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− | C'est une école qui à l'époque était extraordinairement valorisante du point de vue | + | ''C'est une école qui à l'époque était extraordinairement valorisante du point de vue professionnel pour les gamins qui entraient là, parce que les meilleurs comme les moins bons, étaient recherchés sur le marché du travail à l'extérieur, parce qu'ils avaient une formation extrêmement pointue, rigoureuse et une maîtrise très jeune, une maîtrise très, très jeune, on était capables de travailler seuls jeunes, à la sortie ce qui n'était pas obligatoirement le cas dans les formations de type collège technique, etc'''''[[Système d'apprentissage de l'Arsenal|...Lire la suite]]''''' |
− | professionnel pour les gamins qui entraient là, parce que les meilleurs comme les moins bons, | + | |
− | étaient recherchés sur le marché du travail à l'extérieur, parce qu'ils avaient une formation | + | [[Fichier:Apprentis de l arsenal.jpg|350px|center]] |
− | extrêmement pointue, rigoureuse et une maîtrise très jeune, une maîtrise très, très jeune, on | |
− | était capables de travailler seuls jeunes, à la sortie ce qui n'était pas obligatoirement le cas | |
− | dans les formations de type collège technique, etc.... | |
− | © Coat Paul, Mémoire en images. L'arsenal de Brest, Ed. Alan Sutton, 1996, page 75
| |
− | Les apprentis chaudronniers en 1907
| |
− | Plateau des capucins, collecte de mémoires, phase d'expérimentation,
| |
− | Analyse et interprétation des témoignages oraux. CRBC.
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− | 23
| |
− | Introduction
| |
− | Les savoir faire à l'arsenal résultaient de la mobilisation d'un ensemble de savoirs
| |
− | (connaissances spécifiques à la construction navale et à des spécialités) acquis et développés
| |
− | pendant l'apprentissage et continuellement enrichis par la pratique dans les ateliers. Les
| |
− | savoir faire peuvent se définir comme les capacités des individus à effectuer une tâche, ils se
| |
− | manifestent principalement dans les gestes.
| |
− | Cette analyse va essentiellement s'appuyer sur les archives collectées et les entretiens.
| |
− | Aujourd'hui, depuis sa privatisation, à DCNS, il n'y a plus d'école de formation technique, en
| |
− | effet l'EFT a été fermée en 2002, les personnes sont formées ailleurs, dans des lycées
| |
− | professionnels. On ne rentre plus à DCNS comme ouvrier d'Etat, les personnes sont recrutées
| |
− | comme ouvriers en droit privé, notre étude s'est donc intéressée au système de formation qui
| |
− | existait avant les restructurations de l'entreprise.
| |
− | Un petit historique de l'apprentissage va être proposé, et nous allons essayer d'expliquer en
| |
− | quoi l'apprentissage à la DCN a permis une transmission de savoir faire spécifiques mais
| |
− | également reconnus dans le domaine de la construction et la réparation navales.
| |
− | L'apprentissage dans des entreprises telles que DCN, était un apprentissage sur le long terme,
| |
− | il y avait bien sûr l'école de formation technique, mais une fois entrés dans les ateliers et donc
| |
− | dans la vie professionnelle, les nouveaux ouvriers étaient également matelotés, c'est-à-dire
| |
− | qu'ils étaient encadrés par un ouvrier plus ancien.
| |
− | Cette analyse s'appuie essentiellement sur l'école de formation technique de la DCN, filière
| |
− | courte qui a permis de former des ouvriers professionnels d'Etat. Les autres écoles de
| |
− | formation seront invoquées dans le cadre de la promotion sociale.
| |
− | L'étude va également porter sur la deuxième forme de socialisation professionnelle qu'était le
| |
− | matelotage.
| |
− | Nous allons donc vous donner, dans un premier temps un historique de cette forme
| |
− | d'apprentissage.
| |
− | Plateau des capucins, collecte de mémoires, phase d'expérimentation,
| |
− | Analyse et interprétation des témoignages oraux. CRBC.
| |
− | 24
| |
− | Historique
| |
− | Je suis entré à l'arsenal à 15 ans et 3 mois comme apprenti. On était 180 à rentrer comme
| |
− | apprentis. Nous rentrions le 1er septembre dans des ateliers. Les apprentis étaient dans
| |
− | l'atelier mère. On était dans des locaux complètements différents des ouvriers. On avait
| |
− | comme moniteurs des ouvriers considérés comme n'étant pas des ivrognes au moins et étant
| |
− | des gens près des jeunes. On restait dans ces ateliers là jusqu'à nos 18 ans. Une à deux
| |
− | semaines avant on faisait un essai d'ouvrier. Avec des questions orales sur le métier et après
| |
− | on était mis dans des ateliers avec les ouvriers à 18 ans. Avant guerre il faut bien se dire que
| |
− | les jeunes n'avaient que deux objectifs la marine ou l'arsenal.3
| |
− | La seule industrie, la seule usine vers laquelle tous les regards se tournent, toutes les mains
| |
− | se tendent, toutes les sollicitations s'empressent : c'est l'arsenal4
| |
− | L'apprentissage dans les arsenaux de la marine remonte à loin, il était réglé depuis le XVIème
| |
− | siècle dans le domaine de la construction navale pour les métiers de calfat et de charpentier,
| |
− | en 1689, le roi Louis XIV ordonna d'instituer l'apprentissage consistant à l'époque à un
| |
− | encadrement d'un jeune alors appelé « garçon » par une dizaine d'ouvriers charpentiers ou
| |
− | calfats. La formation se faisait sur le tas et l'expérience était acquise par le biais d'une longue
| |
− | présence sur les chantiers. Les apprentis étaient pour la plupart des orphelins et des enfants
| |
− | d'ouvriers, c'était donc une transmission « familiale » de savoirs et savoir faire.
| |
− | « Sa majesté voulant augmenter le nombre des ouvriers, il fera observer que sur celui de dix
| |
− | maîtres charpentiers, il y ait un jeune apprenti et un autre sur dix maîtres calfats, auxquels
| |
− | apprentis il sera donné 5 sols par jour pour leur subsistance et cette paye sera augmentée à
| |
− | proportion qu'ils se rendront capables dans leur métier »5
| |
− | « L'intention du roi étant qu'il se forme toujours de nouveaux ouvriers, au terme de
| |
− | l'ordonnance, il doit être employé un apprenti pour dix ouvriers de toute espèce. On admet
| |
− | sur les travaux, en cette qualité, principalement des fils d'ouvriers, il faut pour être reçu
| |
− | 3 Entretien réalisé avec Monsieur Coat en 2006
| |
− | 4 Ecrits de Michel Floch, non daté (archive privée)
| |
− | 5 Ordonnance rédigée par l'administration de la marine en 1689
| |
− | Plateau des capucins, collecte de mémoires, phase d'expérimentation,
| |
− | Analyse et interprétation des témoignages oraux. CRBC.
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− | 25
| |
− | apprentis être en âge d'apprendre et susceptible de se perfectionner : on donne d'abord aux
| |
− | apprentis 10 à 12 sous et on augmente ensuite leur paie suivant leur mérite »6
| |
− | Ce système permettait de recruter des hommes au service de la marine d'Etat, ils étaient alors
| |
− | appelés gens de mer, plusieurs métiers existaient dans le domaine de la construction et de
| |
− | l'entretien des navires, voiliers, calfats, charpentiers, cordiers, poulieurs, perceurs, scieurs de
| |
− | long, avant dix huit ans ces hommes étaient considérés comme des apprentis, par la suite ils
| |
− | devenaient ouvriers non navigants du moins s'ils continuaient à exercer leur spécialité.
| |
− | Le décret du 25 janvier 1793 réaffirmera la préférence accordée aux fils de maîtres et
| |
− | d'ouvriers ainsi que de canonniers, marins et soldats de la marine.
| |
− | Titre 1, Article 17 « Les places des garçons et d'apprentis seront données de préférence aux
| |
− | enfants des maîtres, ouvriers, canonniers marins, soldats de marine pourvu qu'ils ne soient
| |
− | pas âgés de moins de huit ans pour les premières places, de moins de dix et de plus de dix
| |
− | huit pour les secondes »
| |
− | Ceci peut expliquer alors la présence de « dynasties ouvrières » à l'arsenal de Brest,
| |
− | néanmoins ce phénomène de reproduction sociale tend à disparaître sûrement en raison des
| |
− | restructurations de DCNS. 8
| |
− | D'ailleurs la chanson de la marche des apprentis de l'arsenal de Cherbourg pendant leur
| |
− | séjour à Gouville illustre bien ce phénomène de reproduction sociale :
| |
− | Toi qui descends de cette race
| |
− | D'artisans et de travailleurs
| |
− | De nos ancêtres suis la trace
| |
− | (...)
