Piscine de Tréornou : un réservoir d’eau potable pour les troupes américaines

En 1918, pour alimenter en eau potable les différents sites militaires, les autorités américaines avaient d’abord construit un barrage sur l’étang d’eau du Lannoc à Bohars. Mais en 1919, alors que des centaines de milliers de soldats américains doivent rentrer aux États-Unis en passant par Brest, la solution du captage d’eau du Lannoc s’avère insuffisante face à ce nouvel afflux de population. Un nouveau barrage est construit en amont, donnant naissance à l’étang de Kerléguer. Les soldats américains et 200 prisonniers allemands vont se relayer jour et nuit pour bâtir une digue en béton de 73 mètres de long et de 4,90 mètres de hauteur. Cela permet d’alimenter un réservoir d’eau, à Tréornou, qui sert par gravitation (grâce à son positionnement élevé) au ravitaillement en eau des navires au port et du camp de Pantanézen.

Tracé du pipe-line apportant l'eau de Kerléguer au réservoir de Tréornou puis vers le camp de Pontanézen et le port.

Les troupes américaines reparties, la Chambre de commerce en hérite, bétonnant cette cuve. Cet ensemble constitue un bassin de 25 mètres de long au milieu des landes et des champs.

Emplacement de la piscine de Tréornou

C’est le CNB (club nautique brestois) qui, au prix d’un labeur remarquable et aidé par la municipalité, la Chambre de commerce et des entreprises locales, va œuvrer pour offrir aux Brestois leur premier stade nautique qui ouvre officiellement en 1937.

Après les aléas de la seconde guerre mondiale, la ville reprend les travaux et le stade nautique de Tréornou sera l’unique piscine de Brest jusqu’en 1966 et l’inauguration de la piscine Foch. Il faut remarquer qu’à cette date, l'eau du bassin de Tréornou est climatisée et les Brestois ont donc le choix entre piscines couverte et en plein air. Le stade nautique voit défiler nombre de compétitions prestigieuses mais aussi des fêtes comme la présentation de maillots de bain organisées par de grandes maisons de mode parisiennes ou plus simplement les fêtes des écoles publiques.

La politique éducative et sportive, tant au niveau local que national, évoluant au fil des ans (en 1969, l’enseignement de la natation à l’école devient obligatoire), les bassins couverts se multiplient et la piscine de Tréornou peine à trouver un nouveau souffle, malgré des travaux de rénovation. C'est en 1993 que la piscine est détruite.

Sur la photo du réservoir d’eau de Tréornou en 1919, on devine, en haut à droite, l’église de Lambézellec et le cimetière planté des croix blanches des sépultures des nombreux Américains décédés de la grippe espagnole.

Pour en savoir plus : Tréornou, la première piscine brestoise

Sources : Les Américains débarquent à Brest (hors-série Ouest-France juin 2017)

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