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Four à chaux de Porstrein

Une découverte industrielle majeure à Brest en 1830

Texte qui complète la promenade de Mr René Le Bihan (ancien conservateur du Musée de Brest) et ayant co-écrit une histoire de Brest :

L'ingénieur des Ponts et Chaussées M. Petot a publié en 1833, l'ouvrage suivant : "Recherches sur la Chaufournerie au Port de Brest" Paris, Imprimerie royale 1833, ouvrage de 172 pages plus plans dépliants.

La "Chaufournerie", c'est la fabrication de la chaux, la technique des fours à chaux. La chaux, matériel indispensable à la fabrication des mortiers, a été connue de tout temps. Les constructions romaines, présentes en Bretagne, montrent leur stabilité et leur solidité après bientôt 2 000 ans.

Le ciment que nous connaissons aujourd'hui, ne date que de 150 ans. L'ancien Brest et tout ce qu'il en reste aujourd'hui (Château, forts, défense, quais) ont été construits grâce à des mortiers de chaux. Les fours à chaux se succédaient tout au long du rivage, depuis le château jusqu'au-delà de Porstrein et tout autour de la rade.

Cependant, pour certains mortiers, en particulier pour les constructions en contact avec la mer, voire pour des construction sous l'eau, il fallait avoir recours à des mortiers spéciaux où on remplaçait une partie du sable par de la pouzzolane.

Les pouzzolanes proviennent des roches volcaniques. Il fallait les chercher jusqu'en Italie. Les meilleurs venaient de Sicile. Elles étaient donc rares et chères.

Monsieur M. Petot, ingénieur à Brest, a procédé entre les années 1820-1830, à des expériences visant à obtenir à partir du sable et des roches de "gneiss de Brest", des "pouzzolanes factices" qui se sont avérées être d'excellentes qualités.

Ce nouveau matériau, produit sur place, et donc bien plus économique, était produit par une torréfaction dans des fours modifiés mais assez semblables aux fours à chaux classiques. Certains ont cru reconnaître dans quelques-uns des fours à chaux des falaises de Poullic-al-Lor, ces fours à pouzzolanes factices" dont on avait si grand besoin à Brest pour la fabrication des mortiers à prise rapide, si nécessaires pour l'édification des quais et ouvrages maritimes et également des phares.

Combien est-il nécessaire de sauvegarder ces vestiges de techniques certes révolues, mais qui intéresse notre passé depuis 2 000ans, qu'il s'agisse du Château de Brest et de ses soubassements gallo-romains, de la Tour Tanguy.. de nos châteaux et manoirs, des multiples forts et phares de nos côtes.

Le mystérieux passé de Porstrein écrit et présenté au Cercle naval en avril 2009 devant plus de 100 personnes à l'initiative de l'Association Bretonne par Monsieur T.

Des Fours à chaux au Porstrein: quelques traces dans les archives

Les archives livrent assez peu de documents précis quant à l'emplacement exact de ce type d'installation industrielle sur le territoire de la ville. Quatre zones sont à peu près identifiées: Kérinou, une rue du Four à chaux demeure aujourd'hui, près de la clinique Pasteur; Laninon et Maison Blanche sur la rive droite et enfin la zone du port de commerce, spécifiquement au Porstrein, au bas du cours Dajot: Au début du XIXe, trois fours à chaux sont mentionnés: 2 appartenant à Pouliquen, entrepreneur et maire de Brest et un autre, propriété de Derrien. Ces fours étaient alimentés par les calcaires de l 'Ile Ronde et de Roscanvel.

Plan relief de Brest - extrait: le Porstrein

Les fumées qui se dégageaient de ces installations, combinées à celles de la tannerie voisine, exploitée aussi par Pouliquen, sont sources de litiges (1810, 1834..) avec les quelques riverains, citoyens "notables" et promeneurs du cours Dajot. Suite à ces plaintes, la municipalité engage une première enquête en 1810, celle-ci conclue à la non-nocivité de ces installations.

Dans les années 1830, le cours Dajot connaît une plus grande urbanisation et c'est ainsi qu'en 1835 qu'une nouvelle plainte accompagnée d'une pétition d'une soixantaine de signataires domiciliés dans les rues adjacentes au cours Dajot est déposée en mairie. A ce moment 6 fours à chaux, propriété de Michel Frères et de Perrès et un four à briques sont en activité dans ce secteur. Une nouvelle enquête est diligentée, elle conclue au bien fondé des plaintes émises. Dans la logique des résultats obtenus, le conseil municipal adresse un vœu au Ministère de la Guerre, propriétaire des terrains sur lesquels sont installés les fours à chaux, afin que ne soit "approuver les nouveaux baux qu'à la condition de ne pouvoir ni maintenir, ni établir à Porstrein, aucun four à chaux ou à briques, ou autres usines à vapeurs insalubres ou incommodes".

L'autorité militaire refuse d'admettre le vœu du conseil et la pétition, arguant de la nécessité d'une telle industrie pour les travaux militaires. Les fours à chaux semble avoir donc poursuivi leur activité, en témoigne l'arrêté pris par le maire de Saint-Marc, le 16 juillet 1847, autorisant les sieurs Stears, Roberdeau et Pitty à établir 2 fours à chaux permanents au lieu-dit Poulic-al-lor.

Ces installations ont-elles survécu aux travaux d'installation du Port Napoléon ? Rien n'est moins sûr.

Plan de Brest 1829 - Extrait: le Porstrein

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