| |
− | 6VALIN (René-Josué) Nouveau commentaire sur l'Ordonnance de la marine du mois d'août 1681, Imprimeur du
| |
− | Roi, au Canton des Flamands. 1766, 2 vol. in-4°
| |
− | 7 TRAVERS Serge, Le statut du personnel ouvrier et le problème de la main d'oeuvre dans les arsenaux d e la
| |
− | Marine Française, Thèse pour le doctorat, Université de Paris, Faculté de droits Paris, Les Presses modernes,
| |
− | 1935, Page 100
| |
− | 8 D'ailleurs l 'Express a fait un article très intéressant sur une famille brestoise intitulé comme suit « Les
| |
− | Vigouroux, une dynastie ouvrière » publié le 25 septembre 2003. Deux entrevues ont été faites avec deux
| |
− | membres de cette famille
| |
− | Plateau des capucins, collecte de mémoires, phase d'expérimentation,
| |
− | Analyse et interprétation des témoignages oraux. CRBC.
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− | 26
| |
− | De plus par ce décret de 1793, l'âge minimal était fixé à huit ans pour les places de
| |
− | « garçons » et à dix pour les apprentis. Le nombre d'ouvriers encadrant les jeunes recrues
| |
− | passera également à cinq au lieu de dix. Les salaires se situaient entre six et onze sous par jour
| |
− | dans les premières années et de douze à dix neuf sous avant leur passage comme ouvrier.
| |
− | Dans chaque port, deux instituteurs étaient également détachés pour l'enseignement de
| |
− | différentes matières de base ce qui allait d'ailleurs nuire aux cours gratuits donnés à l'époque
| |
− | et depuis 1746 par les frères de Recouvrance d'autant plus que l'intendant ne leur apporta
| |
− | aucune aide financière pour ces cours, il craignait que« cette science de l'écriture enseignée
| |
− | dans cet établissement (celui des frères de Recouvrance) ne détourne les élèves de la marine et
| |
− | du métier de leur père ».
| |
− | Ce décret ordonna également que le nombre d'apprentis ne dépasse pas le quart des ouvriers,
| |
− | en 1795 c'était le cinquième, en 1797, le septième, en 1803, le huitième pour qu'ensuite le
| |
− | quota soit fixé en 1805 au dixième.
| |
− | En 1817, à Brest, l'école d'enseignement mutuel pour les apprentis est créée de manière
| |
− | provisoire et définitivement en mars 1818. Les cours étaient alors donnés dans une salle au
| |
− | dessus de l'atelier de sculpture, non loin des actuels bureaux de la Direction. 328 élèves
| |
− | étaient alors présents, la direction des cours était placée sous la responsabilité du sous
| |
− | directeur des constructions navales, l'instruction morale et religieuse était donnée par un
| |
− | aumônier de la marine.
| |
− | Atelier des sculptures, Plan relief de Brest (1806-1810), coll.
| |
− | Musée des Plans relief
| |
− | Plateau des capucins, collecte de mémoires, phase d'expérimentation,
| |
− | Analyse et interprétation des témoignages oraux. CRBC.
| |
− | 27
| |
− | Par une circulaire du 17 août 1819, le ministre de la marine prescrira ainsi
| |
− | « de former dans chacun des ports de Brest, Rochefort et Toulon, une école spéciale, dans
| |
− | laquelle un certain nombre de jeunes ouvriers destinés à la maistrance et choisis parmi les
| |
− | plus actifs et les plus intelligents seraient exercés aux méthodes pratiques des arts relatifs à
| |
− | l'architecture navale »
| |
− | Ce système de formation consistait à mettre à contribution les meilleurs éléments, ces derniers
| |
− | allaient alors à l'école de maistrance, créée à Brest en 1820. De même, les plus méritants
| |
− | avaient le droit à une bourse pour entrer à l'école des arts et métiers de Chalon sur Marne.
| |
− | Les changements techniques notamment l'essor des machines à vapeur dans le domaine de la
| |
− | construction navale, ont entraîné des nécessaires adaptations au niveau des programmes de
| |
− | formation de même une réorganisation des écoles, ainsi en 1868, deux niveaux
| |
− | d'enseignement sont instaurés.
| |
− | Ces importants changements entraîneront également la création de nouvelles spécialités et
| |
− | donc des nouveaux métiers.
| |
− | Jusqu'à la décision de création des centres de formation ou d'apprentissage en 1943, les
| |
− | apprentis avaient leur formation dans les ateliers qui ont été transférés à Pont de Buis pendant
| |
− | la Seconde guerre mondiale. C'est à la suite de la guerre que le recrutement des apprentis de
| |
− | l'arsenal de Brest s'élargit à l'ensemble du Finistère En 1947, le centre d'apprentissage se
| |
− | trouvait donc en baraques au niveau de l'actuel terrain de sport, l'école était donc composée
| |
− | de sept baraquements. Cette même année furent construits les ateliers (deux nefs) sur le
| |
− | plateau de Quéliverzan, agrandis par la suite en 1949 (3 nefs rajoutées). En 1958, les baraques
| |
− | furent détruites et le bâtiment
| |
− | école fut construit. En 1964 fut
| |
− | construit le terrain de sport qui
| |
− | auparavant se trouvait au
| |
− | niveau du GESMA, et en 1985
| |
− | fut construit le gymnase.
| |
− | Plan du centre
| |
− | d'apprentissage en 1947
| |
− | réalisé par la direction
| |
− | des travaux maritimes
| |
− | Plateau des capucins, collecte de mémoires, phase d'expérimentation,
| |
− | Analyse et interprétation des témoignages oraux. CRBC.
| |
− | 28
| |
− | Construction des ateliers d'apprentissage, 1947, SHM Brest
| |
− | Ancien terrain de sport des
| |
− | apprentis de l'arsenal de
| |
− | Brest, EFTN Brest
| |
− | Plateau des capucins, collecte de mémoires, phase d'expérimentation,
| |
− | Analyse et interprétation des témoignages oraux. CRBC.
| |
− | 29
| |
− | Les ateliers d'apprentissage étaient composés comme suit :
| |
− | • Une nef coque (soudure, chaudronnerie, tôlerie)
| |
− | • Une nef usinage (ajustage, tournage, fraisage)
| |
− | • Une nef électricité
| |
− | • Une nef mécanique
| |
− | • Une nef hydraulique
| |
− | Plan de l'actuel CFA réalisé par la Direction des travaux maritimes
| |
− | Plateau des capucins, collecte de mémoires, phase d'expérimentation,
| |
− | Analyse et interprétation des témoignages oraux. CRBC.
| |
− | 30
| |
− | Le système d'apprentissage
| |
− | Les articles suivants sont tirés du Guide du personnel ouvrier des arsenaux et des
| |
− | établissements de la marine, publié en 1904 (Hennebont Imp. Ch. Normand)
| |
− | Conditions d'admission- Etre âgé de 14 à 17 ans, avoir été reconnu sain et de bonne
| |
− | constitution, avoir la taille exigée par les règlements, satisfaire à un examen destiné à écarter
| |
− | les enfants illettrés Toutefois, les orphelins et fils de veuves d'ouvriers tués en service
| |
− | commandé ou morts des suites de maladies contractées en service sont admis sans condition
| |
− | de taille, à partir de l'âge de 13 ans, s'ils savent lire et écrire. Ils sont admis hors concours.
| |
− | Date des admissions- Les admissions ont lieu chaque année le 1er septembre
| |
− | Forme de l'examen- Une dictée de dix lignes sans difficultés grammaticales spéciales
| |
− | avec la ponctuation dictée. Une lecture à haute voix de trois minutes. Un exercice écrit de
| |
− | calcul sur les quatre règles. Une interrogation orale d'arithmétique.
