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Gymnastique naturelle de Georges Hébert

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Le sport de 1789 à 1940

Il y a actuellement 17 articles liés à ce sujet.

Georges Hébert et sa méthode

Il nous semble important de consacrer un chapitre à l'innovation apportée dans l'évolution de la conception des activités physiques par Hébert à un moment où la gym traverse une crise. Nous reprendrons ensuite le bilan des dernières années précédant la guerre.

Georges Hébert fait ses débuts d'éducateur physique de la Marine en 1905 à Lorient. Il atteindra la consécration vers les années 1911 - 1912. A cette époque on lui confiera la direction du Collège d'athlétisme de Reims où l'on veut former des professeurs d'éducation physique. Le travail d'Hébert vient donc s'ajouter à toute la situation que nous avons décrite depuis les premières années du siècle. Quelles sont les liaisons entres ces divers phénomènes ?

En 1908, les journaux font état de la nouvelle préparation physique à laquelle sont soumis les mousses, à bord du « Bretagne » et du « Magellan », sous les ordres d'un élève Hébert. Ce dernier étant depuis trois ans directeur des exercices physiques des fusiliers marins à Lorient ; le Lieutenant de Vaisseau Mousson à Brest a la charge de 800 jeunes de 14 à 17 ans, ce qui constitue à l'époque un champ d'expérimentation fort intéressant. Le vice-recteur de Paris qui préside la Société d'Éducation Physique et de Sports Populaires est vivement intéressé car son but est de vulgariser dans les écoles et les lycées, l'éducation physique par les procédés rapides de la gymnastique utilitaire, par l'intervention de la revue de la société il va mener une campagne de sensibilisation en faveur de la nouvelle méthode. La même année nous avons vu que la Jeunesse Sportive Brestoise (J.S.B.) adopte la méthode d'Hébert et son introduction à l'école primaire est annoncée. Dans cette situation nouvelle, que vont faire les sociétés traditionnelles qui utilisent la méthode Suédoise, comme l'armée ? Il semble bien qu'elles ne se laissent absolument pas tenter par cette nouveauté, pourtant Hébert sera pris en considération, non seulement on lui remettra la Légion d'Honneur à Caen en 1911 à la fête des sociétés de gym, mais on lui confiera des responsabilités au Collège de Reims, voici quelques articles permettant de mieux situer l'entreprise d'Hébert.

En mai 1908 à une fête de la J.S.B., les mousses font une démonstration de gym comportant des mouvements, de boxe, lutte française et course de 5km. Th. Vienne, directeur de la revue d'E.P. et de Sport Populaire, à l'issue d'une démonstration faite à une délégation de sa société par les mousses du « Bretagne », déclare que c'est là une œuvre de régénération du pays. La démonstration consiste à une suite d'exercices éducatifs, puis 1000m, 100m, hauteur, longueur, poids, disque, lutte, boxe, tir. C'est à cette date que la J.S.B. adopte la méthode.

Une nouvelle étude est publiée dans la revue sur l'éducation physique à bord du « Bretagne » :

« Il faut aller à Brest, voir ce que nous avons vu, un système qui transforme ainsi les enfants mérite mieux que d'être admiré. Au point de vue des formes, des exercices d'ensemble, d'individualités, nos sociétés de gym montrent des merveilles. La gym Suédoise produit de forts beaux sujets, l'école de Joinville a de remarquables sections, mais nulle part on a pu montrer. Aucune méthode n'a jamais produit un corps d'homme complet, non sélectionné, comme au bataillon de Lorient ou aux mousses de Brest. Un système complet c'est de jolies formes mais aussi et surtout la résistance, l'adresse, l'expérience permettant de se tirer d'affaire. Il faut aussi que ce soit facile, pour être appliqué partout et compris par tous.

Il faut bannir la spécialisation, obstacle à un développement rationnel. Voilà la supériorité d'Hébert pour préparer une génération plus forte que celle trop veule, trop amollie d'aujourd'hui. Il deviendrait odieux de ne pas en faire le code d'éducation physique de la nation, dans la marine c'est fait, l'armée doit suivre. Il faut maintenant l'introduire à l'école au lycée. Que serait la France si nos enfants étaient comme les mousses ? Il suffit d'une demi-heure par jour sans prendre sur le temps d'étude, sans dépenses, sans installations spéciales, hommage à celui qui est devenu le grand prêtre de l'éducation physique ».

