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Un siècle de sport féminin à Brest : Différence entre versions

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De Virginie Hériot à Faustine Merret
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'''De Virginie Hériot à Faustine Merret : Un siècle de sport féminin à Brest'''
  
'''Un siècle de sport féminin à Brest'''
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{{Source Sillage|110|juil.-août 2005|?}}
  
''En un peu plus de cent ans, les Brestoises ont réussi à occuper une place légitime dans les pratiques sportives tant amateurs que professionnelles. Cela n'a pas été sans mal. C'est ce que propose de faire découvrir l'exposition itinérante mise en place par les Archives Municipales de Brest dans le cadre de la grande fête Atout Sport au Parc de Penfeld voici quelques semaines.''
 
  
Le sport féminin s'apparente au départ à un long parcours semé d'embûches. Il faut remonter en 1895 pour qu'un homme, le docteur Caradec, hygiéniste, plaide pour les bienfaits du cyclisme féminin. Jusqu'ici, les femmes restaient cantonnées aux tâches ménagères. La pratique sportive féminine était considérée par les hommes comme, au mieux farfelue, au pire totalement déplacée.Pierre de Coubertin jugeait par exemple qu'une Olympiade féminine serait “inintéressante, inesthétique et incorrecte” !
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==L'émergence du sport féminin==
  
La première course officielle à laquelle participent des “dames” a lieu au vélodrome de Kerabecam le 6 juin 1897 lors des fêtes vélocyplédiques organisées par le Véloce Club Brestois. Contre toute attente, c'est un succès incroyable et l'on refuse du monde! Les femmes commencent au même moment à pratiquer le tir, mais il faut attendre la fin de la première guerre mondiale pour que le sport féminin connaisse un réel développement.
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''En un peu plus de cent ans, les [[is_city::Brest]]oises ont réussi à occuper une place légitime dans les pratiques sportives tant amateurs que professionnelles. Cela n'a pas été sans mal. C'est ce que propose de faire découvrir l'exposition itinérante mise en place par les [[Archives municipales et communautaires de Brest|Archives Municipales de Brest]] dans le cadre de la grande fête Atout Sport au [[Parc de Penfeld]] voici quelques semaines.''
  
En 1920, une rubrique intitulée Chez les Sportives apparaît dans la Dépêche Touristique et Sportive. En 1924, L'Hirondelle est la première société féminine sportive à être créée sur Brest. Les jeunes filles sont principalement recrutées dans les écoles professionnelles et publiques de la ville. Rares sont celles qui sont ouvrières ou employées. L'Hirondelle a pour but principal de “favoriser la pratique des divers sports accessibles aux moyens physiques de la jeune fille”. En clair, ces dernières sont préparées à être de bonnes épouses et mères de famille à la moralité irréprochable!  
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Le sport féminin s'apparente au départ à un long parcours semé d'embûches. Il faut remonter en 1895 pour qu'un homme, le docteur Caradec, hygiéniste, plaide pour les bienfaits du cyclisme féminin. Jusqu'ici, les femmes restaient cantonnées aux tâches ménagères. La pratique sportive féminine était considérée par les hommes comme, au mieux farfelue, au pire totalement déplacée. Pierre de Coubertin jugeait par exemple qu'une Olympiade féminine serait "inintéressante, inesthétique et incorrecte" !  
  
L'Hirondelle propose alors trois séances par semaine, gymnastique rythmique (danse, mouvements respiratoires) coupées par des jeux (basket-ball, cross ou football). D'autres club ouvrent aussi des sections féminines comme L'Hermine de Bretagne qui compte dans ses rangs une cycliste confirmée avec Yvonne Mérour, ainsi que la Jeunesse Sportive Ouvrière qui regroupe seulement vingt jeunes filles.
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[[Course Paris-Brest-Paris|La première course officielle à laquelle participent des "dames" a lieu au vélodrome de Kerabecam]] le 6 juin 1897 lors des fêtes vélocyplédiques organisées par le Véloce Club Brestois. Contre toute attente, c'est un succès incroyable et l'on refuse du monde! Les femmes commencent au même moment à pratiquer le tir, mais il faut attendre la fin de la première guerre mondiale pour que le sport féminin connaisse un réel développement.
En 1928, à la surprise générale, la navigatrice Virginie Hériot gagne une médaille d'or aux Jeux Olympiques et secoue pas mal d'idées préconçues ! Il semble que notre région, avec sa tradition du
 
matriarcat ait donné une plus grande liberté pour pratiquer le sport. Une démarche encore bien modeste à la veille de la seconde guerre mondiale.
 