| |
− | « Des titres de préférence sont attribués aux candidats d'après leur origine et sont ainsi
| |
− | réglés :
| |
− | 18 points aux orphelins et fils de veuves dont les pères sont morts en service ou en jouissance
| |
− | d'une pension de retraite de la marine
| |
− | 12 points aux fils de surveillants, dessinateurs, chefs ouvriers et ouvriers des services de la
| |
− | marine ainsi qu'aux fils des officiers mariniers et marins en activité de service
| |
− | 6 points aux fils d'employés civils et militaires du département de la marine »
| |
− | Selon un ouvrage de Michel Floch 9 , à la suite du décret du 21 juin 1900, un point
| |
− | supplémentaire était accordé par frère ou soeur. Ce système changea et un point était accordé
| |
− | par frère ou soeur si on en avait deux, deux si on en avait trois, trois quand on en avait
| |
− | quatre...De plus, quatre points de majoration étaient accordés par tête de frère ou soeur
| |
− | invalide, points qui se cumulaient avec les autres.
| |
− | 9 Ouvrage non daté, qui serait aujourd'hui introuvable, archive privée
| |
− | Plateau des capucins, collecte de mémoires, phase d'expérimentation,
| |
− | Analyse et interprétation des témoignages oraux. CRBC.
| |
− | 31
| |
− | 10 Ce tableau a été fait à l'aide de l'ouvrage de Serge Travers et d'un rapport datant de 1984
| |
− | TRAVERS Serge, Le statut du personnel ouvrier et le problème de la main d'oeuvre dans les arsenaux d e la
| |
− | Marine Française, Thèse pour le doctorat, Université de Paris, Faculté de droits Paris, Les Presses modernes,
| |
− | 1935
| |
− | Ministère de la défense. Contrôle général des armées. Département de contrôle des services industriels et des
| |
− | industries de l'armement, Rapport rédigé par Monsieur le contrôleur général des armées. Objet : Ecoles et
| |
− | filières de formation de la délégation générale pour l'armement, Paris, le 28 septembre 1984
| |
− | 11 D'après un entretien réalisé avec un ancien apprenti (entré en 1953)
| |
− | 12 « Plus une gratification variable selon les résultats scolaires et l'effort au travail »
| |
− | 10 1797 Arrêté
| |
− | de
| |
− | 1803
| |
− | Décret
| |
− | 1867
| |
− | Décrets
| |
− | 1873 et
| |
− | 1883
| |
− | Décret
| |
− | 1900 1956 1971 1977 1984
| |
− | Apprentis 6 à 12
| |
− | sous
| |
− | par
| |
− | jour
| |
− | 0,30 à
| |
− | 0,80
| |
− | francs
| |
− | par jour
| |
− | 0,40 à 0,80
| |
− | francs par
| |
− | jour avec
| |
− | une
| |
− | possibilité
| |
− | de
| |
− | supplément
| |
− | de 0,30
| |
− | francs
| |
− | 0,60 à
| |
− | 1,50
| |
− | francs
| |
− | Salaire
| |
− | fixe
| |
− | 0,60 à
| |
− | 1,00 par
| |
− | jour
| |
− | Salaire
| |
− | maximum
| |
− | 0,90 à
| |
− | 1,50
| |
− | francs par
| |
− | jour
| |
− | 350
| |
− | Francs
| |
− | par
| |
− | mois11
| |
− | Entre
| |
− | 200 et
| |
− | 450
| |
− | francs
| |
− | Entre
| |
− | 580
| |
− | et
| |
− | 950
| |
− | francs
| |
− | par
| |
− | mois
| |
− | Elèves de
| |
− | moins de 16
| |
− | ans :
| |
− | gratification
| |
− | forfaitaire
| |
− | de 208
| |
− | francs
| |
− | Elèves de
| |
− | plus de 16
| |
− | ans :
| |
− | allocation
| |
− | forfaitaire
| |
− | mensuelle
| |
− | de 623
| |
− | francs12
| |
− | Ouvriers 18 à
| |
− | 28
| |
− | sous
| |
− | par
| |
− | jour
| |
− | 1,00 à
| |
− | 1,60
| |
− | francs
| |
− | par jour
| |
− | suivant
| |
− | la
| |
− | classe
| |
− | 2,00 à
| |
− | 4,70
| |
− | francs
| |
− | Plateau des capucins, collecte de mémoires, phase d'expérimentation,
| |
− | Analyse et interprétation des témoignages oraux. CRBC.
| |
− | 32
| |
− | A partir de 1978, les élèves de 16 ans étaient placés en « contrat de formation », les études
| |
− | étaient toujours gratuites. Ils percevaient alors une rémunération mensuelle dont le taux
| |
− | dépendait de l'année de scolarité ainsi qu'une gratification trimestrielle en fonction des
| |
− | résultats.
| |
− | Un exemple de gratification
| |
− | en fonction des résultats
| |
− | (archive privée)
| |
− | Plateau des capucins, collecte de mémoires, phase d'expérimentation,
| |
− | Analyse et interprétation des témoignages oraux. CRBC.
| |
− | 33
| |
− | Le contrat d'apprentissage découlait de l'admission des enfants et de l'accord des parents ou
| |
− | tuteurs. De même les parents pouvaient choisir les ateliers dans lesquels seraient affectés leurs
| |
− | enfants.
| |
− | Ce qui est étonnant c'est que, bon à l'époque, son père était cadre à DCN et c'est son
| |
− | père qui l'a mis exprès là parce que c'était dur, le grand père était assez dur, il avait mis
| |
− | exprès son fils là alors qu'il aurait pu aller ailleurs, non, il avait fait exprès de mettre son fils
| |
− | à la plaque (...) mon père me racontait que c'était dur parce que c'était vraiment des travaux
| |
− | pénibles.
| |
− | Le recrutement des apprentis ne se faisait pas seulement avec l'objectif d'avoir les meilleurs
| |
− | éléments dans la construction et la réparation navale, il y avait également une volonté dans
| |
− | cette politique plus ou moins « paternaliste » d'une action altruiste vis-à-vis des employés
| |
− | ainsi que d'une certaine reproduction sociale ce qui n'était pas d'ailleurs une démarche in
| |
− | intéressée. En privilégiant l'accès aux fils d'ouvriers, la direction des constructions navales
| |
− | avait à socialiser des jeunes recrues plus ou moins déjà formatées au milieu professionnel.
| |
− | Au niveau de la formation, les cours pratiques se déroulaient dans des ateliers spécialement
| |
− | réservés aux apprentis, l'enseignement général se composait de cours d'arithmétique, de
| |
− | dessin industriel, de français, de géométrie.
| |
− | Au niveau des salaires, ils variaient en fonction de l'âge des apprentis et ils étaient versés
| |
− | directement aux parents ou tuteurs, ils permettaient alors de subvenir aux besoins de leurs
| |
− | enfants.
| |
− | Je remettais la paie aux parents, c'est une fierté un peu [...] enfin d'apporter son écho
| |
− | à la famille. Je ne sais pas mais je n'étais pas le seul, on avait tous ce sentiment quoi.
| |
− | Quand on arrive en tant qu'ouvrier puisque donc on a le diplôme et on est
| |
− | réembauché, parce qu'il faut dire le contrat d'apprentissage, si vous voulez, dit qu'à l'issue
| |
− | de cet apprentissage les deux parties restent libres d'un engagement supplémentaire ou pas.
| |
− | Donc l'apprenti, une fois qu'il a ce diplôme, s'il veut faire autre chose et qu'il ne veut pas se
| |
− | faire embaucher à l'arsenal, il va ailleurs et il ne doit rien à personne. Et en revanche
| |
− | l'employeur qui s'appelait la DCAN à l'époque n'est pas obligé non plus de l'embaucher.
| |
− | Bon en réalité, là, je dirais, oui facilement à 90-95% oui même plus, bon les gens restaient
| |
− | dans l'établissement.
| |
− | Plateau des capucins, collecte de mémoires, phase d'expérimentation,
| |
− | Analyse et interprétation des témoignages oraux. CRBC.
| |
− | 34
| |
− | En effet, à l'issue de leur scolarité les élèves étaient embauchés vers le 15 septembre, mais ce
| |
− | n'était pas une obligation, ils avaient le statut d'ouvrier professionnel et pouvaient postuler
| |
− | dans d'autres entreprises.
| |
− | Chaque année, plus d'une centaine de garçons de 14 à 17 ans étaient reçus, les moniteurs
| |
− | étaient pour la plupart des ouvriers « choisis en fonction de leurs qualités morales et
| |
− | professionnelles »
| |
− | Mai 1937, des apprentis à l'atelier des forges1
| |
− | Plateau des capucins, collecte de mémoires, phase d'expérimentation,
| |
− | Analyse et interprétation des témoignages oraux. CRBC.
