Grands principes du Foyer Laïque de Saint-Marc

Les grands principes

En 1986, le Foyer Laïque engageait une large réflexion sur le sens et la portée de son action qui allait déboucher sur la réalisation d'un document de référence : Le Projet Educatif du Foyer.

Vingt ans ont passé, mais les principes généraux énoncés dans ce document

Participer avec l'individu à son épanouissement, à la formation d'un citoyen libre et responsable, dans une société de progrès social

principes sur lesquels depuis l'origine le Foyer a fondé son action n'ont rien perdu de leur actualité

Former des citoyens libres et responsables...

Et d'abord par l'Education

Donner à chacun les outils pour comprendre son environnement, apprendre à s'y situer pour agir à le transformer et ceci en l'associant pleinement à la définition des contenus, des savoirs transmis.

Le Foyer laïque s'est toujours efforcé de mettre en œuvre ce principe de l'éducation populaire dans toutes ses activités. Avec le souci constant d'inscrire son action dans le prolongement et en soutien à l'action éducative de l'Ecole Publique.

Cette relation étroite à l'école, le patro l'a d'abord vécue dans un cadre plus strictement Saint-Marcois.

Ici défile un premier pan de l'histoire du patro : l'aide au démarrage apportée par le directeur et la directrice des écoles publiques du bourg , la fête annuelle des écoles laïques où le patro est toujours très présent, la kermesse, le cinéma et le théâtre auxquels participent les enseignants et dont une part des recettes apporte des fonds à la cantine scolaire et un soutien matériel en fournitures scolaires.

Deux évènements particuliers ont marqué cette période de riche coopération avec les écoles publiques du quartier: le soutien appuyé qu'apportera le patro à l'école des garçons lors du conflit qui opposera celle-ci en 1932 à la municipalité de Saint-Marc - l'affaire de la place Vinet - et la fusion qui s'opérera à la sortie de la guerre entre le patro et l'association des amis et anciens élèves des écoles laïques de Saint-Marc et qui donnera naissance le 24 juin 1945 au Foyer Laïque de Saint-Marc.

Cette période de coopération renforcée entre le Foyer et les écoles publiques du quartier va se prolonger jusqu'au milieu des années soixante, époque à partir de laquelle, suite au désengagement progressif des enseignants des structures et des activités du Foyer, les relations avec ces écoles vont se distendre. Le militantisme partagé des premières années, ne se retrouvera qu'un temps au début des années quatre-vingt où enseignants des baraques de Kérisbian, parents d'élèves et Foyer Laïque conduiront une bataille commune pour l'obtention d'une école neuve. Depuis, si la réalisation de ce nouvel ensemble scolaire aux portes du Foyer a conduit au travers du Centre Pré et Post Scolaire à l'établissement d'une relation pérenne entre nos deux structures, la convention qui nous lie n'est plus empreinte de l'esprit militant d'autrefois. Il s'agit plus d'un accord de prestation de services entre deux structures complémentaires dans la poursuite d'une action éducative en direction des enfants.

A côté de l'action en faveur des écoles publiques de Saint-Marc, c'est sur le terrain plus général de la défense du service public d'éducation que dès l'après-guerre le Foyer va trouver à exercer son militantisme

Adhérant depuis 1930 à la Fédération des Œuvres Laïques (F.O.L) du Finistère, le Foyer se retrouvera souvent à ses côtés et aux côtés de la F.C.P.E pour revendiquer, sous l'égide du Comité National de l'Action Laïque (CNAL), la création d'écoles publiques à Brest et dans les communes rurales qui en sont privées. En 1960, ce sera la grande bataille contre la loi Debré. Une pétition pour dénoncer cette loi est lancée au plan national. Pratiquant le porte à porte, les militants du Foyer Laïque recueilleront plus de 3 000 signatures et seront nombreux à participer au rassemblement national qui devait se conclure par le fameux serment de Vincennes. Vingt ans plus tard ce seront les grandes manifestations pour la mise en application du grand service public d'éducation inscrit au programme commun de la gauche et les cars affrétés par le Foyer pour se rendre aux rassemblements de Nantes (près de 400 000 participants) puis de Paris (plus d'un million de manifestants).

Par la défense de l'idéal laïque et des valeurs originelles de l'olympisme.

Fondée sur le respect des personnes, de leurs conceptions philosophiques, politiques et religieuses, sur le refus des dogmes, la laïcité est le seul principe de vie susceptible de libérer l'individu de toute forme idéologique d'aliénation. Elle implique la lutte au quotidien contre toute atteinte à l'intégrité et à la dignité des personnes, contre les inégalités et les exclusions.

Se revendiquant dès l'origine patronage laïque, le Foyer a toujours fait de la défense de l'idéal laïque son objectif prioritaire.