Juin 1909 Toujours de Th. Vienne : « A raison de 5 heures par semaine (l'idée des 5 heures vient donc de loin), le système transforme des jeunes gens de 14 à 17 ans en des hommes dont les aptitudes valent celles de sujets de 20 à 22 ans. Le Dr Vergnaud, en le faisant enseigner à l'école, comme la J.S.B. contribue à l'accroissement des forces nationales ».

A la fête de la J.S.B. 750 mousses font des exercices inédits et les 100 enfants des écoles montrent ce qu'ils sont devenus avec quelques mois de gym rationnelle. Les mousses font des exercices d'ensemble, de boxe, de lutte, torse nu, puis des cours d'obstacles et des courses avec valises (gymkana). La société de gym l'Espérance propose de la gym suédoise et des pyramides :

« Le clou de la réunion : les mousses dessinent la devise Honneur, Patrie. Le maire adjoint remet le drapeau à la société au nom de la municipalité et de la Société des Sports Populaires ».

1910 La J.S.B. organise toujours la gym rationnelle : on critique la méthode Suédoise que l'armée continue de préférer.

Peu d'évènements dignes d'influencer le mouvement du sport sont à signaler.

1911 Il y a encore de la gym rationnelle à la fête de la J.S.B. mais pour la dernière fois, cette société se met en sommeil en 1912 au moment où une municipalité socialiste revient à la mairie après 4 ans d'interruption (les articles cités sur Hébert sont issus du journal de La DEPECHE)

La méthode de Hébert a donc été un échec dans la région qui a vu ses débuts. C'est la première remarque que nous pouvons faire à son sujet. Elle n'a pu déborder le cadre de l'institution militaire malgré les appuis dont elle a bénéficié près des autorités locales et d'une revue spécialisée d'éducation physique.

Si l'A.S. Lambézellec monte en première série du championnat, d'autres clubs déclinent, c'est le cas du V.C.B. qui abandonne le foot et de l'U.S.B. qui ne figure plus dans les rencontres.

L'importance du nombre des clubs conduit la Fédération (U.S.F.S.A) à constituer deux régimes en Bretagne. Voici les clubs de Basse Bretagne qui y participent :

  • 1ère série : Lambézellec, Stade Quimper , Sporting, Stade Quilbignon
  • 2ème série : J.S.B. Athlétique Brest, Port-Louis, Stade Morlaix.
  • 3ème série : U.S. Pont L'Abbé, U.S. Concarneau, U.S. Douarnenez, Loudéac.

Beaucoup de sociétés restent hors du championnat pour des raisons d'ordre financier, certaines veulent simplement conserver leur indépendance. Un championnat parallèle des sociétés appartenant à la Fédération Catholique de l'ensemble de la Bretagne et également réparti en trois séries de niveau différent, commence cette année avec 15 clubs. Sur le plan de la structuration et de l'organisation on assiste donc à une étape nouvelle.

Les fêtes omnisports conservent cependant leur attrait des années passées. L'athlétisme finistérien n'est uniquement représenté aux championnats de Bretagne de Rennes que par l'A.S. Lambézellec. La fête de gymnastique des patronages a lieu cette année au Kreisker sous la présidence de l'évêque et du comte De Mun. Quatre grandes soirées pugilistiques obtiennent un très fort succès. Elles sont dues au Club Athlétique Pugilistique Brestois qui ambitionne de créer à Brest une véritable salle de sport.

1912 Les premiers championnats de Basse Bretagne d'Athlétisme ont lieu à Quimper. Seul le stade Quimpérois et l'A.S. Lambézellec fournissent des athlètes. L'accord de subventions aux diverses sociétés commence à poser des problèmes aux municipalités. La Brestoise refuse la subvention réduite que lui accordent les socialistes, de nouveau à la mairie. La J.S.B. ne renouvelle pas sa demande. L'Armoricaine essuie un refus. A Quimper la nouvelle municipalité élue depuis 15 jours refuse une subvention à la Phalange d'Arvor, c'est l'occasion d'un long article très polémique dans la Quinzaine Ouvrière, catholique, sur la rivalité entre les sociétés antagonistes.

