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Risque nucléaire Rive Droite

Le risque nucléaire Rive Droite

Le passé et le présent

Brest et sa rade ont toujours eu un intérêt majeur pour la marine d’état. Les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) sont apparus au cours des années 70, le nucléaire est leur énergie de propulsion, c’est aussi l’explosif de leurs missiles. Chaque submersible (actuellement il y en a 4) transporte chacun en puissance de feu, mille fois la bombe d’Hiroshima ou celle de Nagasaki. Leur base est l’Ile Longue en face de Brest, à quelques kilomètres de la ville. Ces bâtiments empruntent le goulet pour leurs missions liées à la dissuasion nucléaire ou à d’autres occasions, en surface ou en plongée.Les sous-marins nucléaires d’attaque (SNA), eux, sont apparus dans les années 80 et sont basés à Toulon (il y en a 6 en service). Ils sont également mus par un réacteur nucléaire, mais leur armement est dit conventionnel. Ils sont susceptibles de faire escale à Brest.

Dessin Julien Solé

Côté Brest Rive Droite

Il y a 11 points de stationnement pour ces bâtiments (voir illustration) et 2 INBS (Installation Nucléaire de Base Secrète) en contrebas de Recouvrance. Ces dernières servent de soutien aux opérations de maintenance sur les sous-marins Français. Elles sont dites nucléaires, car en lien avec des systèmes de cette nature et sont donc classées radioactives. Les règles de sécurité y sont adaptées. Sur les SNLE Français, les travaux peuvent être de longue durée. Leurs missiles et le cœur du réacteur sont au préalable déchargés à l’Ile Longue.Les SNA ou autres navires à propulsion nucléaire peuvent faire escale à la base navale. Par exemple, le croiseur Russe Piotr Veliki nous a déjà rendu visite. Il est à noter que la technologie utilisée sur le porte-avions Charles de Gaulle permet, par un système de confinement spécial, de ne pas craindre de dissémination radioactive si un événement incontrôlé advenait.

Les mesures en cas de problème

Afin de pallier au mieux un éventuel accident, il a été mis en place un PPI (Plan Particulier d’Intervention). Il détermine ce qu’il conviendrait de faire si un événement dit à "cinétique lente", affectait un navire ou une installation à Brest. Des périmètres de danger de 500 et 2000 m, ont été établis autour des 11 places de stationnement. Dans la zone des 500 m, il est proposé tous les 3 ans aux habitants, des pastilles d’iodure de potassium. Elles ne seraient à avaler que sur indication du préfet, par voie de radio (93.0 et 99.3) ou de télévision (chaînes avec "France" dans le nom), lors d’une dissémination accidentelle de radio-particules. Leur intérêt est de saturer notre thyroïde afin que celle-ci ne puisse capter l’iode radioactif généré par l’accident. Malheureusement, il y aurait aussi émission d’autres radioéléments. Si le problème le nécessitait, un périmètre de 2000 m serait pris en compte, et ces pastilles d’iode stable seraient alors distribuées en urgence à la population concernée. C’est-à-dire plus de 40000 personnes (la marine dispose en permanence du stock adéquat). Dans tous les cas, il y aurait un exode brutal et difficilement contrôlable, qu’il soit spontané ou suggéré/ordonné par les autorités.À l’Ile Longue, il pourrait aussi se produire un accident d’armes à cinétique rapide, autrement dit, un problème sur un missile nucléaire. Ce serait alors un autre déroulement de prises de décisions, la presqu’île de Crozon serait davantage concernée mais, forcément, Brest aussi. Dans tous les cas, la direction et la force du vent détermineraient pour beaucoup les zones touchées.

Les militaires sont dans ce domaine particulièrement sérieux et compétents pour ce qui touche à la sécurité. Le citoyen responsable se doit néanmoins d’être conscient des risques et rester informé quant à leur possible évolution.

Le "LASEM"

Bâtiment du Lasem

Le Laboratoire d’Analyses, de Surveillance et d’Expertise de la Marine, est désormais implanté à Mesdoun (4 Moulins) dans un bâtiment tout récent. Il est dirigé par une pharmacienne militaire, Valérie Tréguer. Ce centre de mesures est amené à travailler dans les domaines de la chimie et de la microbiologie, par exemple dans les cas de pollution aux hydrocarbures ou de présence d’amiante. Mais son activité principale est liée au nucléaire militaire. On peut se procurer la plaquette périodique "Prissme" (semestriel) en contactant la Marine Nationale. Elle fait état des résultats des mesures du laboratoire concernant la radioactivité, et donne d’autres informations dans ce domaine.

Les mesures

L’activité locale nucléaire semble ne pas avoir d’impact dans l’environnement brestois. Tous les trois ans, un programme de prélèvements/analyses est déterminé par l’Autorité de Sûreté Nucléaire, dans un rayon de 10 kms autour des installations nucléaires. Cela concerne les milieux terrestres, maritimes et atmosphériques. On évalue principalement le niveau de césium 137, révélateur de la présence de radioactivité artificielle. Un des bio-indicateurs végétaux est l’ajonc, car il capte efficacement les radionucléides. C’est celui dont le taux apparaît dans les résultats grand public. L’herbe, les aiguilles de pin, les fruits, les légumes et la terre sont également analysés. La radioactivité naturelle est également mesurée. Elle est notable à Brest (socle granitique) et n’est pas inoffensive à cause des émanations possibles de radon dans les habitations et autres locaux. Il est possible de mesurer le niveau de ce gaz à l’aide d’un dosimètre passif, peu onéreux.Les sables côtiers, et en mer les sédiments, sont également analysés car susceptibles de fixer des radionucléides. Ils présentent parfois dans notre région une certaine concentration de césium 137 générée par des retombées atmosphériques liées aux essais nucléaires aériens de différents pays (1945/1980) et à l’accident de Tchernobyl (1986). Ces traces existent encore de nos jours. L’accident de Fukushima (2011), lui, n’a provoqué une élévation de la radioactivité "que" durant trois mois.Ces niveaux d’émission, à l’heure actuelle, ne sont pas considérés néfastes pour la santé par les autorités.On s’intéresse aussi à l’atmosphère et aux précipitations. Il y existe ce qu’on appelle "un bruit de fond radiologique naturel". Une partie provient de la terre (radon) et l’autre du cosmos.Tous les cinq ans, il est fait appel à un hélicoptère pour établir une cartographie des radioactivités naturelle et artificielle de la région. Les derniers résultats (Helinuc avril 2016) ne sont pas communiqués au public, on peut se demander pourquoi... La Marine Nationale est néanmoins rassurante sur le sujet, et ajoute qu’elle n’a pas de raison de masquer une valeur. Elle est par ailleurs contrainte à la transparence dans le domaine du nucléaire, selon la loi n° 2006-686 du 13/06/2006.Il est arrivé que les analyses mettent en évidence un niveau légèrement supérieur à la limite admise. Il n’y a néanmoins pas eu nécessité de mettre en place un dispositif de mise en sécurité de la population. Ces dépassements de seuil sont accessibles à tout un chacun dans les publications de la Marine.De nos jours la pertinence du maintien de la dissuasion nucléaire est parfois remise en cause et âprement discutée dans les milieux politiques et autres.L’avenir nous en dira plus, à suivre avec attention...

Tous nos remerciements à la division "prévention, maîtrise des risques et environnement" du CECLANT (Commandement Atlantique) pour leurs réponses claires et complètes.

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