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Jean-François Coatmeur, auteur : Différence entre versions

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Version du 25 janvier 2008 à 19:52

«Les sirènes de minuit », « la porte de l'enfer », ou encore « la fille de Baal », son dernier roman... Né à Pouldavid en 1925 (ancienne commune qui fait désormais partie de Douarnenez), ce professeur de littérature classique à la retraite est depuis longtemps repéré comme auteur de romans à intrigue, et traduit dans le monde entier. Certains de ses livres ont aussi été adaptés à la télévision.

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Comment est venue la passion pour la littérature ?


Jean-François Coatmeur : c'est arrivé à l'école primaire. J'avais onze ans. Je me souviens d'une page de Maupassant que le maître nous faisait lire. J'ai admiré confusément cette page et je me suis dit : « Mon Dieu, que c'est beau d'être écrivain ! ». C'est l'histoire d'un paysan qui rentre de la foire. Il étale du beurre sur une grande tranche de pain farinée. C'est mon plus lointain souvenir. J'ai gardé le goût de l'écriture pendant toutes mes études secondaires et supérieures. Assez tôt, j'ai écrit des poésies et des petits sketches pour le théâtre, et une pièce inspirée d'Alphonse Daudet qui a été jouée sur plusieurs scènes du Finistère par des amateurs. La préparation de mon métier d'enseignant a pris le dessus pour m'assurer un avenir solide. Je ne regrette pas ce calcul car j'avais une femme et un enfant. Une fois titulaire, j'avais 23-24 ans, j'ai pensé à rédiger pour le public. J'ai écrit une dramatique pour Radio Rennes.


N'est-il pas curieux d'enseigner en lettres classiques et d'écrire dans un autre genre, le roman policier ?


J.F. C : j'ai bien étudié les tragédies grecques. On doit à Sophocle « Oedipe roi », qui est l'un des premiers romans policiers. Oedipe, qui est en quelque sorte le détective, apprend par les oracles que la peste qui ravage la ville ne cessera que lorsque le grand criminel sera découvert. Il va peu à peu s'apercevoir que le coupable c'est lui-même. Il a fait ce crime que les dieux ne pardonneront jamais : il a épousé sa mère après avoir tué son propre père. Puis il va se crever les yeux, car il n'est plus digne de regarder le soleil... Et puis il y a une deuxième raison. Très tôt, j'ai estimé que le roman policier ne méritait pas le discrédit qu'il avait dans certaines couches sociales. J'ai connu l'époque où il était assimilé à des romans de gare, donc vite lu et abandonné dans le train. Je me suis élevé contre ça car pour moi, le roman policier faisait partie de la littérature universelle. J'ai été conforté dans cette idée par Thomas Narcejac, un grand bonhomme qui faisait équipe avec Pierre Boileau. Il a eu l'immense gentillesse de me soutenir. J'ai lu ses livres et d'autres qu'il m'avait conseillés, et je me suis rendu compte qu'on pouvait écrire des romans à suspense qui étaient de véritables oeuvres littéraires. Je n'ai eu aucun scrupule à m'engager dans cette voie, même si je ne suis toujours pas un grand lecteur de romans policiers. J'ai toujours eu l'ambition d'écrire des romans dans un domaine qui n'était pas mon domaine de départ. Je n'avais pas de disposition particulière. Il me fallait d'abord maîtriser l'écriture du roman policier pour ensuite faire passer mes idées, mon regard sur le monde, mes critiques sur des dérives... J'ai continué dans le roman policier car c'est un genre qui a un large public. On m'a accepté comme j'étais avec l'aspect un peu Zorro qui est en moi parfois.


Pour autant, Jean-François Coatmeur, vous n'aimez pas le mot « polar »...


J.F. C : je trouve qu'il a un aspect très réducteur. Je ne suis pas un auteur de polar. Je me considère comme un romancier, tout simplement. Pour refaire le lien avec la tragédie grecque, je conçois le roman policier comme une tragédie à la sauce du temps. Mes personnages n'appartiennent pas à des milieux princiers et ils sont confrontés à des problèmes éternels. Cinq cent ans avant le Christ, certains de ces problèmes se posaient déjà. Ce qui m'intéresse, ce n'est pas le malaise des banlieues. Les difficultés du couple, tel déni de justice que nous voyons autour de nous m'interpellent plus.


L'an dernier (2006), vous avez écrit une lettre ouverte au Préfet du Finistère pour dénoncer les expulsions de familles en situation irrégulière.


J.F. C : c'était ma façon de dire, je crois sans esprit polémique, que je n'acceptais pas que les plus hautes autorités de l'Etat veuillent renvoyer des malheureux en direction de leur pays d'origine. Je m'appuyais sur le droit d'asile, qui fut l'une des gloires de notre pays, et sur la dignité humaine.


Combien de vos livres ont été adaptés à la télévision et au cinéma ?


J.F. C : en comptant romans et nouvelles, on doit arriver à douze ou treize. Par exemple, l'une de mes nouvelles, « la fiancée » a fait l'objet de trois adaptations différentes, dont l'une brestoise, par Olivier Bourbeillon. Le roman « la bavure » a aussi été adapté, ainsi que « les sirènes de minuit » avec Philippe Léotard et tourné à Brest. « La nuit rouge », en revanche, n'est pas sorti en salle suite à une décision conjointe de l'auteur et de l'éditeur pour qualité insuffisante. N'oublions pas non plus « morte fontaine », qui a été tourné en Belgique, « le squale » et « des croix sur la mer » qui reste pour moi la plus belle expérience, avec Laurent Malet et son épouse dans la vie, Isabelle Renauld. J'ai pu fréquenter le monde des techniciens, les acteurs, et j'ai suivi le tournage dans ma région natale. En plus le résultat est très bon.


« La fille de Baal », c'est votre dernier roman. Il est paru en 2005. Rappelez-nous l'intrigue...


J.F. C : l'histoire se déroule à Brest, à l'université et à l'hôpital de la Cavale-Blanche. Une jeune femme professeur est agressée au domicile de son ami. Lui est tué, et elle violée. Cette femme est mariée et avait une passion pour cet ami étudiant. Elle va garder le secret. Sur son ordinateur, elle reçoit des messages. Quelqu'un connaît l'histoire et on est dans une sorte de chantage. Il y a aussi le milieu clos de l'université et celui de l'hôpital qu'il m'intéressait de traiter. Dans les deux cas, beaucoup de monde s'y côtoient. L'enquête est menée par plusieurs personnes, dont un ami d'enfance qui n'a jamais quitté le coeur de la jeune femme.


Votre actualité, Jean-François Coatmeur, c'est l'écriture d'un nouveau roman. Et puis, on a célébré cette année un grand événement : le centenaire de la conserverie Hénaff de Pouldreuzic. Vous faites partie du « club des amoureux du pâté Hénaff », je crois...


J.F. C : on m'a demandé et j'ai dit : pourquoi pas. Dans ma jeunesse, le pâté Hénaff représentait beaucoup de choses. J'ai écrit un petit texte qui reprend deux souvenirs. J'ai toujours beaucoup de plaisir à parler de mes parents et de mon enfance. Le pâté Hénaff, c'était le pâté des jours de fête. Je cite un pèlerinage à Sainte-Anne La Palud. Et vers la fin de l'année, nous étions en déplacement chez une parente. Je sens encore le parfum du pâté ! Je ne suis pas pour autant un fanatique du pâté Hénaff. Je l'aime surtout pour les souvenirs qu'il m'évoque !


Christophe Pluchon


Pour en savoir plus sur Jean-François Coatmeur : http://jean-francois-coatmeur.fr/

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