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Transformations profondes des activités physiques : Différence entre versions

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Les ''« vieux »'' clubs, après une activité ralentie de plusieurs années reprennent leur essor. Le V.C.B. retrouve le vélodrome de Kérabécam.
 
Les ''« vieux »'' clubs, après une activité ralentie de plusieurs années reprennent leur essor. Le V.C.B. retrouve le vélodrome de Kérabécam.
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« Bien que depuis leur arrivée à Brest les Américains y ont élu domicile, et ont tout abimé par leurs fréquentations
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« Bien que depuis leur arrivée à Brest les Américains y ont élu domicile, et ont tout abimé par leurs fréquentations intempestives de tous les sports »
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La rentrée de l'U.S.O.B. est très remarquée. Le courant socialiste qui n'a fait que s'affirmer depuis 1912 à Brest, se confirme aux élections de 1919. La création du club ouvrier précède de quelques mois ces élections. Son terrain de jeu se situe au croisement de la rue de la Vierge et de l'Allée Verte. La famille sportive brestoise ne semble guère apprécier cette formule utilisant le sport comme moyen au service d'une cause, mais il y a des précédents du côté des patros. Il faut bien s'habituer à l'idée que le sport ne peut constituer un monde isolé des préoccupations sociales.
 
La rentrée de l'U.S.O.B. est très remarquée. Le courant socialiste qui n'a fait que s'affirmer depuis 1912 à Brest, se confirme aux élections de 1919. La création du club ouvrier précède de quelques mois ces élections. Son terrain de jeu se situe au croisement de la rue de la Vierge et de l'Allée Verte. La famille sportive brestoise ne semble guère apprécier cette formule utilisant le sport comme moyen au service d'une cause, mais il y a des précédents du côté des patros. Il faut bien s'habituer à l'idée que le sport ne peut constituer un monde isolé des préoccupations sociales.
  
 
En 1921 et 1922 de nombreuses sociétés nouvelles apparaissent mais elles résultent parfois de fusions avec changement de nom. Rappelons-nous cette A.S. Lambézellec de 1905 qui avait loué un champ à Kercastrec en 1912 à la suite d'un dissentiment entre les Abbés directeurs de l'Armoricaine, cette équipe était venue renforcer l'A.S.L. qui devenait ainsi la meilleure équipe de Brest. Elle songe bien vite à fusionner avec la Jeunesse Sportive Brestoise en difficulté, et conclut un accord avec le V.C.B. afin d'aménager le vélodrome de Kérabécam pour le foot. L'A.S.Brestoise naît ainsi en 1914 et  devient l'Entente Brestoise pendant la guerre en englobant le Stade Quilbignonnais né en 1909.  
 
En 1921 et 1922 de nombreuses sociétés nouvelles apparaissent mais elles résultent parfois de fusions avec changement de nom. Rappelons-nous cette A.S. Lambézellec de 1905 qui avait loué un champ à Kercastrec en 1912 à la suite d'un dissentiment entre les Abbés directeurs de l'Armoricaine, cette équipe était venue renforcer l'A.S.L. qui devenait ainsi la meilleure équipe de Brest. Elle songe bien vite à fusionner avec la Jeunesse Sportive Brestoise en difficulté, et conclut un accord avec le V.C.B. afin d'aménager le vélodrome de Kérabécam pour le foot. L'A.S.Brestoise naît ainsi en 1914 et  devient l'Entente Brestoise pendant la guerre en englobant le Stade Quilbignonnais né en 1909.  
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« Quel chemin parcouru depuis 1905 où l'on jouait Plaine de la Digue en traçant les buts avec des sabots et des casquettes »
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(Kerdraon 1933). »
« Quel chemin parcouru depuis 1905 où l'on jouait Plaine de la Digue en traçant les buts avec des sabots et des casquettes » (Kerdraon 1933). »
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Nous supposons cette soudaine effervescence comme une véritable course engagée entre les diverses sociétés pour se reconstituer une clientèle sur le marché des activités physiques. Les scolaires sont immédiatement sollicités. Des sections scolaires se créent à la Démocrate, au F.C.B. à l'Armoricaine et à l'U.S.O.B. Du côté des sociétés catholiques pas question de laisser se perdre le bénéfice de tous les efforts accomplis dans les dix années précédant la guerre, d'autant qu'un gouvernement modéré d'Union Nationale encourage le nouveau départ des patros en leur accordant l'agrément de l'Etat, ce qui constitue un client totalement différent de celui que nous avons eu l'occasion de retracer à d'autres moments. Le congrès de la F.G.S.P.F. de 1921 décide :
 