Les réticences des collectivités locales face au dynamisme dont font preuve les milieux catholiques s'expliquent au travers de cet autre article de la quinzaine Ouvrière. Les catholiques ont créé depuis l'an passé aux côtés de la Fédération de Gymnastique « Une association catholique de la Jeunesse Française, qui s'exerce sur un terrain autrement plus délicat que la culture physique : réorganisation de la famille, de la profession, de la Cité. Sur ce terrain la victoire sera assurée comme pour la culture physique, à part la fameuse C.G.T.(Confédération Générale du travail) qui est un simple épouvantail, le terrain est encore libre ».

Au refus de subvention vient s'ajouter une autre décision qualifiée de brimade : aux examens du Brevet athlétique Militaire qui permet aux conscrits de bénéficier d'avantages importants durant leurs services, des tracasseries se manifestent de la part du gouvernement afin de ne pas accepter les diplômes obtenus dans les compétitions des sociétés catholiques. Ces luttes de caractère social n'ont pas que des conséquences négatives. Elles constituent au contraire un moteur du développement du nombre des sociétés et de la recherche des formules tendant à attirer de plus en plus d'individus vers les sociétés d'activités physiques.

Les fêtes de gymnastique des patronages se multiplient, se déplacent à tour de rôle dans les villes du département. Cette année le rassemblement a lieu à Quimper, où durant deux jours, il regroupe 27 sociétés et 900 gymnastes. Aux sociétés du Nord s'ajoutent les Glazicks d'Ergué, les Paotred de Kerfeunteun, l'Immaculée de Crozon (venue en canot automobile à Douarnenez par les soins du maire De Pennanros), la Sainte-Cécile de Châteaulin. Dans le discours qu'il prononce à la cathédrale, l'évêque Duparc incite les gymnastes à être prudents pendant leur période de formation : « Évitez les records qui tuent, mesurez votre temps et vos efforts dans vos jeux militaires ».

Il insiste sur la nécessité de créer des cercles d'étude parmi les sociétés de gymnastique : « Il faut que vous fassiez partie de ce bataillon d'élites, qui veut de la vigueur, mais aussi de la Lumière capable de défendre sa foi dans la bataille ».

C'est sous la présidence du responsable de l'Union Régionale Bretonne de cette association de la Jeunesse Catholique, l'imprimeur Oberthur de Rennes, que se déroule cette fête de gymnastique de Quimper.

1913 Les problèmes de structure de l'organisation sportive commencent à faire l'objet de remises en question. Les sports étaient jusqu'alors regroupés au sein d'une même fédération l'U.S.F.S.A. (Union des Sociétés Françaises de Sport Athlétique) Il s'agit bien sûr des sports athlétiques.

Les pressions vont, à partir de cette année, se produire dans tout le pays pour obtenir une autonomie de certains sports, en particulier ceux qui ont bénéficié d'un développement plus rapide. Des tendances s'affrontent pour obtenir transformations. Les clubs du Finistère sont touchés par ce mouvement. Au niveau du football, une ligue autonome de football vient de se créer à Saint-Brieuc. Elle se propose de n'accueillir pour le moment que les sociétés non encore affiliées à la Fédération omnisports. Cette initiative sera provisoire entravée par suite de la guerre, mais elle reviendra s'imposer dès l'armistice.

L'athlétisme progresse doucement depuis que l'on a décentralisé le championnat en créant deux régions. Il y a 65 participants aux championnats de Basse Bretagne de Lambézellec, dotés du Challenge Kerhuel (Qu'est-il devenu ?).

Quant aux championnats de natation, ils ont lieu à Concarneau sur la plage. Ils comportent 60, 200, 400, 2000, plongeons.

L'A.S. Quimpéroise a même l'intention de s'occuper du Water Polo.

