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Témoignage de René Norrant sur le PL Guérin d'après-guerre

René Norrant a été membre du premier Conseil d'Administration du Patro-Guérin. Il a partagé ses souvenirs lors du cinquantenaire de l'association en 1983. Voici les commentaires des organisateurs de la manifestation en 1983 : "Quel plaisir et quelle émotion à la lecture de ces souvenirs plein de vie ! Continuité donc, puisqu' aujourd'hui la même foi laïque nous guide, la même confiance en l'homme, qui, par son bénévolat et la force de ses convictions réussit à revendiquer des moyens, développer des idées et contribuer ainsi à l'éducation populaire permanente à travers le monde des loisirs."

Les propos qui suivent sont ceux de René Norrant :

Entre 1946 et les années qui suivirent, les activités les plus importantes furent la fête des écoles, les animations (théâtre et spectacles, cinéma pour enfants, basket et boxe, clique, sorties pique-nique) ainsi que les travaux bénévoles et la kermesse.

La fête des écoles publiques

La fête des écoles publiques était très importante à cette époque, après les années noires que nous venions d'avoir, car les spectacles ont été plutôt rares sous l'occupation. Aussi, c'était une grande foule pour voir les chars du Corso de nos patronages, montant la rue Jean Jaurès pour se rendre à Ménez-Paul où avait lieu le landi. Le soleil brillait chaque fois. Je ne me souviens pas d'avoir eu de la pluie, à l'inverse des patros "cléricos" qui avaient lieu quelque temps avant et le plus souvent sous la pluie.

Je profitais de l'occasion pour vendre "l'Action Laïque" (journal de la ligue de l'enseignement et de l'éducation permanente... notre chère mère nourricère !) J'en vendais ainsi jusqu'à 50 exemplaires par mois : un bel exemple de dévouement à la cause laïque !

Le théâtre

Pour le théâtre, nous avions une salle dite "de spectacle" mais à part la scène, il n'y avait rien. La salle était juste bonne pour faire des bals et encore... : pas de bancs, encore moins de chaises. Il fallait tout faire nous-mêmes, la salle était faite le long de la rue Mathieu Donnart dans la cour actuelle. Par la suite, la deuxième salle fut construite en bois comme la première à l'emplacement du patro actuel. La salle aujourd'hui est un palais à côté des deux autres salles que nous appelions aussi Patro Guérin.

Donc tout était à faire ! Les bancs avec dossiers, un vestiaire pour les acteurs, un trou pour le souffleur, qui était aussi notre trésorier : M. Heurtaux. Je crois même que ce dernier créa une pièce pour le patro. On mit environ un mois à faire les bancs à raison de 2 à 3 heures de travail, de 20 heures à 23 heures.

Nous pouvions donc commencer le théâtre et les spectacles qui nous rapportèrent de l'argent, la salle étant comble très souvent. De l'argent, nous en avions bien besoin pour les déplacements de l'équipe de basket, le matériel pour faire les décors et divers travaux.

Il y eut donc des acteurs, des bals, des crochets pour les spectateurs qui désiraient monter sur la scène pour se faire applaudir ou se faire harponner avec un crochet de 3 mètres de long. Invisible au début, mais s'approchant du chanteur lorsque les spectateurs commençaient à le siffler.

Le plus populaire des chanteurs fut Gégène, qui était gardien bénévole du patro avec sa femme. Tous deux étaient des habitués des planches. Gégène était aussi bricoleur et confectionnait les filets de basketteurs. Etant gosse, j'allais applaudir Gégène à la maison du peuple au bois de Boulogne.

La troupe de Guérin obtint un prix départemental de l'UFOLEA, beaucoup grâce à Eliane, qui faisait des pointes comme les petits rats de l'Opéra, ainsi que des danses russes avec quelques basketteuses du patro.

Suzie était surtout chanteuse, elle était la soeur de l'ancien président du Patro, Paul Saout. Philippe Pearpre Chantait aussi et, peintre de métier, se chargeait de peindre les décors.

La charrette à bras nous a été utile pour trimballer des voiles de l'ancienne marine en bois, très lourdes évidemment. Elles servirent pour faire des décors.

