous-préfet sont livides ; ils essaient d'haranguer la foule. Les paysans répondent par des cris : Vivent les Sœurs ! Vive la liberté ! Allez-vous-en ! Nous les défendrons jusqu'à la mort !

Notes et références

  1. "Bulletin des Congrégations", 24 août 1902, consultable http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k57577650/f6.image.r=Ploudaniel.langFR
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