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Le Cœur est une place forte : Différence entre versions

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« Il y a le grand arasement, Brest ravagée, nivelée de part en part. Le souvenir du port du Roy au bord du monde Atlantique file à l’abîme. Telle une ville engloutie. Son glorieux visage d’avant s’est volatilisé, devenu pauvre défroque à l’encan. L’intensité de la douleur à la mesure de l’intensité de la perte. Longtemps, dans les familles et dans la ville, il n’y a pas de mots. Long silence collectif. Ça se rajoute au silence de grand-père sur sa guerre.
 
« Il y a le grand arasement, Brest ravagée, nivelée de part en part. Le souvenir du port du Roy au bord du monde Atlantique file à l’abîme. Telle une ville engloutie. Son glorieux visage d’avant s’est volatilisé, devenu pauvre défroque à l’encan. L’intensité de la douleur à la mesure de l’intensité de la perte. Longtemps, dans les familles et dans la ville, il n’y a pas de mots. Long silence collectif. Ça se rajoute au silence de grand-père sur sa guerre.
  
Il m’a fallu une voix d’écrivain pour saisir cette blessure. Un jour de 1974, je suis tombée sur cette phrase de Julien Gracq dans ''Lettrines 2'' . Les mots se sont plantés à vif : ''Brest, tragique et sacrificielle, tranchée comme une pyramide aztèque.'' L’art du simple pour dire l’énormité du sacrifice de ce qui fut ville de guerre, port de guerre, et, pour son malheur, territoire de guerre. »
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Il m’a fallu une voix d’écrivain pour saisir cette blessure. Un jour de 1974, je suis tombée sur cette phrase de Julien Gracq dans ''Lettrines 2''. Les mots se sont plantés à vif : ''Brest, tragique et sacrificielle, tranchée comme une pyramide aztèque.'' L’art du simple pour dire l’énormité du sacrifice de ce qui fut ville de guerre, port de guerre, et, pour son malheur, territoire de guerre. »
  
 
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Place forte, [https://fr.wikipedia.org/wiki/Brest_pendant_la_Seconde_Guerre_mondiale Festung de Brest] où le terrible commandant [https://fr.wikipedia.org/wiki/Hermann-Bernhard_Ramcke Ramcke] et ses parachutistes creusent le ressac des atrocités et de la mort.
 
Place forte, [https://fr.wikipedia.org/wiki/Brest_pendant_la_Seconde_Guerre_mondiale Festung de Brest] où le terrible commandant [https://fr.wikipedia.org/wiki/Hermann-Bernhard_Ramcke Ramcke] et ses parachutistes creusent le ressac des atrocités et de la mort.
[[Fichier:AssautdeBrest.jpg|vignette|129x129px]]
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[[Fichier:AssautdeBrest.jpg|vignette|129x129px|Cliché couverture du livre ''L'Assaut de Brest'' par Alix de Carbonnières et Antoine Coste, 1951]]
 
Place forte de résistance tenace. Pour plusieurs réseaux, ''Défense de la France, Alliance, FTP, Groupe Elie.'' Réseau ''Centurie.'' Dix-neuf résistants brestois furent fusillés au [https://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9morial_de_la_France_combattante Mont-Valérien].
 
Place forte de résistance tenace. Pour plusieurs réseaux, ''Défense de la France, Alliance, FTP, Groupe Elie.'' Réseau ''Centurie.'' Dix-neuf résistants brestois furent fusillés au [https://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9morial_de_la_France_combattante Mont-Valérien].
  
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=== Références ===
 
=== Références ===
* Julien Gracq, Lettrines 2, Editions José Corti, 1974
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* [https://fr.wikipedia.org/wiki/Julien_Gracq Julien Gracq], Lettrines 2, Editions José Corti, 1974
* Marie-Hélène Prouteau, Le Cœur est une place forte, Ed. La Part Commune, 2019
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* [https://fr.wikipedia.org/wiki/Marie-H%C3%A9l%C3%A8ne_Prouteau Marie-Hélène Prouteau], Le Cœur est une place forte, Ed. La Part Commune, 2019
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* Alix de Carbonnières et Antoine Coste, ''L'Assaut de Brest'', Librairie Pierre Le Bris (Brest), 1951
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* [https://abp.bzh/le-coeur-est-une-place-forte-interview-de-marie-helene-prouteau-47321 Interview] par Philippe Argouarch pour Agence Bretagne Presse
  