Nous supposons cette soudaine effervescence comme une véritable course engagée entre les diverses sociétés pour se reconstituer une clientèle sur le marché des activités physiques. Les scolaires sont immédiatement sollicités. Des sections scolaires se créent à la Démocrate, au F.C.B. à l'Armoricaine et à l'U.S.O.B. Du côté des sociétés catholiques pas question de laisser se perdre le bénéfice de tous les efforts accomplis dans les dix années précédant la guerre, d'autant qu'un gouvernement modéré d'Union Nationale encourage le nouveau départ des patros en leur accordant l'agrément de l'Etat, ce qui constitue un client totalement différent de celui que nous avons eu l'occasion de retracer à d'autres moments. Le congrès de la F.G.S.P.F. de 1921 décide :
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« Qu'il faut s'adonner plus que jamais à la préparation militaire »
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Des réunions sont prévues à cet effet avec des délégués du Ministère de la Guerre. Une situation internationale mal stabilisée justifie un tel souci du gouvernement mais d'autres mobiles continuent à dynamiser l'activité des 48 patros catholiques du département. Les luttes politiques intérieures semblent devoir ramener au pouvoir les anticléricaux d'avant 1914. L'Eglise est attentive à cette éventualité. De nombreuses fêtes de propagande basées sur l'utilisation des activités physiques ont lieu pendant les trois années précédant l'arrivée du Cartel des Gauches au pouvoir en 1924. Une nouvelle fois l'adoption de mesures anticléricales va déclencher une mobilisation des forces catholiques dans le cadre de leur Fédération Nationale, la F.N.C. Les sociétés gymniques vont apporter par leur dynamisme, une contribution à cette lutte. Les fêtes réunissant plusieurs milliers de sportifs constituent une tribune de premier ordre. Le gouvernement cartelliste entreprend de contrôler ces activités. La commission départementale chargée de répartir l'aide financière de l'Etat va refuser l'agrément à 9 sociétés du sud et 21 du Nord pour leur appartenance à la F.G.S.P.F.  
 
Des réunions sont prévues à cet effet avec des délégués du Ministère de la Guerre. Une situation internationale mal stabilisée justifie un tel souci du gouvernement mais d'autres mobiles continuent à dynamiser l'activité des 48 patros catholiques du département. Les luttes politiques intérieures semblent devoir ramener au pouvoir les anticléricaux d'avant 1914. L'Eglise est attentive à cette éventualité. De nombreuses fêtes de propagande basées sur l'utilisation des activités physiques ont lieu pendant les trois années précédant l'arrivée du Cartel des Gauches au pouvoir en 1924. Une nouvelle fois l'adoption de mesures anticléricales va déclencher une mobilisation des forces catholiques dans le cadre de leur Fédération Nationale, la F.N.C. Les sociétés gymniques vont apporter par leur dynamisme, une contribution à cette lutte. Les fêtes réunissant plusieurs milliers de sportifs constituent une tribune de premier ordre. Le gouvernement cartelliste entreprend de contrôler ces activités. La commission départementale chargée de répartir l'aide financière de l'Etat va refuser l'agrément à 9 sociétés du sud et 21 du Nord pour leur appartenance à la F.G.S.P.F.  
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« Qui représente un instrument d'une politique d'opposition à la République ».
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Les déclarations d'ecclésiastiques directeurs de patros, sont fréquentes, à l'occasion des cérémonies religieuses précédant les fêtes gymniques. Celui de Pont L'Abbé en 1924, considère que ces gymnastes  
 
Les déclarations d'ecclésiastiques directeurs de patros, sont fréquentes, à l'occasion des cérémonies religieuses précédant les fêtes gymniques. Celui de Pont L'Abbé en 1924, considère que ces gymnastes  
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« Auront à se défendre contre les ennemis de leur foi, qui les trouveront non point redoutables, car ils ne veulent de mal à personne, mais inébranlables dans la sauvegarde de leur foi ».
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« Auront à se défendre contre les ennemis de leur foi, qui les trouveront non point redoutables, car ils ne veulent de mal à personne, mais inébranlables dans la sauvegarde de leur foi ».
 
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« exhorte les gymnastes à l'union plus que jamais nécessaire autour de leur drapeau ». Pour l'évêque à Brest devant 20 000 spectateurs assistant aux évolutions de 50 patros
 
  
« Un jour viendra peut-être, ou bien que compétents et dévoués, vous ne jouirez pas de toutes les libertés auxquelles vous avez droit. Ce jour là vous saurez vous dresser pour la défense de vos droits et croyances » ''(les Gauches viennent de prendre la direction du gouvernement).''
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Déjà en 1922, ces jeunes :
 
Déjà en 1922, ces jeunes :
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« Sont les champions de la cause catholique, et c'est pourquoi certains les craignent et les haïssent même »
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''(compte rendu de fête à Pont L'Abbé).''
« Sont les champions de la cause catholique, et c'est pourquoi certains les craignent et les haïssent même » ''(compte rendu de fête à Pont L'Abbé).''
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Les sociétés de gym laïques semblent avoir pris un certain retard et ont des difficultés à redéfinir leurs activités et à accepter d'y intégrer le sport.
 