Le Sporting profite du passage à Brest de l'escadre pour faire des matches de rugby contre « les champions de la méditerranée ». Il faut à l'équipe brestoise se rendre à Rennes si elle veut trouver un autre adversaire. Des matches inter-bateaux ont lieu à Brest. Le port finistérien semble donc le seul en Bretagne à pratiquer ce sport avec le Stade Rennais et cela tient essentiellement au fait de la présence périodique de l'escadre et de l'organisation de matches pour distraire les marins dont certains sont originaires du Midi.

Le championnat de basse Bretagne de cross ne réunit à Quimper que 19 coureurs presque tous de Brest.

C'est aussi à Brest que l'on peut acheter des articles de foot chez Mr Gironde, qui est aussi coutelier et arbitre de foot incontesté. La F.G.S.P.F. (Fédération Gymnique et Sportive des patronages de France) continue sa progression spectaculaire. Elle déclare posséder 1800 sociétés et 180 000 gymnastes, ce qui constitue un véritable exploit de la part de ses dirigeants. « Les membres du Stade doivent se rendre à la gare pour recevoir le Stade Châteaulinois à 9h30 ».

L'AS. Lambézellec connait un grand essor en foot, alors que la V.C.B. semble décliner.

1914 L'activité reste importante jusqu'à la déclaration de guerre, dont rien, au travers des évènements sportifs locaux, ne laisse présager l'imminence. Les clubs de football cherchent à devenir plus puissants et certains regroupements peuvent être considérées comme des indices révélateurs de ces objectifs. Le Stade Quimpérois bat cette année l'A.S. Lambézellec qui avait jusqu'à présent gagné 8 fois sur 8. Cette dernière décide de se transformer en A.S.Brestoise et le V.C.B. autorise les joueurs du nouveau club à jouer sur le vélodrome. Remarquons que celui-ci comporte 18 terrains de tennis. Ce sport est donc très en vogue dans les milieux bourgeois brestois. Face au succès de l'A.S.B. le Stade Quilbignonais décide de se réorganiser. Il projette de fusionner avec la Jeunesse Athlétique Brestoise, lequel club vient de se distinguer en organisant à Carhaix des Jeux Olympiques (vélo, tir, athlétisme), le jour des fêtes de la Tour d'Auvergne, une foule considérable y assiste sur le champ de bataille, mais refuse énergiquement de payer pour le spectacle.

Des étudiants Brestois en médecine fondent le Brest University Club. Le rugby fait son entrée dans le sud par l'organisation d'un match Sporting de Brest contre une équipe du 6ème colonial à Quimper.

La guerre vient interrompre de nombreux projets. L'activité ne reprendra pas en automne. La reprise se fera cependant en 1916, où un nombre appréciable d'épreuves de courses ou de foot seront disputées tandis que de nouveaux clubs apparaissent sur la scène sportive.

L'après-guerre va poser les problèmes sportifs en termes nouveaux, en raison de la volonté de certains sports d'organiser leur vie de façon indépendante. Le sport apparaît tout de suite plus vivant que jamais. Ceci est une preuve qu'il est devenu une activité indispensable, à moins, comme nous le pensons, que ceux qui ont la responsabilité de l'organiser avec les mêmes objectifs qu'avant la guerre aient intérêt à ne pas se laisser déborder par leurs concurrents sociaux.

L'U.S.F.S.A. (Union des Sociétés Françaises de Sport Athlétique) conserve sa puissance, et elle déclare 2 millions d'adhérents, ce qui est tout à fait remarquable pour l'époque. La ligue de football quant à elle, se développe rapidement et la Ligue de l'Ouest arrive en 2ème position, derrière celle de Paris avec 57 sociétés.

Aux anciennes rivalités laïques et catholiques vient se superposer celle due au renforcement du parti Socialiste. L'Union Sportive Ouvrière Brestoise apparaît juste avant les élections de 1919, qui portent à la mairie de Brest une municipalité socialiste. Le club est affilié à la Fédération française Socialiste.

Les pouvoirs publics ne sont guère intervenus dans les affaires sportives avant la guerre. Des rapports officiels vont devoir maintenant s'instaurer. Ce sera l'un des problèmes majeurs du sport, les autres pouvant être considérés comme résolus, à savoir : le contenu des compétitions et les formules de rencontres entre les sociétés.

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