| |
− | 35
| |
− | Modèle d'engagement à l'arsenal de Brest
| |
− | Archive syndicale
| |
− | Plateau des capucins, collecte de mémoires, phase d'expérimentation,
| |
− | Analyse et interprétation des témoignages oraux. CRBC.
| |
− | 36
| |
− | L'EFT formait des mécaniciens, des électriciens et des formeurs de métaux en feuilles
| |
− | (charpentiers tôliers, chaudronniers). A la fin de cette formation, les apprentis obtenaient un
| |
− | diplôme d'apprentissage Marine (DAM) qui est devenu ensuite le diplôme de formation
| |
− | technique (DFT) et pouvaient alors passer le CAP.
| |
− | Donc en 1953, il y avait à l'époque trois ans de formation, à l'issue desquels, il y
| |
− | avait un examen de sortie qui s'appelait le DAM c'est-à-dire le diplôme d'apprentissage
| |
− | marine bon (...) en général, il y avait très peu d'échec, disons que ça faisait 1 à 2%. Parce
| |
− | qu'il y avait une formation quand même très, très pointue. Et la même année on passait le
| |
− | CAP c'est-à-dire qu'on passait l'épreuve normale de l'éducation nationale
| |
− | A partir de 1972, la formation professionnelle est passée de trois ans à deux ans.
| |
− | Le concours était ouvert aux élèves de troisième, masculins ou féminins, ou de seconde, ayant
| |
− | au minimum quinze ans et au maximum dix sept ans au 1er septembre de l'année du concours.
| |
− | De même c'est dans les années 70, que la majoration de quinze points aux enfants du
| |
− | personnel de l'arsenal disparut, considérée d'ailleurs comme une « anomalie » en 1984.
| |
− | C'est à la fin de 1982 que la DCN a décidé de « maintenir les EFT mais en réorientant la
| |
− | formation vers les besoins spécifiques des établissements »13, en effet jusqu'à là les élèves
| |
− | suivaient un programme d'enseignement général et technique de l'Education nationale,
| |
− | sanctionné par la délivrance du brevet d'études professionnelles (BEP) ainsi les élèves ont
| |
− | arrêté de passer le BEP« diplôme considéré sans intérêt », ils pouvaient le passer s'ils le
| |
− | voulaient mais ce n'était plus obligatoire, ils passaient donc le Diplôme de formation
| |
− | technique (DFT) propre à la DCN.
| |
− | Les effectifs dans les classes étaient relativement bas, trente pour l'enseignement général et de
| |
− | l'ordre de quinze pour le travail en atelier et l'apprentissage technique. Les semaines étaient
| |
− | de trente neuf heures (25% pour l'enseignement général et 75% pour la formation pratique).
| |
− | Au 16 décembre 1948, la formation hebdomadaire était répartie comme telle :
| |
− | Ateliers : 29H10 min.
| |
− | Ecole : 11H40 min.
| |
− | Sport : 2H20 min.
| |
− | Ce qui faisait une semaine de 43 heures et 10 minutes.
| |
− | 13 Ministère de la défense. Contrôle général des armées. Département de contrôle des services industriels et des
| |
− | industries de l'armement, Rapport rédigé par Monsieur le contrôleur général des armées. Objet : Ecoles et
| |
− | filières de formation de la délégation générale pour l'armement, Paris, le 28 septembre 1984, page 20
| |
− | Plateau des capucins, collecte de mémoires, phase d'expérimentation,
| |
− | Analyse et interprétation des témoignages oraux. CRBC.
| |
− | 37
| |
− | De plus certains apprentis pouvaient adhérer à l'Union sportive des apprentis de la marine de
| |
− | Brest (USAM), association qui permettait de participer aux championnats de l'office du sport
| |
− | scolaire et universitaire, ainsi des équipes de football, de basket et de cross country étaient
| |
− | formées. Les apprentis avaient leur jeudi après midi de libre pour participer à ces
| |
− | compétitions.
| |
− | Au niveau de leurs vacances, en 1948, les apprentis avaient le droit à 5 jours pour les fêtes de
| |
− | noël, et de Pâques. Entre le 31 juillet et le 20 septembre, les moins de 18 ans avaient le droit à
| |
− | 14 jours ouvrables (samedi étant considéré comme jour ouvrable), les plus de 18 ans, 12 jours
| |
− | ouvrables. Les centres de plein air fonctionnaient du 2 au 31 août.
| |
− | Au niveau des horaires du service de formation professionnelle, ils étaient en 1978 de
| |
− | 8H06-12H18 (4 cours de 60 minutes)
| |
− | 13H27-17H27 (4 cours de 57 minutes)
| |
− | En 1982 :
| |
− | 8H03-12H03
| |
− | 13H06-16H54
| |
− | Dans la mesure où les apprentis étaient formés à exercer par la suite un métier dans une
| |
− | enceinte militaire régie par un règlement spécifique, ils étaient alors « marinisés »
| |
− | A mon avis il est quand même indispensable de mariniser des gens venant
| |
− | d'ailleurs qui ont des connaissances théoriques mais les former quelques temps à l'ambiance
| |
− | maison et on ne travaille pas sur un bateau comme on travaille sur un chantier
| |
− | D'ailleurs dans les années 50, à l'issue de leur formation les apprentis obtenaient un diplôme
| |
− | d'apprentissage Marine (DAM).
| |
− | À la DCN, on leur donne un complément de, ce qu'on appelle la marinisation
| |
− | c'est-à-dire, on les spécialise dans leur métier.
| |
− | Cette « marinisation » permettait alors aux apprentis d'intégrer les normes et les valeurs de la
| |
− | marine dans le but de mettre en place une véritable coopération entre les marins, les militaires
| |
− | et les ouvriers de l'arsenal. Elle se faisait surtout par le biais du service militaire.
| |
− | Si vous ne travaillez pas ensemble sur l'oeuvre commune, ça plante et les
| |
− | meilleurs bateaux sont ceux où chacun fait son boulot mais ensemble
| |
− | Plateau des capucins, collecte de mémoires, phase d'expérimentation,
| |
− | Analyse et interprétation des témoignages oraux. CRBC.
| |
− | 38
| |
− | En 1971, le concours d'entrée se composait comme tel :
| |
− | A l'écrit :
| |
− | • Dictée et questions coefficient 4
| |
− | • Composition française coefficient 4
| |
− | • Arithmétique et algèbre coefficient 6
| |
− | • Géométrie coefficient 4
| |
− | • Dessin (test de dextérité manuelle) coefficient 2
| |
− | Le niveau des épreuves était celui du BEPC. Il n'y avait pas d'épreuves orales. Une
| |
− | majoration de 15 points était accordée aux enfants du personnel des services de l'armement.
| |
− | En 1977, le concours comportait :
| |
− | • Une dictée avec questions coefficient 4
| |
− | • Une composition française coefficient 4
| |
− | • Algèbre coefficient 4
| |
− | • Géométrie coefficient 4
| |
− | • Epreuves psychotechniques (deux épreuves avec chacune un coefficient 2)
| |
− | En 1978, le concours portait sur les connaissances enseignées en classe de troisième, et
| |
− | comportait des épreuves écrites de français et de mathématiques.
| |
− | Plateau des capucins, collecte de mémoires, phase d'expérimentation,
| |
− | Analyse et interprétation des témoignages oraux. CRBC.
