Transformations profondes des activités physiques : Différence entre versions
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Les ''« vieux »'' clubs, après une activité ralentie de plusieurs années reprennent leur essor. Le V.C.B. retrouve le vélodrome de Kérabécam. | Les ''« vieux »'' clubs, après une activité ralentie de plusieurs années reprennent leur essor. Le V.C.B. retrouve le vélodrome de Kérabécam. | ||
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− | + | « Bien que depuis leur arrivée à Brest les Américains y ont élu domicile, et ont tout abimé par leurs fréquentations | |
− | + | intempestives de tous les sports » | |
− | « Bien que depuis leur arrivée à Brest les Américains y ont élu domicile, et ont tout abimé par leurs fréquentations intempestives de tous les sports » | + | |
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La rentrée de l'U.S.O.B. est très remarquée. Le courant socialiste qui n'a fait que s'affirmer depuis 1912 à Brest, se confirme aux élections de 1919. La création du club ouvrier précède de quelques mois ces élections. Son terrain de jeu se situe au croisement de la rue de la Vierge et de l'Allée Verte. La famille sportive brestoise ne semble guère apprécier cette formule utilisant le sport comme moyen au service d'une cause, mais il y a des précédents du côté des patros. Il faut bien s'habituer à l'idée que le sport ne peut constituer un monde isolé des préoccupations sociales. | La rentrée de l'U.S.O.B. est très remarquée. Le courant socialiste qui n'a fait que s'affirmer depuis 1912 à Brest, se confirme aux élections de 1919. La création du club ouvrier précède de quelques mois ces élections. Son terrain de jeu se situe au croisement de la rue de la Vierge et de l'Allée Verte. La famille sportive brestoise ne semble guère apprécier cette formule utilisant le sport comme moyen au service d'une cause, mais il y a des précédents du côté des patros. Il faut bien s'habituer à l'idée que le sport ne peut constituer un monde isolé des préoccupations sociales. | ||
En 1921 et 1922 de nombreuses sociétés nouvelles apparaissent mais elles résultent parfois de fusions avec changement de nom. Rappelons-nous cette A.S. Lambézellec de 1905 qui avait loué un champ à Kercastrec en 1912 à la suite d'un dissentiment entre les Abbés directeurs de l'Armoricaine, cette équipe était venue renforcer l'A.S.L. qui devenait ainsi la meilleure équipe de Brest. Elle songe bien vite à fusionner avec la Jeunesse Sportive Brestoise en difficulté, et conclut un accord avec le V.C.B. afin d'aménager le vélodrome de Kérabécam pour le foot. L'A.S.Brestoise naît ainsi en 1914 et devient l'Entente Brestoise pendant la guerre en englobant le Stade Quilbignonnais né en 1909. | En 1921 et 1922 de nombreuses sociétés nouvelles apparaissent mais elles résultent parfois de fusions avec changement de nom. Rappelons-nous cette A.S. Lambézellec de 1905 qui avait loué un champ à Kercastrec en 1912 à la suite d'un dissentiment entre les Abbés directeurs de l'Armoricaine, cette équipe était venue renforcer l'A.S.L. qui devenait ainsi la meilleure équipe de Brest. Elle songe bien vite à fusionner avec la Jeunesse Sportive Brestoise en difficulté, et conclut un accord avec le V.C.B. afin d'aménager le vélodrome de Kérabécam pour le foot. L'A.S.Brestoise naît ainsi en 1914 et devient l'Entente Brestoise pendant la guerre en englobant le Stade Quilbignonnais né en 1909. | ||
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− | + | « Quel chemin parcouru depuis 1905 où l'on jouait Plaine de la Digue en traçant les buts avec des sabots et des casquettes » | |
− | + | (Kerdraon 1933). » | |
− | « Quel chemin parcouru depuis 1905 où l'on jouait Plaine de la Digue en traçant les buts avec des sabots et des casquettes » (Kerdraon 1933). » | + | |
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Nous supposons cette soudaine effervescence comme une véritable course engagée entre les diverses sociétés pour se reconstituer une clientèle sur le marché des activités physiques. Les scolaires sont immédiatement sollicités. Des sections scolaires se créent à la Démocrate, au F.C.B. à l'Armoricaine et à l'U.S.O.B. Du côté des sociétés catholiques pas question de laisser se perdre le bénéfice de tous les efforts accomplis dans les dix années précédant la guerre, d'autant qu'un gouvernement modéré d'Union Nationale encourage le nouveau départ des patros en leur accordant l'agrément de l'Etat, ce qui constitue un client totalement différent de celui que nous avons eu l'occasion de retracer