Dans un premier temps où l'emprise du clergé catholique sur l'éducation et les loisirs des jeunes tendait à l'hégémonie (L'occupation du terrain par les patros catholiques), pour les militants du patro la défense de la laïcité consistera d'abord à ferrailler dur contre tous les cléricaux de Saint-Marc, ceux de la cure et du Conseil Municipal. C'est l'époque héroïque et éphémère de L'Echo Laïque et de ses brûlots contre le parti à double face qui dirige la Mairie et les trois célibataires peut être sans enfants qui habitent le presbytère.

Centré sur la défense de l'école laïque, à une époque où la guerre des écoles fait rage, l'engagement laïque des militants du patro les conduira à en réserver l'accès aux enfants des écoles publiques. Adoptées dès l'origine, de telles dispositions restrictives en matière d'adhésion seront reprises dans les statuts fondateurs du Foyer Laïque en 1945 qui, à l'article 15 stipulent : "ne pourront être admis comme membres actifs que les camarades qui s'engagent à envoyer tous leurs enfants dans les écoles laïques"

Non sans que cela ne provoque de sérieux remous en interne, un changement de perspective dans l'engagement laïque du Foyer s'opérera d'abord avec Le sport jeudi au cours des années soixante puis, quelques années plus tard, avec la mise en place du CLSH. La réflexion engagée à cette occasion en concertation avec notre nouvelle fédération affinitaire, Les Francas, va nous faire avancer dans l'idée qu'en matière d'action laïque, avant même l'école, le premier enjeu c'est l'enfant. Qu'en tant qu'association d'éducation populaire notre but premier est, au travers d'un projet éducatif laïque, d'apporter à chaque enfant, sans distinction d'origine scolaire ou autre, les outils de son émancipation.

En conséquence de quoi, depuis l'ouverture du C.L.S.H, le Foyer s'ouvre à tous les enfants, quelle que soit l'école qu'ils fréquentent. Ce sont les mêmes raisons qui ont amené en 2004 le Foyer a prendre position contre la loi sur les signes religieux ostensibles

Aujourd'hui, si la défense de l'école laïque, le grand service public d'éducation compte toujours au nombre des priorités du Foyer, la défense de l'idéal laïque passe aussi par d'autres combats, ceux contre l'exclusion et les inégalités croissantes que génère un système économique de plus en plus déshumanisé. L'engagement précurseur sur Brest du Foyer dans l'instauration d'un système de tarifs différenciés est à mettre au compte de ces nouveaux combats.

En 1947 le Foyer adhère à la FSGT (fédération sportive gymnique du travail), affirmant par là son engagement pour les valeurs de l'olympisme que promeut depuis l'origine cette fédération sportive affinitaire du monde laïque et ouvrier.

Ces valeurs sous bien des aspects (accès par l'effort, la rigueur et la persévérance à l'autonomie, mais aussi loyauté, respect de l'autre, acceptation de la différence, entraide et solidarité) rejoignent l'idéal laïque et le complète sur le terrain de la compétition sportive pour ensemble participer à la formation de citoyens libres et responsables.

Cette orientation résolument éducative et humaniste que le Foyer met en avant dans toutes ses activités sportives, le placera régulièrement en porte à faux avec les politiques sportives conduites par les fédérations spécialisées tant au regard de leurs pratiques élitistes que dans leur relation à l'argent. Pour le Foyer, le sport ni les sportifs ne sont des marchandises, ni la haute performance une fin en soi, surtout si elle est construite sur la base de la sélection et de l'élimination des moins bons.

Cette résistance aux logiques dominantes dans le sport sera fréquemment l'occasion de débats et de confrontations épiques au sein du Foyer à l'image de ceux qui dans les années quatre vingt se développèrent autour de la question de la publicité et de la sponsorisation des équipes sportives.

Et par la promotion d'une démocratie active.

Parce qu'elle accorde la même importance à chacun et qu'elle ouvre à tous la possibilité de s'exprimer et de prendre position, la démocratie est le seul système politique qui offre aux individus la possibilité d'exercer pleinement leur responsabilité dans la prise de décisions collectives.

La volonté de former des citoyens responsables a constamment conduit le Foyer à imaginer en interne des formes de vie démocratique toujours plus actives et participatives.

Cette volonté d'impliquer le plus grand nombre et dès le plus jeune âge dans les prises de décisions est à l'origine de la création du Club des jeunes au début des années soixante et de l'organisation en république des enfants de l'Ecole d'initiation aux sports montée par le Foyer à la même époque. Elle conduira très tôt le Foyer, à une époque où la majorité civile est encore à vingt et un ans, à abaisser à seize ans le droit de vote aux instances statutaires du Foyer. Plus récemment, en 2004, et toujours dans le même esprit, le Foyer décidera d'ouvrir les séances de son Comité Directeur à tous les adhérents non élus intéressés par les questions qui y sont mises en débat, de leur donner la possibilité d'intervenir et de participer à la prise de décision.