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Yves Jaouen, au service des personnes âgées

Portrait de Yves Jaouen

Très connu sur les quartiers du Restic, de Loscoat et de Lanroze, peut-être un peu moins sur Lambé, c'est Yves Jaouen, qui, à 82 ans, toujours bon pied bon oeil, continue à "rendre service" aux personnes "âgées" de son quartier en tondant les pelouses, en taillant les haies, en ouvrant les volets...tout cela pour un café-gâteau-crêpes.Sa belle barbe blanche ne laisse rien ignorer de son âge, mais sa détermination pour rendre service est toujours intacte. Pourquoi ce portrait un peu particulier? Parce que le parcours d'Yves JAOUEN est lui aussi un peu particulier. "Mon père était goémonier. Je l'ai perdu à l'âge de 10 ans et on restait cinq à la maison avec ma mère. Depuis mes 14 ans, je travaille pratiquement à temps complet. Pendant la guerre, pour avoir à manger, on était obligé d'aller travailler dans les fermes. Ceux qui étaient plus âgés étaient réquisitionnés par les Allemands. Moi, j'allais travailler avec la charrette à St PABU et un peu partout sur la côte. A mes 18 ans, je suis entré dans la Marine avec pour mission d'être chauffeur de camion. Là, j'ai fait 3 ans et surtout deux années formidables de Brest à St Malo et la frontière espagnole. Tous les ports militaires, parce qu'à l'époque, après la guerre, il y avait des dragages sur tous les ports de l'Atlantique. Il fallait des hommes à terre pour que les dragueurs puissent travailler. J'étais basé à La Rochelle. Quand on a fini là-bas, j'ai quitté la Marine et je suis allé travailler à Ploudalmézeau chez Wimel, un transporteur, pour des pierres du sable, du goémon et des déménagements. Pour le goémon, on faisait toute la côte pour l'envoyerà l'usine d'Argenton. C'était Mr PAVOT, l'ancien maire de Porspoder qui , à l'époque, était directeur de l'usine. En hiver les goémoniers remontaient le goémon, le mettaient à sécher et , au printemps, vers la St Jean, on amenait le tout à l'usine d'Argenton." Un retour à la mer. "Après cela je suis rentré à la Direction du Port , à Brest, comme scaphandrier. Le Commandant CARRE me connaissait déjà, mais moi, j'ignorais tout de ce travail. J'avais été embauché comme chauffeur de camion et me voilà parti à Toulon pour suivre le cours de scaphandrier pendant trois mois. Puis j'ai exercé ce métier durant 19 ans. on avait sur le dos 96 kg d'équipement dont les chaussures aux semelles de plomb.Après ces 19 ans, j'étais sur les transports de la rade, c'est à dire qu'on envoyait les militaires, les ouvriers de l'arsenal de la Penfeld à l'île Longue et à l'Ecole Navale. A 51 ans j'ai pris ma retraite parce qu'à la maison il fallait mettre un peu d'ordre partout et puis j'ai complètement changé de job. J'ai commencé à jardiner pour rendre service à des personnes âgées, pour les visiter. Je connais un "pépé" de 94 ans. S'il a un problème, il me téléphone, moi je passe de temps en temps chez lui. Quand il ne me téléphone pas, je l'appelle, question de sécurité. Une autre personne dont je m'occupe est Mme K de la rue...Elle a 90 ans. De temps en temps, l'après-midi, je vais chez elle et nous allons à Lampaul-Plouarzel dans sa maison. On ouvre les volets. Elle amène le café et le casse-croûte et en fin d'après-midi, je l'aide à refermer les volets et on rentre à Lambé. Elle peut ainsi s'évader quelque temps et prendre l'air du large.

C'est ainsi que je vais chez beaucoup de personnes de "l'ancienne génération" chez qui, à 10h et à 16h c'est "stop" café,crêpes,gâteaux. Ainsi va la vie D'Yves JAOUEN. Mais ce n'est pas fini Une autre activité qui lui tient à coeur depuis de nombreuses années est sa contribution à l'association "Vie Libre". J'y suis toujours, j'y ai ma carte, mais je ne participe plus depuis deux ans. On milite quand même tous les jours. On vient me voir, on me demande ce qu'on peut faire... Il y aura exactement 28 ans, à la fin de l'année, que je n'ai pas bu une goutte d'alcool. J'ai dit "stop" et je ne suis pas seul.On s'occupait des personnes de jour comme de nuit. Il m'arrivait d'être appelé le dimanche soir alors que je venais d'aller au lit. On se levait et on allait voir la personne. Le plus difficile était de voir les enfants et leur sourire triste qui semblait vous demander: "est-ce que vous pouvez faire quelque chose"? On en a sorti pas mal de là, mais c'est une goutte d'eau, surtout maintenant avec les drogues. Nous, quand on a commencé à militer, il n'y avait pratiquement pas de drogue, nous n'avons pas connu cela. Moi, je buvais de la bière. J'avais grossi, j'étais gonflé, c'est pour cela qu'il ne faut pas se voiler la face. Aujourd'hui_ on a beaucoup de mal à trouver du monde pour faire ce ce bénévolat. Dans beaucoup de familles ce problème était tabou. Que ce soit mari ou femme qui buvait on cachait. Après être allé me faire soigner, la première bière qu'on a voulu m'offrir, j'ai dit: " Non, Merci, je ne bois plus d'alcool". ça a été net, facile. Une dame , un jour, a voulu m'offrir un verre de vin. Je lui ai posé la question:" ça ne vous viendrait pas à l'idée de me proposer un verre d'eau?" A partir de ce jour-là, quand j'allais chez elle lui donner un coup de main, il y avait de l'eau, du jus de fruit, du café, des petits gâteaux... Les gens croient que quand il y a du café, il faut des gâteaux. C'est drôle, mais ce sont des souvenirs formidables". Merci à Mr JAOUEN de nous avoir confié ces quelques souvenirs et souhaitons-lui de continuer longtemps ses différentes activités auprès des personnes "âgées".

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