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Jeanne Perdriel-Vaissière, Le chant du cygne : Différence entre versions

(Page créée avec « A quoi tient la destinée littéraire ? A peu de choses, à vrai dire. Quelques rencontres opportunes, un peu de talent sans doute, les contingences du moment aidant, et puis… »)
 
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Jeanne Vaissière vit le jour le 18 janvier 1870 à Ajaccio où son père, militaire de carrière, était en garnison. Son enfance, rythmée par la succession des affectations paternelles, lui donna peut-être le goût du voyage et la curiosité de la découverte. Après son mariage avec un Breton, l'enseigne de vaisseau Eugène Perdriel en 1891, elle n'eut de cesse en effet d'enrichir sa pensée au contact d'écrivains, d'hommes politiques ou de diplomates. Curiosité qui la poussa vraisemblablement à visiter l'Italie en 1925, la Tunisie en 1933 et la Pologne en 1934. Mais avant cette période vagabonde, le couple s'était installé en 1892 à Brest, au 30 rue Jean Jaurès dans un premier temps, puis au 13 rue Voltaire. Ils y restèrent vingt-huit ans. C'est ici que s'affirma Jeanne Perdriel-Vaissière, poétesse, romancière, dramaturge et nouvelliste. Maîtresse du verbe et du symbole, elle explora sans relâche toutes les contrées de la littérature. Un premier recueil de poésies, intitulé Les Rêves qui passent, parut en 18991 et lui permit de fixer certains des motifs qui structurèrent son œuvre ultérieure : la solitude des femmes de marins, l'espérance du retour, le désir contenu et l'érotisme discret ou encore le mystère des paysages bretons. Celles qui attendent, recueil publié en 1907, approfondit cette recherche “spleenétique” 2, avant que la poétesse, quittant Baudelaire pour Mallarmé, ne franchisse définitivement le pas symboliste avec Feuillages 3 en 1930, d'où Saint-Pol-Roux sortit “enchanté” 4. Il est cependant une constante dans ce parcours poétique, qui irrigua et stimula l'intense activité littéraire de Jeanne Perdriel-Vaissière, à savoir : l'attente mélancolique de la mort. Oscillant entre la nécessité de regarder ce “soleil noir” et l'envie de s'en détourner sur un mode frivole, les textes de Saint-Cygne traduisent cette inquiétude fondamentale et néanmoins féconde. une vingtaine de romans, vingt-cinq contes pour enfants, de nombreuses pièces de théâtre5 et saynètes furent publiés du vivant de l'auteur... pour tomber, éphémère chant du cygne, dans l'oubli par la suite.
 
Jeanne Vaissière vit le jour le 18 janvier 1870 à Ajaccio où son père, militaire de carrière, était en garnison. Son enfance, rythmée par la succession des affectations paternelles, lui donna peut-être le goût du voyage et la curiosité de la découverte. Après son mariage avec un Breton, l'enseigne de vaisseau Eugène Perdriel en 1891, elle n'eut de cesse en effet d'enrichir sa pensée au contact d'écrivains, d'hommes politiques ou de diplomates. Curiosité qui la poussa vraisemblablement à visiter l'Italie en 1925, la Tunisie en 1933 et la Pologne en 1934. Mais avant cette période vagabonde, le couple s'était installé en 1892 à Brest, au 30 rue Jean Jaurès dans un premier temps, puis au 13 rue Voltaire. Ils y restèrent vingt-huit ans. C'est ici que s'affirma Jeanne Perdriel-Vaissière, poétesse, romancière, dramaturge et nouvelliste. Maîtresse du verbe et du symbole, elle explora sans relâche toutes les contrées de la littérature. Un premier recueil de poésies, intitulé Les Rêves qui passent, parut en 18991 et lui permit de fixer certains des motifs qui structurèrent son œuvre ultérieure : la solitude des femmes de marins, l'espérance du retour, le désir contenu et l'érotisme discret ou encore le mystère des paysages bretons. Celles qui attendent, recueil publié en 1907, approfondit cette recherche “spleenétique” 2, avant que la poétesse, quittant Baudelaire pour Mallarmé, ne franchisse définitivement le pas symboliste avec Feuillages 3 en 1930, d'où Saint-Pol-Roux sortit “enchanté” 4. Il est cependant une constante dans ce parcours poétique, qui irrigua et stimula l'intense activité littéraire de Jeanne Perdriel-Vaissière, à savoir : l'attente mélancolique de la mort. Oscillant entre la nécessité de regarder ce “soleil noir” et l'envie de s'en détourner sur un mode frivole, les textes de Saint-Cygne traduisent cette inquiétude fondamentale et néanmoins féconde. une vingtaine de romans, vingt-cinq contes pour enfants, de nombreuses pièces de théâtre5 et saynètes furent publiés du vivant de l'auteur... pour tomber, éphémère chant du cygne, dans l'oubli par la suite.
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'''Elle tient salon à Brest'''
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Nombreux furent pourtant les écrivains, musiciens, peintres, éditeurs, directeurs de revue, officiers de marine, hommes politiques ou diplomates, qui croisèrent la trajectoire de Jeanne Perdriel-Vaissière. Le salon qu'elle tint à Brest de 1900 à 1920 acquit en effet rapidement une certaine notoriété, qui conféra à son hôtesse un prestige intellectuel indéniable : deux vendredis par mois, Victor Segalen, Jules Romains, Saint-Pol-Roux, Théodore Botrel,  Anatole Le Braz, Gustave Charpentier, Marcel Sauvaige et Charles Cottet, pour ne citer qu'eux, se donnaient rendez-vous au 13 de la rue Voltaire, devenant le temps d'un après-midi, un “centre fort honorable de littérature et de bel esprit” 6. Mais l'aura dont s'entoura le nom de Jeanne Perdriel-Vaissière dépassa très largement les frontières brestoises : membre de la Société académique de Brest dès 1893, elle contribua plus tard à la fondation de l'Académie de Bretagne créée en 1937 à Rennes autour notamment d'André Chevrillon, André Suarès, Roger Vercel, Max Jacob et Louis Guillou. Elle participa en outre à d'innombrables sociétés littéraires ou savantes auprès desquelles elle joua en quelque sorte le rôle d'ambassadrice, sinon de la culture bretonne, du moins de l'expression artistique “non parisienne”, dans un souci - qu'elle partageait avec Saint-Pol-Roux - de décentralisation littéraire.

