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Pardon de la Fontaine-Blanche à Plougastel en 1925

Vous passez vos vacances dans la Bretagne des plages mondaines et des "palaces"... Et puis, soudain, tout d'un coup, l'inspiration vous vient d'assister à tel "Pardon" du Finistère, chez ces Bretons qui ne se rendent pas et forment l'incoercible carré... Peu à peu se dégageant à travers l'invraisemblable incommodité des trains (lignes qui ne marchent pas de nuit, correspondances établies juste à point pour être manquées), vous percevez la différence des âmes et des caractères. Que dire quand, Landerneau gagné le soir et quitté la nuit tombée, vous parvenez, à huit kilomètres de Brest, dans Kerhuon endormi, Kerhuo, encore si lointaine de Plougastel, de son calvaire et de ses pardons et, n'ouvrant leur accès qu'à la foi persévérante, Kzrhuon seule gare d'où l'on puisse en effet joindre Plougastel (si l'on excepte, sur la ligne de Quimper, Daoulas). Mais il faudrait dire la légende de Daoulas, la petite ville florissante jadis, mais décidément condamnée à céder devant Brest naissante, du jour où elle avait chassé de ses murs et poussé vers la cité rivale une femme qui venait de donner naissance à sept jumeaux ! L'unique hôtel de Kerhuon comporte dix chambres, toutes assiégées : il couche dans la salle à manger, sur deux chaises de ce bois recourbé et peu moëlleux, le journaliste étourdi qui n'a pas signifié à temps sa venue.

Contre-temps minime ! On ne se lève que plus tôt, le lendemain, pour courir au Passage (les gens du pays disent :«Â À la mer »), car, de Brest ou de Kerhuon, jusqu'à la réalisation du viaduc promis, qui y amènera toute la canaille des grandes villes, Plougastel ne se joint pas plus par voie de terre que par voie de fer : il faut franchir l'Élorn magnifiquement large, et qui souvent souffle en tempête, dans un bac aux proportions et à la physionomie ridicules, parmi des multitudes de matelots et d'officiers mariniers...

Puis ce sont deux kilomètres de «Â grimpette » à pic entre des rochers qu'on sent près à se refermer pour vous couper la route. À gauche, apparition apocalyptique, deux groupes de roches formidables ; l'œil et l'imagination ne veulent y voir que les ruines d'un château fort de taille antédiluvienne et titanique. Et l'on est pris au cœur par cette nature tour à tour farouche, amène et fantastique, dans un site inoubliable qui, à la fois connaît d'effarantes tempêtes et produit en foule le plus délicat et le plus tendre des fruits, la petite fraise veloutée de Plougastel.

Plougastel, l'église, le calvaire où s'inscrivent toutes les scènes de la vie et de la passion du Christ, par le truchement de personnages si vrais et ds'une action si grouillante... Au bord, une buvette, où l'on vous refuse du cidre, ô hérésie !, mais où une petite fille arbore le plus délicieux costume qui puisse se voir : jupe noire, tablier violet, corsage vert, bonnet blanc brodé et rehaussé d'un ruban rouge. M'en croirez-vous ? Rien ne détone ni ne heurte dans cette toilette aux tons vifs, vera incessu patuit dea, c'est la démarche et le port d'une reine !

Tout ce monde se met en route pour la chapelle de la Fontaine-Blanche.

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