 
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Version actuelle datée du 19 avril 2019 à 08:26

Calvaire de Maissin (Ardennes belges)
Le livre Le Cœur est une place forte de Marie-Hélène Prouteau (La Part Commune, 2019) part du livret militaire du grand-père de l'écrivaine, soldat du 19è R.I, perdu le 22 août 1914 lors de la terrible bataille des Ardennes. Retrouvé 50 ans après et resté vierge de toute mention des quatre ans de combats de celui-ci. Née à Brest dans une famille bretonne elle en fait le réceptacle de proses poétiques. Où surgissent de multiples voix à travers la nuit de la Grande Guerre puis de la seconde dans la ville enfouie et meurtrie. "Extraits"

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« C’est une histoire de livret perdu. Une histoire de revenance. Que me dit le silence du vieux livret resté cloîtré à Maissin dans le fatras des balles Lebel, des bandes molletières, des shakos de Ulhans, des plaques, des gamelles rouillées, des cartouchières et des clairons ? Lui qu’une main a sorti de son coin de jardin ensemencé de sang noir, comment saisir ses non-dits ? »

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Les racines enfouies - Nous avions une ville...dont il ne reste rien- (circa 1970) par Pierre Péron

« Il y a le grand arasement, Brest ravagée, nivelée de part en part. Le souvenir du port du Roy au bord du monde Atlantique file à l’abîme. Telle une ville engloutie. Son glorieux visage d’avant s’est volatilisé, devenu pauvre défroque à l’encan. L’intensité de la douleur à la mesure de l’intensité de la perte. Longtemps, dans les familles et dans la ville, il n’y a pas de mots. Long silence collectif. Ça se rajoute au silence de grand-père sur sa guerre.

Il m’a fallu une voix d’écrivain pour saisir cette blessure. Un jour de 1974, je suis tombée sur cette phrase de Julien Gracq dans Lettrines 2. Les mots se sont plantés à vif : Brest, tragique et sacrificielle, tranchée comme une pyramide aztèque. L’art du simple pour dire l’énormité du sacrifice de ce qui fut ville de guerre, port de guerre, et, pour son malheur, territoire de guerre. »

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« Place forte. Mot traversé par la force, casemates, forts, poudrière.

Mot traversé par la puissance. Le port du Roy, bâti par le grand ingénieur militaire.

Place forte, Festung de Brest où le terrible commandant Ramcke et ses parachutistes creusent le ressac des atrocités et de la mort.

Cliché couverture du livre L'Assaut de Brest par Alix de Carbonnières et Antoine Coste, 1951

Place forte de résistance tenace. Pour plusieurs réseaux, Défense de la France, Alliance, FTP, Groupe Elie. Réseau Centurie. Dix-neuf résistants brestois furent fusillés au Mont-Valérien.

Vingt-trois furent fusillés dans les douves de la prison du Bouguen.

Je veux leur faire une place dans ces lignes. Dire leur arrestation après une dénonciation anonyme. Leur internement à la prison de Pontaniou où les Allemands les ont torturés. Longtemps on a cru qu’ils étaient morts en déportation.

On a arasé les fortifications du Bouguen.

En 1962 au cours des travaux de construction de l’Université, on a découvert des objets personnels ayant appartenu aux fusillés. Dans la fosse où les corps furent jetés après avoir été alignés le long des douves.[…]

Il faut déranger les ruines. Mettre la lampe frontale pour descendre dans les fissures de l’ombre. Les signes du silence accompagnent. Et doucement, comme une évidence, appeler les absents. Le cœur est une place forte. »

Références

  • Julien Gracq, Lettrines 2, Editions José Corti, 1974
  • Marie-Hélène Prouteau, Le Cœur est une place forte, Ed. La Part Commune, 2019
  • Alix de Carbonnières et Antoine Coste, L'Assaut de Brest, Librairie Pierre Le Bris (Brest), 1951
  • Interview par Philippe Argouarch pour Agence Bretagne Presse
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