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Marie-Michèle Lucas, artiste plasticienne

    Logo-Baliz-2015.png Cet artiste a participé à la manifestation BALIZ de Brest en 2015


Les lettres d'L, campagne d'affichage, 1996

Vit et travaille à Brest, avec vents et marées

Beaucoup de Brestois connaissent les grands dessins de Marie-Michèle Lucas, qui ont fait l'objet de campagnes d'affichage dans les rues de la ville (Les lettres d'L, 1996 ; Nous défendons l'art, 1998 et 2002 ; Bons baisers de..., 2004). Des campagnes symboliques de la démarche d'une artiste qui veut transmettre ses réflexions dans l'espace public. Symboliques aussi du parcours de celle qui revendique Brest comme lieu d'ancrage, port d'attache et de partances....


Brest versus Brest : un parcours artistique à l'aune d'une ville ...

Dans les années 80 les Apprentis Arpenteurs, le groupe chorégraphique qu'elle a créé, ont révélé par des actions in situ la singularité des lieux qui abritent ses rêves - plages, ports, friches industrielles... : Hiver de déserts de steppes lapones, Printemps bruyant, Descente en forme, Parasols pour camionneurs évoquent alors des territoires hors du temps, mâtinés d'ailleurs. La dernière performance de la compagnie, A pas de louves (1990), a lieu à Passerelle, lors de l'inauguration du centre d'Art contemporain ouvert dans une ancienne mûrisserie de bananes. M.M. Lucas y exposera à plusieurs reprises par la suite.


Fuit Hic, montage photographique, 1992
Brest au zéro (Le dit d'L)
A Brest, au bout du monde, des rampes abruptes descendent de la gare vers le parc à balises et les quais de déchargement des cargos : ses arpentages devenus solitaires donnent Fuit Hic (« Elle a été là », 1992), inventaire photographique de tôle et de lumière, de peinture et de rouille, sur lesquelles l'ombre des mains tendues semble caresser la promesse d'autres mondes... De Brest où la rue de Siam, autre promesse d'ailleurs, évoque la mémoire des explorations lointaines, elle esquisse à petites touches, avec Rébus Lapérouse (1994), le trajet de la célèbre expédition jusque Vanikoro dans les îles Salomon, où s'est perdue sa trace. En contrebas de la rue de Siam, il y a sur les rives de Penfeld un marégraphe oublié : Les Lettres d'L qui s'affichent en 1996 sur les murs de la ville glosent sur le zéro des cartes, que l'on vient de redéfinir, et Brest au niveau zéro (maquette en bois assemblés, 1997) raconte les vestiges à venir d'une ville qui s'engloutirait sous les flots, réminiscence d'Ys qu'accompagnent dans la dérive les ports d'Anvers et de Marseille.

L'imaginaire de l'artiste s'ancre dans une ville palimpseste reconstruite sur les ruines de la guerre. Elle associe les techniques - photographies, dessins, estampes, bas-reliefs, installations - pour inventer ses chantiers de fouilles, traversés d'écrits oubliés et d'histoires qui parlent d'utopies. Sa géographie maritime nourrie des paysages d'Iroise, des tâtonnements des découvreurs, recompose d'anciens traités, des portulans enluminés, des alphabets perdus : hommage à Copernic dans les Capteurs cosmographiques (1993), sur les traces de Vauban dans Le palimpseste oublié (1995), paysages de cabanes éphémères dans La vigie, l'ange, l'ermite et le belvédère (1996), cartographie de récits dans Variables d'îles (2003).

« Hic et nunc », échos pour le temps présent...

L'œuvre de Marie-Michèle Lucas révèle sa cohérence au fil des ans quand s'additionnent les pièces. Une œuvre baignée des résurgences de mémoires collectives enfouies, une œuvre qui invite aussi à entendre la cacophonie d'un monde où l'on sent poindre l'urgence des témoignages et des engagements, « hic et nunc » : les allégories guerrières de Nous défendons l'art (campagnes d'affichage 4x3 m, 1998, 2002), aventure publicitaire de soutien à des œuvres contemporaines, résument comme autant de métaphores l'affrontement au réel que demande la représentation.

Mes petites baigneuses, 2004
Bons baisers de..., campagne d'affichage, 2004
Urgence de témoigner des bonheurs éphémères et des destructions aveugles : en 2004, alors que les photographies de Mes petites baigneuses (installations dans le sable, dessins au fusain sur lés de papier) s'insèrent en joyeux échos impertinents entre les toiles du musée des Beaux-arts de Brest, Bons baisers de... (campagne d'affichage 4x3) pétrifie les usagers des plages de Brest, Belfast ou Beyrouth dans des horizons d'ombres et de cieux menaçants. Les guerres de Bosnie inspirent les fresques de Camminando (12 x 3 m, 2005), éternelles cohortes des exodes et des errances entre les lueurs d'incendies et le tumulte des révoltes.
Camminando, 2005


Le fusain, la mine de plomb, la craie, appliqués à grands traits « rudes comme une pioche» deviennent les techniques privilégiées pour imposer en ombres et lumières la présence envahissante des corps, qui avancent, tombent, courent comme autant de défis aux violences qui les menacent. Les immenses dessins de Chaos ou la chute (6 x 6 m, 2004 ) et Les chants de course (8 x 8 m, 2007) qui magnifient dans des chapelles les corps déliés des femmes révèlent les motifs profonds qui habitent l'artiste. On est happés dans des rondes de chutes sans fin et de course effrénée, fascinés par la performance de l'artiste autant que par celle de l'athlète, troublés devant la fragilité des supports de ces destins imagés de femmes...

Ses réalisations récentes interrogent les usages du monde. Le sous-marin de poche dessiné en longueur réelle dans une poétique serre en friche (dessin au fusain, 13 m x 3,5 m, 2009) lui est prétexte à une relecture parodique et cacophonique des discours conquérants sur l'avenir du Pôle Nord (Action polaire n°1, en collaboration avec la troupe de théâtre Les Filles de la pluie - A découvrir sur son blog.) Un échange entre l'école des Beaux-arts de Brest où elle enseigne et le conservatoire des Arts et multimédia du Mali l'amène à découvrir les cultures maliennes : c'est à ses étudiants qu'elle dédicace Alla Casradia («  Bonne route », vidéo 7 mn réalisée pour son site, 2009), inventaire filmé et scandé d'un trajet singulier, tel un rite initiatique, dans l'urbanité de Bamako.

Il faut visiter son site, invitation ludique et légère à naviguer dans les méandres d'un univers complexe peuplé de scories et de références, découvrir les Vanitas et les tampons qui l'animent, parcourir ses fragments de notes...

De son atelier des hauts de Recouvrance, Marie-Michèle Lucas poursuit l'arborescence d'une œuvre éclectique, qui tisse avec la trame de la vie telle qu'elle va ses échos pour le temps présent et les futurs à inventer.

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  • marie-m.lucas@orange.fr

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