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De Wiki-Brest

Kerbonne

Kerbonne fait parti du quartier des Quatre Moulins à Brest.


Origine du nom

Les limites de Kerbonne reprennent approximativement le contour de la propriété que possédait Joseph de Kerros (1778-1846) sur la commune de Saint Pierre au village des Quatre Moulins. En 1830 il y fait construire une maison de campagne. En honneur de sa femme, Bonne-Désirée Quémeneur, dont il a eu 16 enfants, il la baptise Ker-Bonne, la maison de Bonne. Ce nom sera repris plus tard par la chapelle paroissiale, Notre-Dame de Kerbonne, puis donné au quartier tout entier.

Cette demeure s'élevait sur un lieu auparavant dénommé Kervillerm, "là où habite Guillerm". Et jusqu'en 1932, la rue Ampère portait le nom de "route de Kervillerm".


La famille De Kerros

Joseph de Kerros est maire de Brest à 2 reprises en 1821 et 1830. Son fils Joseph-Marie (1807-1875) l'est également en 1865. Grands notables brestois, une rue près de la gare porte leur nom. Profession : négociant en bois. A Kerbonne, ils exploitent en plus la corderie Kerros-Bastit (à l'emplacement de l'actuelle école Javouhey Paul Bert), un très long bâtiment dont des ruines subsistèrent jusque dans les années 80.

Un très beau parc boisé (avec bassins, ruisseaux, ...) entoure alors leur maison. Ce qui subsite aujourd'hui, connu sous le nom de manoir de Kerbonne, est une construction plus récente.

L'echec de faire de Brest un port translantique est un revers financier pour Joseph-Marie. Seuls 193 passagers font la seule et unique traversée New-York-Brest du plus gros paquebot de l'époque, le Great Eastern. Or coïncidence ? Jules Verne, qui a très bien connu ce bateau, a peut-être séjourné à Kerbonne chez les Kerros. Une dédicace trouvée sur une édition d'un de ses romans 'Clovis Dardentor' laisse supposer sa présence en 1896. A vérifier !

Le 6 juin 1907, Barthélémy de Kerros fait don à la commune de l'accès à leur domaine : ce sera la future avenue de Kerbonne. Peu à peu, la famille Kerros cède ou vend à la municipalité, au clergé ou à des particuliers, leur domaine. En 1984, ils se séparent de leur dernier bien kerbonnais.


Développement du quartier

A partir de 1890, cette partie de St-Pierre se peuple rapidement. De nombreux ménages ouvriers et des familles de marins quittent Recouvrance surpeuplé et y trouvent plus facilement à se loger, sans s'éloigner de leur lieu de travail. En 1907, Kerbonne compte 4 500 paroissiens.

En 1911, la commune fait paver la voie menant à Kerbonne pour rendre l'accès de l'église plus commode.

Le 18/07/1934, Kerbonne inaugure une salle de spectacles de 600 fauteuils. Son acoustique est parait-il remarquable. A quel emplacement et qu'est-elle devenue ?


La paroisse de Kerbonne

Façade église Kerbonne.jpg

Les habitants doivent se rendre à Recouvrance ou au bourg de Saint Pierre pour accomplir leurs devoirs religieux. La plupart s'en dispensent et le quartier a fâcheuse réputation.

Vers 1898, Barthélémy de Kerros, petit fils de Joseph, offre d'installer une chapelle provisoire dans un ancien magasin de la corderie. Ce sera Notre Dame du Sacré Coeur. Son clocheton accueille la Jean-Françoise, une cloche de 200 kgs, coulée à Brest en 1843, et auparavant à Saint-Pierre.

Le 26 Juin 1907, Monseigneur Dubillard, évêque de Quimper et du Léon, décide de démembrer la paroisse de Saint Pierre, et crée une nouvelle paroisse sous le nom de Notre Dame de Kerbonne. La chapelle devient alors paroissiale, le temps de construire une nouvelle église. Celle-ci est élevée au beau milieu des champs en bordure de la voie d'accès au manoir de Kerbonne. Les plans sont dûs au chanoine architecte Jean-Marie Agrall (1846-1926). La première pierre est posée le 3 octobre 1909 en présence de l'abbé Danielou, premier recteur. Elle est ouverte au culte pour la Noël 1910. Mais les travaux ne se termineront qu'en 1923, année de sa consécration : la guerre et les difficultés de financement (totalement aux frais de l'Eglise) expliquent ces retards ... et l'absence de clocher.

