Domaines
Communes
Quartiers de Brest
Espaces de noms

Variantes
Actions
De Wiki-Brest
Révision datée du 14 mars 2017 à 23:51 par Tournesol (discussion | contributions) (Page créée avec « Jean-François Joubert est un écrivain, poète, né à Brest en 1969, et vivant aujourd'hui (en 2017) dans le quartier de Saint-Marc à Brest. Compte tenu de l'insistanc... »)
(diff) ← Version précédente | Voir la version actuelle (diff) | Version suivante → (diff)

Jean-François Joubert, écrivain

Jean-François Joubert est un écrivain, poète, né à Brest en 1969, et vivant aujourd'hui (en 2017) dans le quartier de Saint-Marc à Brest.

Compte tenu de l'insistance avec laquelle cet auteur choisit d'écrire le mot "wallon" au lieu du mot "vallon", merci de ne pas modifier ces textes en prenant ce choix artistique pour une faute d'orthographe.

Textes poétiques proposés par cet auteur à l'occasion de la Déambulation Poétique au Stang-Alar 2017

Lieu
 
Le lieu, dans son milieu. Tourelle rouge, entourée de vagues qui l'immergent, la noient et la laissent impuissante, transpercée par les éléments.
 
Le vent de mer, et sa force camisole, l'affolent, mais elle tient. Comment ?
 
Ce monument de pierre flotte, il guide ceux qui viennent de l'île, Ouessant. Voyez ces marins aux séants trempés, cherchant l’abri du port. Tempête et violence, l'Iroise répand ses veines, brûle et bouillonne. Des roches acérées, aux arêtes affûtées, affleurent. Ce bout de terre en mer désire dévorer le bateau, tristement secoué par les flots. La colère gronde, la laine blanche des moutons est de sortie, les vestes de quart aussi...
 
Ce bleu/vert en mouvement laisse les poissons au fond, et ce navire qui galère, que fait-il ?

            Regardez, l'humain hurle, lui qui se sait si petit face aux éléments !
 
Encore des goélands, qui s'isolent dans le ciel. L'idée lumineuse du reflet du soleil apparaît, entre les pierres de l'aber. L'astre exhausse leurs prières, petit guide innocent pour ceux perdus en mer. La fureur des bords de mer efface presque les désirs d'îles, de Molène, de Sein, et de celle qui perd lueur et sang. Plein ouest, le Stiff sort de l'ombre. Immense phare qui indique les caps éloigne des dangereux murmures du Fromveur, magnifique courant au trouble sourire carnivore.
 
Combien de naufrages ?
 
De pleine page, la mer ôte ses chaînes quand le vent siffle, et le marin balancé retient son souffle.
 
Hors du chenal du Four, il reste cette tourelle, ce rouge pierre en pleine eau, qui masque nos maux.

                                                            ***
le parchemin
 
Sur le parchemin de mon enfance, je croise des ombres. De vagues silhouettes ondulent le long de mes souvenirs. Cette cime de pin qui m'indiquait le vent a disparu, morte un jour de tempête. Mes fantômes me hantent quand le couteau se plante, l'arbre a froid et la mer se démonte. Parfois, je me perds dans le couloir de l'enfance, dans ces quarts d'heure de fous rires que je n'oublie pas, de jeux, du plaisir de naviguer.
 
Adulte, je fuis l'oppression que m'offre la vision d'un vingt heures, la guerre, les accidents, le commerce. Moi, je rêve et je m'éloigne du bruit quand je vole de nuage en nuage, une musique en tête, celle d'un mur que l'on ne brise pas. Ce qui me manque maintenant, ce sont tes yeux verts, douce atmosphère, et cette peur du lendemain.
 
La mort ne m’effraye pas, mais souffrir, je ne le veux pas.
 
Tu as quitté le nid que je voulais construire. Alors, je croise des mouettes sur l'Atlantique Nord, je m'exile sur une île, triste et solitaire, sans la présence de cette émeraude, ta pupille phare. Plus plié qu’un peuplier, je refuse l’image du saule pleureur. Mais sur ce sentier de terre battue, je suis à genoux.
 
Sans ton reflet, le monde est abstrait.
 
                                                          ***
Jadis, Nantes, un passage sous le château de La Duchesse Anne de Bretagne... Une saut de puce, pas savante, ce midi, heure solaire, le cadran à l'ombre, je me rends au bourg de Saint-Marc par la route aux camélias, avant le parc, la plaque porte son nom à cette grande dame de nos cahiers d'Histoire, est-ce un cygne de l'enfance ? Le dimanche, parfois du pain à la main, je nourrie d'illusions, mouettes et canards. J'aime promener mon regard y trouver un walon au Stang-Alar celui de ma poussette, devenu obsolète, et de l'eau qui déroule son courant d'air jusqu'au Moulin-Blanc, cormoran, un couple convole vers nul part sur des bouées, bateaux sans déesse à la barre franche, mais des goélands marrants qui survolent la question : que fais-je à l'aube de ma cinquantaine rougissante ? Rien je végète devient sapin, et autre conifères me convie à me taire chut, le ciel danse, attention Soleil sur Brest la ville aux quatre saisons, et pas en enfer, ni au Oiseau de Paradis, une ville qui m'adopte orphelin de ma rêne de tarot, ma carte cœur celle de l'as pique, serpent versatile, je rêve à un voyage celui de l'île de Pâques pour y inscrire ton prénom... pour continuer la flute de paon et faire ma cour sur un nuage de vent, gris, poussière d'étoile, magie, de juste aimer une fleur, une pâquerette... secrète... un projet concret de naviguer sur l'Océan de ma mémoire...

                                                                 ***
Papillon
Un arbre papillon ne vole pas, pas plus qu'un saule pleureur ne lâche une larme de bonne heure. Pourtant, leurs racines causent de la pluie et du beau temps. Une aigrette dans le cœur, je voyage sur le murmure de mon imagination, un geai cache sa beauté de réalité, ses plumes bleues m'entraînent loin de ces murs que l'on dit noirs. Ma mémoire prend l’ombre depuis que le soleil s'éclipse, années sombres...
 
J'aime jouer et percer les secrets, ceux du silence, ceux de l'absence. Mon bateau prend l'eau azur mais sans savoir pourquoi, je ne sombre pas. La rage n'a pas d'abri en mon corps. Porté par des vents illusoires, je refuse le déclin trouble de l'enfance. Je nage à marée basse sur un fond de vase, sans fleur, sans épine. J'avance vers la lune à l'abandon. Sans lumière je vois clair, et si des éclairs parcourent le ciel, ils ne sont pas là pour me reprendre mon âge mûr, ce fruit de l'avenir. Ma peau décline à côté d'un cyprès, ses feuilles me protègent de l'ennui. Mon essence fuit, pas mon goût de l'ignorance de l'au-delà, de ces nuages qui filtrent votre peau tout en convoitant votre enveloppe charnelle. Je rêve d'une plage de gravier ou d'ardoise, pour valser de ricochet en ricochet et rire d'être en hêtre. Un jour ou peut-être une nuit, je partirai, moi aussi, voir si les taureaux ont des cornes, en Andalousie ou au Zimbabwe.
 
L'oiseau de feu m'a donné des ailes.
 
Mr Joubert Jean-François

Outils personnels