Mettre les voiles en rade à bord du Krog-e-Barz

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Le Krog-e-Barz, cotre aurique de 22 m, construit en 1992 a pour port d'attache Port-Navalo (presqu'île de Rhuys). Réplique d'un langoustier de Loguivy-sur-Mer de 1910, le Krog-e-Barz a obtenu le label Bateau d'Intérêt Patrimonial en 2007.

Pour mettre en pratique son nom breton (à traduire par « croche dedans ! »), l'équipage du Krog-e-Barz invite ses passagers volontaires (et qui le peuvent physiquement) à participer aux manœuvres : hisser les voiles et tenir la barre.

Une balade en fin d'après-midi

Ce samedi 16 juillet 2016, en fin d'après-midi, nous sommes une quinzaine de bénévoles, dont deux de Wiki-Brest, invités de Brest Métropole, à embarquer pour deux heures de navigation en rade. Accueillis à l'espace dédié, à l'entrée de l'exposition des Toiles de mer, au rez-de-chaussée du bâtiment Grand Large, un bon jus d'orange bien frais nous est proposé avec le sourire qui va avec, en attendant d'être pris en charge par notre guide pour rejoindre le ponton d'embarquement, dans le « bassin des Pays-Bas ».

Le Krog-e-Barz et son équipage, le capitaine et son matelot, nous attendent pour appareiller. Le groupe monte à bord et s'installe, conformément aux ordres du capitaine : sacs déposés, consigne de s'asseoir uniquement sur les parties vertes du bateau, interdiction de se lever pendant la manœuvre de départ au moteur.

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Sortie du port

Cinq minutes plus tard, nous quittons le 4ème bassin, direction la passe sud-est du port de commerce, puis la rade. Nous passons devant les grands voiliers à l'amarre : Wylde Swan, Oosterschelde, JR Tolkien, Kaskeloot, accompagnés des Malouins, Etoile de France et Renard. Quelques autres navires rentrent : Joanna Saturna, Avatar et Cancalaise, magnifique toutes voiles déployées. Nous croisons aussi une patrouille de la SNSM : zodiac orange, tenues et chapeaux « de brousse » de la même couleur.

Le long de la digue sud-est sont amarrés une cinquantaine de jolis yachts, tous pavoisés. Arrivés en rade, après avoir laissé passer devant nous un méthanier, le capitaine propose aux passagers de donner un coup de main à son matelot pour hisser les voiles : dans l'ordre, un blanche = la grand-voile, une bleue = la trinquette, une jaune = le foc ballon. Un autre invité assure la présence à la barre pendant que le patron vérifie que tout est en place.

Maintenant, ça y est, le Krog-e-Barz a pris son allure de croisière sans moteur. Tout le monde peut reprendre une activité normale sur le pont. Il faudra juste se rasseoir et se plier en deux pour les virements de bord après un premier cap au sud, nous prenons la direction de l'ouest pour passer au large de la Pointe des Espagnols, entrer dans le goulet et revenir à l'est vers le port du Ponant. A l'est, Brest !

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Des rencontres en rade

Sur l'eau, nous allons rencontrer des bateaux qui rentrent ou qui naviguent encore, pas lassés de régater :

• 'Ange Gardien, de Lesconil, grand canot misainier jaune et marron, à deux mâts
• Le maxi de 23 m K VIII, ex-Kriter VIII (le « grand cigare »de Michel Malinowski, premier monocoque de la Route du Rhum 1982), invité des Fêtes maritimes
• Grande Hermine, yawl de 1932, de la Marine Nationale rentre au bercail
• Emjo, de Marennes, sloop bleu et blanc aux lignes très élégantes, mais naviguant malheureusement au moteur
• Georgette, cotre bleu avec liserés jaune et rouge, sous voiles
• Confluence, yole avec voile au tiers, joliment décorée
• Marie-Louise, joli petit sloop verni, construit par les charpentiers de l'Enfer à Douarnenez
• Bonne Mère, pointu de Marseille, tout blanc avec un liseré rouge, et ses voiles latines toutes blanches
• Neire Mâove, goélette du Cotentin, à la coque noire et ses 3 voiles rouges, plus un foc blanc
• et, dans le désordre, Loch Monna, Dalh-Mad, deux caravelles, un canot à misaine et rames et plusieurs autres embarcations, trop loin pour être identifiées.

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De la lumière et du vent

La lumière de fin d'après-midi est belle, surtout pour les photographes qui préfèrent ces nuances dorées à la lumière blanche et dure, trop contrastée, qui brûle et blanchit les couleurs dans la journée quand le soleil est haut et tape fort — paradoxe historique brestois des fêtes de 2016 : même les sétois, les marseillais et autres méditerranéens ne s'attendaient pas à cet accueil solaire breton !

Le vent est établi et la gite du langoustier questionne toujours les enfants. A chaque virement de bord, des cordages volent et on entend des cliquetis bizarres. Après avoir aperçu le phare du Petit-Minou, à l'ouest, ainsi que le port de Sainte-Anne du Portzic, nous remettons le cap vers Brest. Nous passons devant le phare du Portzic ainsi que le petit port de Maison Blanche. Et d'évoquer le « village » de cabanes colorées qu'on se transmet de père en fils, les petites rues et le sentier côtier escarpé qui offre une tout autre vision de la côte et de la rade.

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Paysage et patrimoine

Plus loin, la base de sous-marins, dominée par l'imposant bâtiment de l’École navale, notre Versailles brestois. Nous apercevons de nombreux blockhaus allemands nichés à flanc de falaise et nous évoquons Vauban et ses fortifications qui n'ont quasiment jamais servi, les Anglais se contentant de positionner une flottille pour bloquer et contrôler le goulet ou d'occuper Ouessant pour harceler les bateaux français.

A l'approche de la grande jetée sud qui annonce le port militaire, le panorama nous fait comprendre pourquoi, en arrivant de la mer, les marins ont surnommé la ville, Brest-la-Blanche. Un jeune couple, installé à Brest depuis moins d'un an, boit les commentaires comme du petit lait, tout heureux d'être initiés aux secrets du paysage, de l'histoire et du patrimoine de la ville.

Route terre

Nous croisons encore quelques bateaux qui sortent ou rentrent en Penfeld :

• La vedette SNS 314 et un zodiac qui veillent au grain, tout comme deux zodiacs de l'organisation
• Eulalie, lougre noir de Paimpol au fin liseré jaune et ses deux voiles au tiers
• Edith Gray, cotre très « clean » de Bristol, nous passe au ras du tableau arrière, ce qui provoque le courroux de notre capitaine.

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Retour au bercail ; chacun reprend sa place assise et quelques volontaires aident à amener les voiles et à les ferler avant le rangement. Stad Amsterdam, cathédrale des mers, nous suit au moteur et viendra manœuvrer pour s'amarrer avec ses compatriotes. Nous passons devant la frégate FREMM Aquitaine, Krusenstern et Thalassa d'Ifremer et nous entrons dans le « bassin des pays-Bas » où de nouveaux bateaux, Biche et Corentin, sont venus rejoindre ceux que nous avions vu en partant.

L'accostage se fait au moteur ; le Krog-e-Barz se met à couple de Belle-Etoile que nous devrons traverser avant de retrouver le « plancher des vaches ».

Une agréable balade rondement menée.

Pour en savoir plus

• Krog-e-Barz sur Wiki-Brest

• Le site officiel du Krog-e-Barz