| |
− | 39
| |
− | Quelques chiffres sur les statistiques d'admission
| |
− | 1974 : 86 admis pour 518 candidats 1979 : 86 admis pour 1074 candidats
| |
− | 1975 : 80 admis pour 700 candidats 1980 : 98 admis pour 848 candidats
| |
− | 1976 : 80 admis pour 674 candidats 1981 : 86 admis pour 943 candidats
| |
− | 1977 : 80 admis pour 627 candidats 1982 : 100 admis pour 852 candidats
| |
− | 1978 : 79 admis pour 776 candidats 1983 : 85 admis pour 952 candidats
| |
− | 1984 : 85 admis pour 1047 candidats
| |
− | 1985 : 75 admis pour 1292 candidats
| |
− | Répartition des élèves admis à l'EFT
| |
− | 17
| |
− | 15 11
| |
− | 8
| |
− | 14 17 10 12 7
| |
− | 20
| |
− | 25
| |
− | 23
| |
− | 20
| |
− | 25
| |
− | 18 18
| |
− | 14
| |
− | 10
| |
− | 25
| |
− | 34
| |
− | 35
| |
− | 32
| |
− | 30
| |
− | 27
| |
− | 16
| |
− | 12
| |
− | 11
| |
− | 18
| |
− | 13
| |
− | 20
| |
− | 20
| |
− | 20
| |
− | 20
| |
− | 30
| |
− | 30 13
| |
− | 4
| |
− | 6
| |
− | 4
| |
− | 5
| |
− | 3
| |
− | 4
| |
− | 3
| |
− | 3
| |
− | 3 3
| |
− | 3
| |
− | 3
| |
− | 3
| |
− | 6
| |
− | 0 20 40 60 80 100 120
| |
− | 1977
| |
− | 1979
| |
− | 1980
| |
− | 1981
| |
− | 1982
| |
− | 1983
| |
− | 1984
| |
− | 1985
| |
− | 1986
| |
− | Années
| |
− | Effectifs
| |
− | Chaudronniers Electriciens Ajusteurs Charpentiers tôliers
| |
− | Fraiseurs Charpentiers bois Menuisiers Tourneurs
| |
− | Plateau des capucins, collecte de mémoires, phase d'expérimentation,
| |
− | Analyse et interprétation des témoignages oraux. CRBC.
| |
− | 40
| |
− | Article de
| |
− | Presse, août
| |
− | 1964,
| |
− | Collection
| |
− | privée
| |
− | Monsieur
| |
− | Floch
| |
− | Plateau des capucins, collecte de mémoires, phase d'expérimentation,
| |
− | Analyse et interprétation des témoignages oraux. CRBC.
| |
− | 41
| |
− | L'apprentissage à Pont De Buis
| |
− | En raison des bombardements de la seconde guerre Mondiale, un centre d'apprentissage sera
| |
− | créé dans des baraques de la poudrerie de Pont de Buis, trois promotions y seront alors
| |
− | formées.
| |
− | « En septembre 1943, la promotion se monte à 180 nouveaux qui entament la formule internat
| |
− | dans des conditions matérielles quelque peu précaires. Arrachés à leur famille les arpètes de
| |
− | cette première promotion s'entassent dans des baraques chaudes l'été et froides l'hiver. Ils
| |
− | couchent sur des châlits ou dans des hamacs. Le petit déjeuner se compose d'une eau chaude
| |
− | légèrement colorée et d'un morceau de pain de mauvaise qualité »14. C'était la promotion
| |
− | Kermarec (ingénieur de direction des travaux, chef de l'atelier électricité tué par un éclat
| |
− | d'obus en 1942).
| |
− | 14 Collection privée : COAT Paul, Les apprentis de l'arsenal de Brest, article de quatre pages, non daté
| |
− | ©Coat Paul, Mémoire en images. L'arsenal de Brest, Ed. Alan Sutton, 1996, page 77
| |
− | Plateau des capucins, collecte de mémoires, phase d'expérimentation,
| |
− | Analyse et interprétation des témoignages oraux. CRBC.
| |
− | 42
| |
− | Je suis rentré aux apprentis en 1945, je n'ai pas passé d'examen, ils appelaient ça
| |
− | recrutement direct, parce que mon frère était mort pour la France. Donc j'ai rejoint le centre
| |
− | de Pont de Buis, la vie au centre du Pont de Buis, il y avait le haut et le bas du Pont de Buis, y
| |
− | avait Logodec et y avait Morduc en bas et nous avons été hébergés là dans des bâtiments en
| |
− | dur pour débuter mais on était dans des hamacs et là comme toute personne qui loge dans un
| |
− | hamac, il était très fréquent qu'on vous coupe, ce qu'on appelle les araignées (des
| |
− | cordelettes ) comme l'extinction des feux était toujours aux environs de vingt deux heures, on
| |
− | se retrouvait à passer la nuit par terre.
| |
− | Ce qui m'avait frappé également c'est que quand vous arrivez dans ces centres là, on vous
| |
− | faisait les fameuses piqûres où vous étiez alignés en oignon.
| |
− | C'était un peu la rigueur de l'armée, tout le monde rejoignait ici les lavabos, les lavabos
| |
− | c'étaient bien sur des lavabos abreuvoirs, c'était simplement une rampe avec des robinets, et
| |
− | bon, la rigueur voulait que tout le monde se mette torse nu dans des bâtiments bien sûr non
| |
− | chauffés, pour faire sa toilette et exceptionnellement, une fois par semaine, nous allions aux
| |
− | douches à la poudrerie. Y avait un nombre d'appentis assez important.
| |
− | Source Le Flot Témoignage de l'un
| |
− | des apprentis à Pont De Buis
| |
− | Plateau des capucins, collecte de mémoires, phase d'expérimentation,
| |
− | Analyse et interprétation des témoignages oraux. CRBC.
| |
− | 43
| |
− | Le Morduc c'était le bas du Pont de Buis. Et là donc, il y avait des bâtiments en dur où les
| |
− | cours, mathématiques, français se faisaient, il y avait aussi les réfectoires, vous aviez le droit
| |
− | même, moi j'avais quinze ans quand je suis arrivé, y avait un huitième de litre de vin, les
| |
− | troisièmes années avaient l'habitude le soir, c'était chacun son tour de boire le litre de vin,
| |
− | alors vous imaginez un peu, bien sûr, la remontée du Morduc à Logodec
| |
− | Les ateliers c'est un lieu dit qu'on appelait le Pont Neuf, y avait quand même une petite trotte
| |
− | à faire pour aller à la menuiserie, moi j'étais ajusteur mécanicien, donc j'étais dans l'angle,
| |
− | pas très loin, il y avait la tôlerie, parce que la poudrerie, fut un temps, a formé aussi son
| |
− | personnel. bien sûr, on ne pouvait pas rester tout le temps dans les camps, ce qui fait qu'on
| |
− | nous lâchait dans la nature, un moniteur et puis un groupe « bon allez quartier libre,
| |
− | maintenant, occupez vous »
| |
− | Le dimanche c'était jour de fête et puis, on allait donc à Châteaulin à pieds et puis on
| |
− | retournait en train, c'était toujours en groupe, donc, on nous conduisait en groupe à
| |
− | Châteaulin, et bien sûr ces fameux troisièmes années n'avaient qu'une adresse, c'était le café,
| |
− | ça fait que le retour était assez tumultueux.
| |
− | Nous c'était la promotion Devillemeux ; y avait le baptême de la promotion, je me rappelle
| |
− | très bien, sur le terrain de sport, tout le rituel.
| |
− | A leur retour du centre du Pont de Buis, certains apprentis n'habitant pas Brest étaient alors
| |
− | hébergés au fort du Toulbroc'h.
| |
− | Goulet de Brest. Fort de Toulbroch
| |
− | Service Historique de la défense Département Marine Brest
| |
− | Plateau des capucins, collecte de mémoires, phase d'expérimentation,
| |
− | Analyse et interprétation des témoignages oraux. CRBC.
| |
− | 44
| |
− | Et je suis revenu sur Brest, donc en 46, 47 comme je n'étais pas de Brest, j'ai fait tous les
| |
− | jours, par camions de la marine, le trajet Brest-Toulbroch, donc, nous étions en haut sur le
| |
− | plateau, sur le casernement et il fallait mériter son hamac
| |
− | Le repas du soir à Toulbroch et le petit déjeuner aussi, et à l'heure de midi c'était à la Gueule
| |
− | d'Or, le restaurant de la Madeleine. Ça n'a été ouvert que pour nous, on avait notre cuisinier,
| |
− | on avait notre prisonnier allemand qui était là pour les travaux techniques
| |
− | J'étais là à Toulbroch, avec toutes les bêtises qu'on peut faire quand on est jeunes, la pêche
| |
− | aux crabes
| |
− | Le terrain n'était pas déminé, on trouvait des obus, comme les week end la garde était plus ou
| |
− | moins relâchée, il n'y avait qu'un moniteur, alors ma foi, on se promenait là dans les
| |
− | casemates, un peu partout.
| |
− | On tapait pour dessertir l'obus et puis on s'amusait après à récupérer la poudre
| |
− | et on mettait ça dans le tube d'aspirine pour faire des mini fusées après, il y avait encore des
| |
− | macabés quand je suis arrivé, alors on trouvait de tout, aussi bien, ça aurait pu être miné par
| |
− | les allemands pour que ça explose.