Les sociétés de gym laïques semblent avoir pris un certain retard et ont des difficultés à redéfinir leurs activités et à accepter d'y intégrer le sport.
  
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Le championnat de la nouvelle Ligue de l'Ouest comporte trois séries comme avant guerre, mais avec un nombre bien plus important de clubs engagés. Un championnat des équipes réserves existe aussi. En 1921 une division d'Honneur vient s'y ajouter. Elle se fait par l'unanimité car certains redoutent :
 
Le championnat de la nouvelle Ligue de l'Ouest comporte trois séries comme avant guerre, mais avec un nombre bien plus important de clubs engagés. Un championnat des équipes réserves existe aussi. En 1921 une division d'Honneur vient s'y ajouter. Elle se fait par l'unanimité car certains redoutent :
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« L'élitisme qui s'accentue et s'accompagne de la commercialisation et du racolage ».  
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Il est cependant impossible d'enrayer ce courant. C'est une exigence du championnat.  
 
Il est cependant impossible d'enrayer ce courant. C'est une exigence du championnat.  
  
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D'autres personnes soutiennent l'idée qu'il faudrait limiter le nombre en raison de rivalités locales à l'intérieur et entre les communes. Les clubs surgissent partout sans que l'on puisse maîtriser ce mouvement. Le public afflue. Il n'est pas rare de voir 400 spectateurs au match, surtout en coupe. La finale nationale est suivie par 80 000 personnes. Ce chiffre reste fort éloigné de celui des finales anglaises (on parle de 200 000). Un équipement adapté devient nécessaire. Le parc des Sports de Quimper est créé dès 1919. La publicité y trouve sa place (en 1921 à Brest). La mise en place des structures au niveau des districts s'avère bientôt indispensable. La saison de pratique qui durait d'Octobre à Avril, s'étend rapidement du 15 août au 1er juin. La phase de préparation qui se déroulait sous forme de cross ou d'athlétisme au temps de la fédération unique n'est plus envisageable sous cette forme, on y consacre même plus de temps :
 
D'autres personnes soutiennent l'idée qu'il faudrait limiter le nombre en raison de rivalités locales à l'intérieur et entre les communes. Les clubs surgissent partout sans que l'on puisse maîtriser ce mouvement. Le public afflue. Il n'est pas rare de voir 400 spectateurs au match, surtout en coupe. La finale nationale est suivie par 80 000 personnes. Ce chiffre reste fort éloigné de celui des finales anglaises (on parle de 200 000). Un équipement adapté devient nécessaire. Le parc des Sports de Quimper est créé dès 1919. La publicité y trouve sa place (en 1921 à Brest). La mise en place des structures au niveau des districts s'avère bientôt indispensable. La saison de pratique qui durait d'Octobre à Avril, s'étend rapidement du 15 août au 1er juin. La phase de préparation qui se déroulait sous forme de cross ou d'athlétisme au temps de la fédération unique n'est plus envisageable sous cette forme, on y consacre même plus de temps :
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« Seul le match compte dans l'esprit du joueur ».  
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Il faudra un certain temps avant qu'il y ait une prise de conscience du danger qu'il peut y avoir à poursuivre dans cette voie. Les joueurs ne progressent pas, ils se « claquent », ils commencent et terminent mal leur saison. Les jeunes sont les plus touchés. L'idée d'une préparation physique nécessaire s'imposera lentement, de même celle d'une séparation des catégories d'âge. En 1927 « un mouvement se crée en faveur d'équipes juniors. Jusqu'alors ils se retrouvent dans les équipes 4 ou 5 des clubs. Le premier championnat de Bretagne Sud ne comporte que trois équipes dont le stade Quimpérois et la Phalange, mais en 1939 elles sont à ce même championnat : 21 équipes juniors et 13 minimes. L'idée de « stages » pour progresser est émise en 1929, puis d'encadrement en 1930 :
 
Il faudra un certain temps avant qu'il y ait une prise de conscience du danger qu'il peut y avoir à poursuivre dans cette voie. Les joueurs ne progressent pas, ils se « claquent », ils commencent et terminent mal leur saison. Les jeunes sont les plus touchés. L'idée d'une préparation physique nécessaire s'imposera lentement, de même celle d'une séparation des catégories d'âge. En 1927 « un mouvement se crée en faveur d'équipes juniors. Jusqu'alors ils se retrouvent dans les équipes 4 ou 5 des clubs. Le premier championnat de Bretagne Sud ne comporte que trois équipes dont le stade Quimpérois et la Phalange, mais en 1939 elles sont à ce même championnat : 21 équipes juniors et 13 minimes. L'idée de « stages » pour progresser est émise en 1929, puis d'encadrement en 1930 :
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« Il faut un entraîneur qui remplace La Commission de dirigeants considérée comme inefficace ».  
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« Il faut un entraîneur qui remplace La Commission de dirigeants considérée comme inefficace ».  
 