à d'autres moments. Le congrès de la F.G.S.P.F. de 1921 décide : | Nous supposons cette soudaine effervescence comme une véritable course engagée entre les diverses sociétés pour se reconstituer une clientèle sur le marché des activités physiques. Les scolaires sont immédiatement sollicités. Des sections scolaires se créent à la Démocrate, au F.C.B. à l'Armoricaine et à l'U.S.O.B. Du côté des sociétés catholiques pas question de laisser se perdre le bénéfice de tous les efforts accomplis dans les dix années précédant la guerre, d'autant qu'un gouvernement modéré d'Union Nationale encourage le nouveau départ des patros en leur accordant l'agrément de l'Etat, ce qui constitue un client totalement différent de celui que nous avons eu l'occasion de retracer à d'autres moments. Le congrès de la F.G.S.P.F. de 1921 décide : | ||
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− | + | « Qu'il faut s'adonner plus que jamais à la préparation militaire » | |
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− | « Qu'il faut s'adonner plus que jamais à la préparation militaire » | ||
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Des réunions sont prévues à cet effet avec des délégués du Ministère de la Guerre. Une situation internationale mal stabilisée justifie un tel souci du gouvernement mais d'autres mobiles continuent à dynamiser l'activité des 48 patros catholiques du département. Les luttes politiques intérieures semblent devoir ramener au pouvoir les anticléricaux d'avant 1914. L'Eglise est attentive à cette éventualité. De nombreuses fêtes de propagande basées sur l'utilisation des activités physiques ont lieu pendant les trois années précédant l'arrivée du Cartel des Gauches au pouvoir en 1924. Une nouvelle fois l'adoption de mesures anticléricales va déclencher une mobilisation des forces catholiques dans le cadre de leur Fédération Nationale, la F.N.C. Les sociétés gymniques vont apporter par leur dynamisme, une contribution à cette lutte. Les fêtes réunissant plusieurs milliers de sportifs constituent une tribune de premier ordre. Le gouvernement cartelliste entreprend de contrôler ces activités. La commission départementale chargée de répartir l'aide financière de l'Etat va refuser l'agrément à 9 sociétés du sud et 21 du Nord pour leur appartenance à la F.G.S.P.F. | Des réunions sont prévues à cet effet avec des délégués du Ministère de la Guerre. Une situation internationale mal stabilisée justifie un tel souci du gouvernement mais d'autres mobiles continuent à dynamiser l'activité des 48 patros catholiques du département. Les luttes politiques intérieures semblent devoir ramener au pouvoir les anticléricaux d'avant 1914. L'Eglise est attentive à cette éventualité. De nombreuses fêtes de propagande basées sur l'utilisation des activités physiques ont lieu pendant les trois années précédant l'arrivée du Cartel des Gauches au pouvoir en 1924. Une nouvelle fois l'adoption de mesures anticléricales va déclencher une mobilisation des forces catholiques dans le cadre de leur Fédération Nationale, la F.N.C. Les sociétés gymniques vont apporter par leur dynamisme, une contribution à cette lutte. Les fêtes réunissant plusieurs milliers de sportifs constituent une tribune de premier ordre. Le gouvernement cartelliste entreprend de contrôler ces activités. La commission départementale chargée de répartir l'aide financière de l'Etat va refuser l'agrément à 9 sociétés du sud et 21 du Nord pour leur appartenance à la F.G.S.P.F. | ||
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− | + | « Qui représente un instrument d'une politique d'opposition à la République ». | |
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− | « Qui représente un instrument d'une politique d'opposition à la République ». | ||
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Les déclarations d'ecclésiastiques directeurs de patros, sont fréquentes, à l'occasion des cérémonies religieuses précédant les fêtes gymniques. Celui de Pont L'Abbé en 1924, considère que ces gymnastes | Les déclarations d'ecclésiastiques directeurs de patros, sont fréquentes, à l'occasion des cérémonies religieuses précédant les fêtes gymniques. Celui de Pont L'Abbé en 1924, considère que ces gymnastes | ||
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− | + | « Auront à se défendre contre les ennemis de leur foi, qui les trouveront non point redoutables, car ils ne veulent de mal à personne, mais inébranlables dans la sauvegarde de leur foi ». | |