| |
− | On gambadait partout, on descendait de Toulbroch à la plage des surfeurs maintenant, le
| |
− | Minou...
| |
− | On était une trentaine, à peu près, enfin en semaine.
| |
− | La meilleure source de personnel qualifié est le centre d'apprentissage où l'on forme les spécialistes des
| |
− | constructions navales. L'arsenal de Brest possède en ce moment 336 apprentis recrutés par concours. Autrefois, il
| |
− | n'y avait pas d'internat pour les apprentis de l'arsenal appartenant à des familles brestoises ou de la proche
| |
− | banlieue. Le repliement du centre d'apprentissage au Pont de Buis fit que le recrutement intéressa de nombreuses
| |
− | familles réparties dans le Finistère. Depuis la rentrée du centre à Brest, 70 à 80 apprentis bien que séparés des
| |
− | leurs ont tenu à y demeurer. C'est alors que la DCAN a installé à Toulbroch dans un fort désaffecté un internat où
| |
− | ces apprentis vivent dans d'excellentes conditions matérielles.
| |
− | Article du Télégramme 17 Décembre 1946
| |
− | Plateau des capucins, collecte de mémoires, phase d'expérimentation,
| |
− | Analyse et interprétation des témoignages oraux. CRBC.
| |
− | 45
| |
− | Ensuite cette même personne a été hébergée dans les baraques du Polygone Marine.
| |
− | Au polygone de la marine, pratiquement où est le stand de tir. Il y avait donc de nombreuses
| |
− | baraques dont une réservée pour les jeunes apprentis.
| |
− | On était dans des baraques de Polygone marine, mais gardées bien sûr par un moniteur
| |
− | responsable, ici bien sûr on couchait quand même à douze par chambrée alors ce n'était pas
| |
− | évident Au Pont de Buis c'était quand même beaucoup plus rigoureux...Donc, moi j'ai fini
| |
− | mon apprentissage et nous allions à l'école dans les baraques qui étaient construites, vous
| |
− | rentrez à gauche du Carpon, à gauche là, vous montez, sur votre droite vous avez le bâtiment
| |
− | où j'étais comme apprenti en 48 et vous montez un tout p'tit peu, et presque sur le plateau là
| |
− | c'était couvert de baraques, y avait l'école préparatoire, y'avait l'école des apprentis, la
| |
− | cantine des chefs de travaux.
| |
− | © Aux anciens du Bouguen. Les baraques du Polygone.
| |
− | Plateau des capucins, collecte de mémoires, phase d'expérimentation,
| |
− | Analyse et interprétation des témoignages oraux. CRBC.
| |
− | 46
| |
− | Cité ouvrière du Polygone Caserne. Ci-dessus, un foyer d'ouvriers en novembre 1946.
| |
− | Collection DCNS Brest
| |
− | Plateau des capucins, collecte de mémoires, phase d'expérimentation,
| |
− | Analyse et interprétation des témoignages oraux. CRBC.
| |
− | 47
| |
− | Un encadrement et une formation spécifiques à
| |
− | la DCN
| |
− | Les instructeurs c'est des ouvriers qui ont été formés, donc eux, ils savent de quoi ils
| |
− | parlent, j'ai rien contre les enseignants mais je veux dire, y a une différence entre un prof qui
| |
− | parle de sa chair, qui dit voilà comment on fait un tuyau, et puis un mec qui a fait le tuyau,
| |
− | qui a réfléchi et qui a fait la théorie après et qui dit au gars ben voilà comment on fait un
| |
− | tuyau bon donc, la compétence, disons, du noyau dur de la DCN
| |
− | Les personnels ouvriers instructeurs des EFT avaient un régime spécial, ils étaient nommés
| |
− | instructeurs stagiaires du groupe VI après essais professionnels, au bout de six mois de
| |
− | fonction ils pouvaient suivre un stage pédagogique de quatre mois sanctionné par un examen
| |
− | donnant accès à la profession d'instructeur du groupe VII.15
| |
− | Un exemple :
| |
− | Au 26 novembre 1968, la DCAN recherchait des instructeurs chargés de la formation
| |
− | professionnelle des apprentis électriciens (moteurs et radios), le concours se présenta comme
| |
− | suit :
| |
− | ô€‚ƒ Un examen technique comprenant des épreuves manuelles et des épreuves de dessin
| |
− | ô€‚ƒ Un examen technologique comprenant des problèmes d'électrotechnique et des
| |
− | questions sur les appareils et matériaux utilisés dans la profession
| |
− | ô€‚ƒ Un examen d'instruction générale comprenant une épreuve de français, de
| |
− | mathématiques et de pédagogie dont le sujet consistait à répondre à des questions
| |
− | d'ordre général sur les relations entre instructeurs et apprentis
| |
− | Les moniteurs c'étaient des ouvriers qui avaient accès encore par un examen, ils étaient
| |
− | ouvriers, ce n'étaient pas des gens de l'éducation nationale, c'étaient des ouvriers, les
| |
− | meilleurs ouvriers et on leur donnait, l'accès à la catégorie 8 qui était le summum
| |
− | Les formateurs que l'on avait, ils avaient les horaires de l'arsenal, c'est-à-dire que le
| |
− | moniteur d'apprentissage, il commençait à huit heures le matin, il finissait à midi et demi et il
| |
− | recommençait à deux heures moins le quart et il finissait à six heures cinq avec ses apprentis,
| |
− | c'est-à-dire qu'il avait à corriger,il avait à préparer mais c'était un apprentissage permanent,
| |
− | 15 Instructeur d'apprentissage diplômé : Catégorie VII : ouvrier professionnel assurant depuis plus de deux ans la
| |
− | formation d'apprentis dans une des spécialités enseignés dans les écoles d'apprentissage et capable en outre
| |
− | d'établir des programmes de formation pour l'ensemble des apprentis de sa spécialité. Titulaire du certificat de
| |
− | stage pédagogique d'une école normale nationale d'apprentissage de l'enseignement technique ou d'une école de
| |
− | formation reconnue par la direction de l'enseignement technique.
| |
− | Plateau des capucins, collecte de mémoires, phase d'expérimentation,
| |
− | Analyse et interprétation des témoignages oraux. CRBC.
| |
− | 48
| |
− | je ne veux pas dire du mal de ce qui se passe aujourd'hui mais j'ai des collègues qui sont
| |
− | dans l'enseignement technique, ils doivent dix huit heures. Là le moniteur, c'est pas un prof,
| |
− | il doit sa vie de travail aux arpètes, avec douze, quinze, vingt arpètes toujours en même temps
| |
− | avec lui, c'est une solution riche.
| |
− | On passait l'épreuve normale de l'éducation nationale, le CAP. Bon là, c'était du
| |
− | 100%, c'est pour dire la qualité de la formation qu'on avait, ce n'était pas simple, il fallait y
| |
− | aller. Et ils formaient vraiment les gens qui étaient à leur sortie, des gens en capacité, je
| |
− | dirais, d'apprendre, je le dis en deux mots, une fois qu'on est sorti, on fait les choses de A à
| |
− | Z parce que pour faire telle opération, il faut passer par telle étape.
| |
− | En effet, le pourcentage de réussite au BEP était de 95 à 100% et les échecs au DFT étaient
| |
− | très rares.
| |
− | Pour valider leur Diplôme de formation technique, les élèves avaient un essai à réaliser, ils
| |
− | avaient en général 24 heures pour l'effectuer. Lors d'une collecte d'archives à l'école de
| |
− | formation technique de l'arsenal nous avons pu en récupérer quelques uns, voici des
| |
− | exemples :
| |
− | Contrôleur
| |
− | d'équerrage
| |
− | Essai d'ajusteur
| |
− | mécanicien
| |
− | Plateau des capucins, collecte de mémoires, phase d'expérimentation,
| |
− | Analyse et interprétation des témoignages oraux. CRBC.
| |
− | 49
| |
− | On peut expliquer la spécificité de ce système de formation du fait que la DCN a toujours eu
| |
− | pour objectif de répondre au plus près de ses besoins, et il faut dire que pour cela l'entreprise
| |
− | a déployé de grands moyens financiers et matériels, selon un rapport établi en 1984 (dont les
| |
− | références ont été données auparavant), au niveau national le coût global de la formation
| |
− | initiale à la DCN dans les EFT, en 1983 représentait 51,5 millions de francs, avec un coût
| |
− | unitaire de formation par élève de 79000 francs.