Version du 5 mai 2010 à 15:45

A quoi tient la destinée littéraire ? A peu de choses, à vrai dire. Quelques rencontres opportunes, un peu de talent sans doute, les contingences du moment aidant, et puis... le hasard fait le reste, qui retient contre toute attente tel scribouillard pour jeter aux oubliettes de rares et belles plumes qui eussent assurément mérité de traverser les âges. Le passage à la postérité est de surcroît un privilège plutôt masculin, les écrivaines devant pour leur part batailler ferme pour faire oublier la “faiblesse” de leur sexe.

Tel fut donc le lot, comme de tant d'autres, de Jeanne Perdriel-Vaissière, femme de lettres remarquable, dont le nom résonne encore dans certaine rue de Brest, au voisinage des rues Gustave Toudouze et Claude Farrère. Le hasard fait parfois bien les choses : les deux hommes fréquentèrent assidûment le salon littéraire de celle qui prit pour pseudonyme le majestueux nom de Saint-Cygne.

Brestoise d'adoption

Jeanne Vaissière vit le jour le 18 janvier 1870 à Ajaccio où son père, militaire de carrière, était en garnison. Son enfance, rythmée par la succession des affectations paternelles, lui donna peut-être le goût du voyage et la curiosité de la découverte. Après son mariage avec un Breton, l'enseigne de vaisseau Eugène Perdriel en 1891, elle n'eut de cesse en effet d'enrichir sa pensée au contact d'écrivains, d'hommes politiques ou de diplomates. Curiosité qui la poussa vraisemblablement à visiter l'Italie en 1925, la Tunisie en 1933 et la Pologne en 1934. Mais avant cette période vagabonde, le couple s'était installé en 1892 à Brest, au 30 rue Jean Jaurès dans un premier temps, puis au 13 rue Voltaire. Ils y restèrent vingt-huit ans. C'est ici que s'affirma Jeanne Perdriel-Vaissière, poétesse, romancière, dramaturge et nouvelliste. Maîtresse du verbe et du symbole, elle explora sans relâche toutes les contrées de la littérature. Un premier recueil de poésies, intitulé Les Rêves qui passent, parut en 18991 et lui permit de fixer certains des motifs qui structurèrent son œuvre ultérieure : la solitude des femmes de marins, l'espérance du retour, le désir contenu et l'érotisme discret ou encore le mystère des paysages bretons. Celles qui attendent, recueil publié en 1907, approfondit cette recherche “spleenétique” 2, avant que la poétesse, quittant Baudelaire pour Mallarmé, ne franchisse définitivement le pas symboliste avec Feuillages 3 en 1930, d'où Saint-Pol-Roux sortit “enchanté” 4. Il est cependant une constante dans ce parcours poétique, qui irrigua et stimula l'intense activité littéraire de Jeanne Perdriel-Vaissière, à savoir : l'attente mélancolique de la mort. Oscillant entre la nécessité de regarder ce “soleil noir” et l'envie de s'en détourner sur un mode frivole, les textes de Saint-Cygne traduisent cette inquiétude fondamentale et néanmoins féconde. une vingtaine de romans, vingt-cinq contes pour enfants, de nombreuses pièces de théâtre5 et saynètes furent publiés du vivant de l'auteur... pour tomber, éphémère chant du cygne, dans l'oubli par la suite.

Elle tient salon à Brest

Nombreux furent pourtant les écrivains, musiciens, peintres, éditeurs, directeurs de revue, officiers de marine, hommes politiques ou diplomates, qui croisèrent la trajectoire de Jeanne Perdriel-Vaissière. Le salon qu'elle tint à Brest de 1900 à 1920 acquit en effet rapidement une certaine notoriété, qui conféra à son hôtesse un prestige intellectuel indéniable : deux vendredis par mois, Victor Segalen, Jules Romains, Saint-Pol-Roux, Théodore Botrel, Anatole Le Braz, Gustave Charpentier, Marcel Sauvaige et Charles Cottet, pour ne citer qu'eux, se donnaient rendez-vous au 13 de la rue Voltaire, devenant le temps d'un après-midi, un “centre fort honorable de littérature et de bel esprit” 6. Mais l'aura dont s'entoura le nom de Jeanne Perdriel-Vaissière dépassa très largement les frontières brestoises : membre de la Société académique de Brest dès 1893, elle contribua plus tard à la fondation de l'Académie de Bretagne créée en 1937 à Rennes autour notamment d'André Chevrillon, André Suarès, Roger Vercel, Max Jacob et Louis Guillou. Elle participa en outre à d'innombrables sociétés littéraires ou savantes auprès desquelles elle joua en quelque sorte le rôle d'ambassadrice, sinon de la culture bretonne, du moins de l'expression artistique “non parisienne”, dans un souci - qu'elle partageait avec Saint-Pol-Roux - de décentralisation littéraire.

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