Caréneur
Novembre 2006
Dernièrement les journaux locaux ont fait l'apologie des métiers du port de commerce.
C'est vrai que le brestois apprécie les balades sur le port malgré les barricades qui - pour raisons de sécurité - en rendent l'accès de plus en plus difficile. On peut le voir flâner le dimanche soir auprès des bateaux de pêche qui, dans le bercement du clapot, profitent de leur détente. Toujours déambulant, le promeneur fait fuir les quelques goëlands qui attendent patiemment la reprise des activités.
Parfois au loin apparait un cargo venant se refaire une santé dans nos bassins.
Les carèneurs, ravaleurs de la mer, sont de repos (enfin on l'espère). Il faudra attendre lundi pour le démarrage du lifting.
Déjà, se poser sur les tins, se caler confortablement. Et se mettre au sec !
Bon, il y a de quoi faire entre les algues et les coquillages, l'envahisseur est bien là. Il paraît que les japonais enveloppent leurs bateaux dans un plastique qui évite l'utilisation trop polluante de l'antifouling peu efficace dans la durée.
Il va donc falloir gratter. Et pour gratter, rien ne vaut ...un grattoir. Dommage que la technique ne permette pas d'insérer d'odeurs. Les odeurs, c'est une des caractéristiques plus ou moins agréables du port.
Ca va mieux, la coque respire enfin au bout de quelques jours.
On passe alors au décapage au jet d'eau haute pression afin de dépoussiérer et dégraisser. Au démarrage, la pression doit être installée progressivement pour permettre au caréneur d'adapter sa position à la force qu'elle déploie. Arquebouté, tous ses muscles sont sollicités, notamment les articulations des genoux. Gare aux accidents, une pression trop soudaine et l'outil peut s'échapper des mains et briser une machoire.
L'utilisation d'une échelle (c'est les brestois qui ont inventé cet usage) permet un travail d'équipe efficace. Bon, on se bat pour être tout en haut et éviter le jet des collègues mais il faut encore pouvoir y monter...et redescendre quand elle est bien glissante et que les bottes de caoutchouc ont une facheuse tendance à déraper (A ce moment le carèneur n'a plus ses harnais de sécurité).
Les parties avant et arrière du bateau nécessitent des techniques adaptées (machine outil ou grue).
Le nettoyage terminé, les experts (chef de chantier, chefs d'équipe, commerciaux en peinture navale) passent pour déterminer les traitements de coque à effectuer et les peintures à utiliser. Sur chaque bateau existe un carnet de bord qui indique les caractéristiques des peintures à employer et fournisseurs choisis par la compagnie.
Le sablage des parties les plus oxydées démarre ensuite :
Il est suivi d'un traitement anticorrosion.