Pendant la 2ème guerre mondiale, des bombes traversent le toit de l'église, ébranlent les murs de l'abside et du transept, et endommagent la Jean-Françoise (qui a été une fois de plus déménagée). Mal en point, la cloche sera finalement remplacée quelques années plus tard.

(sources : site eglise-breiziroise.cef.fr et l'Echo de Saint Pierre)


L'Etoile Sportive de Kerbonne

Entre les deux paroisses, Kerbonne et Saint Pierre, les rivalités sont nombreuses (pour des problèmes de ressources ou d'écoles libres). Les rencontres entre le nouveau patronage, "l'Étoile Kerbonnaise" et son aîné "la Légion Saint-Pierre", sont souvent passionnées.

La guerre réduit leurs activités. Mais à partir de 1920, sous l'impulsion des abbés Sparfel, puis Cam, l'Etoile se développe. Gymnastique et football sont alors les sports de base.

Devenu "Étoile Sportive de Kerbonne", l'ESK s'illustre en basket. Une salle de sport est construite en sous-sol, rue Ampère, sous les locaux en pré-fabriqué de l'ancienne école maternelle. Trop bruyante au goût des voisins, elle est abandonnée au profit de la salle Javouhey, beaucoup plus moderne, construite dans l'enceinte du collège de Kerbonne, Rue Paul Bert.

Le 28 avril 2004, la section basket du patronage laïque de Recouvrance et l'ESK fusionnent pour donner naissance à « Brest Basket 29 ».


L'école et le collège de Kerbonne

A la fin du 19ème siècle, la corderie est en ruine (elle a été détruite par un incendie en 1880). La famille de Kerros cède les murs et les terrains attenants à la Congrégation des Filles de la Sagesse. Les religieuses ouvrent le 17/09/1896 l'école Notre Dame de Kerbonne.

Elle deviendra plus tard le groupe scolaire privé Kerbonne Javouhey.

Dans les années 30, le manoir de Kerbonne héberge un pensionnat de jeunes filles.

Le chanteur compositeur Christophe Miossec est passé dans les murs de ND de Kerbonne.


Le jardin de Kerbonne

Ce jardin belvédère offre un panorama exceptionnel sur l'Arsenal et la Rade de Brest. Lors d'événements maritimes en rade, c'est un point de vue très couru. Il abrite une collection végétale (des cistes, un cyprès de l'Arizona, ...).

C'est apparemment sur son emplacement - un excellent poste d'observations des mouvements de bateaux - que s'élevait autrefois la "maison de l'espion". Selon certains, elle aurait accueilli un officier écossais, Alexandre Gordon, décapité à Brest le 21 novembre 1769 pour espionnage. Mais plus vraissemblablement, elle devait son nom au fait d'avoir hébergé un marchand dénommé Jouslain, pendu à Brest le 25 mai 1707, lui aussi pour espionnage.


La Libération

Kerbonne est très exposé aux bombardements en raison de la proximité d'objectifs stratégiques : arsenal, base sous-marine, école navale. Et sur place, un poste de commandement allemand s'est installé dans le manoir de Kerbonne, et à proximité du patronage, une batterie anti-aérienne, la Flak 3/803, servie par une centaine d'artilleurs. Les kerbonnais trouvent refuge dans un abri construit sous l'église. Jusqu'à l'exode du 13 août 1944, il est très souvent bondé.

Une centaine de civils de la Défense Passive y sont encore terrés quand les fusillers de la 116th (29e division d'infanterie américaine), venant de Saint Pierre, atteignent le quartier en fin d'après-midi du samedi 16 septembre 1944.

Bien que sabordée depuis le 14, la batterie est encore tenue par une cinquantaine de soldats allemands (avec à leur tête, un lieutenant que les kerbonnais ont surnommé "double-mêtre"). Ils acceptent de se rendre le lendemain sans combattre. La veille de la reddition générale de Brest (le 18 septembre), drapeaux français et américains flottent donc au fronton de l'église de Kerbonne.

(source : « L'enfer de Brest » de Henri Floch et Alain Le Berre)

Témoignages de cette époque, des balles et des éclats sont encore incrustés au cœur des troncs (et pour cette raison, après la tempête de 1999, des arbres abattus dans le bois de Kerbonne ne trouvèrent pas preneurs dans les scieries) !

Plaque rue Chanoine Guermeur.jpg

Une rue, celle du Chanoine Guermeur, perpétue la mémoire d'un résistant kerbonnais : émetteur-récepteur derrière l'autel de l'église, hébergement d'aviateurs alliés, ... A lire dans le no 52 de "Partage Kerbonne" (sept 1994)

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