| |
− | ©Brest Métropole Océane
| |
− | Essai combiné (tournage, fraisage et
| |
− | montage). Genre d'essai mis en place à
| |
− | partir de 1982.
| |
− | Laminoir.
| |
− | Plateau des capucins, collecte de mémoires, phase d'expérimentation,
| |
− | Analyse et interprétation des témoignages oraux. CRBC.
| |
− | 50
| |
− | À l'époque ce concours c'était quelque chose d'assez prisé quand même et y avait entre mille
| |
− | et mille deux cents candidats. Et il y avait, je ne dirais pas quatre vingt dix élus mais quatre
| |
− | vingt dix retenus. Et ça faisait quand même un sacré écrémage
| |
− | Au niveau de la qualité de la formation donnée dans les EFT, il faut dire qu'à la base une
| |
− | sélection stricte se faisait par le biais du concours. Dans les années 80, les modalités du
| |
− | concours étaient de sélectionner entre 5 et 10 % des meilleurs élèves des lycées et collèges,
| |
− | entre 1977 et 1983, le taux de sélection était passé de 15 à 10 %.
| |
− | Sélection très sévère à l'entrée en école, effectifs peu nombreux des classes, horaires
| |
− | chargés, intensité du travail, encadrement nombreux16 et de qualité, surveillance et contrôle
| |
− | continus des connaissances, caractérisent les EFT, il serait donc anormal que les résultats ne
| |
− | soient pas suffisants17
| |
− | 16 Entre 3,2 et 3,4 élèves par personnel d'encadrement (ratio établi en 1983)
| |
− | 17 Ministère de la défense. Contrôle général des armées. Département de contrôle des services industriels et des
| |
− | industries de l'armement, Rapport rédigé par Monsieur le contrôleur général des armées. Objet : Ecoles et
| |
− | filières de formation de la délégation générale pour l'armement, Paris, le 28 septembre 1984, page34
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− | Plateau des capucins, collecte de mémoires, phase d'expérimentation,
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− | Analyse et interprétation des témoignages oraux. CRBC.
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− | Petit encart sur la méthode Carrare inculquée au centre
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− | d'apprentissage
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− | C'était le nec plus ultra, on appelait ça la méthode Carrare qui était importée de Suisse alors
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− | la méthode carrare ça consistait à apprendre aux gens à avoir des gestes automatiques.
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− | Quand les apprentis rentraient, l'élève rentrait, par rapport à la position idéale pour pouvoir
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− | limer, il y avait des apprentis donc qui étaient trop petits et alors on leur mettait sous les
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− | pieds des caillebotis, et puis lime et lime.Il fallait que votre coude arrive à la hauteur de
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− | l'étau qui était monté sur l'établi.Il y avait la technique, vous savez, du coude collé au corps,
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− | et donc de pouvoir taper régulièrement et puis il y avait la tige, la pauvre tige qui était en
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− | gros comme ça, qui était dans la pièce d'acier qui était serrée à l'étau, donc l'élève n'avait,
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− | dans un premier temps, qu'à frapper là-dessus, et automatiquement, c'était marrant ce truc
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− | d'ailleurs, tout le monde arrivait à taper ensemble, ça faisait, bloum,bloum, bloum, bloum, il
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− | n'y avait qu'une note, qu'on entendait et de loin, et puis je ne sais pas si le moniteur avait un
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− | signal pour dire, on arrête, parce qu'il y avait une pause à un moment donné. Il y avait des
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− | gosses qui sortaient de l'école, qui n'étaient pas très grands, qui n'étaient pas robustes et
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− | puis qui supportaient parce que les premières journées de formation, avec la méthode
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− | Carrare, il n'y avait pas de cours d'école, ce n'était que manuel, avec quelques récréations
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− | d'un quart d'heure, vingt minutes. à force de taper, vous en aviez ras le bol, mais vous étiez
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− | tenu d'avoir votre main, vous teniez la tige de la main, et donc au bout d'un moment, qu'est
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− | ce qui arrivait, blam ! y avait des gars qui avaient leur main en sang.
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− | Et les menuisiers, il y avait une technique rapprochée aussi, avec la lame à l'envers pour
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− | apprendre à tenir la scie à débiter et les grands rabots longs, il y avait un geste à acquérir
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− | aussi alors que le fer n'était pas placé pour faire des copeaux, c'était simplement pour
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− | prendre l'attitude, il y avait des choses qui n'étaient pas bêtes.
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− | A ce moment là, elle a donné de bons résultats, parce qu'on a fait des manuels.
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− | Ajusteur c'était faire de la lime là, à limer pendant des journées entières, je trouvais ça
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− | fastidieux
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− | Alors on a mangé de la lime, « on nous donne de la ferraille pour en faire des bons outils,
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− | apprentis des constructions navales », effectivement, on avait des blocs d'acier et dessus, il
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− | fallait arriver à une pièce,voilà, c'était ajusteur mécanicien, on a laissé un peu de sueur là
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− | dedans.
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− | Un apprenti au travail, 1955 journées portes ouvertes DCAN, collection privée M. Floch
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− | Alors, l'école de formation, c'est une formation dans la recherche de l'exception, du
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− | plus que parfait et, bon, souvent, c'est excessif, c'est même excessif, ce qui a peut être fait la
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− | perte de , parce que vouloir trop faire bien, coûte trop cher (...) quand on fait un sous marin
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− | nucléaire, il vaut mieux que l'on fasse toujours bien et très bien, et plus que bien, la preuve
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− | c'est qu'il n'y a aucun qui n'a coulé, hein, il n'y a pas eu de vie humaine perdue dans les sous
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− | marins nucléaires, c'est peut être à cause de l'excellence. Alors voilà, cette formation c'est,
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− | d'ailleurs on nous apprenait à travailler avec deux mains, de faire un bon outil avec une
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− | vieille ferraille comme c'est dans la chanson.
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− | L'apprentissage se faisait également en vase clos, en effet les apprentis étaient séparés du
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− | reste du personnel de l'arsenal, ils ne participaient en aucune manière au système de
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− | production de l'entreprise, ils n'allaient pas dans les ateliers de production, des ateliers
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− | propres à l'école de formation étaient mis en place, les salles de cours se trouvaient à
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− | proximité, les apprentis avaient également des cours de sport.
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− | J'ai oublié quelque chose, il y a aussi trois moniteurs sportifs qui vous font, donc il y a
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− | les trois piliers qui sont vachement importants, travail manuel, travail intellectuel, et là c'est
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− | des p'tits gars qui tiennent debout.
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− | Même, à l'heure de midi, les apprentis étaient séparés des ouvriers, du moins les apprentis qui
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− | étaient en première année, ils étaient également accompagnés par leurs instructeurs.
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− | On mangeait sous la responsabilité des instructeurs, c'était des tables réservées, les
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− | deuxièmes années mangeaient avec les ouvriers.
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− | Les apprentis mangeaient là aussi, les apprentis bien sûr, leurs enseignants, les
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− | instructeurs mangeaient là également. Ah ouais parce que les instructeurs devaient surveiller
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− | les apprentis aussi. Parce que le centre d'apprentissage, ben, se trouvait en face donc c'était
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− | facile aussi pour les apprentis de venir manger dans le restaurant directement.
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− | Tout était mis en oeuvre par la DCN pour que l'intégration sociale des apprentis se passe pour
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− | le mieux, nous pouvons parler alors de management paternaliste dans la mesure où
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− | l'entreprise offrait aux nouveaux arrivants un grand nombre d'avantages sociaux : concours
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− | gratuit, formation gratuite et rémunérée, assurance de l'emploi jusqu'à l'âge de la retraite,
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− | régime de protection sociale, ...
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− | L'entreprise s'employait également dans la vie sociale des apprentis extra muros comme les
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− | loisirs (activités sportives, centre de plein air, foyer pour les apprentis...), le système de
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− | transports...
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− | Les syndicats participaient grandement à cette politique paternaliste en communiquant tous
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− | les privilèges offerts par la DCN et son « comité d'entreprise », l'Action Sociale des Armées.
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− | Les personnels de nos établissements peuvent bénéficier des diverses activités sous
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− | certaines conditions ; colonies de vacances, maisons familiales de vacances, prêt au
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− | Les centres de plein air des
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− | apprentis de l'arsenal.
