Un illustre inconnu

Contrairement à certains de mes célèbres congénères, je ne suis ni de Paris, Belfort ou Venise. Mon destin discret s'est joué sur notre petite commune de Saint-Marc sur la pointe bretonne.

En 1894, Jacques Nessel, négociant-armateur édifie rue de la Duchesse Anne un magnifique château qu'il nomme « Ker-mata ». A peine terminé, il est vendu à Maxime Hubert Simonet, riche industriel, grand amateur d'art. Malheureusement, son fils meurt au combat en 1914. En souvenir de celui-ci, et pour respecter son souhait, il fait le vœu de destiner sa propriété à une œuvre sociale .

La municipalité Léon Nardon achète ce domaine en 1923 pour y installer des femmes célibataires attendant un enfant. Le vœu du fils défunt est ainsi exaucé. Monsieur Delalande sera le premier médecin de la maison maternelle.

Lors de la deuxième guerre l'établissement sera « occupé » par l'ennemi et subira un incendie. En 1947, la municipalité Chupin remporte les élections et Monsieur Pierre Beaudoin est désigné comme adjoint spécial de Saint-Marc.

A l'occasion d'un visite dans les ruines de la maison maternelle, il me découvre, dissimulé au fond de la cave. Effectivement, trop en vue, je risquais une déportation Outre-Rhin et la transformation en canon !!!

Monsieur Beaudoin, très « attaché » à sa commune, décide de me mettre à l'honneur et m'installe sur la place, à l'entrée du presbytère (emplacement alors marqué par la chute d'une bombe). Je deviens alors le symbole du quartier.

Je ne suis pas n'importe qui..... je suis un « Lecourtier ». Une rencontre s'est faite entre l'ancien propriétaire et Prosper Lecourtier, sculpteur animalier français né à Grémilly en 1855 . Grâce à son apprentissage dans l'atelier de Fremiet, son amour des bêtes et sa virtuosité technique, il possède un sens du naturalisme dans sa façon de représenter les animaux. Son talent est déjà reconnu de son vivant puisqu'il remporte plusieurs médailles pour ses sculptures d'animaux et à l'exposition universelle de 1900.

Je suis une œuvre oubliée mais bien à sa place puisque Saint-Marc est toujours représenté avec l'un de mes ancêtres.

(article du Saint-Marquoi n° 25 - Septembre 2013)