Local du marégraphe vu par Blequin
Les fêtes maritimes auront été l'occasion pour les Brestois de découvrir un des plus beaux fleurons de leur ville, injustement méconnu jusqu'à présent : le marégraphe. En effet, Brest partage avec Marseille le privilège d'être une des seules communes de France à proposer au public des données à long terme sur l'évolution du niveau de la mer.
Comme l'a expliqué Nicolas Pouvreau, du Service Hydrographique et Océanographique de la Marine, lors de sa conférence à l'espace "Quai des sciences" le samedi 16, le marégraphe de Brest est le témoin d'une histoire humaine et scientifique qui remonte à...1679 ! C'est en effet cette année que, répondant au désir de Louis XIV de disposer d'une cartographie complète du royaume, une équipe de scientifiques exécuta les premières mesures continues du niveau de la mer au port de Brest, considéré comme le site le plus adéquat pour de tels relevés. A partir de 1711 furent installées des échelles de marée sur lesquelles des opérateurs se basaient pour relever et noter quotidiennement les hauteurs d'eau : on s'en doute, le procédé était épuisant. La technologie entra en scène le 4 janvier 1846 avec l’introduction, par l’ingénieur hydrographe Chazallon, du marégraphe : ce fut le premier appareil à enregistrement automatique et continu de l’histoire : détruit par les bombardements en 1944, il fut réinstallé en 1953, soit plus de cent ans de service avant d’être remplacé en 1993 par un marégraphe numérique.
Nicolas Pouvreau vu par Blequin
Grâce à son marégraphe, Brest possède la série de mesures la plus longue de France : plus de trois siècles de mesures grâce auxquelles le SHOM est en mesure de confirmer que le niveau de la mer a monté d'environ 30 centimètres en 300 ans, une donnée capitale pour appréhender les effets du réchauffement climatique. A cela s'ajoute l'intérêt pratique, au quotidien, de mesurer le niveau de la mer et ainsi anticiper son évolution : déterminer l’horaire des marées ne rend pas service uniquement aux baigneurs et aux pêcheurs à pied mais aussi aux navigateurs qui peuvent ainsi être avertis de bon nombre de sinistres maritimes. Bref, les Brestois avaient tout lieu d'être fier d'accueillir sur leur son cet appareil ; pourtant, jamais le marégraphe n'avait été présenté au public, les salariés du SHOM le considérant comme un instrument de travail qui n'avait pas vocation à être exposé. En cette année 2016 qui marquait les 170 du marégraphe, les fêtes maritimes furent l'occasion de réparer cette injustice.
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