  
De la fin des années cinquante à 1970, la pratique féminine connaît un développement remarquable. On
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En 1920, une rubrique intitulée Chez les Sportives apparaît dans la Dépêche Touristique et Sportive. En 1924, L'Hirondelle est la première société féminine sportive à être créée sur Brest. Les jeunes filles sont principalement recrutées dans les écoles professionnelles et publiques de la ville. Rares sont celles qui sont ouvrières ou employées. L'Hirondelle a pour but principal de "favoriser la pratique des divers sports accessibles aux moyens physiques de la jeune fille". En clair, ces dernières sont préparées à être de bonnes épouses et mères de famille à la moralité irréprochable!
peut même parler d'âge d'or du sport féminin français. À Brest, les femmes s'investissent dans les disciplines les plus variées, du judo à l'athlétisme, des sports collectifs au tennis. Le mouvement s'amplifie encore dans les années 70, le nombre de licences féminines triplant alors que celles des hommes sont à peine multipliées par deux. En natation, Odile Bihan est sélectionnée pour les Jeux Olympiques de Moscou en 1980.
 
  
L'étude lancée au début des années quatre-vingt-dix (une première à l'échelle européenne) relève une nette différence de pratique entre les sexes. Tandis que les hommes investissent la compétition, les femmes cherchent davantage à maintenir leur forme et dépenser leur énergie, mais ce n'est pas systématique. Depuis quelques années, Brest est fier de compter parmi ses habitantes de nombreuses championnes dont certaines médaillées olympiques comme Katarin Quélennec en natation ou Faustine Merret en planche à voile à Athènes l'année dernière. La ville compte aussi plusieurs championnes de France, notamment Virginie Cueff en cyclisme sur piste et Solenn Désert en athlétisme. Enfin, Miwako Le Bihan est 7e dan en judo, distinction rarissime, et Anne Liardet a participé au Vendée Globe.
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L'Hirondelle propose alors trois séances par semaine, gymnastique rythmique (danse, mouvements respiratoires) coupées par des jeux (basket-ball, cross ou football). D'autres club ouvrent aussi des sections féminines comme L'Hermine de Bretagne qui compte dans ses rangs une cycliste confirmée avec Yvonne Mérour, ainsi que la Jeunesse Sportive Ouvrière qui regroupe seulement vingt jeunes filles.
L'écho que rencontrent ces athlètes auprès du public brestois et la dynamique qu'elles contribuent à créer dans les clubs témoignent de la belle vitalité du sport féminin dans notre ville. Une vitalité qui, on l'espère, n'a pas finit de nous surprendre.
 
  
'''Virginie Heriot,première championne brestoise'''
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En 1928, à la surprise générale, la navigatrice [[Virginie Hériot]] gagne une médaille d'or aux Jeux Olympiques et secoue pas mal d'idées préconçues ! Il semble que notre région, avec sa tradition du matriarcat ait donné une plus grande liberté pour pratiquer le sport. Une démarche encore bien modeste à la veille de la seconde guerre mondiale.
  
Née en 1890, Virginie Hériot participe dès l'âge de 14 ans à sa première grande croisière au cours
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De la fin des années cinquante à 1970, la pratique féminine connaît un développement remarquable. On peut même parler d'âge d'or du sport féminin français. À Brest, les femmes s'investissent dans les disciplines les plus variées, du judo à l'athlétisme, des sports collectifs au tennis. Le mouvement s'amplifie encore dans les années 70, le nombre de licences féminines triplant alors que celles des hommes sont à peine multipliées par deux. En natation, Odile Bihan est sélectionnée pour les Jeux Olympiques de Moscou en 1980.  
de laquelle elle a la chance de rencontrer le célèbre commandant Pierre Loti.
 
