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Balade grand kerber : Autrefois Saint-Pierre-Quilbignon

Saint-Pierre-Quilbignon autrefois

Avant 1790, le terroir de Quilbignon se confondait avec la paroisse de Quilbignon, avant que cette étendu territoriale ne devienne commune de Saint-Pierre. C'est la Révolution qui imposa cette nouvelle entité administrative au détriment de l'ancienne organisation religieuse qui dépendait directement du diocèse du Léon qui allait lui-même disparaître dans tourmente révolutionnaire.

Curieusement c'est à cette époque que notre commune, comme pour se faire pardonner de prendre l'ascendant sur la paroisse, se fit appeler Saint-Pierre. Pour les anciens quilbignonnais l'origine du nom Saint-Pierre (Sant Ber ou Sant Per en breton) pose le problème de nos racines qui plongent dans la mouvance religieuse de tout le pays bas-breton.

A une époque ancienne le distinguo entre la paroisse et le bourg était une évidence. Ainsi dans l'étendu du terroir de Quilbignon, le bourg se distinguait par son nom breton de Kerber. Cette appellation Kerber ou Kerper faisait référence au lieu de résidence d'un homme du nom de Pierre. Pour les hagiographes, pas toujours crédibles, qui écrivirent la vie des saints bretons, ce Pierre n'était autre qu'un parent de Pol Aurélien, un moine gallois qui vint en Armorique au début 6ème siècle et qui devint le premier évêque du Léon. La ville de Saint-Pol de Léon (autrefois, Kastell Paol, le château de Pol ou Paul) rappelle cet événement.

De cette époque incertaine, la légende chrétienne affirme qu'après avoir fondé plusieurs ermitages, notamment à Lampaul-Ploudalmézeau (chapelle de Kerber) et à Ploumoguer (église de Lamber), Pierre serait venu s'installer à l'endroit de l'église actuelle de Saint-Pierre-Quilbignon. Au sommet de cette butte qui caractérise la topographie de Quilbignon et qui culmine à quelque 90 mètres au dessus de la mer.

Cet épisode de notre histoire fait référence aux grandes immigrations qui se produisirent consécutivement à l'affaiblissement et à la fin de l'Empire romain. Ce déclin de l'Empire romain est patent dès la fin du 4ème siècle, laissant libre cours à d'autres ambitions hégémoniques. En quête de nouveaux espaces des peuples dits barbares déferlèrent sur l'occident, ébranlant au passage les fondements vacillants de quatre siècle d'occupation romaine. Sous la pression des Huns, les Goths, les Francs, les Alamans, les Saxons, les Lombards, les Burgondes et autres peuples, tantôt chassés, tantôt chasseurs, envahirent durablement d'immenses territoires. La Grande Bretagne fut elle même envahie par des peuplades nordiques et païennes, telles les Angles, les Jutes et les Saxons qui repoussèrent les Bretons (de Grande Bretagne) en Armorique.

Ces bretons christianisés et d'origine celtique n'eurent pas de difficulté majeure à s'intégrer dans une Armorique celtique et exsangue des pillages antérieurs à leur venue. Ces nouveaux arrivés, lettrés et organisés, fondèrent de nombreuses paroisses, ermitages et monastères. Les préfixes des noms de localités commençant par Plou, Lan et Gui, sont encore là pour l'attester. C'est à partir de cette époque que l'Armorique celtique se mua progressivement pour devenir la Bretagne chrétienne.

En Quilbignon la mémoire populaire garda longtemps le souvenir de ce Pierre, qui devint tout naturellement le protecteur spirituel de la paroisse qui fut fondée vers le 13ème siècle et qui englobait le hameau de Sainte Catherine (Recouvrance). Mais au fil des siècles, ce « saint » pas très catholique aux yeux de Rome fut progressivement remplacé par un autre plus connu et plus crédible, le saint Pierre apôtre, premier pape de l'église chrétienne. Avons-nous perdu au change ?

Peut-être pas, seule la vérité historique s'en trouve quelque peu égratignée. Aujourd'hui qui s'en plaindra, le temps efface tout.

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