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− | « Auront à se défendre contre les ennemis de leur foi, qui les trouveront non point redoutables, car ils ne veulent de mal à personne, mais inébranlables dans la sauvegarde de leur foi ». | ||
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− | « Un jour viendra peut-être, ou bien que compétents et dévoués, vous ne jouirez pas de toutes les libertés auxquelles vous avez droit. Ce jour là vous saurez vous dresser pour la défense de vos droits et croyances » ''(les Gauches viennent de prendre la direction du gouvernement).'' | + | « exhorte les gymnastes à l'union plus que jamais nécessaire autour de leur drapeau ». Pour l'évêque à Brest devant 20 000 |
− | + | spectateurs assistant aux évolutions de 50 patros | |
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+ | « Un jour viendra peut-être, ou bien que compétents et dévoués, vous ne jouirez pas de toutes les libertés auxquelles vous avez | ||
+ | droit. Ce jour là vous saurez vous dresser pour la défense de vos droits et croyances » ''(les Gauches viennent de prendre la | ||
+ | direction du gouvernement).'' | ||
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Déjà en 1922, ces jeunes : | Déjà en 1922, ces jeunes : | ||
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− | + | « Sont les champions de la cause catholique, et c'est pourquoi certains les craignent et les haïssent même » | |
− | + | ''(compte rendu de fête à Pont L'Abbé).'' | |
− | « Sont les champions de la cause catholique, et c'est pourquoi certains les craignent et les haïssent même » ''(compte rendu de fête à Pont L'Abbé).'' | + | |
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Les sociétés de gym laïques semblent avoir pris un certain retard et ont des difficultés à redéfinir leurs activités et à accepter d'y intégrer le sport. | Les sociétés de gym laïques semblent avoir pris un certain retard et ont des difficultés à redéfinir leurs activités et à accepter d'y intégrer le sport. | ||
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Le championnat de la nouvelle Ligue de l'Ouest comporte trois séries comme avant guerre, mais avec un nombre bien plus important de clubs engagés. Un championnat des équipes réserves existe aussi. En 1921 une division d'Honneur vient s'y ajouter. Elle se fait par l'unanimité car certains redoutent : | Le championnat de la nouvelle Ligue de l'Ouest comporte trois séries comme avant guerre, mais avec un nombre bien plus important de clubs engagés. Un championnat des équipes réserves existe aussi. En 1921 une division d'Honneur vient s'y ajouter. Elle se fait par l'unanimité car certains redoutent : | ||
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− | + | « L'élitisme qui s'accentue et s'accompagne de la commercialisation et du racolage ». | |
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− | « L'élitisme qui s'accentue et s'accompagne de la commercialisation et du racolage ». | ||
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Il est cependant impossible d'enrayer ce courant. C'est une exigence du championnat. | Il est cependant impossible d'enrayer ce courant. C'est une exigence du championnat. | ||
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D'autres personnes soutiennent l'idée qu'il faudrait limiter le nombre en raison de rivalités locales à l'intérieur et entre les communes. Les clubs surgissent partout sans que l'on puisse maîtriser ce mouvement. Le public afflue. Il n'est pas rare de voir 400 spectateurs au match, surtout en coupe. La finale nationale est suivie par 80 000 personnes. Ce chiffre reste fort éloigné de celui des finales anglaises (on parle de 200 000). Un équipement adapté devient nécessaire. Le parc des Sports de Quimper est créé dès 1919. La publicité y trouve sa place (en 1921 à Brest). La mise en place des structures au niveau des districts s'avère bientôt indispensable. La saison de pratique qui durait d'Octobre à Avril, s'étend rapidement du 15 août au 1er juin. La phase de préparation qui se déroulait sous forme de cross ou d'athlétisme au temps de la fédération unique n'est plus envisageable sous cette forme, on y consacre même plus de temps : | D'autres personnes soutiennent l'idée qu'il faudrait limiter le nombre en raison de rivalités locales à l'intérieur et entre les communes. Les clubs surgissent partout sans que l'on puisse maîtriser ce mouvement. Le public afflue. Il n'est pas rare de voir 400 spectateurs au match, surtout en coupe. La finale nationale est suivie par 80 000 personnes. Ce chiffre reste fort éloigné de celui des finales anglaises (on parle de 200 000). Un équipement adapté devient nécessaire. Le parc des Sports de Quimper est créé dès 1919. La publicité y trouve sa place (en 1921 à Brest). La mise en place des structures au niveau des districts s'avère bientôt indispensable. La saison de pratique qui durait d'Octobre à Avril, s'étend rapidement du 15 août au 1er juin. La phase de préparation qui se déroulait sous forme de cross ou d'athlétisme au temps de la fédération unique n'est plus envisageable sous cette forme, on y consacre même plus de temps : | ||
