Interview-Sillage : Serge Aubrée, historien, artiste, etc.

Cet article est extrait du Magazine Sillage N°110 - été 2005 Auteur : Elisabeth Jard

De Recouvrance même !

Maison de la fontaine

Il fait partie de cette tribu des passionnés qui ne lâchent jamais la barre. Depuis 25 ans, Serge Aubrée œuvre, avec ses Amis de Recouvrance, à la réconciliation des Brestois et de leur passé. De la maison de la Fontaine au jardin des Explorateurs en passant par les balades dans, ce passionné d'art et d'histoire a été de toutes les batailles pour la défense des beautés brestoises. Un combat qui lui a récemment valu la médaille de la ville, et qui aura surtout permis aux gens du Ponant de se reconstituer la plus belle des mémoires.

La raison de votre engagement?

Parce qu'à un moment donné, il est nécessaire de mettre un peu d'ordre dans les choses et de voir ce qui peut-être sauvé...

Votre prochain projet?

Un second livre sur Recouvrance, nous avons encore tellement de choses à dire!

Avez-vous réalisé tous vos rêves?

Je ne suis pas pleurou pour deux ronds, alors je trouve que dans l'ensemble, ce n'est pas mal...

Votre plus belle victoire?

La mise en valeur de Recouvrance. Avant, certains ne venaient pas dans ce quartier de gens pas très riches... Et nous, nous avons réussi à mettre en valeur le passé de nos grands-parents et de nos parents.

Plutôt Brest ou plutôt Recouvrance?

Je suis d'abord de Recouvrance, je n'ai fait qu'immigrer à Brest ! Je suis fier de Brest, mais pour Recouvrance, j'ai une passion plus intimiste.

Votre plus grande déception?

Que l'Europe ne se construise pas assez vite... Mais l'avenir demeure devant nous, ce n'est qu'un retard!

Qu'est-ce qui vous fait vous lever le matin?

Le fait d'avoir toujours un projet à mettre en route, dans mes réflexions comme dans mes actes.

Ce que les autres disent de vous?

Devant moi, ça va... Derrière, je ne sais pas !

Ce que vous préférez chez les autres?

J'aime les gens qualifiés et surtout humains, c'est ça qui est important. Ceux qui sont qualifiés mais pas humains, non merci !

Ce que vous détestez chez vous?

Je peux être impatient, je dis bien "je peux". Et quelque fois, cela se fait au détriment des gens que j'aime.

Ce qui vous fait sortir de vos gonds?

L'injustice me rend malheureux. Pas pour moi, ça je m'en fous... Ce que j'ai du mal à supporter, c'est de voir que l'on abuse des gens. Mais que voulez-vous, si le crime ne paie pas, l'honnêteté non plus...

Plutôt Histoire ou plutôt histoires?

J'aime l'Histoire et les légendes, mais je vérifie leurs vérités, et j'accepte le côté fabuleux sans me faire abuser. Les historiens m'ennuient dans leur vérité stricte.

Si vous aviez été un héros de roman?

Ulysse, il a été mon premier héros dans la vie!

Votre livre de chevet?

"La vie ardente de Michel Ange", d'Irving Stone.

Votre leitmotiv?

Apprécier la vie telle qu'elle se présente, et l'observer.

Au moment de quitter le monde, quelle dernière pensée aurez-vous pour lui?

Il faut qu'il continue, mais qu'il soit un peu plus sage...

Des regrets?

La peinture, c'est ma vraie passion... J'aurais voulu pouvoir peindre, vraiment, pour moi...

Votre envie pour demain?

Que l'on sache enfin si on peut aller au-delà de la Terre.

Et si oui, sur quelle planète auriez-vous aimé vivre?

La planète de l'Utopie!

Et Brest dans tout ça?

Je n'ai pas pour elle les regrets de ceux qui pleurent sur le passé. Je fais partie de ceux qui ont vu ce désert, ces ruines, et puis la construction de la ville blanche... Je suis fier de tout ça, de ces gens qui ont voulu faire une ville qui sortait de l'ordinaire. Il n'y a que les pleurous qui la dénigrent ! Je suis fier de tout ça, et j'ai foi en cette ville, qui construira son avenir grâce à son passé. Et cela, on le verra avec le Plateau des Capucins : là-bas, on va réussir à rapprocher ce qui nous reste du passé avec aujourd'hui.