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Témoignage d'Andréa Cousteaux : utilisatrice du lavoir de Saint Martin : Différence entre versions

(Nouvelle page : Extrait d'un témoignage De Mme Andréa COUSTEAUX Différend conjugal entre des lavandières)
 
 
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Extrait d'un témoignage De Mme Andréa COUSTEAUX
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[[Image:Andréa COUSTEAUX cr.jpg|right|200px|Mars 2009]]'''Andréa Cousteaux, née Racault''', est née en 1927 à [[is_city::Brest]].
  
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Elle a habité 9 rue ''Asile des Vieillards'', rue aujourd'hui supprimée, puis 13 rue Conseil, près [[Lavoir de la rue Conseil à Saint-Martin|du lavoir]].
  
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Elle nous livre des témoignages de son enfance avant et pendant la guerre 39-45 :     
  
Différend conjugal entre des lavandières
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==Le lavoir, moment de la vie quotidienne==
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Ma mère allait tous les jours au lavoir. C'était un passe temps. Mon père disait « C'est pas possible, elle doit tirer du linge propre de l'armoire ! ». J'aidais mon père à porter la lessiveuse. Ma mère revenait le midi avec la lessiveuse et le linge et pendant qu'on mangeait, elle en mettait d'autre à bouillir sur le gaz.
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Il y avait de grandes lessiveuses noires sur trépied, à gauche des lavoirs, chauffées au bois.
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Les matrones se faisaient payer pour faire bouillir les draps. Cela coûtait 25 ou 50 centimes.
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La concierge vendait ou louait certaines choses, comme du savon de Marseille ou une brosse.
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Les femmes étaient en blouse et en sabots ou en « claques » , plus légères. Certaines avaient de gros sabots noirs de Saint Paul.
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==La radio-lavoir==
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Le lavoir était toujours propre. Il était nettoyé tous les jours au balai brosse par des lavandières, car la concierge était trop âgée. Elles avaient droit à leur café-rhum et du pain beurre.
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A partir de quatre heures, l'eau sale était remplacée pour rincer le linge. Celles qui avaient des bleus de chauffe pouvaient utiliser les lessiveuses encore chaudes, à ce moment là.
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Le lavoir était toujours très occupé et c'est là que l'on entendait tous les cancans, c'était radio-lavoir. Des fois, il fallait attendre qu'une ait fini pour prendre sa place. Il y avait même de temps en temps de la bagarre avec les caisses.
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Je me souviens qu'un jour, j'ai foutu une trempe à ma mère. Elle m'avait assise sur le mur, comme d'habitude et je m'ennuyais. Sa voisine est partie chez elle allumer sous les pommes de terre car les enfants allaient rentrer de l'école. Je commençais à pigner et ma mère m'a mise dans la caisse de sa voisine avec un torchon pour m'occuper. Mais la dame est revenue et j'ai piqué une crise pour garder la caisse. J'ai pris le battoir de ma mère et je lui ai tapé dessus sur la tête, comme elle était baissée. La concierge est venue me prendre et m'a donné une sucette chez elle pour me consoler. La concierge habitait dans une petite maison, là où est le transformateur maintenant, à gauche de l'entrée. Bien entendu, j'ai eu droit à une fessée par ma mère, plus tard.
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'''La poule mouillée''' 
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'''Radio lavoir'''
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==Les lavoirs pendant la guerre==
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J'ai habité au Stiffelou. C'était des prairies et il y avait une vieille ferme. Pendant la guerre, la dame, qui avait une vache, nous donnait un peu de lait tous les jours.
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Il y avait aussi des lavoirs, le long de la ligne de chemin de fer. Le petit train passait boulevard Montaigne, jusqu'à Lesneven. Il y avait des lavoirs dans des champs faits par les paysans qui mettaient des carrés de parpaings. Ces lavoirs étaient alimentés par des sources. Ma mère partait le matin avec son linge, le lavait et l'étendait sur les buissons. Le linge était d'un blanc !! Le soir, elle refaisait son baluchon et rentrait avec le linge propre et sec.
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Je suis née rue Conseil, un peu plus bas que le lavoir et j'ai grandi là jusqu'à mes douze ans, jusqu'à la guerre.
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Ma mère avait peur car elle trouvait que l'on était trop près de l'église et que les bombes dégringolaient tout autour.
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Elle a pris une petite maison au Stiffelou et on a habité là pendant toute la guerre, jusqu'en 44. C'était une vieille maison et ma mère l'avait fait surélevé.
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La maison était finie en 42 et en 44 elle a été décapitée.
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==Voir aussi==
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*[[Lavoir de la rue Conseil à Saint-Martin]]
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Version actuelle datée du 11 janvier 2018 à 18:09

Mars 2009
Andréa Cousteaux, née Racault, est née en 1927 à Brest.

