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Interview-Sillage : Herwann Asseh, Danseur et chorégraphe

    Sillage130 small.jpg Cet article est extrait du Magazine Sillage N°88 - mai-juin 2002
Auteur : Jérôme Le Jollec


"Il faut orienter les jeunes et leur donner envie"

Herwan en duo avec Mike au Renc'arts 2009

Il a partagé son enfance entre l'Afrique la plus chaude et la Côte des légendes où le vent le plus vif ne calmait qu'à peine ses désirs de mouvement. Il les a concrétisés dans l'athlétisme, la danse (hip-hop, salsa, capoeira...), et maintenant la chorégraphie. Il croit aux rencontres essentielles et aux voyages. C'est dans cet esprit qu'il a fait de Brest sa terre d'élection.'

Votre prénom traduit-il des ascendances bretonnes ?

Oui, mon père est Gabonnais et ma mère, originaire de Guipronvel, a voulu ajouter un H pour rappeler celui de Asseh.

Brestois depuis quand ?

J'ai d'abord commencé ma vie bretonne à Ploudalmézeau à sept ans, venant du Gabon où je suis né. Ensuite mes études, puis la danse m'ont amené à Brest.

La danse a-t-elle toujours été l'objet de vos préoccupations ?

Pas au départ ! J'ai fait de l'athlétisme. Je suis allé à l'Institut National du Sport et en équipe de France. Je me suis entraîné avec Jacqueline Cadet, à Ploudal, puis Hervé le Bars, à Brest. Leur philosophie de la vie et du sport m'ont fait changer. L'athlé m'a donné le goût des voyages.

Et après le sport ?

Je suis allé à Paris apprendre le hip-hop. J'y ai rencontré une prof extra. Elle m'a amené vers ce qu'elle appelle "la source" : le Châtelet, les Halles. Au début, je ne voulais pas faire le mendiant, puis j'ai eu un déclic et j'ai finalement adoré danser dans la rue. Mais si Kim Hoan, cette dame, avait fait du classique, je l'aurais fait.

Le hip-hop, c'est tout de même moins contraignant ?

Dans le hip-hop, j'ai commencé à découvrir mon corps et la notion de plaisir. Contrairement à l'Insep où on s'entraîne pour repousser ses limites, pour devenir premier. Dans l'athlé, j'étais réservé, je ne travaillais que le côté massif. Je vomissais... Maintenant je ne peux plus me mentir à moi-même.

Puis des évolutions se sont fait jour... '

D'autres rencontres encore. Un danseur de capoeira qui faisait des choses extraordinaires. Ensuite, il y a eu Marie-Christine Roblot de l'école Évidanse et le modern-jazz. Puis, j'ai fait un championnat du monde de hiphop et de salsa au Mexique en 1999. Je me suis classé premier en individuel.

Tout cela reste d'essence populaire...

Oui, comme le hip-hop, la capoeira est une danse de pauvres qui ne peut s'exprimer que dehors. C'est une danse d'esclaves venus d'Angola au Brésil pour qui le combat restait interdit.

Passer à la chorégraphie s'est fait naturellement ou est-ce le fruit d'une longue maturation ?

Toujours une rencontre. C'était lors d'une réunion au Fourneau. Bernardo Montet, qui arrivait à Brest, a vu que j'avais beaucoup de choses à dire. Il m'a proposé de monter ma propre pièce. Je n'avais jamais mis les pieds au Quartz. J'ai dit oui...

Pourquoi avez-vous intitulé cette première pièce "Maman regarde"?

J'ai manqué de tout, mais jamais de l'amour de ma mère. Nous étions quatre enfants très turbulents. C'était bien sûr, un moyen de la remercier de la patience qu'elle a eue. "Regarde, où j'en suis, grâce à ta confiance." Elle est venue sur scène, je lui ai dit : "Maman, je t'aime" pour la première fois. Elle en a pleuré.

"Les Émigrants", marquerait-elle une rupture ou un enchaînement logique ?

C'est une rupture, mais aussi une suite logique. Il fallait que je pense à moi. C'est un moyen de dire que je viens d'un endroit que je ne connais pas.

Être émigré, c'est un handicap, une chance, une force ?

C'est une chance et c'est un handicap. On n'est chez soi nulle part et chez nous partout. Je suis plus ou moins bien dans cette situation. Étant jeune, il y avait ce problème de racisme. Les Noirs disaient que j'étais blanc et inversement.

Est-il possible d'échanger sans voyager ?

Difficilement ! J'ai beaucoup appris depuis que je voyage. J'ai pu donner et j'ai compris des choses. Comme la culture maghrébine. Je m'intéresse à tout. Je ne zappe plus quand je ne comprends pas.

Votre compagnie Moral Soul intervient beaucoup dans les quartiers, pourquoi ?

Je l'ai toujours fait car j'ai connu les mêmes problèmes que les jeunes que je rencontre aujourd'hui. Ils sont fâchés avec la vie, il faut les aiguiller. Je veux leur donner la même envie.

Y a-t-il d'autres influences musicales, chorégraphiques ou autres dont vous pourriez vous métisser ?

Je suis en train de m'intéresser à la musique bretonne et orientale, il y a des points communs. J'aime aussi le body-tapping. C'est un peu comme les claquettes mais c'est le corps qui devient l'instrument.

Et Brest dans tout ça ?

J'espère que Brest mesure la richesse et le grand nombre d'artistes talentueux, et qu'il faut aider. Moi, je suis resté parce que c'est ma ville. Il y a la mer qui m'attache et je n'arrive pas à m'en séparer. Quand on en a marre, on va au bord de mer, et c'est reparti. Je défendrai ma ville coûte que coûte. Brest, j'y suis (re)né !


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