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Entretien avec Céline Angot sur le travail des femmes à l'Arsenal

Lors d'une étude sur la collecte de mémoire pour le Plateau des Capucins*, Céline Angot s'est intéressée au travail des femmes dans les ateliers de l'arsenal de Brest. A l'initiative de Brest métropole océane cette étude a été menée en 2008 par le Centre de Recherche Bretonne et Celtique.


• De quand date la présence des femmes à l'arsenal ?

Les archives attestent de leur présence dès le 18è siècle, au 19è et début du 20è : elles étaient cantinières, couturières ; pendant la guerre, elles fabriquaient des obus, remplaçant ainsi les hommes partis au front. Mais ce n'est qu'en 1978, avec leur admission à l'Ecole de formation technique de l'arsenal, les “Arpètes”, qu'elles peuvent prétendre aux mêmes métiers que les hommes et être autre chose qu'une force de substitution. Il semble que beaucoup de pères (et de mères ?) aient encouragé leurs filles à intégrer cette école. L'arsenal présentait à leurs yeux de nombreux avantages : un bon salaire, une stabilité et un développement possible de carrière. Sur les vingt-cinq personnes rencontrées, j'ai eu la chance de rencontrer deux femmes dont l'une qui fut parmi les premières, en 1978, à intégrer les “Arpètes”. Dans cette promotion 1978, après un concours ardu (un reçu pour dix candidats), elles étaient six pour une centaine d'hommes.


• Quels métiers ont-elles pu exercer à partir de 1978 ?

Après deux ans d'études, elles accédaient au statut d'ouvrière d'état hautement qualifiée, devenant ajusteuses, chaudronnières ou électriciennes. La plupart d'entre elles devenaient chaudronnières. Leurs conditions de travail étaient les mêmes, semble-t-il - cela reste à approfondir - que celles des hommes, difficiles. Elles n'étaient pas privilégiées. Toutefois, elles ne restaient pas chaudronnières toute leur vie. La promotion sociale les acheminait progressivement vers les filières administratives de l'arsenal. Les deux femmes que j'ai rencontrées sont entrées à 15 ans aux “Arpètes”. A 47 ans, elles sont maintenant sur des postes administratifs.

• Comment furent-elles accueillies dans les ateliers ?


Cela ne fut pas facile. Les hommes prirent quand même soin d'ôter des murs les images et calendriers représentatifs de leur univers ! L'une raconte : “J'étais la première femme de l'atelier ; ce fut pendant des semaines un défilé permanent...”. Les collègues hommes rencontrés avouaient parfois qu'ils avaient de la peine à les voir trimer si dur. Cela dit, toutes les femmes ne partageaient pas cet avis. Une des femmes était fière de faire ce métier de chaudronnière. Fière aussi qu'on la surnomme “la Reine de la meule”. La mixité elle-même ne heurtait ni les femmes ni les jeunes ouvriers ; elle était déjà en vigueur dans de nombreuses écoles de Brest. (1968 était passé par là).

• Quelles pistes pour la poursuite de vos recherches ?

Ce premier travail était une phase d'expérimentation. Aujourd'hui, au sein du service Projets et équipements métropolitains de Brest métropole océane qui pilote le projet des Capucins, je vais prolonger cette collecte de mémoires, orales et écrites, en réalisant une thèse sur les savoir-faire et sur l'intégration des femmes aux Arpètes, projet de recherche s'inscrivant dans le cadre du dispositif CIFRE (Conventions Industrielles de Formation par la Recherche). Beaucoup reste à entendre et à transmettre • Monique Férec

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