  
Profondément bouleversée, elle acquiert dès lors la certitude qu'elle sera “marine”. Elle fait construire son premier yacht de course en 1912, mais la guerre interrompt ses navigations. Le conflit terminé, elle achète une goélette, L'Ailée, qui devient sa demeure et fait également construire
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L'étude lancée au début des années quatre-vingt-dix (une première à l'échelle européenne) relève une nette différence de pratique entre les sexes. Tandis que les hommes investissent la compétition, les femmes cherchent davantage à maintenir leur forme et dépenser leur énergie, mais ce n'est pas systématique. Depuis quelques années, Brest est fier de compter parmi ses habitantes de nombreuses championnes dont certaines médaillées olympiques comme Katarin Quélennec en natation ou Faustine Merret en planche à voile à Athènes l'année dernière. La ville compte aussi plusieurs championnes de France, notamment [[Interview-Sillage : Virginie Cueff, cycliste|Virginie Cueff]] en cyclisme sur piste et [[Interview-Sillage : Solenn Désert, athlète de haut niveau|Solenn Désert]] en athlétisme. Enfin, [[Interview-Sillage : Miwako Le Bihan, judokate du Ponant|Miwako Le Bihan]] est 7e dan en judo, distinction rarissime, et [[Interview Anne Liardet, troisième femme du Vendée Globe|Anne Liardet]] a participé au Vendée Globe.
des bateaux de compétition sur lesquels elle s'entraîne à régater.
 
  
Sa personnalité et sa fortune sont telles qu'elle peut imposer sa présence dans une activité jusque-là typiquement masculine. En 1928, tous ses efforts payent puisqu'elle remporte une médaille d'or aux Jeux Olympiques! Son prestige est immense chez tous les amateurs de voile.
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L'écho que rencontrent ces athlètes auprès du public brestois et la dynamique qu'elles contribuent à créer dans les clubs témoignent de la belle vitalité du sport féminin dans notre ville. Une vitalité qui, on l'espère, n'a pas finit de nous surprendre.
 
 
Elle collectionne alors les surnoms: ”Madame de la Mer” pour le poète Tagore, “le matelot Virgine” pour le commandant Charcot. Elle devient aussi “ambassadrice de la Marine française” comme la nomme
 
le ministre Georges Leygues. Parallèlement, elle consacre son argent à des oeuvres philanthropiques
 
et soutient plusieurs sociétés nautiques. Elle offre ainsi des yachts dits “monotypes brestois” aux élèves de l'École Navale pour leur permettre d'acquérir la pratique de la voile sportive.
 
  
Grièvement blessée lors d'une traversée, elle refuse de réduire le rythme des compétitions et meurt le 28 août 1932 alors qu'elle tentait de rejoindre le départ de la régate d'Archachon. La ville perd ainsi l'une de ses plus grandes championnes.
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{{CP}}
  
Virginie Hériot avait manifesté le désir que son corps soit immergé au large des côtes bretonnes mais sa mère ne put s'y résoudre. Son fils fera plus tard respecter ses dernières volontés. Ainsi, le 28 juin 1948, Le Basque, torpilleur de l'École Navale, rendait un dernier hommage à sa bienfaitrice
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[[Catégorie:Wiki-journée femmes]] [[Catégorie:Activité sportive]]
en procédant à l'immersion de son cercueil au large de Brest.
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{{Histoire_Sport/Contrib}}
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[[Catégorie:Histoire du sport]]

Version actuelle datée du 24 juillet 2014 à 13:53

De Virginie Hériot à Faustine Merret : Un siècle de sport féminin à Brest

    Sillage130 small.jpg Cet article est extrait du Magazine Sillage N°110 - juil.-août 2005
Auteur : ?



L'émergence du sport féminin

En un peu plus de cent ans, les Brestoises ont réussi à occuper une place légitime dans les pratiques sportives tant amateurs que professionnelles. Cela n'a pas été sans mal. C'est ce que propose de faire découvrir l'exposition itinérante mise en place par les Archives Municipales de Brest dans le cadre de la grande fête Atout Sport au Parc de Penfeld voici quelques semaines.