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En 1931 on discute de la question de l'entraîneur bénévole ou non.
 
En 1931 on discute de la question de l'entraîneur bénévole ou non.
  
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Talbot responsable d'une Association Sportive à Brest (le S.U.B.) écrit dans ''« le cri du peuple »''
 
Talbot responsable d'une Association Sportive à Brest (le S.U.B.) écrit dans ''« le cri du peuple »''
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« Les joueurs monnaient leurs dons, recherchent des situations, la passion s'installe dans le sport mais c'est pourtant
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mieux que l'antique gymnastique ».
« Les joueurs monnaient leurs dons, recherchent des situations, la passion s'installe dans le sport mais c'est pourtant mieux que l'antique gymnastique ».
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Il réclame déjà pour l'école une demi-journée où les élèves devront faire du sport, en dehors du jeudi (ce n'est qu'en 1938 qu'une circulaire répondra à son désir).
 
Il réclame déjà pour l'école une demi-journée où les élèves devront faire du sport, en dehors du jeudi (ce n'est qu'en 1938 qu'une circulaire répondra à son désir).
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« Ce sport devra être dirigé et surveillé. Il faudra un contrôle sérieux de l'état, le grand maître du sport à l'école doit  
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être le médecin »
« Ce sport devra être dirigé et surveillé. Il faudra un contrôle sérieux de l'état, le grand maître du sport à l'école doit être le médecin »
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Le même Talbot :  
 
Le même Talbot :  

Version du 5 juillet 2011 à 09:37

Serusier - La lutte bretonne.jpg Portail

Le sport de 1789 à 1940

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LES TRANSFORMATIONS PROFONDES DES ACTIVITES PHYSIQUES DE LA GUERRE 1914-1918 JUSQU'A CELLE DE 1939-1945

1900-1914

Deux facteurs essentiels nous semblent avoir marqué cette phase du développement du sport, d'une part les sociétés qui viennent se surajouter à la gymnastique et au cyclisme ont à imaginer pour leurs adhérents un programme d'activités variées et nouvelles dont on ne peut encore prévenir l'avenir. Personne n'est en mesure de supposer le développement exceptionnel que connaîtra le football en si peu de temps. Les animateurs de ces sociétés procèdent donc par tâtonnements, expérimentent tous les sports nouveaux, leur affectent une place dans un calendrier annuel dans lequel ils vont se succéder, mais où ils peuvent également se trouver réunis au cours de fêtes omnisports. Il leur faut aussi déterminer la nature des rapports avec les autres sociétés qui naissent simultanément. C'est à ce moment que se pose par exemple le problème des rencontres, qui, d'amicales, deviennent vite de championnats. Chaque société prend une personnalité, une orientation sous tendue par les options politiques et religieuses de ses membres. Recherche de programme et d'orientation sont les caractéristiques de cette époque.

1919

D'autres préoccupations vont s'y ajouter. La croissance prodigieuse du football se fait au détriment d'autres activités. L'athlétisme en particulier qui semblait prétendre à un avenir intéressant ne progresse pas. Le cyclisme conserve une stabilité de fonctionnement. La gymnastique elle, apparaît de moins en moins déterminante dans le nouveau concert des activités physiques, et les tensions entre les sociétés catholiques et laïques qui ont dominé les années d'avant guerre retiennent moins l'attention même si elles demeurent très présentes. Le fait intéressant du nouveau contexte sportif se situe dans les comportements engendrés au niveau des joueurs et des dirigeants par l'intensification du phénomène Championnat. Observons cette évolution jusqu'en 1939.

Les sports dans un premier temps réunis au sein d'une fédération unique (l'U.S.F.S.A) ont éprouvé le besoin de suivre chacun leur route.

Dès 1913, le foot avait exprimé cette volonté en Bretagne. En 1919 une fédération nationale de football décentralisée en ligues régionales dont celles de l'Ouest (L.O.F.A.) veille au progrès de ce sport, étendue sur les départements de l'Ouest, passe de 100 sociétés en 1919 à 200 en 1920. C'est la seconde ligue de France, avec ses 5000 footballeurs. Elle pèse vite de tout son poids sur les autres sports. L'essor est freiné.

Accaparant les pratiquants, le foot occupe aussi le temps de la pratique sportive, c'est ainsi que la saison de foot va rapidement s'étendre du début septembre à la mi-juin, et les footballeurs qui s'adonnaient jusque là à l'athlétisme comme moyen de préparation physique se voient contraints, faute de temps, d'abandonner ce sport. Les exigences du championnat ne laissent même plus de place à une préparation sérieuse.

