Nettoyage des abers après le naufrage de l'Amoco-Cadiz

Dans son témoignage, Jean-Marie, appelé du contingent, regrette que les jeunes du pays aient été en minorité pour le nettoyage après la marée noire de l'Amoco-Cadiz.

A Portsall, c'était vrai : Le gros du travail a été effectué par l'armée. Mais il ne faut pas oublier le reste de la région où la mobilisation locale a été très forte.

Je voudrais apporter un petit témoignage personnel. Brestois, à l'époque j'avais 25 ans et je travaillais dans une association de solidarité. Ma mère étant de Ploudalmézeau, le drame vécu sur nos côtes m'avait bouleversé et j'ai incité l'association à organiser des campagnes de nettoyage chaque semaine jusqu'à l'été.

Nous avions choisi de privilégier les abers, pensant que le nettoyage naturel par la marée y serait moins efficace. Notre point de chute a été un secteur de l'Aber Benoît à Tréglonou.

Nous affrétions des cars qui amenaient de jeunes Brestois à pied d'œuvre. A l'arrivée, l'accueil des bénévoles de Tréglonou était très chaleureux.

Nous revêtions de lourds vêtements de protection qui rendaient notre démarche un peu gauche en descendant vers l'aber.

Là, l'odeur âcre, et le spectacle des vasières recouvertes d'une épaisse couche d'un brun luisant à perte de vue, nous saisissaient.

Le nettoyage commençait à la pelle et au seau. Je me souviens que les grands sacs, une fois remplis, étaient déposés sur un radeau que nous halions péniblement depuis la berge glissante pour rejoindre le centre du site.

En fin d'après-midi, le travail finissait par un grattage minutieux des rochers avec des instruments de plus en plus petits.

Au moment du départ, notre groupe était heureux : tout un secteur de l'aber était redevenu parfaitement propre.

La semaine suivante, je revenais au même endroit avec une autre équipe. Le pétrole recouvrait à nouveau totalement la rivière. Et le travail recommençait ...

J. Joncour