Elle a habité 9 rue Asile des Vieillards, rue aujourd'hui supprimée, puis 13 rue Conseil, près du lavoir.

Elle nous livre des témoignages de son enfance avant et pendant la guerre 39-45 :

Le lavoir, moment de la vie quotidienne

Ma mère allait tous les jours au lavoir. C'était un passe temps. Mon père disait « C'est pas possible, elle doit tirer du linge propre de l'armoire ! ». J'aidais mon père à porter la lessiveuse. Ma mère revenait le midi avec la lessiveuse et le linge et pendant qu'on mangeait, elle en mettait d'autre à bouillir sur le gaz. Il y avait de grandes lessiveuses noires sur trépied, à gauche des lavoirs, chauffées au bois. Les matrones se faisaient payer pour faire bouillir les draps. Cela coûtait 25 ou 50 centimes. La concierge vendait ou louait certaines choses, comme du savon de Marseille ou une brosse. Les femmes étaient en blouse et en sabots ou en « claques » , plus légères. Certaines avaient de gros sabots noirs de Saint Paul.

La radio-lavoir

Le lavoir était toujours propre. Il était nettoyé tous les jours au balai brosse par des lavandières, car la concierge était trop âgée. Elles avaient droit à leur café-rhum et du pain beurre.

A partir de quatre heures, l'eau sale était remplacée pour rincer le linge. Celles qui avaient des bleus de chauffe pouvaient utiliser les lessiveuses encore chaudes, à ce moment là.

Le lavoir était toujours très occupé et c'est là que l'on entendait tous les cancans, c'était radio-lavoir. Des fois, il fallait attendre qu'une ait fini pour prendre sa place. Il y avait même de temps en temps de la bagarre avec les caisses.

Je me souviens qu'un jour, j'ai foutu une trempe à ma mère. Elle m'avait assise sur le mur, comme d'habitude et je m'ennuyais. Sa voisine est partie chez elle allumer sous les pommes de terre car les enfants allaient rentrer de l'école. Je commençais à pigner et ma mère m'a mise dans la caisse de sa voisine avec un torchon pour m'occuper. Mais la dame est revenue et j'ai piqué une crise pour garder la caisse. J'ai pris le battoir de ma mère et je lui ai tapé dessus sur la tête, comme elle était baissée. La concierge est venue me prendre et m'a donné une sucette chez elle pour me consoler. La concierge habitait dans une petite maison, là où est le transformateur maintenant, à gauche de l'entrée. Bien entendu, j'ai eu droit à une fessée par ma mère, plus tard.

La poule mouillée The media player is loading... Télécharger le fichier - Licence CC-BY-ND


Radio lavoir The media player is loading... Télécharger le fichier - Licence CC-BY-ND

Les lavoirs pendant la guerre

J'ai habité au Stiffelou. C'était des prairies et il y avait une vieille ferme. Pendant la guerre, la dame, qui avait une vache, nous donnait un peu de lait tous les jours. Il y avait aussi des lavoirs, le long de la ligne de chemin de fer. Le petit train passait boulevard Montaigne, jusqu'à Lesneven. Il y avait des lavoirs dans des champs faits par les paysans qui mettaient des carrés de parpaings. Ces lavoirs étaient alimentés par des sources. Ma mère partait le matin avec son linge, le lavait et l'étendait sur les buissons. Le linge était d'un blanc !! Le soir, elle refaisait son baluchon et rentrait avec le linge propre et sec.

Je suis née rue Conseil, un peu plus bas que le lavoir et j'ai grandi là jusqu'à mes douze ans, jusqu'à la guerre. Ma mère avait peur car elle trouvait que l'on était trop près de l'église et que les bombes dégringolaient tout autour. Elle a pris une petite maison au Stiffelou et on a habité là pendant toute la guerre, jusqu'en 44. C'était une vieille maison et ma mère l'avait fait surélevé. La maison était finie en 42 et en 44 elle a été décapitée.

Rue Asile des Vieillards.jpg

Voir aussi

                                                               HalleStMartin002.jpg       Portail du quartier de Saint-Martin                                                                            
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