Une Ligue de Bretagne d'athlétisme née en 1921 a des ambitions identiques à celles du foot. Les deux sports sont en effet qualifiés de « Sports Athlétiques », mais il faudra vite se rendre à l'évidence que ni les pratiquants ni les foules ne vont répondre à l'appel de l'athlétisme malgré les efforts déployés par les dirigeants pour promouvoir leur sport. La même remarque vaut pour la natation régionale dont le water polo constitue un élément important. Sept clubs et 102 licenciés en représentent l'effectif, aucune piscine, le C.N.Brest est avec Laval le seul club de Bretagne spécialisé en natation. Créé en 1920 il trouve difficilement asile dans le cinquième bassin du port, mais domine la natation bretonne jusqu'à la création d'une piscine à Rennes en 1926.

Le basket ball fait une timide apparition en 1921, mais ce n'est que vers 1930 qu'il pourra revendiquer le titre de sport organisé. Brest devancera une fois de plus, et de bien loin, le sud Finistère.

Les modifications sont moins sensibles dans la vie du cyclisme et dans la gymnastique, dont les sociétés repartent sur une base de préparation militaire, avec toujours ce souci constant d'aimanter la jeunesse pour développer le mouvement catholique.

Ce nouveau démarrage est aussi l'occasion pour le sport féminin de se manifester, mais en 20 ans peu de progrès seront réalisés dans ce domaine. Quatre ou cinq sociétés verront le jour, ce qui est sans rapport avec l'essor des activités masculines. C'est seulement après 1945 que les sociétés, en général ouvriront leurs portes à des sections pour les jeunes filles.

A l'école on aurait pu s'attendre à de profonds changements. Des conceptions nouvelles se font jour sur la façon d'intégrer le sport dans les établissements. L'idée d'une formation physique gagne du terrain malgré les réticences de nombreux milieux. Des projets sont présentés par les responsables de ce secteur, mais aucune réalisation ne suit. La gymnastique à l'école ne changera pas de visage avant la seconde guerre. Les associations sportives scolaires vont par contre bénéficier d'une reconnaissance officielle dès 1923 et l'O.S.S.U., La première organisation scolaire verra le jour en 1938. Les championnats scolaires mis à part ceux de foot resteront bien pauvres durant cette période.

Le sport ouvrier de la Fédération sportive du parti Socialiste, créé en 1907 prend pied dans le département avec l'Union Sportive Ouvrière Brestoise, qui devient rapidement un des grands clubs de la ville. Il demeure le seul de ce genre dans le département jusqu'au Front Populaire, où c'est encore Brest qui prendra des initiatives.

Tel est le thème général dans lequel s'inscrit le développement de l'activité sportive du Finistère durant vingt années riches d'évènements.

Notons enfin l'intérêt que l'Etat va porter au sport en instituant diverses structures qui vont conduire rapidement à un Sous Secrétariat d'Etat à l'Education Physique. Au niveau local, notons l'initiative originale de Brest, la première ville de France à posséder un Office municipal des sports.

1925

L'idée d'une Maison du Sportif, siège social des clubs, bénéficiant d'un secrétaire appointé, possédant bibliothèque sportive, films, est avancée par Mr Kerdraon. L'office des sports est créé en 1930. L'adjoint au maire en est le président. Il se penche sur la formation des éducateurs sportifs en ouvrant un cours durant trois mois à raison de deux heures par semaine. Les médecins prêtent leur concours. 52 personnes s'inscrivent à leurs conférences. Cette initiative a sans doute contribué à porter le maire de Brest Mr le Gorgeu au poste de Sous secrétaire d'Etat à la jeunesse et aux Sports en 1933. Celui-ci aura l'occasion durant son très court mandat d'inaugurer le grand et magnifique stade de Ménez Paul.

Nous pouvons maintenant aborder le détail des évènements et surtout de leurs répercussions sur les esprits.

Les « vieux » clubs, après une activité ralentie de plusieurs années reprennent leur essor. Le V.C.B. retrouve le vélodrome de Kérabécam.

« Bien que depuis leur arrivée à Brest les Américains y ont élu domicile, et ont tout abimé par leurs fréquentations
intempestives de tous les sports »

La rentrée de l'U.S.O.B. est très remarquée. Le courant socialiste qui n'a fait que s'affirmer depuis 1912 à Brest, se confirme aux élections de 1919. La création du club ouvrier précède de quelques mois ces élections. Son terrain de jeu se situe au croisement de la rue de la Vierge et de l'Allée Verte. La famille sportive brestoise ne semble guère apprécier cette formule utilisant le sport comme moyen au service d'une cause, mais il y a des précédents du côté des patros. Il faut bien s'habituer à l'idée que le sport ne peut constituer un monde isolé des préoccupations sociales.

