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De Wiki-Brest

Témoignage d'Andréa Cousteaux : utilisatrice du lavoir de Saint Martin

Mars 2009
Andréa COUSTEAUX, née RACAULT, est née en 1927 à Brest.

Elle a habité 9 rue Asile des Vieillards, rue aujourd'hui supprimée, puis 13 rue Conseil, près du lavoir.

Elle nous livre des témoignages de son enfance avant et pendant la guerre 39-45 :


Ma mère allait tous les jours au lavoir. C'était un passe temps. Mon père disait «  C'est pas possible, elle doit tirer du linge propre de l'armoire !« . J'aidais mon père à porter la lessiveuse. Ma mère revenait le midi avec la lessiveuse et le linge et pendant qu'on mangeait, elle en mettait d'autre à bouillir sur le gaz. Il y avait de grandes lessiveuses noires sur trépied, à gauche des lavoirs, chauffées au bois. Les matrones se faisaient payer pour faire bouillir les draps. Cela coûtait 25 ou 50 centimes. La concierge vendait ou louait certaines choses, comme du savon de Marseille ou une brosse. Les femmes étaient en blouse et en sabots ou en « claques « , plus légères. Certaines avaient de gros sabots noirs de Saint Paul.

Le lavoir était toujours propre. Il était nettoyé tous les jours au balai brosse par des lavandières, car la concierge était trop âgée. Elles avaient droit à leur café-rhum et du pain beurre.

A partir de quatre heures, l'eau sale était remplacée pour rincer la linge. Celles qui avaient des bleus de chauffe pouvaient utiliser les lessiveuses encore chaudes, à ce moment là.

Le lavoir était toujours très occupé et c'est là que l'on entendait tous les cancans, c'était radio-lavoir. Des fois, il fallait attendre qu'une ait fini pour prendre sa place. Il y avait même de temps en temps de la bagarre avec les caisses.

Je me souviens qu'un jour, j'ai foutu une trempe à ma mère. Elle m'avait assise sur le mur, comme d'habitude et je m'ennuyais. Sa voisine est partie chez elle allumer sous les pommes de terre car les enfants allaient rentrer de l'école. Je commençais à pigner et ma mère m'a mise dans la caisse de sa voisine avec un torchon pour m'occuper. Mais la dame est revenue et j'ai piqué une crise pour garder la caisse. J'ai pris le battoir de ma mère et je lui ai tapé dessus sur la tête, comme elle était baissée. La concierge est venue me prendre et m'a donné une sucette chez elle pour me consoler. La concierge habitait dans une petite maison, là où est le transformateur maintenant, à gauche de l'entrée. Bien entendu, j'ai eu droit à une fessée par ma mère, plus tard.

J'ai habité au Stiffelou. C'était des prairies et il y avait une vieille ferme. Pendant la guerre, la dame, qui avait une vache, nous donnait un peu de lait tous les jours. Il y avait aussi des lavoirs, le long de la ligne de chemin de fer. Le petit train passait boulevard Montaigne, jusqu'à Lesneven. Il y avait des lavoirs dans des champs faits par les paysans qui mettaient des carrés de parpaings. Ces lavoirs étaient alimentés par des sources. Ma mère partait le matin avec son linge, le lavait et l'étendait sur les buissons. Le linge était d'un blanc !! Le soir, elle refaisait son baluchon et rentrait avec le linge propre et sec.


Rue Asile des Vieillards.jpg


La poule mouillée <flashmp3>La poule mouillee.mp3</flashmp3> Télécharger le fichier - Licence CC-BY-SA


Radio lavoir <flashmp3>Radio lavoir.mp3</flashmp3> Télécharger le fichier - Licence CC-BY-SA


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