Nous avions Marcel Goavec, imitateur de Bourvil. Jo et Pastis étaient clowns, c'étaient Jo Le Dall et Marcel Roudaut. Jo, ayant vu dans un cirque un numéro vraiment "marron", décida de le jouer au patro, et vu le succès obtenu, le rejoua sur la plage de St-Marc où nous avions tendu une corde pour séparer les spectateurs assis sur le sable, des non-payants. Et l'on voyait Gégène déguisé en curé, un gros pinceau à la main, bénissant les spectateurs pendant que Jo et Pastis figuraient un enterrement, précédés de 4 employés des pompes funèbres en costumes authentiques. Gégène, lui, n'avait pas eu cette chance, aucun curé ne lui ayant prêté son costume de travail. Un rideau fit l'affaire. Un vrai fou rire qui ne plut pas au clergé de l'endroit, qui déposa plainte pour l'avoir joué dans un lieu public. Cette affaire n'a pas été plus loin.

les animations pour les enfants

Pour les enfants, il y avait le cinéma. Le président du Patro de l'époque lança une souscription pour l'achat d'un appareil qui fut couvert en peu de temps. Tous les jeudis avait lieu une séance.

Il y eut aussi l'arbre de noël dans une salle sans chauffage, ainsi que des jeux de cartes, de dominos, jeux d'oies, de dés.

pique-niques

Des pique-niques était organisés le plus souvent possible en bateau ou avec le petit train de patates, ainsi appelé car dans la semaine, ces trains faisaient le transport de pommes de terre venant du Nord-Finistère. Deux à trois cents personnes y assistaient.

Par bateau, c'était assez propre pour s'assoir, mais ce n'était pas le cas pour le petit train. Dans les côtes, il fallait descendre pour pousser les wagons. Les meilleures places étaient sur les marche-pieds, bien assis, prêt à descendre au besoin pour alléger la charge. On s'amusait bien. Le retour se faisait en chantant, car la côte était assez dure pour revenir du port de commerce, il n'y avait pas les bus en 1946.

En bateau, c'était soit à Camaret, soit à Quélern. Quelques jeunes préféraient ne pas aller jusqu'à Trez-Rouz pour pouvoir danser à Quélern.

Que ce soit les pique-niques, les bals, le théâtre, les crochets, les kermesses, il y avait toujours du monde après les privatisations d'amusement que nous avions subies. Heureusement car en 1946, nous n'avions pas de subventions, du moins, je le crois.

basket

Il n'y avait pas de terrain bitumé comme maintenant, mais de la terre battue. Nous avions une bonne équipe première garçons et filles. Au sujet de notre terrain en terre battue, j'en fis un jour la remarque à Robert Arnault, président du Patro Lambé : nous avons une bonne équipe mais pas de terrain. Vous, vous avez un bon terrain et pas d'équipe. Ce qui était vrai !

la boxe

Il y eut aussi une section de boxe avec Pechavent comme moniteur. L'entrainement se faisait dans la salle du conseil d'administration. Par la suite, les réunions se sont faites dans une autre baraque achetée place Guérin et remontée par nous. Une fois de plus, la charrette à bras était de service. Les boxeurs montaient sur scène pour leurs matchs à Surcouf. Pour leurs déplacements en plein air, il leur fallait un ring démontable, ce qui fut fait.

la clique

la clique dans les années 50

Les cliques n'étaient pas nombreuses à Brest, du moins les cliques laïques. Nous avons eu la nôtre. Notre clique très demandée, était formée par les jeunes : fifres, tambours, clairons, avec comme moniteurs, deux anciens du 2ème colonial. Elle fut très applaudie pour la fête des écoles.

les kermesses

Les kermesses étaient très fréquentées. Il y avait un concert de la clique le matin, un apéritif et une tombola annuelle avec un vélo comme premier prix lorsqu'on avait la chance d'en acheter un.

les couleurs du patro

Chaque patro avait deux couleurs, les nôtres étant le vert et le rouge. Nous avions aussi une chanson de marche.

En conclusion

Voila donc quelques uns de mes principaux souvenirs. Je souhaite longue vie au Patro, créé par mon ancien instituteur, Monsieur Toullec, qui a été aussi conseiller municipal de Brest, et s'occupait de la jeunesse délinquante.

Voir aussi

                                                               HalleStMartin002.jpg       Portail du quartier de Saint-Martin                                                                            
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