En 1921 et 1922 de nombreuses sociétés nouvelles apparaissent mais elles résultent parfois de fusions avec changement de nom. Rappelons-nous cette A.S. Lambézellec de 1905 qui avait loué un champ à Kercastrec en 1912 à la suite d'un dissentiment entre les Abbés directeurs de l'Armoricaine, cette équipe était venue renforcer l'A.S.L. qui devenait ainsi la meilleure équipe de Brest. Elle songe bien vite à fusionner avec la Jeunesse Sportive Brestoise en difficulté, et conclut un accord avec le V.C.B. afin d'aménager le vélodrome de Kérabécam pour le foot. L'A.S.Brestoise naît ainsi en 1914 et devient l'Entente Brestoise pendant la guerre en englobant le Stade Quilbignonnais né en 1909.

« Quel chemin parcouru depuis 1905 où l'on jouait Plaine de la Digue en traçant les buts avec des sabots et des casquettes »
(Kerdraon 1933). »

Nous supposons cette soudaine effervescence comme une véritable course engagée entre les diverses sociétés pour se reconstituer une clientèle sur le marché des activités physiques. Les scolaires sont immédiatement sollicités. Des sections scolaires se créent à la Démocrate, au F.C.B. à l'Armoricaine et à l'U.S.O.B. Du côté des sociétés catholiques pas question de laisser se perdre le bénéfice de tous les efforts accomplis dans les dix années précédant la guerre, d'autant qu'un gouvernement modéré d'Union Nationale encourage le nouveau départ des patros en leur accordant l'agrément de l'Etat, ce qui constitue un client totalement différent de celui que nous avons eu l'occasion de retracer à d'autres moments. Le congrès de la F.G.S.P.F. de 1921 décide :

« Qu'il faut s'adonner plus que jamais à la préparation militaire »

Des réunions sont prévues à cet effet avec des délégués du Ministère de la Guerre. Une situation internationale mal stabilisée justifie un tel souci du gouvernement mais d'autres mobiles continuent à dynamiser l'activité des 48 patros catholiques du département. Les luttes politiques intérieures semblent devoir ramener au pouvoir les anticléricaux d'avant 1914. L'Eglise est attentive à cette éventualité. De nombreuses fêtes de propagande basées sur l'utilisation des activités physiques ont lieu pendant les trois années précédant l'arrivée du Cartel des Gauches au pouvoir en 1924. Une nouvelle fois l'adoption de mesures anticléricales va déclencher une mobilisation des forces catholiques dans le cadre de leur Fédération Nationale, la F.N.C. Les sociétés gymniques vont apporter par leur dynamisme, une contribution à cette lutte. Les fêtes réunissant plusieurs milliers de sportifs constituent une tribune de premier ordre. Le gouvernement cartelliste entreprend de contrôler ces activités. La commission départementale chargée de répartir l'aide financière de l'Etat va refuser l'agrément à 9 sociétés du sud et 21 du Nord pour leur appartenance à la F.G.S.P.F.

« Qui représente un instrument d'une politique d'opposition à la République ».

Les déclarations d'ecclésiastiques directeurs de patros, sont fréquentes, à l'occasion des cérémonies religieuses précédant les fêtes gymniques. Celui de Pont L'Abbé en 1924, considère que ces gymnastes

« Auront à se défendre contre les ennemis de leur foi, qui les trouveront non point redoutables, car ils ne veulent de mal à personne, mais inébranlables dans la sauvegarde de leur foi ».

Il

« exhorte les gymnastes à l'union plus que jamais nécessaire autour de leur drapeau ». Pour l'évêque à Brest devant 20 000
spectateurs assistant aux évolutions de 50 patros 
« Un jour viendra peut-être, ou bien que compétents et dévoués, vous ne jouirez pas de toutes les libertés auxquelles vous avez 
droit. Ce jour là vous saurez vous dresser pour la défense de vos droits et croyances » (les Gauches viennent de prendre la
direction du gouvernement).

Déjà en 1922, ces jeunes :

« Sont les champions de la cause catholique, et c'est pourquoi certains les craignent et les haïssent même »
(compte rendu de fête à Pont L'Abbé).

Les sociétés de gym laïques semblent avoir pris un certain retard et ont des difficultés à redéfinir leurs activités et à accepter d'y intégrer le sport.

Le football nous l'avons dit, part en flèche. Tous les clubs de Brest ont de trois à six équipes en 1922, soit un effectif de plus de 600 joueurs. L'U.S.O.B. et l'Armoricaine sont les mieux pourvus.

Le championnat de la nouvelle Ligue de l'Ouest comporte trois séries comme avant guerre, mais avec un nombre bien plus important de clubs engagés. Un championnat des équipes réserves existe aussi. En 1921 une division d'Honneur vient s'y ajouter. Elle se fait par l'unanimité car certains redoutent :

« L'élitisme qui s'accentue et s'accompagne de la commercialisation et du racolage ». 

Il est cependant impossible d'enrayer ce courant. C'est une exigence du championnat.

L'ambition de la ligue est la création d'une équipe sur le territoire de chaque commune.