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− | + | « Seul le match compte dans l'esprit du joueur ». | |
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− | « Seul le match compte dans l'esprit du joueur ». | ||
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Il faudra un certain temps avant qu'il y ait une prise de conscience du danger qu'il peut y avoir à poursuivre dans cette voie. Les joueurs ne progressent pas, ils se « claquent », ils commencent et terminent mal leur saison. Les jeunes sont les plus touchés. L'idée d'une préparation physique nécessaire s'imposera lentement, de même celle d'une séparation des catégories d'âge. En 1927 « un mouvement se crée en faveur d'équipes juniors. Jusqu'alors ils se retrouvent dans les équipes 4 ou 5 des clubs. Le premier championnat de Bretagne Sud ne comporte que trois équipes dont le stade Quimpérois et la Phalange, mais en 1939 elles sont à ce même championnat : 21 équipes juniors et 13 minimes. L'idée de « stages » pour progresser est émise en 1929, puis d'encadrement en 1930 : | Il faudra un certain temps avant qu'il y ait une prise de conscience du danger qu'il peut y avoir à poursuivre dans cette voie. Les joueurs ne progressent pas, ils se « claquent », ils commencent et terminent mal leur saison. Les jeunes sont les plus touchés. L'idée d'une préparation physique nécessaire s'imposera lentement, de même celle d'une séparation des catégories d'âge. En 1927 « un mouvement se crée en faveur d'équipes juniors. Jusqu'alors ils se retrouvent dans les équipes 4 ou 5 des clubs. Le premier championnat de Bretagne Sud ne comporte que trois équipes dont le stade Quimpérois et la Phalange, mais en 1939 elles sont à ce même championnat : 21 équipes juniors et 13 minimes. L'idée de « stages » pour progresser est émise en 1929, puis d'encadrement en 1930 : | ||
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− | + | « Il faut un entraîneur qui remplace La Commission de dirigeants considérée comme inefficace ». | |
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− | « Il faut un entraîneur qui remplace La Commission de dirigeants considérée comme inefficace ». | ||
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En 1931 on discute de la question de l'entraîneur bénévole ou non. | En 1931 on discute de la question de l'entraîneur bénévole ou non. | ||
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====1922==== | ====1922==== | ||
Talbot responsable d'une Association Sportive à Brest (le S.U.B.) écrit dans ''« le cri du peuple »'' | Talbot responsable d'une Association Sportive à Brest (le S.U.B.) écrit dans ''« le cri du peuple »'' | ||
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− | + | « Les joueurs monnaient leurs dons, recherchent des situations, la passion s'installe dans le sport mais c'est pourtant | |
− | + | mieux que l'antique gymnastique ». | |
− | « Les joueurs monnaient leurs dons, recherchent des situations, la passion s'installe dans le sport mais c'est pourtant mieux que l'antique gymnastique ». | + | |
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Il réclame déjà pour l'école une demi-journée où les élèves devront faire du sport, en dehors du jeudi (ce n'est qu'en 1938 qu'une circulaire répondra à son désir). | Il réclame déjà pour l'école une demi-journée où les élèves devront faire du sport, en dehors du jeudi (ce n'est qu'en 1938 qu'une circulaire répondra à son désir). | ||
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− | + | « Ce sport devra être dirigé et surveillé. Il faudra un contrôle sérieux de l'état, le grand maître du sport à l'école doit | |
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− | « Ce sport devra être dirigé et surveillé. Il faudra un contrôle sérieux de l'état, le grand maître du sport à l'école doit être le médecin » | + | |
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Le même Talbot : | Le même Talbot : |
Version du 5 juillet 2011 à 09:37
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