Le sport féminin s'apparente au départ à un long parcours semé d'embûches. Il faut remonter en 1895 pour qu'un homme, le docteur Caradec, hygiéniste, plaide pour les bienfaits du cyclisme féminin. Jusqu'ici, les femmes restaient cantonnées aux tâches ménagères. La pratique sportive féminine était considérée par les hommes comme, au mieux farfelue, au pire totalement déplacée. Pierre de Coubertin jugeait par exemple qu'une Olympiade féminine serait "inintéressante, inesthétique et incorrecte" !

La première course officielle à laquelle participent des "dames" a lieu au vélodrome de Kerabecam le 6 juin 1897 lors des fêtes vélocyplédiques organisées par le Véloce Club Brestois. Contre toute attente, c'est un succès incroyable et l'on refuse du monde! Les femmes commencent au même moment à pratiquer le tir, mais il faut attendre la fin de la première guerre mondiale pour que le sport féminin connaisse un réel développement.

En 1920, une rubrique intitulée Chez les Sportives apparaît dans la Dépêche Touristique et Sportive. En 1924, L'Hirondelle est la première société féminine sportive à être créée sur Brest. Les jeunes filles sont principalement recrutées dans les écoles professionnelles et publiques de la ville. Rares sont celles qui sont ouvrières ou employées. L'Hirondelle a pour but principal de "favoriser la pratique des divers sports accessibles aux moyens physiques de la jeune fille". En clair, ces dernières sont préparées à être de bonnes épouses et mères de famille à la moralité irréprochable!

L'Hirondelle propose alors trois séances par semaine, gymnastique rythmique (danse, mouvements respiratoires) coupées par des jeux (basket-ball, cross ou football). D'autres club ouvrent aussi des sections féminines comme L'Hermine de Bretagne qui compte dans ses rangs une cycliste confirmée avec Yvonne Mérour, ainsi que la Jeunesse Sportive Ouvrière qui regroupe seulement vingt jeunes filles.

En 1928, à la surprise générale, la navigatrice Virginie Hériot gagne une médaille d'or aux Jeux Olympiques et secoue pas mal d'idées préconçues ! Il semble que notre région, avec sa tradition du matriarcat ait donné une plus grande liberté pour pratiquer le sport. Une démarche encore bien modeste à la veille de la seconde guerre mondiale.

De la fin des années cinquante à 1970, la pratique féminine connaît un développement remarquable. On peut même parler d'âge d'or du sport féminin français. À Brest, les femmes s'investissent dans les disciplines les plus variées, du judo à l'athlétisme, des sports collectifs au tennis. Le mouvement s'amplifie encore dans les années 70, le nombre de licences féminines triplant alors que celles des hommes sont à peine multipliées par deux. En natation, Odile Bihan est sélectionnée pour les Jeux Olympiques de Moscou en 1980.

L'étude lancée au début des années quatre-vingt-dix (une première à l'échelle européenne) relève une nette différence de pratique entre les sexes. Tandis que les hommes investissent la compétition, les femmes cherchent davantage à maintenir leur forme et dépenser leur énergie, mais ce n'est pas systématique. Depuis quelques années, Brest est fier de compter parmi ses habitantes de nombreuses championnes dont certaines médaillées olympiques comme Katarin Quélennec en natation ou Faustine Merret en planche à voile à Athènes l'année dernière. La ville compte aussi plusieurs championnes de France, notamment Virginie Cueff en cyclisme sur piste et Solenn Désert en athlétisme. Enfin, Miwako Le Bihan est 7e dan en judo, distinction rarissime, et Anne Liardet a participé au Vendée Globe.

L'écho que rencontrent ces athlètes auprès du public brestois et la dynamique qu'elles contribuent à créer dans les clubs témoignent de la belle vitalité du sport féminin dans notre ville. Une vitalité qui, on l'espère, n'a pas finit de nous surprendre.

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