D'autres personnes soutiennent l'idée qu'il faudrait limiter le nombre en raison de rivalités locales à l'intérieur et entre les communes. Les clubs surgissent partout sans que l'on puisse maîtriser ce mouvement. Le public afflue. Il n'est pas rare de voir 400 spectateurs au match, surtout en coupe. La finale nationale est suivie par 80 000 personnes. Ce chiffre reste fort éloigné de celui des finales anglaises (on parle de 200 000). Un équipement adapté devient nécessaire. Le parc des Sports de Quimper est créé dès 1919. La publicité y trouve sa place (en 1921 à Brest). La mise en place des structures au niveau des districts s'avère bientôt indispensable. La saison de pratique qui durait d'Octobre à Avril, s'étend rapidement du 15 août au 1er juin. La phase de préparation qui se déroulait sous forme de cross ou d'athlétisme au temps de la fédération unique n'est plus envisageable sous cette forme, on y consacre même plus de temps :

« Seul le match compte dans l'esprit du joueur ». 

Il faudra un certain temps avant qu'il y ait une prise de conscience du danger qu'il peut y avoir à poursuivre dans cette voie. Les joueurs ne progressent pas, ils se « claquent », ils commencent et terminent mal leur saison. Les jeunes sont les plus touchés. L'idée d'une préparation physique nécessaire s'imposera lentement, de même celle d'une séparation des catégories d'âge. En 1927 « un mouvement se crée en faveur d'équipes juniors. Jusqu'alors ils se retrouvent dans les équipes 4 ou 5 des clubs. Le premier championnat de Bretagne Sud ne comporte que trois équipes dont le stade Quimpérois et la Phalange, mais en 1939 elles sont à ce même championnat : 21 équipes juniors et 13 minimes. L'idée de « stages » pour progresser est émise en 1929, puis d'encadrement en 1930 :

« Il faut un entraîneur qui remplace La Commission de dirigeants considérée comme inefficace ». 

En 1931 on discute de la question de l'entraîneur bénévole ou non.

A ce moment de l'avis du président de le Ligue (1933), le Finistère, longtemps inférieur aux autres départements a comblé son retard par une éducation technique de ses équipes.

Chaque progrès du foot contribue cependant à créer le vide dans un sport auquel on avait beaucoup crû, l'athlétisme. La jeune ligue de Bretagne qui préside aux destinées de ce sport depuis le 19 janvier 1921, semble prendre vigueur (70 sections athlétiques inscrites et 1200 licenciés en 1922, 75 sections et 1500 licenciés en 1923). 15 clubs ont plus de 25 licenciés, il s'agit pour le Finistère de l'A.S.Brestoise, du Stade Quimpérois, de l'A.S. du Belon et de Ploaré, mais 31 sections fonctionnent dans notre département, soit deux fois plus qu'en 1978. Il n'y a pas de pistes en Bretagne sauf une « magnifique cendrée à Rennes » (Courtemanche), ceux qui se souviennent d'y avoir couru pourront sourire, cependant la structure des championnats est déjà très précise. Les épreuves se succèdent à partir de districts, puis Région, Inter région et enfin championnats Nationaux. Nous n'avons rien modifié à la formule.

Après nos cinquante années d'expérience, on peut s'interroger sur les raisons d'un tel conservatisme et sur ses conséquences actuelles. Restons-en au niveau du constat. Les athlètes sont classés en deux catégories selon leurs performances, mais en peu de temps on se rend compte que seuls les meilleurs continuent à pratiquer et la seconde catégorie disparaît.

Un certain nombre de prises de positions sur les raisons de cette situation mettent en évidence que les athlètes « rechignent à s'entraîner », mais aussi que les entraîneurs s'occupent surtout des « bons » et surtout des champions qui « leur permettent de faire de beaux déplacements »,

Très rares sont les juniors (moins de 18 ans), qui n'ont pas d'épreuves pour leurs catégories, bien que celle-ci aient été définies depuis 1923 pour les scolaires, ils sont donc mélangés aux adultes dans les courses.

On constate aussi que l'athlétisme n'attire pas les foules « le public nous ignore et nous boude » déclare Germain, celui que tous appellent le père des sports en Bretagne. Les plus grandes réunions, rassemblent tout au plus quarante participants, une trentaine aux départementaux, et environs 60 aux championnats de Bretagne. Le cross auquel on essaie de donner un caractère de sport d'équipe n'est guère plus fréquenté malgré un assez bon départ (150 aux districts de Cornouaille autant à ceux du Léon, 90 en Ille et Vilaine, 80 dans le Morbihan et 46 dans les Côtes du Nord, dans le cadre d'une catégorie unique, celle des seniors). La plus grande épreuve, le Tour de Brest en 1921 et 1922 réunit 70 concurrents et attire 20 000 spectateurs dans la rue, des courses longues du type Redon - Rennes ont lieu deux ou trois fois par an, souvent par relais.