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− | Collection privée : M. Floch
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− | logement,possibilité de logement des jeunes salariés de notre établissement, prêt aux jeunes
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− | ménages, subventions diverses (cantines, vacances,...)18
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− | Dès leur entrée, les apprentis apprenaient également à respecter un règlement strict, de
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− | nouvelles normes et valeurs étaient donc à intégrer.
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− | Voici quelques exemples de punitions et sanctions tirés du journal d'entreprise « Le Flot »
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− | ô€‚ƒ 3/11/1920 : 15 jours RSH (Retenue sur salaire horaire) de 0.10fr pour avoir raboté un piège à
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− | rats.
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− | ô€‚ƒ 2/2/1923 : 4 jours RSH pour avoir été surpris assis dans les cabinets.
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− | ô€‚ƒ 27/10/1931 : 4 jours RSH de 0.10 pour avoir tenté de sortir sans motif dans un camion.
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− | ô€‚ƒ 16/04/1940 : 4 jours RSH, pour avoir été surpris inoccupé.
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− | ô€‚ƒ 12/09/1940 : 2 jours RSH pour s'être lavé les pieds à 16h 40.
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− | ô€‚ƒ 6/6/1945 : 15 jours RSH : pour avoir cueilli des fraises pendant le travail.
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− | ô€‚ƒ 02/04/1947 : 15 jours RSH pour avoir jeté des allumettes enflammées sur ses camarades
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− | pendant le passage du train dans le tunnel.
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− | ô€‚ƒ 22/07/1947 : 15 jours RSH et rétrogradation d'un échelon pour s'être baigné pendant le
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− | travail.
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− | ô€‚ƒ 28/02/1949 : 90 jours RSH et rétrogradation d'un échelon pour avoir profité de l'absence de
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− | son camarade pour échanger une paire de sandales à l'état neuf contre une autre usagée.
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− | ô€‚ƒ 01/1950 : 4 jours RSH pour avoir fraudé sur sa température à l'infirmerie.
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− | ô€‚ƒ 08/01/1958 : 15 jours RSH et rétrogradation d'un échelon pour avoir été surpris à dormir dans
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− | un vase clos de chaudière à bord du « Vauquelin »...
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− | Les ouvriers et les apprentis avaient également comme devoir, le respect du secret
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− | professionnel :
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− | « Outre la règle instituée par le droit pénal en matière de secret professionnel et de crimes et
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− | délits contre la sûreté de l'Etat, tout ouvrier est lié par l'obligation de discrétion
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− | professionnelle quant aux affaires, faits, documents et informations... ».
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− | Six formes de sanctions disciplinaires existaient :
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− | ô€‚ƒ L'avertissement
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− | ô€‚ƒ Le blâme
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− | ô€‚ƒ La rétrogradation de un à trois échelons pendant une période de quatre jours à trois
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− | mois
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− | ô€‚ƒ La mise à pied pour une durée qui ne peut excéder sept jours ouvrables
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− | 18 Livret d'accueil. Spécial jeunes. CGT Arsenal de Brest, Non daté
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− | ô€‚ƒ La rétrogradation définitive de un à trois échelons
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− | ô€‚ƒ Le congédiement exclusif de toute indemnité de préavis ou de licenciement
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− | Mais, il fallait quand même être changé et être à l'atelier ou en salle de cours à huit
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− | heures impérativement. Et le soir, à l'époque, on finissait à six heures cinq, on faisait
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− | quarante quatre heures hein, compris les apprentis. Donc on finissait à six heures cinq hé,
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− | mais je crois me souvenir, qu'à six heures on avait le droit de quitter la salle de cours ou
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− | l'atelier, surtout l'atelier parce qu'on était en bleu de chauffei. Bon, et il fallait se changer et
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− | ensuite il fallait donc regagner la gare, ce qui fait, lorsqu'on rentrait aussi à la maison, il
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− | était quand même sept heures et quart, sept heures et demie.
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− | Enfin bon, c'est l'apprentissage de la vie aussi, de la vie professionnelle.
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− | Dès les premiers temps de l'apprentissage, par les contrôles continus et les classements des
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− | élèves, les plus méritants se distinguaient alors.
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− | Donc y a cent personnes, y a donc trois classes de trente trois ou une de trente quatre,
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− | à chaque fois y a une évaluation et cette évaluation, vous allez l'avoir partout, cette
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− | évaluation, elle est permanente, elle est dans le travail d'atelier, une note à chaque fois, un
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− | classement à chaque fois, et celui qui aura le meilleur classement à la sortie choisira. C'est,
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− | c'est assez motivant, c'est assez motivant.
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− | D'ailleurs, les futures spécialités et métiers étaient fonction de ces classements, tous les
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− | ouvriers issus de l'apprentissage et qui avaient réussi le DFT étaient admis en cinquième
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− | catégorie (il y en avait huit), ceux qui n'avaient pas réussi le DFT étaient classés en quatrième
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− | catégorie, néanmoins ils avaient la possibilité de le repasser. Toutefois, il y avait un
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− | classement et suivant ce classement, les jeunes ouvriers étaient soit électriciens, soit
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− | mécaniciens, soit formeurs de métaux. Plusieurs stages étaient réalisés et déterminaient alors
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− | les futures spécialités. De plus l'attribution des spécialités avait pour objectif de répondre aux
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− | besoins de l'entreprise, certaines années par exemple, il fallait davantage de chaudronniers, ou
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− | de fraiseurs...
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− | Ils choisissent où y a un classement, ils se mettent d'accord et donc dans la première
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− | année, il y aura douze ou quatorze charpentiers tôliers, il faudra en trouver, tout le monde
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− | veut être électricien et donc à mon avis y a une opération de peigne où on doit prendre sans
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− | doute les meilleurs
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− | Y avait un pré apprentissage qui durait trois mois, alors on faisait un stage d'ajustage,
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− | un stage de menuiserie et un stage de chaudronnerie, suite à ça, on avait des notes et puis,
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− | après, l'établissement divisait, ben celui là fera chaudronnier, celui là fera un menuisier,
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− | alors moi, ma demande c'était de faire ajusteur quoi, je n'ai pas eu, j'avais donc dû bien
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− | travailler à la chaudronnerie aussi, alors on m'a mis chaudronnier
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− | Bon le premier, en général ou le deuxième, ils étaient électriciens parce qu'ils
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− | considéraient que c'étaient les cerveaux
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− | Alors à l'école, la première année, tout le monde poussait la lime, le premier trimestre, dans
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− | les ajusteurs, on choisissait les meilleurs pour pousser la lime, et, je ne vais pas dire les
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− | moins bons, pour être machinistes. Puisque les instructeurs, à cette époque là, avaient détecté
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− | que le gars n'avait pas les qualités manuelles, par contre au niveau de la machine outil, il
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− | pouvait avoir des qualités, donc c'est pour ça que je dis « moins bon à ce moment là » donc
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− | ce qui fait que après, ils sont partis soit tourneurs, soit fraiseurs, puisque l'atelier des
| |
− | machines aussi, nous demandait « ben dans deux ans, il nous faut huit tourneurs ou bien il
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− | nous faut huit fraiseurs » donc, nous, au niveau des promotions, on préparait huit tourneurs,
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− | huit fraiseurs pour l'atelier des machines. C'est comme ça que ça se faisait un p'tit peu la
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− | sélection, et après eux, aussi, ils avaient un essai bien spécifique à leur métier.
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− | Le jeune ouvrier arrivait alors dans les ateliers de production et là encore, il était encadré par
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− | un ouvrier plus ancien, c'était le matelotage. Et là encore, l'entreprise entretenait le bon
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− | fonctionnement de cette intégration au milieu professionnel. Un règlement intérieur était
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− | d'ailleurs établi à l'intention des chefs d'ateliers.
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− | En voici un extrait :
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− | « Le chef d'atelier doit veiller à la préservation des jeunes et en particulier :
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− | • Eviter les voisinages dangereux
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− | • Eliminer l'influence d'adultes peu soucieux de leur dignité d'homme et de père de
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− | famille
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− | (...) Le premier jeune ouvrier prenant contact avec la vie des travaux éprouve toujours une
| |
− | certaine déception. Le chef d'atelier doit s'efforcer de limiter cette déception et de
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− | l'enthousiasmer »
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