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Yannick Goasdoué, charpentier de marine au Guip

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Brest 2016

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Yannick Goasdoué, charpentier au Guip, devant le Patron François Morin


Yannick Goasdoué, charpentier de marine au Guip, est né en 1976. Il a passé sa jeunesse à Lorient. Il connaît aussi Brest pour y avoir très souvent séjourné, chez ses grands-parents, pendant les vacances.

Une formation aux métiers du bois

Yannick Goasdoué, charpentier au Guip, en pleine action sur le Patron François Morin

Après le collège, il va passer successivement un CAP, un BEP et un Bac Pro menuiserie et agencement, en 1993/94 à Port-Louis. Embauché en intérim pendant quatre ans dans différentes entreprises, Yannick va compléter sa formation par un CAP d'ébéniste, à Auray. Travaillant toujours dans le bois, il lui arrive cependant de se confronter parfois à l'aluminium, dans la pose de fenêtres par exemple.

En 2007/2008, muni d'une bonne expérience, il s'inscrit aux Ateliers de l'Enfer du Port-Rhu de Douarnenez et passe un CAP de charpentier de marine. Sa première embauche, en CDI, le voit intégrer l'équipe du chantier du Guip, en juillet 2008, où il fera ses débuts lors de la restauration du Marie-Fernand (cotre-pilote du Havre, construit en 1894), mis à l'eau pendant les fêtes maritimes de 2008.

Charpentier de marine au Guip

Préparation à la pose d'un bordé, Yannick est au centre; à droite, Yann Mauffret

Ici, pas de spécialisation, il faut s'adapter tout le temps à de nouvelles techniques. Tous les charpentiers sont polyvalents : leur activité suit la programmation du travail à réaliser et les besoins. Ainsi, chaque jour, le charpentier peut être amené à faire du bordage, du pontage, de l'ébénisterie ou des aménagements intérieurs.

C'est le patron du chantier, Yann Mauffret, qui conçoit les projets de rénovation ou de construction d'un bateau et qui organise la vie du chantier en fonction des commandes, des contrats, du respect des délais et des impératifs commerciaux. Il est secondé par un chef d'atelier, un cadre administratif et une secrétaire comptable.

En temps normal, le chantier de Brest compte 16 charpentiers en CDI et celui de l'Île-aux-Moines, 5. Avec la préparation des Fêtes maritimes, l'effectif atteint en juin 2016 les 22 personnes (6 CDD provenant du « chantier-école » Skol ar Mor).

Près de 40 bateaux depuis 2008

Avant la pose du bordé

En moyenne, chaque année, le chantier du Guip, intervient sur 4 ou 5 bateaux. Depuis son arrivée, Yannick a donc pu participer à près d'une quarantaine de rénovations ou de constructions (un misainier à clins de 4,90 m, par exemple).

Pendant une année, en 2011/2012, il a aussi contribué, dans un chantier spécialement aménagé pour le Guip à Lorient, à la reconstruction du Biche, mythique thonier groisillon (trois ans de travail, de 2009 à 2012).

Du dundée-thonier à voiles d'origine, construit aux Sables-d'Olonne en 1934, il ne subsiste plus grand'chose : quelques demi-varangues et allonges de membrures, tout le reste ayant été refait à neuf.

Une réussite reconnue à sa juste valeur car, en 2013, Biche a été distingué par la revue britannique Classic Boat, qui lui a attribué le "first Award" de la meilleure restauration en Europe.

Parmi les bateaux qui reviennent régulièrement au chantier, on retrouve les voiliers-école de la Marine Nationale, qui a passé un contrat avec le Guip pour l'entretien et la réparation de ses navires en bois.

Des bateaux qui arrivent en mauvais état

Mise en place du bordé

Le principal problème de certains bateaux qui arrivent au chantier pour une rénovation, c'est leur état souvent dégradé, faute d'entretien ou de protection, laissés sous les éléments pendant parfois quelques années. Par exemple, un bateau couvert par un taud sera mieux conservé que si l'on le laisse sans protection, à l'air libre.

Par conséquent, la rénovation devient plus compliquée, souvent presqu'intégrale, en gardant quelques pièces d'origine qui ont mieux résisté. Il arrive aussi qu'un client ait des exigences difficilement conciliables avec le prix d'une rénovation, comme pour ce bateau argentin dont le propriétaire voulait du bois provenant d'Amérique du Sud, ce qui aurait multiplié le coût de la réparation par quatre !

Une préférence pour les bateaux du patrimoine

Même s'il apprécie de travailler sur des yachts, Yannick affirme une préférence bien marquée pour les bateaux du patrimoine et avoue même avoir eu un coup de cœur pour certains bateaux !

Pour les bateaux classés (monuments historiques), les charpentiers ont l'obligation de respecter certains critères lors de la restauration :

  • Utiliser les essences de bois employés lors de la première construction
  • Conserver les mêmes fixations
  • Garder les caractéristiques d'origine.

Ce qui lui plaît aussi, c'est la recherche qui est effectuée sur l'histoire, la vie de chaque navire qui leur est confié, de retrouver les plans pour les étudier, ses propriétaires successifs, un travail mis en archives et partagé avec le SHD.

Points positifs, points négatifs

Un aspect méconnu de l'activité du chantier est son adaptation à la récupération et au traitement des déchets : le Guip a investi dans une nouvelle ventilation qui récupère les copeaux et la sciure et permet, en les recyclant, de fabriquer des briquettes pour le chauffage. Le seul problème est maintenant de leur trouver un débouché.

La charpente de marine bois demande énormément de qualités : des savoir-faire, de la précision dans les gestes, permettant un travail bien fait, afin de ne pas créer de problème par la suite. La perception du maître-charpentier (le patron), quant à la conception du projet et aux solutions à mettre en œuvre, laisse toujours Yannick en admiration pour la pertinence de son analyse et sa justesse.

Revers de la médaille, ce travail manuel sollicite beaucoup certaines parties du corps : le dos, les bras et les phalanges des doigts peuvent en pâtir compte-tenu de la répétition des gestes et des positions.

L'avenir du métier, pour Yannick ? « Tant qu'il y aura des bateaux en bois, ça continuera ! »

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