On cherche des remèdes à cette stagnation de l'athlétisme, en organisant des clubs spécialisés, afin de ne pas disperser les trop rares animateurs. Les essais de Brest et Rennes condamnent vite la formule, autour du Club athlétique brestois, c'est le vide absolu, comme les autres Fédérations, celle d'athlétisme s'adressera progressivement aux jeunes catégories. Les raisons profondes de ce cheminement restent à analyser, ce n'est qu'en 1936 que des championnats départementaux et régionaux réunissent des cadets et des juniors. Les patronages ont une certaine avance dans ce domaine. Des épreuves minimes font déjà partie de leurs programmes. Il est intéressant de constater qu'une épreuve de détection pour les jeunes est instituée, deux ans avant les jeux olympiques de 1928, afin de renforcer nos chances de mieux figurer sur le plan international. Les résultats de ces épreuves de détection sont d'une grande médiocrité, tant sur le plan du nombre des participants que sur celui du niveau des performances.

La même remarque est à faire au sujet des brevets d'athlétisme organisés par la Ligue pour les moins de dix sept ans.

C'est sous la protection de l'athlétisme que se place le dernier né des sports le Basket Ball. En 1921 il s'implante solidement en Ille et Vilaine, considéré comme un jeu plus qu'un sport on en attend surtout qu'il constitue une bonne préparation pour l'athlétisme. Ce n'est donc pas pour l'aider à conquérir un véritable statut autonome que l'athlétisme accueille le Basket en son sein.

Nous réservons plus loin un chapitre spécial à l'histoire du développement du basket dans le Finistère.

Ce premier tour d'horizon a laissé dans l'ombre les évènements survenus à des sports traditionnels comme le cyclisme. Il ne nous a pas semblé que des modifications importantes soient intervenues dans la nature ni le nombre des épreuves concernant le niveau départemental, par contre une place considérable est occupée dans l'opinion publique par des épreuves telles que le Tour de France ou le Tour de l'Ouest. Le nombre des sociétés cyclistes sera de 10 en 1931.

Nous avons voulu caractériser cette époque sportive de vingt années essentiellement par les transformations qui se sont opérées dans les mentalités des gens qui ont touché de près à la pratique du sport, dirigeants, joueurs et aussi spectateurs, c'est au travers de déclarations des premiers pratiquants que nous pouvons préciser cette crise morale qu'ils dénoncent et qui touche l'ensemble du monde sportif.

Ce véritable processus de dégradations se définit selon eux, de la manière suivante, que nous résumons avant de leur passer directement la parole.

Le sport par son expression essentielle, le championnat, les records est devenu un but plus qu'un moyen. Il en découle un danger physique pour l'organisme souvent mal préparé, seuls les forts y trouvent leur compte. La masse qui devrait en tirer bénéfice s'en éloigne, mais surtout, la nécessité de gagner, de gravir les échelons du championnat, crée une situation malsaine chez les responsables autant que chez les joueurs. On racole les bons éléments susceptibles de faire gagner l'équipe, mais aussi capables d'attirer les spectateurs dont on ne peut se passer pour régler les problèmes financiers. Pour prétendre jouer à un niveau supérieur, il faut accepter les longs déplacements nécessitant beaucoup d'argent. Le succès individuel, les faveurs du public conduisent les joueurs à des comportements de « vedettes », et à des exigences vis-à-vis du Club. La brutalité s'installe sur les terrains. Le spectateur verse dans le chauvinisme. Le dirigeant soigne sa réussite personnelle, politique ou professionnelle. Un tel sport, loin de constituer un modèle pour les jeunes est fort mal apprécié des parents et des milieux universitaires, au point que son intégration au système éducatif se trouve freinée. Les tenants d'une conception éducative du sport s'achèvent aussi contre le mal de la spécialisation, c'est-à-dire de la pratique exclusive d'un sport. Cette déviation, conséquence logique de l'organisation sportive nouvelle leur apparaît même une véritable agression contre l'organisme humain. C'est Hébert qui traduit avec le plus de clarté mais aussi de violence l'ensemble des idées ci-dessus exprimées. Les censures du sport moderne n'adoptent cependant pas une attitude de refus, ce qu'ils exigent, c'est un retour à la situation d'un sport purifié et varié, le seul susceptible de réaliser leur objectif, « la régénération de la race ». La parole est aux témoins.

1922

Talbot responsable d'une Association Sportive à Brest (le S.U.B.) écrit dans « le cri du peuple »

« Les joueurs monnaient leurs dons, recherchent des situations, la passion s'installe dans le sport mais c'est pourtant
mieux que l'antique gymnastique ».

Il réclame déjà pour l'école une demi-journée où les élèves devront faire du sport, en dehors du jeudi (ce n'est qu'en 1938 qu'une circulaire répondra à son désir).

« Ce sport devra être dirigé et surveillé. Il faudra un contrôle sérieux de l'état, le grand maître du sport à l'école doit 
être le médecin »

1924

Le même Talbot : {

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